L'ONU le répète sans cesse : pour espérer un futur encore vivable au niveau climatique, il convient de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45 % d'ici 2030. Ce chiffre n'est pas le fruit du hasard, mais le résultat d'un calcul entre l'évolution de nos émissions et leur impact sur le réchauffement climatique.
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Réduire nos émissionsémissions de gaz à effet de serre nous éviterait de franchir de nombreux points de basculement dangereux déclenchés par un réchauffement à +1,5 °C. Maintenant que 2024 commence, il ne nous reste donc plus que 6 ans pour atteindre cet objectif.
Les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter
Alors, sommes-nous sur la bonne voie ? Certainement pas. L'ONU précise même que « la mise en œuvre des plans nationaux actuels en faveur du climat - pour les 193 Parties à l'Accord de Paris - entraînerait une augmentation considérable de près de 14 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre d'ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2010 ». Si l'on compare à 2019 cette fois, les engagements ne permettraient qu'une baisse possible de 2 % maximum.
Les émissions de certains pays sont en baisse, mais celles d'autres pays sont en nette hausse, notamment à cause des investissements et des importations des pays prétendant avoir des émissions en baisse ! Pour assurer la continuité de leur croissance économique, la pollution de ces pays est bien souvent délocalisée dans un autre pays, mais le réchauffement climatique ne connaît pas de frontière.
Le seuil de réchauffement prévu en 2030 est déjà en train d'être atteint
Cette année 2023 va a priori se terminer avec une hausse de la température mondiale de 1,4 °C comparé au niveau préindustriel, selon l'OMM, l'Organisation météorologique mondiale. D'autres organismes climatiques, comme Berkeley Earth, avancent même une hausse de +1,5 °C en 2023, soit la limite fixée par les Accords de Paris. Si ce réchauffement à +1,5 °C se confirme sur plusieurs années d'affilée, alors cela signifiera que la Planète a réellement franchi ce seuil de manière durable. À ce rythme, il n'est pas sûr qu'il nous reste encore 6 ans, mais en réalité, beaucoup moins.
Réchauffement climatique : il ne reste que 7 ans pour réduire nos émissions de CO2 et avoir un futur encore vivable
Article de ETX Daily Up, publié le 27 octobre 2022
Voilà qui va donner le ton de l'ouverture de la toute prochaine COP27. Car « très loin », nous sommes très loin des objectifs de l'Accord de Paris visant la réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre. Tellement loin que la dernière synthèse des plans climatiques de chacun des États signataires démontre que les émissions de GES sont sur une ligne ascendante. Les contributions des pays restent donc largement insuffisantes selon les experts de l'ONU.
Les derniers engagements climatiques internationaux en date sont « très loin » de répondre à l'objectif de l'Accord de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5° C, a alerté mercredi l'agence de l'ONU pour le climat. « Nous sommes très loin du niveau et de la rapiditérapidité de réduction d'émissions nécessaires pour nous mettre sur la voie d'un monde à 1,5 °C », a averti Simon Stiell, patron de l'ONU Climat, à l'occasion de la publication d'une synthèse des derniers engagements des pays signataires de l'accord de Paris et à moins de deux semaines de l'ouverture de la conférence mondiale climatique COP27.
Au contraire, la somme des engagements des 193 parties à l'accord, « pourrait mettre le monde sur la voie d'un réchauffement de 2,5 °C d'ici la fin du siècle », souligne l'agence onusienne. L'accord de Paris de 2015 fixe l'objectif de contenir le réchauffement de la Planète « nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels », quand l'humanité a commencé à exploiter à grande échelle les énergies fossiles responsables des émissions de gaz à effet de serre, et si possible à 1,5 °C.
Deux chiffres à retenir : -45 % en 2030
Lors de la dernière COP26 en 2021 à Glasgow, les signataires de l'accord s'étaient engagés à réviser annuellement -- au lieu de tous les cinq ans -- leurs engagements en matièrematière de lutte contre les émissions, appelés « contribution déterminée au niveau national » (NDC).
Mais seuls 24 pays avaient soumis des NDC nouvelles ou révisées à la date limite du 23 septembre, à temps pour être prises en compte lors de la COP27 qui se tiendra du 6 au 18 novembre à Charm el-Cheikh en Égypte. Un chiffre « décevant », relève M. Stiell dans un communiqué accompagnant la publication des nouvelles données.
