De nouveaux trésors archéologiques, dont un temple funéraire datant de plus de 2.500 ans, ont été découverts dans la nécropole de Saqqara (Égypte), ont annoncé samedi les autorités égyptiennes.
[EN VIDÉO] Le mystère de l'alignement des pyramides enfin résolu ? Comment les ingénieurs de l’Égypte antique sont-ils parvenus à aligner avec tant de précision les pyramides de Gizeh le long des quatre points cardinaux ? Un chercheur a peut-être enfin trouvé la réponse.
Ce samedi 16 janvier, les autorités égyptiennes ont annoncé la découverte de nouveaux trésors archéologiques, notamment d'un temple funéraire datant de plus de 2.500 ans. Cette « découverte majeure », d'après le ministère du Tourisme et des Antiquités, a eu lieu dans la nécropole de Saqqara, au sud du Caire. Elle a été faite par une équipe d'archéologues, menée par le célèbre égyptologue Zahi Hawass. En tout, plus d'une cinquantaine de sarcophages ont été mis à jour.
Ces sarcophages en bois, datant du Nouvel Empire (XVIe-XIe siècle avant J.-C.), ont été retrouvés dans 52 puits funéraires de 10 à 12 mètres de profondeur, a précisé le ministère. « Le temple funéraire de la reine Naert, épouse du roi Téti », ainsi que trois entrepôts en briques ont été révélés, a indiqué Zahi Hawass. Les nouveaux trésors archéologiques ont d'ailleurs été trouvés près de la pyramide du roi Téti, premier pharaon de la VIe dynastie de l'Ancien Empire.
Le site de Saqqara - où se trouvent une dizaine de pyramides, des monastères anciens ou encore des sépultures pour animaux - est une vaste nécropole de l'ancienne capitale égyptienne Memphis, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. Selon Zahi Hawass, cette découverte pourrait apporter des informations supplémentaires sur l'histoire de Saqqara durant le Nouvel Empire.
Un site exceptionnel
En novembre dernier, l'Égypte a annoncé une des plus importantes découvertes de l'année 2020 : plus d'une centaine de sarcophages intacts. Les cercueils scellés en bois, dévoilés en même temps que des statues de divinités, datent de plus de 2.500 ans. Ils recèlent de hauts responsables de la Basse époque et de l'époque ptolémaïque de l'Égypte ancienne.
Le ministre du Tourisme et des Antiquités Khaled al-Anani avait déclaré à l'époque que « Saqqara n'avait pas encore révélé » tous ses secrets. Le Caire espère que ces découvertes archéologiques stimuleront le tourisme, un secteur qui a connu de nombreuses difficultés entre la révolution de 2011 et la pandémie de coronavirus. En 2021, les autorités espèrent inaugurer le « Grand musée égyptien » sur le plateau de Gizeh, où se situent les célèbres grandes pyramides et le Sphinx.
De nombreuses fouilles ont été réalisées ces dernières années à Saqqara, également site de la pyramide à degrés de Djéser, l'une des premières constructions de l'Égypte ancienne. Les archéologues espèrent notamment y trouver un ancien atelier de fabrication de sarcophages en bois pour momies.
Trésors archéologiques : 100 sarcophages découverts en très bon état à Saqqara
Article publié le 16 novembre 2020
L'Égypte a présenté une centaine de sarcophages vieux de plus de 2.000 ans en parfait état, découverts dans la nécropole de Saqqara au sud du Caire, le plus grand « trésor » mis au jour dans le pays depuis le début de l'année.
Les cercueils en bois scellés, dévoilés en fanfare samedi 14 novembre au cours d'une cérémonie, appartenaient à des hauts responsables de la Basse Époque (entre 700 et 300 ans avant J.-C.) et de la période ptolémaïque (323 à 30 avant J.-C.). Ils ont été découverts dans la nécropole de Saqqara, où une soixantaine de sarcophages intacts et vieux de plus de 2.500 ans avaient déjà été dévoilés le mois dernier. « Saqqara n'a pas encore révélé tout ce qu'elle recèle. C'est un trésor », a affirmé Khaled el-Enani, ministre égyptien du Tourisme et des Antiquités, lors de la cérémonie.
