L’Union européenne travaille actuellement à l’élaboration d’un Green Deal, un pacte vert pour l’Europe. Objectif : limiter le réchauffement climatique. Un objectif qui apparaît d’autant plus important aujourd’hui au regard des conséquences que la crise climatique pourrait avoir sur l’Europe. L’Agence européenne pour l’environnement nous en propose quelques exemples en cartes.


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    L'Agence européenne pour l’environnement a pour objectif de recueillir des données indépendantes sur le réchauffement climatique et ses conséquences. Des données destinées à informer le public, mais aussi à mettre en œuvre des politiques environnementales efficaces. Aujourd'hui, l'Agence montre, cartes à l'appui, que l'Europe devra bientôt faire face à une aggravation des effets du réchauffement climatique. Et ce, même si les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre s'avéraient efficaces.

    Un tour d’Europe des impacts du réchauffement climatique

    À quoi faut-il s'attendre ? À des événements météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses. Ce n'est pas une grande surprise, car c'est également ce qui est annoncé ailleurs dans le monde. Mais ce qui est précisé ici, ce sont les impacts de ces événements selon les régions : pluies torrentielles, niveau de la mer extrême et inondations, épisodes de sécheresse ou feux de forêt. Avec des conséquences négatives, bien entendu, sur les écosystèmes, les économies et la santé.

    L’évolution du risque « feux de forêt » dans un scénario de faibles émissions de gaz à effet de serre. En bleu, les régions dans lesquelles le risque restera le même ou diminuera. En rouge, celles où il augmentera, de 1 à 10 % pour les rouges les plus pâles, de 11 à 30 % pour les teintes plus marquées et au-delà de 31 % pour les zones en rouge vif. Le tout à la fin du XXI<sup>e</sup> siècle, comparé à la période comprise entre 1980 et 2010. © Agence européenne pour l’environnement
    L’évolution du risque « feux de forêt » dans un scénario de faibles émissions de gaz à effet de serre. En bleu, les régions dans lesquelles le risque restera le même ou diminuera. En rouge, celles où il augmentera, de 1 à 10 % pour les rouges les plus pâles, de 11 à 30 % pour les teintes plus marquées et au-delà de 31 % pour les zones en rouge vif. Le tout à la fin du XXIe siècle, comparé à la période comprise entre 1980 et 2010. © Agence européenne pour l’environnement

    Ainsi, le sud de l'Europe devrait être de plus en plus durement frappé par des périodes de sécheresse intense. En France, la Nouvelle-Aquitaine et l'Occitanie seront les plus touchées. De ce point de vue en revanche, l'Europe du Nord devrait être relativement épargnée. Ces sécheresses - doublées de vagues de chaleurchaleur - devraient également être à l'origine de feux de forêt plus violents et touchant des régions plus vastes que par le passé. Le risque d'incendie devrait augmenter dans de nombreuses régions. Plus encore dans le centre-ouest de l'Europe. Et dans l'extrême nord.

    Sur cette carte, l’évolution des pluies torrentielles durant les mois d’hiver, entre 2071 et 2100, comparé à la période entre 1971 et 2000. En bleu, les régions pour lesquelles le régime des pluies torrentielles augmentera de plus de 25 %. En vert, les régions pour lesquelles le régime des pluies torrentielles augmentera de 5 à 25 %. Et en beige/orange, celles pour lesquelles le régime des pluies torrentielles restera constant, voire diminuera. © Agence européenne pour l’environnement
    Sur cette carte, l’évolution des pluies torrentielles durant les mois d’hiver, entre 2071 et 2100, comparé à la période entre 1971 et 2000. En bleu, les régions pour lesquelles le régime des pluies torrentielles augmentera de plus de 25 %. En vert, les régions pour lesquelles le régime des pluies torrentielles augmentera de 5 à 25 %. Et en beige/orange, celles pour lesquelles le régime des pluies torrentielles restera constant, voire diminuera. © Agence européenne pour l’environnement

    Manques d'eau et chaleurs extrêmes n'empêcheront pas, par ailleurs, de plus en plus de pluies torrentielles de s'abattre sur notre continent d'ici au dernier quart du XXIe siècle. Des événements annoncés en hausse de 25 % même, pour certaines zones du sud de l'Europe. De 35 % pour le centre et l'est. Des événements à l'origine d'inondations de plus en plus nombreuses. Et ces inondations seront, dans la plupart des régions côtières, amplifiées par la montée du niveau des mers : de 0,2 à 0,4 mètre dans un scénario de faibles émissionsémissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre, mais de 0,4 à 1 mètre dans un scénario moins favorable. Seules les côtes du nord de la mer Baltiquemer Baltique et du nord de l'Atlantique pourraient être préservées. Grâce au rebond postglaciairerebond postglaciaire, comprenez le relèvement les terresterres suite à la fontefonte des calottes glaciairescalottes glaciaires.

