Les insectes disparaissent à un rythme alarmant. Urbanisation, insecticides et herbicides, réchauffement climatique, pollution lumineuse, incendies… Les cause de ce déclin sont multiples et se conjuguent pour aboutir à une « apocalypse d’insectes ». Un constat d’autant plus souvent ignoré que les insectes sont considérés la plupart du temps comme des nuisibles.


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    Le constat n'est pas nouveau, mais il est toujours aussi alarmant : les insectes disparaissent à la vitessevitesse grand V. Entre 1 et 2 % des insectes disparaissent ainsi chaque année de la Planète, selon une nouvelle méta-étude parue dans un numéro spécial de la revue PNAS, écrit par 56 entomologistesentomologistes à travers le mode.

    Il est difficile d'avoir une idée bien précise de cette disparition, étant donné le nombre d'espèces concernées : les scientifiques en ont identifié environ un million, mais ils estiment qu'il en existerait au moins 4 à 7 fois plus. « Sur ce sujet, nous en sommes au même point que sur le réchauffement climatique il y a 30 ans : nous manquons cruellement de données », confirme May Berenbaum, un des coauteurs. Il apparaît en tous cas que le rythme de disparition des insectes est bien plus élevé que celui des autres animaux. Leur taux d'extinction serait ainsi huit fois plus rapide que celui des mammifères, des oiseaux et des reptiles selon une précédente méta-étude parue dans Biological Conservation. « Dans 100 ans, tous les insectes pourraient avoir disparu de la surface de notre Planète », s'inquiétait alors Francisco Sanchez-Bayo, l'un des auteurs de l'étude.

    Un des exemples relativement bien documenté est celui des abeilles. Une étude publiée en octobre 2017 dans la revue PLoS One indique ainsi que la biomassebiomasse d'insectes volants a chuté de plus de 75 % entre 1989 et 2016 dans une soixantaine de zones protégées d'Allemagne (voir ci-dessous). En France, depuis 1995, le taux de mortalité des colonies est passé de 5 % en temps normal à 30, voire 40 %. Chez les papillons aussi, le déclin est dramatique : la population de papillons a chuté de 39 % depuis 1990 dans 16 pays européens selon une des études de PNAS.

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    La très grande diversité des insectes rend difficile une évaluation de leur déclin. © Michael Thomas
    La très grande diversité des insectes rend difficile une évaluation de leur déclin. © Michael Thomas

    Pollution, pesticides, urbanisation et réchauffement climatique

    Les causes de cette disparition sont multiples : urbanisation, insecticidesinsecticides et herbicidesherbicides, parasitesparasites, réchauffement climatique, pollution lumineuse, changements dans le type de culture... Aux États-Unis, par exemple, les champs de fleurs, qui apportent de la nourriture riche en nectar aux insectes pollinisateurs, sont transformés en monoculturesmonocultures de sojasoja ou de maïsmaïs. « Nous sommes en train de créer d'immenses désertsdéserts biologiques », s'inquiète David Wagner, l'un des auteurs de l'étude de PNAS. Dans les zones urbanisées, tous ces facteurs se cumulent pour accélérer le déclin des insectes. Citons aussi les incendies de forêt, les tempêtestempêtes et inondationsinondations -- de plus en plus importantes -- la sécheressesécheresse, les espèces invasives, la déforestationdéforestation et la nitrification des sols.

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    Pourquoi n’y a-t-il plus d’insectes sur vos pare-brise ?

    La disparition des prairies au profit de l’agriculture intensive conduit à des « déserts biologiques ». © pizzodisevo 1937, Flickr
    La disparition des prairies au profit de l’agriculture intensive conduit à des « déserts biologiques ». © pizzodisevo 1937, Flickr

    De rares survivants de l’apocalypse

    Quelques espèces échappent pourtant à cette apocalypse. Réchauffement climatique aidant, des insectes autrefois présents uniquement dans les zones tropicales s'étendent aux zones tempérées. Les espèces aquatiques ont également pu se développer en Europe et en Amérique du Nord grâce aux législations sur la qualité de l'eau. À l'inverse des insectes en général, celles-ci verraient leur population augmenter de 1 % par an selon une étude parue en juillet 2020.

    « Ces 30 dernières années, nous avons dépensé des milliards de dollars pour trouver de nouveaux moyens de tuer les insectes. En comparaison, bien peu a été fait pour les protéger », soupire Doug Tallamy, entomologiste à l'université du Delaware. Heureusement, les choses sont en train de changer. L'Allemagne s'est ,par exemple, dotée d'un plan à 100 millions pour la protection et le suivi des insectes en septembre 2019. L'Union européenne a banni plusieurs insecticides et herbicides dangereux comme les néonicinoïdes et d'autres pays, comme la Suède ou le Costa Rica, ont pris des mesures de recensement et de protection.