Le site de Saqqara, qui se trouve à un peu plus de 15 kilomètres au sud des pyramides du plateau de Gizeh, abrite la nécropole de Memphis, capitale de l'Égypte ancienne. Il est classé au Patrimoine mondial de l'Unesco et est connu pour la célèbre pyramide à degrés du pharaon Djéser, la première de l'ère pharaonique. Ce monument, construit vers 2.700 avant J.-C par l'architecte Imhotep, est considéré comme l'un des plus anciens à la surface du Globe.
La centaine de sarcophages dévoilés samedi a été découverte dans trois puits funéraires, à 12 mètres de profondeur. « Les fouilles sont toujours en cours. Dès qu'on vide un puits funéraire avec des sarcophages, on en découvre un autre », a ajouté M. Enani.
Les archéologues ont ouvert un des cercueils à l'intérieur duquel reposait une momie enveloppée dans un linceul orné de hiéroglyphes colorés. Grâce à une machine mobile, ils ont effectué une radiographie de la momie.
Plus de 40 statues d'anciennes divinités et des masques funéraires ont également été trouvés, selon le ministre. Deux statues en bois ont également été découvertes dans la tombe d'un juge de la sixième dynastie, datant de plus de quatre millénaires, selon le secrétaire général du Conseil général des antiquités, Mostafa Waziri. L'une d'elles représente sûrement un individu nommé Heteb Ka, qui était « vénéré par le roi », selon M. Waziri qui a loué « la beauté de ces statues ».
Redynamiser le tourisme en Égypte
Ces trouvailles seront réparties dans plusieurs musées égyptiens, dont le futur Grand musée égyptien qui doit ouvrir en 2021 en périphérie du Caire près des pyramides de Gizeh. Selon M. Enani, ces récentes découvertes sont le fruit d'un travail de fouilles accru ces dernières années. Une autre découverte dans la nécropole doit être annoncée dans les prochaines semaines, « en décembre ou début 2021 », a-t-il dit.
Les archéologues espèrent découvrir prochainement un ancien atelier de fabrication de cercueils pour momies, qui, selon M. Waziri, pourrait se trouver à proximité des puits funéraires.
Les fouilles menées à Saqqara ont mis au jour ces dernières années des trésors archéologiques ainsi que de nombreux animaux momifiés (serpents, oiseaux, scarabées, etc.).
L'Égypte espère que toutes ces trouvailles et son nouveau musée vont redynamiser le tourisme mis à mal par l'instabilité politique et les attentats après la révolution de 2011 ayant chassé Hosni Moubarak du pouvoir. Ce secteur vital pour l'économie égyptienne avait depuis repris des couleurs, atteignant le nombre record de 13,6 millions de visiteurs en 2019, avant que la pandémie de Covid-19 ne vienne de nouveau éloigner les touristes étrangers.
Depuis plusieurs années, les autorités égyptiennes annoncent régulièrement des découvertes archéologiques, un argument majeur face à la concurrence d'autres destinations.
59 sarcophages égyptiens mis au jour après 2.500 ans passés dans les ténèbres
Article publié le 5 octobre 2020
Dans la vaste nécropole de Saqqara, au sud du Caire, successivement 13, puis 14 et finalement près d'une soixantaine de sarcophages ont été découverts dans un parfait état de conservation. Probablement ensevelis là depuis 2.500 ans, dans des puits funéraires, ils ont été trouvés près de la célèbre pyramide à degrés de Djéser. Selon les archéologues, ce n'est que le début d'autres grandes découvertes.
Des archéologues ont dévoilé samedi en Égypte une soixantaine de sarcophages en parfait état, découverts dans la nécropole de Saqqara, au sud du Caire, où ils avaient été ensevelis il y a plus de 2.500 ans. « Il y a près de trois semaines, nous avons trouvé 13 sarcophages scellés et intacts et, la semaine suivante, nous en avons annoncé quatorze supplémentaires », a indiqué Khaled el-Enani, ministre égyptien du Tourisme et des Antiquités.