« Pour maintenir cet objectif [de 1,5 °C] en vie, les gouvernement doivent renforcer leurs plans maintenant et les mettre en œuvre dans les huit prochaines années », insiste le responsable onusien. Selon les experts de l'ONU, les émissions mondiales doivent baisser de 45 % d'ici 2030, par rapport aux niveaux de 2010, pour tenir cet objectif. Mais, selon la dernière synthèse des NDC, les engagements actuels mèneraient au contraire à une augmentation de 10,6 % des émissions sur cette période.
Réchauffement climatique : « Il est temps pour les dirigeants de tenir leurs promesses » pour éviter la catastrophe
Après le Giec, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, il y a quelques semaines, c'est aujourd'hui le rapport United in Science 2021 qui nous alerte sur la situation du climat mondial. Selon les scientifiques, nous serions « très en retard » sur les objectifs de l'Accord de Paris. Et faute de mesures immédiates et à grande échelle de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre, il sera bientôt impossible de limiter le réchauffement à 1,5 °C. Les conséquences seront « catastrophiques ».
Article de Nathalie MayerNathalie Mayer, publié le 25 septembre 2021
« Depuis le début de la pandémiepandémie de la Covid-19Covid-19, on entend dire que nous devons mieux reconstruire pour placer l'humanité sur une voie plus durable et éviter les pires impacts du réchauffement climatique sur la société et sur les économies. Ce rapport montre aujourd'hui à quel point nous allons dans la mauvaise direction. » Ce sont les mots de Petteri Taalas, secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) au moment où parait le rapport United in Science 2021 qui propose, quelques semaines après la parution de celui du Giec, un nouveau point sur le réchauffement climatique anthropique. « Notre monde s'est engagé sur la voie d'un réchauffement de 2,7 °C », confirme Antonio Guterres, secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (Onu). « Et les conséquences seront catastrophiques. »
Le saviez-vous ?
Le rapport United in Science 2021 est le troisième d’une série coordonnée par l’OMM, l'Organisation météorologique mondiale, avec la contribution du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), du Global Carbon Project (GCP), du Programme mondial de recherche sur le climat (WCRP) et du Met Office (Royaume-Uni). Il présente les toutes dernières données et découvertes scientifiques liées au changement climatique pour éclairer les politiques et les actions mondiales.
Le rapport United in Science 2021 évalue les engagements des pays signataire de l'Accord de Paris en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Ceux-ci devaient être révisés avant la fin de l'année 2020. Pourtant à ce jour, seuls 113 pays -- représentant moins de la moitié des émissions globales de GES -- se sont réengagés. Pour une baisse de leurs émissions de 12 % en 2030 par rapport à 2010. En tenant compte des objectifs non révisés -- ceux de la Chine, notamment, qui compte, à elle seule, pour un quart des émissions mondiales -- les émissions pourraient en réalité... augmenter de 16 % à la même échéance.
Émissions de gaz à effet de serre et réchauffement climatique
Rappelons que nos émissions de dioxyde de carbone (CO2) ont un temps ralenti, à la faveur des confinements imposés par la crise du coronavirus. En 2019, elles culminaient à 36,64 gigatonnes d'équivalent CO2 (GtCO2). En 2020, elles reculaient de 5,6 %, soit 1,98 GtCO2 de moins. Mais les premières estimations annoncent déjà un retour au niveau de 2019 -- voire plus -- pour les secteurs de l'électricité et de l'industrie pour le 1er semestre 2021.
Résultat -- le rapport du Giec l'a rappelé, l'influence humaine est désormais « sans équivoque » --, la période 2017-2021 apparaît parmi les plus chaudes jamais enregistrées. Les scientifiques estiment que les températures moyennes se sont établies entre 1,06 °C et 1,26 °C au-dessus des niveaux préindustriels (1850-1900). Et il y a désormais 40 % de risques pour que la température mondiale moyenne dépasse le seuil des +1,5 °C inscrit dans l'Accord de Paris, au moins une fois au cours des cinq années à venir.