    Insectes : des scientifiques alertent sur leur extinction

    Article de Julien Hernandez publié le 10/04/2020

    Alors que le monde lutte contre la pandémiepandémie de SARS-CoV-2SARS-CoV-2, des scientifiques alertent sur l'extinction accélérée des insectes en cours.

    Actuellement, une grande partie du monde ne se préoccupe plus que d'une chose : la pandémie à SARS-CoV-2. Si cette crise est grave et qu'il est légitime qu'elle monopolise toute notre attention, les autres crises ne se sont pas envolées. La crise climatique future est bien plus préoccupante. Une de ses conséquences semble s'être accélérée ces derniers temps : l'extinction d'une partie du vivant, les insectes. Cela a poussé 30 scientifiques à donner l'alerte et à suggérer des conseils aux décideurs pour entraver ce drame.

    Trente scientifiques sonnent l'alerte 

    Dans un récent article publié dans la revue Biological Conservation, une trentaine de scientifiques alertent à propos de l'extinction massive des insectes. Reprenant les faits et les données collectées et disponibles dans la littérature scientifique, ils nous expliquent le pourquoi du comment de ce cri d'alerte. L'enchaînement de causes qu'ils donnent à voir est celui-ci : 

    • nous poussons de nombreux écosystèmesécosystèmes au-delà de la récupération, ce qui entraîne l'extinction des insectes ;
    • s'ensuit une perte d'habitat, la pollution, la prolifération d'espèces envahissantesespèces envahissantes, le changement climatique et la surexploitation ;
    • nous perdons de la biomasse, de la diversité, des histoires, des fonctions et des réseaux d'interaction uniques ;
    • le déclin des insectes entraîne la perte de services essentiels et irremplaçables pour l'humanité ;
    • il est urgent d'agir pour sauver les espèces d'insectes, tant pour les écosystèmes que pour la survie humaine.

    Il est crucial que nous décidions collectivement quel monde nous souhaitons et que nos décideurs politiques écoutent les actions proposées par les scientifiques pour servir les objectifs qui conduiront à la réalisation d'un tel monde. 

    Les insectes sont indispensables à la survie des êtres humains. © Coco, Adobe Stock
    Les insectes sont indispensables à la survie des êtres humains. © Coco, Adobe Stock

    Comment réduire notre impact sur les insectes ?

    Après avoir dressé le constat, cette équipe de scientifique a réalisé une revue de la littérature afin de proposer des solutions pour la conservation des insectes. Voici ce qu'ils proposent tant sur un plan prescriptif que descriptif. 

    Tout d'abord, nous devons raisonner en considérant les insectes comme des hôtes indispensables à notre survie. Ensuite, il faut donc mettre nos intérêts communs sur la même longueur d'ondelongueur d'onde (les intérêts économiques ne doivent pas prendre le pas sur la conservation des insectes). Enfin, lorsque ce besoin de synergiesynergie est ancré dans nos esprits, il faut entreprendre des actions concrètes pour éviter l'extinction des insectes. Cela passe par l'identification des choses à changer et à maintenir telles que favoriser l'abondance et la diversité des insectes, la biomasse, les services rendus aux écosystèmes, etc. Une fois que cela est fait, nous devons collectivement mettre en place des actions qui prennent soin de ces paramètres comme la préservation du microhabitat, la conservation des espaces naturels et la lutte acharnée contre le changement climatique. 


    Insectes : un demi-million d’espèces en danger d’extinction !

    Par Nathalie MayerNathalie Mayer, le 12/02/20

    Depuis le début de l'ère industrielle il y a environ 200 ans, les experts estiment que 5 à 10 % des espèces d'insectes ont déjà disparu. Et le rythme de ces extinctions pourrait bien s'emballer, nous alertent-ils aujourd'hui. Tout en nous suggérant quelques solutions pour inverser la tendance.

    C'est un nouveau signal d’alerte que les scientifiques lancent à l'humanité. Sur notre Planète, un million d'espèces animales et végétales risquent actuellement l'extinction. Et selon les experts, la moitié d'entre elles seraient des insectes. « C'est extrêmement préoccupant. D'autant que nous ne parlons là que de la partie émergée de l'iceberg », a déclaré à l'AFP Pedro Cardoso, biologiste à l'université d'Helsinki (Finlande) et principal auteur de cet état des lieux.