« Nous annonçons aujourd'hui que 59 sarcophages (en tout) ont été retirés du puits [funéraire] », a-t-il révélé sur les lieux de la découverte réalisée à proximité de la célèbre pyramide à degrés de Djéser construite il y a 4.700 ans et première de l'ère pharaonique. Et, selon lui, ce n'est qu'un début car il reste « un nombre inconnu de sarcophages » dans d'autres puits.
Le début d'autres grandes découvertes
« Ce n'est pas la fin de la découverte, je considère que c'est le début d'une grande découverte », a-t-il lancé, précisant que les sarcophages de bois dataient probablement de la XXVIe dynastie de l'Égypte ancienne, autour des VIe et VIIe siècles avant JC. D'après les premières observations, les sarcophages renferment les dépouilles de prêtres, de responsables politiques de haut rang et de personnalités.
L'ouverture de l'un d'entre eux, samedi, devant la presse et des invités rassemblés sous une grande tente a révélé une momie parfaitement préservée ornée de hiéroglyphes colorés, avec un visage aux traits finement dessinés. Des dizaines de statues ont également été récupérées aux alentours, en particulier une figurine en bronze du dieu de la fleur de lotus Néfertoum (Voir photo plus bas).
Des couleurs vives et d'origine
Tous les sarcophages, couverts de dessins complexes aux couleurs vives ainsi que de hiéroglyphes, doivent être transportés au Grand Egyptian Museum (GEM) dont l'inauguration prévue fin 2020 a été reportée à l'année suivante. Ils seront placés dans une salle faisant face à celle qui doit accueillir 33 sarcophages scellés de prêtres de la XXIIe dynastie découverts en 2019 à Louxor, dans le sud de l'Égypte.
Le site de Saqqara, qui se trouve à 25 kilomètres au sud des pyramides du plateau de Gizeh, abrite la nécropole de la capitale de l'Égypte ancienne Memphis. Il est classé au patrimoine mondial de l'Unesco.
« Nous sommes très contents de cette découverte », a confié Mostafa Waziri, secrétaire général du Conseil général des antiquités, expliquant que les archéologues avaient trouvé les sarcophages lors de l'excavation de plusieurs puits funéraires faisant jusqu'à douze mètres de profondeur. Selon lui, ils repéraient de nouveaux puits il y a encore deux jours.
C'est la première grande découverte depuis que la pandémie du nouveau coronavirus a atteint l'Égypte, entraînant la fermeture des musées et des sites archéologiques pendant trois mois.
Les fouilles menées à Saqqara ont mis au jour ces dernières années des trésors archéologiques ainsi que de nombreux animaux momifiés (serpents, oiseaux, scarabées, etc).
L'Égypte espère que toutes ces trouvailles et son nouveau musée vont redynamiser le tourisme mis à mal par l'instabilité politique et les attentats après la révolution de 2011 ayant chassé Hosni Moubarak du pouvoir, et par la pandémie.
Une tête de félin sacré Appartenant au fascinant bestiaire des Égyptiens, cette énigmatique tête de félin a été trouvée dans la tombe du roi. Cet objet, doré à l’or, a la forme d’une tête de léopard. Il porte sur son front le cartouche de Toutânkhamon. Plusieurs autres exemplaires, tels que celui-ci, ont été trouvés dans la tombe, ils servaient d’attache de fixation à la peau de bête que portait le pharaon lors des cérémonies religieuses dans le cadre de son ministère sacerdotal. Cette tête de félin pourrait être associée à la puissante déesse guerrière Sekhmet, guide et conseillère des pharaons lors de leurs combats, elle est aussi la déesse de la guérison et du foyer. © ddenisen, CC by-sa 2.0