Des conséquences catastrophiques à venir
Ce réchauffement climatique anthropique a d'ores et déjà augmenté la fréquence et l'intensité de nombreux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes. « Ils sont cinq fois plus nombreux que dans les années 1970. Et sept fois plus coûteux », souligne Antonio Guterres. Nous en avons eu beaucoup d'exemples en cette année 2021. Avec les conséquences désastreuses qu'ils ont eues sur les populations locales -- y compris dans les pays les plus développés -- et plus généralement, sur la santé humaine. « Mais ce n'est que le début de ce qui nous attend si nous ne prenons pas immédiatement les décisions qui feront baisser nos émissions de gaz à effet de serre », assure le secrétaire général de l'ONU.
La banquisebanquise arctiquearctique ne cesse de reculer. Et le niveau moyen de la mer de monter. De 20 centimètres entre 1900 et 2018, avec un rythme même accéléré depuis 2006.
La hausse des températures est également déjà responsable de lourdes pertes économiques. En 2019, cela se compte en plus de 103 milliards d'heures de travail perdues en plus par rapport à 2000.
À l’occasion de la publication du rapport United in Science 2021, Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies a délivré un message au monde. © Organisation météorologique mondiale
Un appel à la coopération et à l’ambition
« Ce rapport est clair. Le temps presse. Pour que la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de 2021 -- elle doit se tenir à Glasgow du 1er au 12 novembre prochains --, connue sous le nom de COP26, soit un tournant, nous avons besoin que tous les pays s'engagent à zéro émission nette d'ici 2050. Un engagement soutenu par des stratégies crédibles et concrètes à long terme et des contributions nationales ambitieuses qui, collectivement, réduiront les émissions mondiales de 45 % d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2010 », a encore déclaré Antonio Guterres.
« En parallèle, nous avons besoin d'une percée dans la protection des personnes et de leurs moyens de subsistance, avec au moins la moitié de tous les financements publics pour le climat engagés à renforcer la résiliencerésilience et à aider les gens à s'adapter. Et nous avons besoin d'une solidarité beaucoup plus grande. La lutte contre le réchauffement climatique ne sera un succès que si tout le monde s'unit autour de plus d'ambitions. Il est temps pour les dirigeants de prendre position et de tenir leurs promesses. Sans quoi, les populations de tous les pays en paieront le prix. Notre avenir est en jeu. »
L'Accord de Paris a 5 ans et le monde se dirige vers un réchauffement de +3 °C
«Négligeable »... La pandémie de Covid-19 aura un effet « négligeable » sur la baisse des émissions de gaz à effet de serre, avertit l'ONU. La Planète s'achemine vers un réchauffement de +3°, et les objectifs fixés lors de l'Accord de Paris, il y a cinq ans, s'éloignent. Pourtant, des solutions existent pour s'en approcher et les atteindre selon les experts onusiens qui voient un signe d'espoir dans le potentiel des nouvelles promesses d'émissions zéro carbone faites par les nations.
Article de Futura avec l'AFP-Relaxnews paru le 10/12/2020
À trois jours d'un « Sommet ambition climat » qui vise à donner un nouvel élanélan aux engagements internationaux pour maintenir le réchauffement climatique sous 2 °C, et si possible 1,5 °C, par rapport à l'ère pré-industrielle, le Programme des Nations unies pour l'EnvironnementProgramme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE) sonne à nouveau l'alarme et prévient, dans son rapport annuel comparant les émissions réelles de gaz à effet de serre et celles compatibles avec les objectifs de Paris, que la relance post-Covid devra être sérieusement verdie si le monde veut éviter le pire.
Pour garder un espoir de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 7,6 % par an, chaque année de 2020 jusqu'à 2030, selon l'ONU. Ces émissions augmentaient en moyenne de 1,5 % par an sur la dernière décennie, pour atteindre un record en 2019 (59,1 gigatonnes, ou milliards de tonnes, soit +2,6 % de plus qu'en 2018).
Mais la pandémie du Covid-19, en mettant à l'arrêt pendant de longs mois une bonne partie de l'économie mondiale et des activités humaines, a entraîné une chute brutale. Les émissions devraient ainsi baisser d'environ 7 % en 2020 pour le CO2, principal gaz à effet de serre -- un peu moins pour les autres.
L'effet insignifiant de la pandémie sur le réchauffement climatique
Mais ce retournement est conjoncturel et n'aura qu'un effet « négligeable » à long terme, avec environ 0,01 degré de réchauffement évité d'ici à 2050 préviennent les experts onusiens. Et de toute façon, « la solution [au réchauffement] n'est pas de confiner le monde entier et de priver 1,9 milliard de jeunes d'éducation », explique à l'AFP la patronne du PNUE, Inger Andersen.
