au sommaire


    L'étape suivante d'une hypothèse, après avoir posé sur le papier le fondement de la théorie, est de rendre celle-ci vivante et réelle. C'est ce qu'a pu proposer l'équipe de Dassault Systèmes, société spécialisée dans la modélisation 3D. Son programme Passion for Innovation a ainsi permis à Jean-Pierre Houdin de mieux tester sa théorie concernant la pyramide de Khéops.

    Blocs de pierre de la pyramide de Khéops. Peut-on modéliser l'édifice en 3D ? © Mgiganteus1, CC by-sa 3.0
    Blocs de pierre de la pyramide de Khéops. Peut-on modéliser l'édifice en 3D ? © Mgiganteus1, CC by-sa 3.0

    La science en 3D vient apporter sa pierre à l'édifice. Elle permet d'expliquer de manière ludique ce que Jean-Pierre Houdin démontre. Cette méthode a tellement été appréciée que les cours d'archéologie donnés à l'université de Harvard par le professeur Peter Der Manuelian se passent en 3D.

    Michaël Bagot : Peut-on parler de la simulation 3D comme d'une technique d'observation non invasive ?

    Jean-Pierre Houdin : Ce n'est pas une technique non invasive, c'est le prolongement indispensable de la réflexion, un outil extraordinaire entre soi-même (ce que l'on a dans le cerveau) et ses yeuxyeux (qui voient autrement). Et cela a permis de quantifier ce que l'on voit : les distances, les relations spatiales, etc. On est dans la 3D.

    Une vue de l'animation 3D « Khéops révélé », qui fut présentée à la Géode de la Cité des sciences (Paris) en 2007. © Dassault Systèmes
    Une vue de l'animation 3D « Khéops révélé », qui fut présentée à la Géode de la Cité des sciences (Paris) en 2007. © Dassault Systèmes

    Michaël Bagot : Comment vous est venue l'idée de contacter Dassault Systèmes ? Ont-ils mis au point leur logiciellogiciel en fonction de votre demande ? Quel est son nom ?

    Jean-Pierre Houdin : J'ai été contacté par Dassault Systèmes, ce qui est complètement différent. À la suite d'une conférence que j'avais donnée à la Société des ingénieurs des arts et métiers, le directeur du programme numérique de PSAPSA, gros client de Dassault Systèmes, qui était dans la salle, a contacté Dassault Systèmes. Il leur a expliqué avoir vu quelqu'un présentant une théorie sur la constructionconstruction de la pyramide de Khéops avec des images 3D extraordinaires (les miennes, à l'époque ; j'ai plus de 5.000 heures de modélisation 3D à mon actif) et qu'avec leurs logiciels, je pourrais aller beaucoup plus loin. C'est comme cela que Mehdi Tayoubi, Richard Breitner et moi nous sommes rencontrés. Plusieurs logiciels nous ont servis, et nous servent encore : Catia, Delmia, Simulia, 3DVia et d'autres.

    Michaël Bagot : Le logiciel Catia de Dassault Systèmes a-t-il été amélioré depuis votre théorie ?

    Jean-Pierre Houdin : Ils en sont à la version 6 de Catia, la Ferrari des Ferrari. Dassault Systèmes améliore ses logiciels constamment et c'est extraordinaire. En ce moment, je travaille avec un ingénieur Catia sur la pyramide rouge. Ce qui est formidable quand la structure de conception est bien faite, c'est que si l'on change un seul paramètre (par exemple la pente d'une rampe), tout se modifie automatiquement. On gagne un temps fou et ça permet de réfléchir plus vite, plus loin et en temps réel.

    Richard Breitner expliquant à Jean-Pierre Houdin les causes des craquements des poutres en granit des chambres de décharge, après simulation avec le logiciel Simulia à partir des modèles réalisés avec le logiciel Catia. © Dassault Systèmes
    Richard Breitner expliquant à Jean-Pierre Houdin les causes des craquements des poutres en granit des chambres de décharge, après simulation avec le logiciel Simulia à partir des modèles réalisés avec le logiciel Catia. © Dassault Systèmes

    Michaël Bagot : À quoi cela a-t-il pu vous servir ? A-t-il influencé ou modifié votre travail ?

    Jean-Pierre Houdin : Je suis passé de la 2 CV à la Ferrari, tout simplement ; 70 % des voituresvoitures conçues dans le monde le sont avec leurs logiciels. Pas besoin de dire à quel point cela a influencé et modifié mon travail.

    Michaël Bagot : À quel point cette simulation est-elle fiable (prise en compte du poids, de la durée de vie des matériaux, etc.) ? Quelles sont ses limites ? 

    Jean-Pierre Houdin : Modéliser un avion ou une pyramide, c'est pareil : on prend tout en compte, on est dans le virtuel, la réalité virtuelleréalité virtuelle. Il y a le mot « réalité » dedans, c'est exactement identique au réel. Dassault Aviation, client de Dassault Systèmes, n'a pas fait de prototype physique pour le Falcon 7X, juste une maquette numériquenumérique. Le premier avion construit a été directement vendu ! C'est le futur dans nos projets.