Les serviteurs du pharaon dans l'au-delà Ces statuettes sont des figurines funéraires. Ces chaouabtis, ou oushebtis, littéralement « celui qui répond », se retrouvent dans la plupart des tombes égyptiennes. Selon le statut social du défunt, elles sont de couleurs et de matières différentes, en faïence, en calcaire, en albâtre ou en bois, de terre cuite ou en graphite noir. Ces objets funéraires accompagnent le défunt qui emporte dans l’au-delà sa cohorte de serviteurs, munis de leurs outils pour les semences ou la moisson : ils se tiennent prêts à répondre à l’appel d’Osiris pour les travaux des champs. Car, même dans l’autre monde, nul ne pouvait se soustraire aux corvées et aux ordres des dieux… De son vivant, le pharaon Toutânkhamon en possédait 416, retrouvés dans sa tombe, disposés parfaitement par ordre hiérarchique : 365 ouvriers, 36 contremaîtres et 12 surintendants pour chaque mois de l'année. © Dave Nakayama, CC by-sa 2.0
Le vase à canopes Taillé d’un seul boc de très pur albâtre, ce coffre abrite les vases à canopes. Il se divise en quatre compartiments surmontés de couvercles à l’effigie royale, également en albâtre. Les personnages portent le némès surmonté du cobra Uræus, et du faucon Nekhbet. Les traits des visages sont soulignés de noir et les lèvres sont teintées de rouge. À l’intérieur des vases à canopes, quatre petits sarcophages momiformes en or massif conservent les viscères du pharaon Toutânkhamon (foie, poumons, estomac, intestins). Ces compartiments sont disposés selon un ordonnancement précis : à chaque un organe correspond un point cardinal, un dieu protecteur et une déesse pleureuse : Isis, Nephthyts, Neith, Selkys. Aux angles du coffre, les déesses étendent les bras pour protéger les viscères royaux. Plus tard, les Égyptiens préfèreront utiliser quatre vases canopes aux figures des quatre fils d'Horus : Amset l’homme, Hâpi le babouin, Douamoutef le chacal, Qebehsenouf le faucon. Le cerveau, quant à lui, était extrait par les narines et le cou. Il n’était pas conservé. © Claude Valette, CC by-nc 2.0
Le trône du pharaon enfant En bois, recouvert de feuilles d’or de trois millimètres et incrusté de pierres précieuses, de pâtes de verre et de faïence, le trône est soutenu par des pieds en forme de pattes de lion se prolongeant par une tête de félin. Chacun des deux accoudoirs est formé par une aile déployée de faucon terminée par une tête de cobra, l’un portant la couronne de Haute-Égypte, et l’autre, celle de Basse-Égypte. Des feuilles d’argent ont été appliquées sur les habits des souverains. Les deux personnages ne portent qu’une sandale chacun ; un surprenant détail, sujet à des multiples interprétations. Au-dessus du couple royal, le disque solaire attribué au dieu Aton, propage ses rayons terminés par de petites mains. Le dossier du siège montre une scène intimiste de la vie quotidienne du jeune roi et de son épouse. Ankhésenamon porte une coiffe à plumes et couvre d’onguent le bras de son époux coiffé de la perruque nubienne. Le décor est propre à l’esthétique du style amarnien, caractérisé par la présence de fleurs, d’animaux, d’oiseaux et des personnages à la bouche charnue et des formes allongées. Cette scène centrale fait clairement référence au culte monothéiste du dieu Aton (rayons du soleil), que le père, Akhenaton, avait instauré. C’est donc ici le siège de l’enfant-roi. Cependant, en accédant au trône, Toutânkhamon, initialement baptisé Toutankh-aton, restaure le polythéisme du culte d’Amon. Il semblerait qu’il ne manquait aucune occasion d’honorer les divinités ; sur la porte de sa tombe, les écritures ont révélé que le roi « a passé sa vie à façonner des images des dieux ». © Claude Valette CC by-nc 2.0
La Maison d’éternité du pharaon Le tombeau est abrité sous quatre chapelles, sortes d’immenses coffres sans plancher. Sur les faces externes des murs latéraux de la troisième chapelle, figurent les représentations des dieux protecteurs, ici, le dieu Thot à la tête d’ibis, surnommé le dieu du temps. Dans la mythologie égyptienne, il est celui qui capte la lumière de la nuit et régit les cycles lunaires. Lorsqu’il est représenté sous forme d’un babouin, il porte alors sur la tête le croissant lunaire. On lui attribue de nombreuses fonctions : dieu de la connaissance, il est l’incarnation de l’intelligence et du savoir, de la parole et de l’écriture. Déchiffrant les formules magiques, il exerce aussi la charge de vizir, de secrétaire messager et de greffier auprès des divinités. Il assiste Anubis lors la présentation du défunt devant le tribunal des âmes. © Claude Valette, CC by-nc 2.0