    Les activités humaines sont responsables de la disparition des insectes

    « Seulement 10 à 20 % des espèces d’insectes et d'autres d'invertébrésinvertébrés ont été décrites et nommées. Et parmi celles-ci, nous en savons généralement très peu. À peine une brève description, peut-être une partie du code génétiquecode génétique et un seul habitat », poursuit le chercheur. « Mais une chose est certaine, les activités humaines sont responsables de pratiquement toutes les disparitions d'insectes observées. »

    Les principales causes identifiées par les chercheurs sont les suivantes : les destructions d'habitats, la pollution - y compris celle liée à des pratiques agricoles néfastes -, les espèces invasives, le réchauffement climatique, la surexploitation - pour l'alimentation par exemple - ou encore l'extinction d'espèces interdépendantes.

    Les insectes comestibles ont toujours fait partie du régime alimentaire des hommes. Et à travers le monde, certains rapportent que les récoltes sont aujourd’hui de plus en plus longues et délicates, vraisemblablement du fait d’une augmentation du nombre de récolteurs et d’une diminution du nombre d’insectes. Longtemps considérée comme inépuisable, la ressource ne l’est finalement pas réellement. © nicemyphoto, Adobe Stock
    Les insectes comestibles ont toujours fait partie du régime alimentaire des hommes. Et à travers le monde, certains rapportent que les récoltes sont aujourd’hui de plus en plus longues et délicates, vraisemblablement du fait d’une augmentation du nombre de récolteurs et d’une diminution du nombre d’insectes. Longtemps considérée comme inépuisable, la ressource ne l’est finalement pas réellement. © nicemyphoto, Adobe Stock

    Il y a urgence à préserver les insectes

     « Une espèce d'insecte qui disparaît, ce n'est pas juste une espèce de plus éteinte. C'est aussi la perte d'un élément de la chaîne alimentaire, de gènesgènes uniques ou de substances qui pourraient nous manquer un jour pour guérir une maladie », ajoute Pedro Cardoso. Sans parler des services rendus par les insectes aux écosystèmes : la pollinisation, le compostage, le cycle des nutrimentsnutriments et la lutte contre les ravageurs.

    Le saviez-vous ?

    À l’échelle de la planète et à en croire le programme des Nations unies pour la biodiversité, les cultures qui nécessitent la pollinisation par les insectes ont une valeur économique de 215 à 530 milliards d’euros par an.

    C'est pourquoi en parallèle, un autre article scientifique propose des solutions pratiques pour enrayer la machine. Des solutions à mettre en œuvre à l'échelle de tout un chacun. Parmi elles :

    • éviter de tondre sa pelouse trop fréquemment pour offrir aux insectes abris et nourriture ;
    • éviter les pesticidespesticides ;
    • planter des arbresarbres indigènesindigènes ;
    • ne pas ramasser les feuilles mortes.

    Mais, si ce que nous faisons à l'échelle de nos jardins peut avoir un impact local, « seuls une prise de conscience collective et un effort coordonné pourront rétablir les populations d'insectes à l'échelle de la planète », prévient Michael Samways, chercheur à l'université de Stellenbosch (Afrique du Sud). À quoi pense-t-il plus exactement ? À la transformation des pratiques agricoles, par exemple. Ou à la conservation des forêts primaires. Mais aussi, bien sûr, à la limitation du réchauffement climatique.


    Le déclin des insectes est plus important que prévu

    Des papillons les plus enchanteurs aux moustiquesmoustiques les plus agaçants, il existe près d'un million d'espèces d'insectes sur notre Planète. Peut-être plus. Mais aujourd'hui, des chercheurs nous apportent des preuves irréfutables du déclin à grande échelle du nombre et de la diversité de ces insectes et, plus largement, des arthropodesarthropodes.

    Article de Nathalie Mayer paru le 09/11/2019

    Dans les prairies, la richesse en espèces d’arthropodes a diminué de 34 % entre 2008 et 2017. La biomasse et le nombre d’individus ont, quant à eux, chuté respectivement de 67 % et de 78 %. C’est ce que rapportent aujourd’hui des chercheurs de l’université de Munich (Allemagne). © Pezibear, Pixabay License
    Dans les prairies, la richesse en espèces d’arthropodes a diminué de 34 % entre 2008 et 2017. La biomasse et le nombre d’individus ont, quant à eux, chuté respectivement de 67 % et de 78 %. C’est ce que rapportent aujourd’hui des chercheurs de l’université de Munich (Allemagne). © Pezibear, Pixabay License

    Les populations d’insectes sont en danger. L'étude présentée aujourd'hui par des chercheurs de l'université de Munich (Allemagne) n'est pas la première à en arriver à cette conclusion. Mais, là où les précédentes études s'intéressaient à la biomasse -- c'est-à-dire au poids total de tous les insectes -- ou à des espèces en particulier, celle-ci se veut bien plus large.