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    Comme on le voit sur cette carte, en France, ce sont les côtes bretonnes, normandes et du Pays basque qui pourraient voir, dans un scénario de faibles émissions de gaz à effet de serre, la fréquence des inondations être multipliée par 100 à 500. © Agence européenne pour l’environnement
    Comme on le voit sur cette carte, en France, ce sont les côtes bretonnes, normandes et du Pays basque qui pourraient voir, dans un scénario de faibles émissions de gaz à effet de serre, la fréquence des inondations être multipliée par 100 à 500. © Agence européenne pour l’environnement

    Des mesures d’adaptation à prendre

    Ainsi, le nombre de personnes exposées chaque année aux inondations côtières pourrait passer de quelque 100.000 à 1,5 à 3,65 millions entre 2030 et 2100. Et le coût de ces inondations dans les 17 principales villes côtières, d'environ 1 milliard d'euros en 2030 à 31 milliards d'euros en 2100. D'où l'importance de prendre des mesures pour protéger ces populations.

    D’ici 2050, les Pays-Bas devraient être à l’épreuve de l’eau

    C'est déjà le cas aux Pays-Bas. Le programme DeltaDelta prévoit des mesures telles que l'amélioration des digues, des barrages et des dunes et la régénération des plages. D'ici 2050, il devrait permettre au pays de résister à l'épreuve du climatclimat et à l'eau, tenant compte d'une élévation moyenne maximale du niveau de la mer d'un mètre d'ici la fin de ce siècle.

    Cette carte montre l’évolution des revenus des exploitations agricoles dans le cas où des mesures d’adaptation au réchauffement climatique sont prises. En vert foncé, des revenus en hausse de plus de 5 %, en vert clair, de 0,5 à 5 %. En blanc, des revenus similaires à ceux d’aujourd’hui. En mauve, dans l’ex-Languedoc-Roussillon, des revenus inférieurs de plus de 10 %. © Agence européenne pour l’environnement
    Cette carte montre l’évolution des revenus des exploitations agricoles dans le cas où des mesures d’adaptation au réchauffement climatique sont prises. En vert foncé, des revenus en hausse de plus de 5 %, en vert clair, de 0,5 à 5 %. En blanc, des revenus similaires à ceux d’aujourd’hui. En mauve, dans l’ex-Languedoc-Roussillon, des revenus inférieurs de plus de 10 %. © Agence européenne pour l’environnement

    Dans un autre domaine, l'Agence européenne pour l'environnement a étudié l'impact de mesures d'adaptation au réchauffement climatique sur la production agricole. Une production touchée par la crise de manière complexe. Et il en ressort que les agriculteurs pourraient non seulement limiter les effets néfastes du changement climatique, mais aussi en renforcer les effets bénéfiques en comptant sur des mesures appropriées dans chaque région. Adaptation des variétés, modification des dates de semis, amélioration de l'irrigationirrigation sont autant de pistes à explorer.


    Le Jour d'Après : scénario du futur pour le climat en Europe ?

    Et si le film Le Jour d'Après passait du grand écran à la réalité ? Celle-ci, un peu édulcorée tout de même, s'en prendrait bien au Vieux Continent ! L'Agence Européenne pour l'Environnement a lancé une étude à propos des impacts du changement climatique : rien de réjouissant en perspective...

    Article de Caroline Lepage paru le 19/10/2004

     

    Qu'il est loin le temps béni de la Révolution Industrielle, où l'on dépensait impunément l'énergieénergie sans compter, sans penser qu'un jour celle-ci pourrait venir à manquer, sans imaginer un seul instant qu'il faudrait payer nos excès du passé et devenir enfin raisonnable ! Aujourd'hui, partageant la même Terre d'accueil que les autres plus soucieux de leur avenir, certains persistent à faire la sourde oreille. Mais tout le monde sera logé à la même enseigne, en Europe comme ailleurs.