Anubis, le dieu funéraire Le tombeau de Toutânkhamon a été trouvé dans une pièce, appelée chambre funéraire. À l'intérieur, la « Maison d’éternité du pharaon » se compose de quatre coffres-chapelles. Sur les faces externes des murs latéraux de la troisième figurent les représentations des dieux protecteurs ; ici, sur cette photo, Anubis. Au nombre de quatre dans la chambre mortuaire, ces sanctuaires gigognes s’emboîtaient l’un sur l’autre et recouvraient le premier cercueil, en pierre, du pharaon. En bois de cèdre et recouvertes de feuilles d’or (et d’incrustations de faïence bleue pour la première), elles n’avaient pas de plancher. Représenté ici sous une forme hybride mi-homme, mi-animal, Anubis préside aux cérémonies funéraires et aux rituels de momification considérés comme processus de revitalisation. Dieu purificateur, il est celui qui accompagne les morts dans l’au-delà pour les présenter devant le tribunal d’Osiris où s’effectue la pesée de l’âme. Ayant des fonctions de protecteur des bêtes à cornes, il endosse aussi les traits du sacrificateur, garantissant ainsi les offrandes alimentaires en l’honneur du défunt. © Claude Valette, CC by-nc 2.0
Est-ce vraiment le visage de Toutânkhamon ? Voici le détail de l’un des quatre bouchons du coffre à canopes en albâtre où sont conservées les viscères de Toutânkhamon. La figurine est coiffée du nemès surmonté des deux animaux protecteurs et puissants, le faucon et le cobra dressé, figurant respectivement les déesses Ouadjet et Nekhbet, symboles d’unification des Haute et Basse-Égypte. Les yeux sont soulignés de noir et la bouche est rehaussée de rouge pour attirer la renaissance. Comme tous les objets et statuettes funéraires, ils sont censés être à l’effigie du défunt, comme le veut le rituel. Mais l’on reste perplexe devant le visage efféminé du pharaon. L’explication la plus probable est que le roi-enfant meurt à l’âge de 18 ou 19 ans sans avoir eu le temps de construire sa « demeure d’éternité » qui, contrairement à la coutume égyptienne de cette époque, est un hypogée, c'est-à-dire une sépulture enterrée. C’est peut-être aussi la raison pour laquelle ces représentations du pharaon sont aussi peu conformes à sa morphologie révélée par les scanners : l’hypothèse la plus probable avancée par les scientifiques serait que les masques et tous les objets funéraires auraient été initialement prévus pour une personnalité féminine, membre de la famille royale. © Dave Nakayama, CC by-sa 2.0
La mystérieuse barque d’albâtre Le bassin d’albâtre est une surprenante et magnifique composition mesurant 70 centimètres de long supportant un îlot central sur lequel repose une barque emmenant un sarcophage surmonté d’un dais. Il est à supposer qu'une fois remplie de pétales de fleurs et d’eau parfumée, cette pièce-montée donne l’illusion d’une chaloupe flottant. Les colonnes centrales sont décorées de lotus et de papyrus, des pierres précieuses et des feuilles d'or sont incrustées dans l'albâtre, ainsi que sur sa partie basse. Nue et parée de bijoux, une jeune fille se tient à l’avant, coiffée de la perruque nubienne et portant à son cœur une fleur de lotus ; à l’arrière, se tient sa « naine » dont le mouvement laisse supposer qu’elle tenait une perche pour manœuvrer la barque. À la proue et à la poupe, les antilopes ont d’authentiques cornes d’ibex (bouquetins) qui, par leur régénération naturelle, symbolisent la renaissance ou la fécondité. Également surnommée « la naine et le bouquetin », cette œuvre allégorique demeure une énigme d’une complexité sans fond pour les égyptologues qui en cherchent le chaînon manquant pour la comprendre, et ne cessent d’en donner diverses interprétations. © لا روسا, CC by-sa 4.0