    Les chercheurs ont collecté plus d'un million d'insectes sur quelque 300 sites en Allemagne. Résultat : parmi les 2.700 espèces étudiées, nombre d'entre elles sont en déclin. Que ce soit dans les régions forestières ou dans les prairies, les scientifiques ont dénombré environ un tiers d'espèces d'insectes en moins entre 2008 et 2017. Et certaines espèces, déjà rares, semblent même avoir disparu.

    Pour les chercheurs de l’université de Munich (Allemagne), l’agriculture est responsable du déclin marqué des insectes depuis quelques années. Pourtant, elle dépend énormément des capacités de pollinisation de ces mêmes insectes. © PublicDomainPictures, Pixabay License
    Pour les chercheurs de l’université de Munich (Allemagne), l’agriculture est responsable du déclin marqué des insectes depuis quelques années. Pourtant, elle dépend énormément des capacités de pollinisation de ces mêmes insectes. © PublicDomainPictures, Pixabay License

    L’agriculture sur le banc des accusés

    Tous les sites étudiés sont concernés. Y compris les forêts « vierges » situées dans des zones protégées. Toutefois, les pertes les plus importantes ont été enregistrées dans des prairies situées à proximité de terresterres cultivées de manière intensive. Les espèces les plus touchées étant aussi celles qui sont les moins mobilesmobiles. Une baisse de pas moins de 67 % de la massemasse totale des insectes a été enregistrée dans ces zones. Un déclin que les scientifiques attribuent naturellement aux pratiques agricoles.

    Dans les zones boisées, les insectes les plus touchés sont ceux qui sont capables de couvrir de longues distances. Peut-être parce que ces insectes peuvent également se trouver en contact avec l'agricultureagriculture. « Mais des études supplémentaires seront nécessaires pour le confirmer », conclut Martin Gossner, chercheur.


    Les insectes pourraient avoir disparu de la surface de la Terre d’ici 100 ans !

    Qu'ils volent ou qu'ils rampent, les insectes ne sont pas de ceux dont nous aimons à nous émouvoir. Pourtant, de leur survie dépend aussi celle de nombreux écosystèmes. Et aujourd'hui, les chercheurs sont inquiets. Selon eux, les insectes pourraient avoir disparu de la surface de la Terre d'ici 100 ans.

    Article de Nathalie Mayer paru le 16/02/2019

    Une extinction de masse est en cours dans le monde des insectes. En cause : la destruction de leurs habitats. La coccinelle fait partie de l’ordre des coléoptères, l’un des plus menacés. © blackdiamond67, fotolia
    Une extinction de masse est en cours dans le monde des insectes. En cause : la destruction de leurs habitats. La coccinelle fait partie de l’ordre des coléoptères, l’un des plus menacés. © blackdiamond67, fotolia

    Quelque 86 % de papillons monarques en moins en Californie et 76 % d'insectes volants en moins au cours des trois décennies écoulées en Allemagne. Des abeilles en difficulté. Depuis quelques années, les observations scientifiques pouvaient laisser craindre le pire. Aujourd'hui, un rapport confirme le déclin généralisé des populations d'insectes à travers le monde. Selon ces chercheurs qui ont compilé 73 études menées sur 40 ans, plus de 40 % des espèces d'insectes sont en déclin dans le monde et un tiers des espèces sont en voie de disparition.

    « Cela se passe à une vitesse incroyable. Dans 100 ans, tous les insectes pourraient avoir disparu de la surface de notre planète, s'inquiète Francisco Sanchez-Bayo, biologiste à l'université de Sydney (Australie). Si ce déclin ne peut pas être enrayé, cela aura des conséquences catastrophiques pour les écosystèmes de la planète et pour la survie de l'humanité. »

    Car les insectes, s'ils ont toujours un peu mauvaise presse, apparaissent pourtant indispensables à la pollinisation des plantes. Ils savent aussi recyclerrecycler les nutriments. Et ils servent de nourriture de base à un certain nombre d'autres animaux comme les oiseaux, les reptiles, les amphibiensamphibiens ou encore les poissonspoissons.