D'ici à la fin du siècle, la trajectoire de réchauffement est estimée à 3,2 °C de plus, même si tous les engagements actuels de Paris étaient tenus, ce qui est souvent loin d'être le cas. Or, avec +1 °C enregistré depuis l'ère pré-industrielle, les effets du réchauffement sont déjà sensibles. Les cinq années depuis la signature de l'accord de Paris ont été les plus chaudes jamais enregistrées et « les feux, tempêtestempêtes et sécheressessécheresses poursuivent leurs ravages alors que les glaces fondent à un rythme sans précédent ».
Derrière ce sombre tableau, l'ONU veut voir une bonne nouvelle : la pandémie peut servir de leçon et le monde mettre en œuvre une véritable « relance verte » : soutien direct et massif aux infrastructures et technologies décarbonées, réductions des subventions aux énergies fossiles, fin des centrales à charboncharbon, développement des « solutions basées sur la nature », reforestation d'envergure par exemple. Ce qui permettrait de « réduire jusqu'à 25 % les émissions attendues pour 2030 sur la base des politiques pré-Covid-19 » et donnerait 66 % de chances de contenir le réchauffement sous les 2 °C.
La pandémie offre l'opportunité d'une relance verte et équitable
Mais pour l'heure, malgré les centaines de milliards consacrés par les États au sauvetage de leurs économies, « la fenêtrefenêtre pour utiliser les mesures de relance afin d'accélérer une transition bas-carbone a globalement été manquée, préviennent les auteurs. Sans un retournement de situation, les objectifs de l'Accord de Paris s'éloigneront un peu plus ».
Le PNUE encourage donc les États qui ont annoncé des engagements datés de « neutralité carboneneutralité carbone » à mettre en œuvre sans attendre des stratégies pour les atteindre. Car la diplomatie climatique a elle aussi été perturbée par la pandémie et la COP26, qui devait recueillir les nouveaux engagements rehaussés, a dû être repoussée d'un an à novembre 2021. Même si les États doivent quand même soumettre leurs nouveaux engagements d'ici à la fin de l'année.
“Les émissions des 1 % de la population mondiale la plus riche représentent le double de celles de la moitié la plus pauvre”
L'ONU prévient aussi que « l'équité » dans les efforts sera « centrale » pour la réussite, puisque les émissions des 1 % de la population mondiale la plus riche représentent le double de celles de la moitié la plus pauvre.
Appels auxquels font écho des militants comme Tim Gore, responsable climat d'OxfamOxfam International, qui appelle à une « relance verte et équitable », ou Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace International enjoignant les gouvernants de « prouver qu'ils font tout ce qui est en leur pouvoir » en prenant des engagements à l'occasion de l'anniversaire de l'Accord de Paris.
« La pandémie est l'avertissement que nous devons d'urgence quitter notre chemin de développement destructeur, moteur des trois crises planétaires : changement climatique, perte de biodiversitébiodiversité et pollution, conclut la cheffe du PNUE. Mais elle constitue aussi clairement une opportunité (...) pour protéger notre climat et la nature pour les décennies à venir ».
Nous nous dirigeons vers un réchauffement climatique de +2,5 °C à +4 °C
Article de Nathalie Mayer, publié le 23 juillet 2020
De quoi notre avenir climatique sera-t-il fait ? La question est de plus en plus brûlante. Et quarante ans après la publication d'une première fourchette de températures, des chercheurs apportent aujourd'hui enfin quelques précisions. Mauvaise nouvelle : les connaissances les plus récentes nous prévoient un réchauffement plus chaud que l'espéraient les climatologuesclimatologues.
Depuis le début de l’ère industrielle, la TerreTerre s'est réchauffée de +1,2 °C. En cause : les émissions de gaz à effet de serre par les activités humaines. Au rythme actuel de ces émissions, les niveaux de dioxyde de carbone (CO2) dans notre atmosphèreatmosphère seront doublés -- par rapport à leur niveau préindustriel -- d'ici 60 à 80 ans. Et alors, de combien devons-nous nous attendre à ce que notre Planète se réchauffe ?