    Le réchauffement climatique a commencé

    Se basant sur des indices très sérieux relevant de 8 catégories (atmosphèreatmosphère et climat ; glaciersglaciers, neige et glace ; systèmes marins ; écosystèmes terrestres et biodiversitébiodiversité ; eau ; agricultureagriculture ; économie ; santé humaine), l'Agence Européenne pour l'Environnement (AEE) vient de publier son enquête sur les conséquences actuelles en Europe du réchauffement de la planète, et les évènements à prévoir dans le futur. « Ce rapport rassemble une multitude de preuves attestant que le changement climatique est d'ores et déjà en cours et que ses impacts sur les populations et les écosystèmes à travers l'Europe sont largement étendus, souvent avec des coûts économiques significatifs ! » soutient Jacqueline McGlade, directrice exécutive de l'AEE.

    Globalement, selon les statistiques, la dernière décennie a été la plus chaude, et les années 1998, 2002 et 2003 détiennent le flambeau en matièrematière de fortes chaleurs ! Et tout indique que l'augmentation de température est bien la plus rapide en Europe. Ce réchauffement a été de +0,95°C sur les 100 dernières années alors que les scientifiques prévoient une élévation de la température allant de 2 à 6,3°C sur ce seul siècle. Impossible d'imaginer un scénario moins désastreux tant que la production de CO2 ne sera pas ralentie... En effet, le taux de dioxyde de carbonedioxyde de carbone dans la basse atmosphère serait actuellement à son maximum depuis 420 000 ans (voire 20 millions d'années estiment les plus pessimistes).

    Les bonnes volontés, qui ont abouti à l'élaboration du protocole de Kyotoprotocole de Kyoto en 1997, n'ont hélas pas encore permis d'éveiller toutes les consciences écologiques. Ce traité international, qui réclame une réduction moyenne de 5,2% des émissions de 6 gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, oxyde d'azoteoxyde d'azote, hydrofluocarbures, perfluocarbures et hexafluorure de soufresoufre) de la part des pays industrialisés entre 1990 et 2012, est ignoré par les Américains. 123 pays l'ont ratifié mais les Etats-Unis, pourtant plus gros producteurs de gaz à effet de serre au monde, s'y opposent toujours !

    Aujourd'hui et demain, en Europe

    Les ravages du climat se sont déjà sévèrement manifestés sur le Vieux Continent. Les inondations d'août 2002 frappant 11 pays sont encore dans toutes les mémoires, comme les vagues de chaleur meurtrières de l'an dernier qui ont tué plus de 20 000 personnes, principalement du troisième âge. L'environnement n'est pas épargné. En 2003, la massemasse des glaciers alpins a diminué d'un dixième : une broutille en comparaison des suppositions des climatologuesclimatologues qui parlent d'une disparition des ¾ des glaciers des Alpes Suisses d'ici 2050 ! Le niveau des mers le long des côtes européennes, lui, ne cesse de croître - de 0,8 à 3 mm par an le siècle dernier (une vitessevitesse qui pourrait être 2 à 4 fois supérieure d'ici à la fin de ce siècle).

    Végétaux et animaux sont complètement 'déboussolés' par les caprices du temps. Certaines espècesespèces végétales finissent par s'éteindre, dans les régions montagneuses notamment, alors que les périodes de récolte peuvent se faire plus tardives pour les agriculteurs (la saisonsaison moyenne de croissance des plantes ayant pris 10 jours supplémentaires entre 1962 et 1995). Quant aux oiseaux migrateursmigrateurs, ils apprécient la douceur des hivershivers européens et leur taux de survie n'a jamais été aussi élevé.

    Bref, les gouvernements, ensemble, doivent persévérer dans la mise en œuvre d'actions concrètes, comme n'hésite pas à le rappeler la directrice de l'AEE : « l'Europe doit certes continuer à impulser les efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale, mais ce rapport souligne également la nécessité de stratégies au niveau européen, régional, national et local, pour s'adapter au changement climatique »

    CaniculesCanicules, inondations, tempêtestempêtes seront monnaie courante dans les années à venir. Le rapport de l'AEE soutient même que les hivers froids pourraient entièrement disparaître en Europe d'ici à 2080 ! Plus d'hiver et des vagues de chaleur estivales de plus en plus intenses et fréquentes ? « C'est un phénomène qui va considérablement influencer nos sociétés et nos environnements dans les décennies et les siècles à venir » s'inquiète déjà Jacqueline McGlade. Le Jour d'Après ? C'est demain...