    Selon une étude, l’état de la biodiversité des insectes est « épouvantable » et leur biomasse diminue d’environ 2,5 % par an. © ROverhate, Pixabay, CC0 Creative Commons
    Selon une étude, l’état de la biodiversité des insectes est « épouvantable » et leur biomasse diminue d’environ 2,5 % par an. © ROverhate, Pixabay, CC0 Creative Commons

    Une destruction des habitats fatale

    La plupart des travaux sur lesquels reposent ces conclusions alarmantes ont été menés en Europe ou en Amérique du Nord. Il reste donc de larges régions du globe pour lesquelles les données sont manquantes. Mais les chercheurs ne se montrent pas optimistes à cet égard. « La situation pour les invertébrés tropicaux semble encore pire. L'ampleur du déclin mondial pourrait même avoir été sous-estimée », commente Georgina Mace, chercheur au University College London (Royaume-Uni).

    L'ampleur du déclin pourrait être sous-estimée

    La faute au changement climatique dont les effets sur des insectes tropicaux peu tolérants aux variations de température commencent à se faire ressentir. Pourtant selon le rapport, le réchauffement climatique est loin de constituer la plus grande menace pour les insectes du monde. La principale cause de leur déclin reste la destruction des habitats due à l'agriculture intensive et à l'urbanisation. La pollution aux pesticides et aux engrais ainsi que les espèces invasives ou les agents pathogènespathogènes n'arrivent qu'ensuite.

    LépidoptèresLépidoptères, hyménoptères, coléoptèrescoléoptères sont les taxonstaxons terrestres les plus touchés. Du côté des écosystèmes humides, quatre taxons majeurs que sont les odonates, les plécoptères, les trichoptères et les éphéméroptères ont déjà perdu une proportion considérable d'espèces. Et même si des espèces plus généralistes et plus tolérantes aux changements investissent déjà les niches laissées vacantes, la situation est préoccupante. Face à un taux de mortalité huit fois plus rapide que celui des mammifères, des oiseaux ou des reptiles, les chercheurs appellent notamment à repenser les pratiques agricoles actuelles.


    Les populations d’insectes se sont effondrées en trois décennies

    Des données avaient déjà attiré l'attention sur le déclin inquiétant du nombre d'abeilles ou de papillons. Aujourd'hui, des chercheurs allemands publient des chiffres encore un peu plus alarmants. Le déclin atteindrait 75 % et semble se généraliser à l'ensemble des populations d'insectes volants. 

    Article de Nathalie Mayer paru le 19/10/2017

    L'avez-vous remarqué ? Nous passons de moins en moins de temps à nettoyer nos pare-brise des insectes volants morts qui s'y sont écrasés. Une étude menée par des chercheurs de la Krefeld Entomological Society (Allemagne) suggère aujourd'hui que c'est tout simplement parce que le nombre d'insectes volants a dramatiquement diminué ces dernières années.

    Selon des relevés réalisés dans 63 réserves naturelles situées en Allemagne de l'ouest et du nord, entre Bonn et Cologne et jusqu'au sud de Berlin, la quantité d'insectes volants (en nombre d'individus) aurait ainsi chuté, au cours de ces 27 dernières années, de pas moins de 76 %. Avec un pic durant la saisonsaison estivale à moins 82 % !

    Pour compter les insectes, les entomologistes allemands ont utilisé des pièges Malaise comme celui-ci, installé en forêt en Guyane. © G. Lamarre, Q. Molto, P. Fine et C. Baraloto, Wikipedia, CC by 3.0
    Pour compter les insectes, les entomologistes allemands ont utilisé des pièges Malaise comme celui-ci, installé en forêt en Guyane. © G. Lamarre, Q. Molto, P. Fine et C. Baraloto, Wikipedia, CC by 3.0

    Un déclin encore inexpliqué

    Les insectes n'ont pas toujours bonne presse auprès du public, mais pourtant une perte, tant en diversité qu'en nombre d'individus, peut provoquer des effets en cascades sur la chaîne alimentaire. Et mettre ainsi en péril tout un écosystème. D'où l'intérêt que les chercheurs portent à la question.

    Y répondre n'est pas simple. Le déclin observé par les entomologistes allemands reste à ce jour inexpliqué. Leurs tentatives de le corréler à des changements de conditions météorologiques, de paysages ou de couverture végétale semblent avoir échoué. Ils ne peuvent qu'imaginer -- sans preuve formelle pour l'heure -- que la proximité de terres cultivées en agriculture intensive et l'utilisation de pesticides dans les champs voisins pourraient avoir joué un rôle.