Elle est bleue comme la Terre mais ce n'est pas à cause de l'eau. Elle est géante, elles très loin, installée juste avant la ceinture de Kuiper, un autre monde. Découvrons Neptune, visitée une seule fois, par Voyage-2, en 1989, et que l'on connaît si mal. Tout juste sait-on qu'en son cœur, peut-être, il pleut des diamants…

Au début des années 1840, les astronomes sont intrigués par des variations de la vitesse d’Uranus, une géante qui boucle paresseusement sa lointaine orbite en 84 ans. L’hypothèse qu’une planète inconnue, encore plus éloignée, perturbe sa voisine est posée. En 1843, un Anglais, John Couch Adams, détermine par le calcul les caractéristiques possibles (masse et orbite) de cet objet. Il n’est guère écouté et il revient au Français Urbain Le Verrier, travaillant indépendamment, de publier ces données en 1846, permettant à l’Allemand Johann Gottfried Galle de repérer Neptune dans un télescope. « M. Le Verrier a aperçu le nouvel astre sans avoir besoin de jeter un seul regard vers le ciel ; il l’a vu au bout de sa plume » dira Arago, son protecteur.

Cette belle bleue circule en moyenne à 30 UA de notre étoile (UA pour unités astronomiques), c’est-à-dire qu’elle est trente fois plus éloignée du Soleil que la Terre. En système métrique, cette distance vaut 4,5 milliards de kilomètres. Sur elle, un an dure près de 165 années terrestres. « Sur » n’est pas le bon mot car cette géante (45.000 km de diamètre soit 3,9 fois la Terre) est une gazeuse, essentiellement constituée d’hydrogène et d’hélium, comme notre Soleil. Elle embarque toutefois quelques éléments lourds, comme du carbone. Lequel, combiné à l’hydrogène, donne du méthane, responsable de la couleur de Neptune.

Un monde de gaz et de diamants

Son atmosphère gigantesque est parcourue de vents très violents, qui semblent pouvoir dépasser les 2.000 km/h, ce qui fait de Neptune la planète la plus ventée du Système solaire. Nous n’en voyons que les couches supérieures, où règnent des températures d’environ -200 °C. De vastes nuages blancs s’y déplacent, probablement constitués de cristaux de méthane. Des taches plus sombres aussi. Celles-là, pensent les planétologues, doivent être d’épouvantables tempêtes.

Quel cœur cache cette épaisse gangue gazeuse ? Nul ne le sait. Des spéculations, fondées sur les pressions faramineuses régnant au centre des planètes géantes, laissent penser que le carbone doit s’y trouver sous forme de diamants. Une étude au laboratoire, en 2017, a confirmé le bienfondé de cette hypothèse.

© Nasa, équipe Hubble