Quarante ans que la question a été posée pour la première fois par le Conseil national de recherche des États-Unis (NRC). Et quarante ans que les climatologues y apportent une réponse trop vaguevague pour être satisfaisante : de +1,5 à +4,5 °C. Une fourchette qui, à une extrémité, nous demandera simplement quelques adaptations à ce réchauffement climatique et à l'autre, nous conduira à la catastrophe.
Aujourd'hui enfin, des spécialistes du Programme mondial de recherche sur le climat (WCRP) sont parvenus à préciser les choses. Se basant à la fois sur les tendances du réchauffement que nous vivons fournies par des données satellites notamment, sur les dernières connaissances des effets de rétroactionrétroaction, sur les modèles les plus récents et sur l'étude détaillée du climat passé, ils annoncent qu'avec une telle augmentation des niveaux de CO2 dans l’atmosphère, nous devons nous attendre à un réchauffement climatique compris entre +2,3 à +4,5 °C.
La coopération internationale comme seule solution
Ainsi, selon ces chercheurs, les chances pour que les températures augmentent de moins de 2 °C ne sont que de 5 %. Pour cela, il faudrait que les scientifiques soient embarqués sur plusieurs mauvaises pistes, des pistes non liées comme un comportement inattendu des nuagesnuages et des modèles de réchauffement des océans. Et, mauvaise nouvelle supplémentaire, le risque pour que les températures augmentent de plus de +4,5 °C reste, lui, compris entre 6 à 18 %.
Une estimation plus directe conclut, quant à elle, à une fourchette plus précise encore allant de +2,6 à +3,9 °C. Globalement, « nos estimations rendent improbable le fait que la sensibilité du climat se situe à l'extrémité inférieure de la fourchette et confirment plutôt l'extrémité supérieure », constate Gabi Hegerl, chercheur à l'université d'Édimbourg (Écosse) dans un communiqué du WCRP.
Une part importante du travail des chercheurs a consisté à s'assurer de l'indépendance des preuves recueillies. « Comme si vous considériez la version mathématique d'une tentative de déterminer si un témoin d'un crime a été ou non influencé en entendant l'histoire d'un autre témoin », explique Steven Sherwood, chercheur à l'université de Nouvelle-GallesGalles-du-Sud (Australie). De quoi consolider leurs résultats.
« Ces résultats témoignent de l'importance de la recherche interdisciplinaire et soulignent parfaitement comment la coopération internationale peut résoudre nos problèmes les plus épineux, déclare le professeur Eelco Rohling, de l'université nationale australienne. Si les décideurs peuvent trouver le même objectif et le même esprit de coopération, cela nous donnera l'espoir de pouvoir éviter le pire ».
Réchauffement climatique : de nouveaux modèles prévoient jusqu’à +7°C en 2100 !
L'amélioration des outils de calcul a permis à des scientifiques français d'affiner et de produire de nouvelles simulations. Leur conclusion : le réchauffement climatique sera bien plus radical que ne le prédisent les modèles actuels. Parmi les scénarios, qui serviront de base au Giec, le plus optimiste exige d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2060 sur l'ensemble de la Planète.
Article de Futura avec l'AFP paru le 22/09/2019
Le réchauffement climatique s'annonce plus prononcé que prévu, quels que soient les efforts faits pour le contrer, ont averti mardi des scientifiques français qui présentent de nouvelles simulations climatiques qui serviront de base au Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Une centaine de chercheurs et d'ingénieurs, notamment du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et de MétéoMétéo-France, ont participé à ces travaux. Ils viendront alimenter le sixième rapport d'évaluation du groupe des experts de l'ONU sur le climat, prévu pour 2021-2022.
Les scientifiques français ont produit deux modèles climatiquesmodèles climatiques différents, ensuite soumis à plusieurs scénarios socio-économiques. « Dans le pire des scénarios considérés, la hausse de température moyenne globale atteint 6,5 à 7 °C en 2100 », selon une présentation. Ce scénario repose sur une croissance économique rapide alimentée par des énergies fossiles. Dans le dernier rapport du Giec de 2014, le pire scénario prévoyait +4,8 °C par rapport à la période pré-industrielle.