Les gardiens de Toutânkhamon Située dans la chambre funéraire, la « maison d’éternité du pharaon » se compose de quatre coffres-chapelles. Sur les faces externes des murs latéraux de la troisième sont figurées les représentations des dieux protecteurs. Ici, Douamoutef, à tête de chacal. Cette divinité fait partie des quatre génies funéraires, appelés les « fils d’Horus ». Douamoutef, le chacal, protège l’estomac et assure que les ennemis seront vaincus ; Amset, l'homme, protège le foie ; Hâpi, le babouin, défend les poumons ; et Kébehsénouf, le faucon, protège l’intestin. Pour que leurs missions soient accomplies, ils sont chacun associés à un point cardinal et à une déesse, pleureuse divine. Elles sont représentées sur le coffre en albâtre qui contient les vases canopes renfermant les viscères. Les vignettes et inscriptions découvertes sur les chapelles, notamment sur les deuxième et troisième chapelles, sont extraites des textes sacrés d’Égypte, dont l’Amdouat représentant « ce qu’il y a dans le monde inférieur ». Ce texte du « Voyage du soleil durant les douze heures de la nuit » prépare le pharaon à effectuer cette même traversée pour renaître à l’immortalité. © Claude Valette, CC by-nc 2.0
Horus, le faucon, le dieu solaire Toujours sur les murs externes de la troisième chapelle, voici le faucon, Horus, « le lointain », « celui qui est au-dessus ». Il est le dieu solaire, ses yeux représentent le soleil et la lune, souvent coiffé de la double couronne des pharaons. Il est à la fois le protecteur du pharaon et son incarnation terrestre. Par son ancienneté dans la mythologie égyptienne et sa complexité, il existe plusieurs représentations d’Horus. Lors d’un combat avec son oncle, Seth (dieu de la confusion et du désordre), Horus perdît un œil et le récupéra grâce à Thot. Depuis, cet œil, appelé « oudjat », représente la victoire de l’ordre sur le chaos et éloigne la malchance. Il ornait la proue des bateaux pour se protéger des hippopotames lors de la pêche ou de la traversée du Nil. Symbole de vaillance, de loyauté et de fidélité familiale, il est le garant de l’harmonie universelle. Horus est le dieu de la royauté, du soleil à son zénith. © Claude Valette, CC by-nc 2.0
Anubis sur le naos de Toutânkhamon Posé sur le couvercle du naos doré contenant le vase à canopes, Anubis est présenté sous la forme d’un canidé en alerte et couché sur le ventre. Il est en bois bitumé, les yeux sont rouges, en calcite et en obsidienne tandis que leur contour et les sourcils sont en or, les griffes en argent. Faisant face à la chambre funéraire de Toutânkhamon, la pièce où se trouvent les coffres-chapelles, Anubis était ainsi positionné à l’entrée de la salle du Trésor quand il fut découvert. Tel le gardien des sépultures, il veillait sur le Naos. Il contenait le vase à canopes à l'intérieur duquel se trouvaient les sarcophages à viscères ; les bijoux pectoraux et amulettes, des bols en albâtre utilisés pour les rites funéraires y étaient aussi placés. L’ensemble reposait sur des brancards afin de pouvoir être sorti lors des processions. Il est encore difficile, aujourd’hui, de déterminer si cette divinité représente un chacal, un chien, un loup ou un renard efflanqué. © Claude Valette, CC by-nc 2.0
Toutânkhamon, chassant au harpon Ce sont des figurines rituelles du pharaon Toutânkhamon. Elles montrent le jeune roi dans ses activités quotidiennes, des scènes rituelles de chasse à l’hippopotame et de pêche au harpon. Le souverain est tantôt coiffé d'une sorte de mitre blanche, oblongue (statuette au centre), le Hedjet qui est la couronne de la Haute-Égypte ; tantôt coiffé du Decheret, couronne rouge, celle de la Basse-Égypte (statuettes à gauche et à droite). Parfois, il porte les deux emboîtées l’une sur l’autre en signe de souveraineté unifiée, la double couronne s’appelle alors le Pschent. Le pharaon est vêtu du pagne plissé. Le style amarnien transparaît ici : il se distingue par un art délicat et des personnages à la bouche charnue, un ventre renflé, un cou tendu et des formes allongées ; c’est une esthétique propre au règne de son père Akhenaton. Lorsqu’elles ont été découvertes, ces figurines étaient toutes délicatement vêtues de toile de lin. © Claude Valette, CC by-nc 2.0
