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    De tout temps l'Homme a essayé de recréer les couleurs qu'il voyait parce qu'il les trouvait belles. Le bleu que l'on voit, le bleu de l'arc-en-ciel, a des longueurs d'ondes précises entre 480 et 460 nm, l'indigo, lui, va de 450 à 440 nm et ils sont suivis du violet dès 430 nm.

    Lapis Lazuli. © stux, Pixabay, DP

    Lapis Lazuli. © stux, Pixabay, DP

    Ce que nous voyons bleu, un objet bleu par exemple, est bleu parce qu'il réfléchit les rayons bleus de la lumière qui l'atteint et absorbe les autres. Les couleurs sont perçues par les cônescônes de la rétinerétine.

     Spectre visible. © DR

    Spectre visible. © DR

    Lire à ce sujet notre dossier : L'œil : la vision au-delà de la vision.

    Le cercle chromatique est un élément essentiel de l’enseignement des couleurs. Ici, le cercle chromatique en 12 parties. © DR

    Le cercle chromatique est un élément essentiel de l’enseignement des couleurs. Ici, le cercle chromatique en 12 parties. © DR

    Mais notre perception de la couleur dépend encore d'autres facteurs et beaucoup du contexte dans lequel on la voit.

    On pourrait se demander pourquoi le ciel est bleu ? Pourquoi la mer est bleue ? Pourquoi n'est-elle pas toujours bleue ? Quelle différence y a-t-il entre les yeuxyeux bleus et les autres ? Pourquoi la France a choisi un bleu pour son drapeau ? Pourquoi on dit « bleu de peur » ?... il y en a des questions sur le bleu, nous n'allons pas répondre à toutes ! Mais, pour commencer, on peut regarder le mot lui-même !

    Les différents sens du mot bleu

    Le mot vient tout droit du francique au XIe siècle et d'adjectif il a donné de nombreux substantifs en français :

    • Un bleu : une ecchymoseecchymose, une meurtrissure ;
    • Un bleu : un novice, un nouveau, la bleusaille (péjoratif) ;
    • Un bleu : un habit de travail, bleu de travail, bleu de chauffe, bleu de mécano ;
    • Un bleu : certain fromage, fourme, gorgonzola, roquefort ;
    • Au bleu : mode de cuisson de poissonpoisson, truitetruite au bleu c'est-à-dire à l'eau.

    Le bleu dans l'histoire

    Chez les Égyptiens qui utilisaient déjà beaucoup de couleurs, ce fut le bleu et le vert qui dominèrent. En plus du lapis-lazuli qui donne un bleu profond, les Égyptiens se servaient d'un colorant bleu, le bleu égyptien (voir l'image ci-dessous). C'est sans doute le premier colorant synthétique. Le bleu est le souffle divin et décore donc la coiffure de ceux qui sont partis dans l'Éternité. Ces couleurs sont fréquentes dans les tombes et sont toujours éclatantes et coruscantes.

    Le lapis-lazuli était utilisé par les Égyptiens. © DR

    Le lapis-lazuli était utilisé par les Égyptiens. © DR

    À Rome ce sera le rouge avec le coquillage murex pour la pourpre très recherchée. C'est le dérivé dibromé en position 6 et 6' de l'indigo. Il faut 12.000 murex pour extraire 1,4 g de colorant. La ville de Tyr, en Phénicie, était célèbre pour sa pourpre. Pompéi, est aussi célèbre par la couleur rouge de ses mursmurs. Ce rouge pompéien provient du cinabre (sulfure de mercuremercure) réduit en poudre et qui donnera le vermillon. Ce cinabre vient de la mine d'Almaden, en Espagne. Il coûtait alors très cher et n'était utilisé que dans les demeures de grande classe.

    Bleu roi du drapeau France. © DR

    Bleu roi du drapeau France. © DR

    On oppose à la pourpre romaine (color officialis), la caeruleus color des barbares, bleu foncé tiré du guède, une plante (IsatisIsatis tinctoria), dont les Bretons et les Celtes se peignaient le corps pour paraître redoutables au combat. Cette couleur bleue était déconsidérée pendant toute la période romaine et il faut attendre la fin du XIIe siècle pour la voir adopter par les puissants.

    Turquoise. © DR

    Turquoise. © DR

    Les pigments bleus et le lapis-lazuli

    Le premier bleu de l'histoire est sans doute le lapis-lazuli et certains sels minérauxminéraux (de cuivrecuivre, de cobaltcobalt...) disponibles en surface. Puis vinrent les plantes, pastel, indigo et sans doute d'autres puis les composés synthétiques d'abord artisanaux puis industriels.

    La spectrométrie Raman

    La spectrométriespectrométrie Raman est une technique d'analyse moléculaire qui exploite une interaction lumière-matièrematière. Sir Raman mit en évidence pour la première fois cette interaction et obtint le prix Nobel de PhysiquePhysique en 1930. Lorsqu'on éclaire un échantillon, une petite partie de la lumière est diffusée avec un changement de longueur d'onde : c'est l'effet Ramaneffet Raman. Celui-ci peut être observé en travaillant dans le visible. Aussi, cette technique a-t-elle pris son essor avec les laserslasers, sources monochromatiques puissantes.

    En se servant des longueurs d'onde correspondant à la couleur bleue, la spectrométrie Raman permet l'analyse des molécules. Ici un spectromètre Raman. © Perkin Elmer NIR FT

    En se servant des longueurs d'onde correspondant à la couleur bleue, la spectrométrie Raman permet l'analyse des molécules. Ici un spectromètre Raman. © Perkin Elmer NIR FT

    Le spectrespectre de diffusiondiffusion Raman comporte des raies dont les fréquencesfréquences sont reliées aux vibrationsvibrations se produisant dans l'échantillon. Elles dépendent des distances, des forces interatomiques, de la massemasse des atomesatomes, des structures dans lesquelles ils sont engagés... L'ensemble, caractérise un composé chimique. Il constitue une « empreinte » qui permet de l'identifier dans un produit inconnu. L'identification se fait par comparaison avec des spectres de référence.

    Cette méthode présente deux intérêts majeurs : elle est non-destructrice et ne demande aucune préparation. De plus, l'observation peut être réalisée au microscope optiquemicroscope optique qui focalise la lumière sur une tache de 1 µm dont la taille est limitée seulement par la diffractiondiffraction.

    Les flavonoïdes et les anthocyanes : des bleus végétaux

    Les flavonoïdesflavonoïdes constituent une autre classe importante de pigmentspigments qui sont à l'origine de la couleur de nombreuses fleurs et fruits. Les composés flavoniques sont jaune ou crème, alors que les anthocyanes donnent les couleurs rouge, rose, bleue, violet et pourpre.

    La couleur des anthocyanes dépend de la structure chimique et peut varier lors de la complexation de métauxmétaux ou selon l'acidité du milieu. Par exemple, la cyanidine est rouge en milieu acideacide, bleue en milieu basique, et violette en milieu neutre. C'est ainsi que le même pigment est responsable de la couleur bleue dans le bleuetbleuet et la couleur rouge dans le coquelicot ! La couleur rouge foncée des fruits rouges (myrtillesmyrtilles, cassis, raisinsraisins) est due aux anthocyanes.

    Pour les autres bleus de plantes voir la suite du dossier avec l'indigo (page 4) et le pastel (page 6).