Nécessité d'une forte coopération internationale
Le scénario le plus optimiste, « marqué par une forte coopération internationale et donnant priorité au développement durabledéveloppement durable » permet de rester sous l'objectif des 2 °C de réchauffement, mais « tout juste, [avec] un effort d'atténuation (...) important, et au prix d'un dépassement temporaire de l'objectif de 2 °C au cours du siècle ». L'Accord de Paris sur le climat de 2015 prévoit de limiter le réchauffement de la planète bien en-dessous de 2 °C, voire 1,5 °C. Les engagements jusqu'à présent pris par les États conduiraient à +3 °C.
Le scénario le plus optimiste « implique une diminution immédiate des émissions de CO2 jusqu'à atteindre la neutralité carbone à l'échelle de la planète vers 2060, ainsi qu'une captation de CO2 atmosphérique de l'ordre de 10 à 15 milliards de tonnes par an en 2100 », ce que la technologie ne permet pas de faire actuellement.
La conférence de presse. © CNRS, YouTube
Des politiques climatiques à mettre en œuvre dès maintenant
« La température moyenne de la planète à la fin du siècle dépend donc fortement des politiques climatiques qui seront mises en oeuvre dès maintenant et tout au long du XXIe siècle », insistent le CNRS, Météo-France et le CEA. Ce réchauffement plus important va dans le même sens que d'autres modèles étrangers. « Cela pourrait s'expliquer par une réaction plus forte du climat à l'augmentation des gaz à effet de serre anthropique que dans les simulations de 2012, mais les raisons de cette sensibilité accrue et le degré de confiance à y apporter restent à évaluer », selon un communiqué.
Les scientifiques français s'étaient pliés pour la dernière fois à cet exercice en 2012. Entretemps, leurs outils se sont améliorés. « Nous avons des meilleurs modèles, a expliqué OlivierOlivier Boucher, directeur de recherche au CNRS, à l'AFP. Comme les capacités de calcul augmentent, nous avons affiné la résolutionrésolution et nous avons aussi des modèles qui représentent mieux le climat actuel ».
Grâce à cette échelle plus fine, les chercheurs ont mieux modélisé les conséquences du réchauffement climatique en Europe de l'Ouest, en s'intéressant aux vagues de chaleur. « L'intensité et la fréquence des vagues de chaleurchaleur ont augmenté ces dernières décennies. Cette tendance va se poursuivre au moins dans les deux décennies qui viennent, quel que soit le scénario considéré ».
Réchauffement climatique : les prévisions du Giec étaient trop optimistes
D'ici 2100, la Terre pourrait se réchauffer de 15 % de plus que la pire des prédictions du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). Ces dernières étaient donc trop optimistes. Pour espérer rester sous les 2 °C, il faudra réduire encore plus les émissions de gaz à effet de serre par rapport à ce qui était prévu.
Article de Futura avec l'AFP, publié le 8 décembre 2017
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), l'organe scientifique de référence sur le réchauffement, a publié en 2014 un éventail de scénarios prédisant le réchauffement climatique à la fin du XXIe siècle en fonction du volumevolume des émissions de gaz à effet de serre.
Patrick Brown et Ken CaldeiraCaldeira, climatologues à l'Institut Carnegie de l'université de Stanford, en Californie (États-Unis), estiment, dans une étude publiée dans la revue Nature, que « le réchauffement climatique sera probablement plus important » que les pires modèles du Giec. Pointant du doigt le degré d'incertitude des scénarios climatiques, ils notent que les modèles les plus pessimistes, qui supposent une augmentation des émissions de gaz à effet de serre tout au long du siècle, prévoient une augmentation des températures entre 3,2 et 5,9 °C d'ici 2100 par rapport à la période préindustrielle.
Le réchauffement serait pire que prévu
Dans l'objectif de rétrécir cette large fourchette, l'étude introduit dans les modèles des données liées à l'observation par satellite de l'énergie solaire absorbée ou renvoyée par la Terre. Et elle « élimine la partie basse de cette fourchette », concluant que « le réchauffement le plus probable est d'environ 0,5 °C plus important que ce que suggère le modèle brut » du Giec concerné, résume le communiqué de Carnegie.
À ce stade, le monde a gagné près de 1 °C, selon les scientifiques. Moins d'un degré qui a suffi à provoquer plus de précipitationsprécipitations, un rétrécissement de la banquise, une acidification des océans et une augmentation de leur niveau moyen. « Nos résultats indiquent que parvenir à n'importe quel objectif de stabilisation de la température mondiale nécessitera des réductions plus importantes des émissions de gaz à effet de serre que celles précédemment calculées », écrivent les auteurs de l'étude. L'accord de Paris de 2015 prévoit de limiter en deçà de 2 °C la hausse moyenne de la température mondiale par rapport aux niveaux d'avant la Révolution industrielle, voire de 1,5 °C.