Les sarcophages, ultimes demeures de Toutânkhamon L'hypogée du pharaon comprend quatre salles reliées par des couloirs. La chambre funéraire abrite le tombeau sous quatre chapelles, sortes d’immenses coffres sans plancher. Le sarcophage en pierre (quartzite) contenait lui-même trois cercueils momiformes emboîtés, telles des poupées russes. Les deux premiers sarcophages extérieurs sont plaqués de feuilles d’or, martelées et ciselées ; le dernier est en or pur et pèse 110,4 kilogrammes. C’est dans ce dernier que se trouve le corps momifié du pharaon. Composés d’une cuve et d’un couvercle assemblés par des tenons et des mortaises, les trois sont incrustés, selon la technique du cloisonné d'or, de pâte de verre, de pierres semi-précieuses (cornaline rouge, turquoise bleu clair et lapis-lazuli bleu foncé) et de roches (obsidienne noire, calcite blanche). Sur les trois cercueils, le pharaon est représenté coiffé du némès, le plus emblématique couvre-chef des pharaons, qui est un assemblage complexe de tissu, surmonté des animaux protecteurs, le faucon et le cobra. Sur un visage imberbe, il porte la barbe postiche, tressée, symbole de royauté ; elle est recourbée car le pharaon est ici dans sa représentation mortuaire et donc, associé à une divinité. Sur ses bras croisés, la crosse et le flagellum, deux des attributs à connotation pastorale. La crosse (ou Héqa) et le fléau (ou Nekhekh) symbolisent les fonctions du berger, l’un par son crochet conçu pour attraper les pattes du bétail, l’autre, pour conduire le troupeau. Ils représentent la puissance féconde du souverain guidant, nourrissant et protégeant son peuple. Quant au célèbre masque funéraire, il recouvrait la tête et les épaules de la momie. Ce véritable chef-d’œuvre d’orfèvrerie est en or massif et pèse 11 kilogrammes. Bagues, bracelets, pendentifs, pectoraux, gorgerins... Plus de cent quarante-trois bijoux d'or étaient répartis dans les bandelettes entourant le corps du pharaon. © Tarekheikal, CC by-sa 4.0
De l’air pour le pharaon ! Retrouvé intact, cet éventail de cérémonie est une plaque demi-circulaire en bois doré et en pâte de verre multicolore. Cette partie de l’ombrelle est placée au bout d’un long manche ; sur sa tranche percée de trous étaient disposées de grandes plumes d’autruche. Les éléments centraux du décor montrent deux faucons symbolisant la déesse, Nekhbet. Ils encadrent les deux cartouches au nom de Toutânkhamon. Ils se font face en déployant leurs ailes et tiennent les deux symboles de pouvoir. L’un porte la couronne de la Haute-Égypte, l’autre, celle de la Basse-Égypte, signifiant la solidité de la réunification des deux territoires. Cette ombrelle servait à protéger le roi du soleil et à lui procurer de l’air. La charge de « porteur d’éventail du pharaon » était très convoitée. © ddenisen, CC by-sa 2.0
Une chaouabti, statuette funéraire Couverte d’inscriptions en colonnes verticales sur sa partie basse, cette chaouabti (« celui qui répond ») représente Toutânkhamon. Cette statuette de bois, en partie dorée, est représentée les bras croisés, portant le fléau, l’insigne royal : le nekhekh est généralement constitué d’une armature de bronze, recouvert alternativement de cylindres d’or et de cylindres de pâte de verre bleue. Il est fait de trois brins, tressés chacun de treize clochettes. Plusieurs interprétations sont données à ce spectre royal : certains scientifiques y voient un chasse-mouche, d’autres y voient le symbole d’Osiris, dieu inventeur de l’agriculture. Par extension, il serait un symbole pastoral du pharaon guidant son peuple. © Dave Nakayama, CC by-sa 2.0