Rapport Giec : enfin la reconnaissance mondiale du réchauffement climatique
Article de Jean-Luc GoudetJean-Luc Goudet paru le 6 avril 2007
Cette fois, c'est fait. Les experts mondiaux du climat ont validé le quatrième rapport sur l'environnement proposé par le Giec. La Commission européenne a salué le travail mais il a fallu de subtiles tractations pour éviter des mots qui fâchent dans certains pays.
Pour que le quatrième rapport du Groupe intergouvernemental du climat (Giec) rédigé par des experts de l'ONU soit publié, il fallait l'accord de toutes les nations. En discussion depuis lundi à Bruxelles, le rapport a été publié, donc validé, ce vendredi 6 avril 2007.
Ce rapport, plus alarmant que les trois précédents, a de quoi inquiéter et, surtout, met de nombreux pays devant leurs responsabilités. On connaissait déjà son premier volet, scientifique, publié en février, qui indiquait pour 2100 une hausse probable de la température moyenne de 2 à 4,5 degrés et une montée du niveau des océans de 19 à 58 centimètres.
Dans le reste du rapport, les experts du Giec énoncent les effets de ces modifications :
- Au-delà de 2 à 3 degrés de plus qu'en 1990, le réchauffement aura des impacts négatifs sur toutes les régions du globe.
- Au-delà de 1,5 à 2,5 °C de plus, de 20 à 30 % des espècesespèces animales et végétales risquent de disparaître.
- Le nombre de victimes d'inondationsinondations pourraient augmenter de deux à sept millions de personnes chaque année.
- En 2080, sécheresses, dégradation et salinisation des sols conduiront 3,2 milliards d'hommes à manquer d'eau et 600 millions à souffrir de la faim.
- Les conséquences de ces inondations seront plus graves là où la pressionpression démographique s'accentue et dans les grands deltasdeltas d'Afrique de l'Ouest, d'Asie ou du Mississippi.
- « Les populations pauvres, même dans des sociétés prospères, sont les plus vulnérables au changement climatique » ont ajouté les experts pendant la conférence de presse.
Chipotages politiques
Le débat s'est clairement déplacé du terrain scientifique sur le terrain politique. Les débats ont bien montré les réticences des uns et des autres, ainsi que les points qui font mal. L'Arabie Saoudite, la Chine, les États-Unis et la Russie ont chacun contesté tel ou tel paragraphe qui semblait gêner leurs intérêts.
La Chine, d'après l'Agence France Presse, voulait retirer l'expression « très élevé » dans la phrase annonçant « le risque très élevé, basé sur de nombreuses observations et preuves dans tous les pays et la plupart des océans, que de nombreux systèmes naturels soient affectés par les changements climatiques. »
Quant aux États-Unis, ses représentants (toujours selon l'AFP) ont fait supprimer un passage prédisant que l'Amérique du Nord « devrait être localement confrontée à de graves dommages économiques et à des perturbations substantielles de son système socio-économique et culturel ».
Ironie du sort, c'est le moment qu'a choisi une équipe de treize chercheurs américains et israéliens, dirigée par Richard Seager, climatologue au Lamont Doherty Earth Observatory (New York), pour publier dans Science une étude alarmante sur l'évolution probable du climat dans le sud-ouest des Etats-Unis et au Mexique. Selon ces chercheurs, il faut s'attendre à une baisse de l'ordre de 15 % de l'humidité dans ces régions au cours des trois prochaines décennies. Et de prédire le retour régulier des catastrophiques phénomènes météorologiques appelés American Dust BowlDust Bowl qui ont ravagé l'agricultureagriculture, déjà en crise, dans les années 1930. Une forte sécheresse s'était alors abattue sur la région des grandes plaines au centre des Etats-Unis et avait mis à mal les cultures avant de provoquer une importante érosion éolienneéolienne et de puissantes tempêtes de poussière. « Durant le Dust Bowl, souligne Richard Seager dans Nature, la baisse d'humidité n'a été que de 15 %. »