Habituellement caché derrière un tableau sombre et alarmant, le monde des insectes vient de montrer une situation plus rassurante. Puisque leur déclin mondial ne le serait peut-être pas, concluent des chercheurs américains dans une nouvelle étude.


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    Depuis plusieurs années, les scientifiques alertent sur la disparition massive des insectes. Bien qu'une récente méta-analyse ait mis en évidence une situation plus nuancée. Surtout, la plupart des études constatant un déclin sont réalisées en Europe, précise une équipe de chercheurs. Mais qu'en est-il aux États-Unis ? Pour le savoir, ils ont plongé dans plus de 5.300 points de données, collectés sur 4 à 36 ans au travers de 68 sites de surveillance. Leurs résultats sont publiés dans Nature Ecology & Evolution.

    « Nous avons pris toutes les données et, quand vous regardez, il y a autant de choses en hausse qu'en baisses'étonne Michael Crossley, coauteur de l'étude, même lorsque nous les avons réparties en groupes fonctionnels, il n'y avait pas vraiment d'histoire claire comme les prédateurs qui diminuent ou les herbivores qui augmentent ». De fait, les preuves arrivées d'Europe ne seraient peut-être pas représentatives d'une situation mondiale.

    Au cœur de certaines zones, ou en se concentrant sur certains taxons d'insectes, les scientifiques ont bien noté des diminutions. Que ce soit de l'abondance ou de la diversité. Mais en parallèle, ils ont clairement observé des hausses d'autres taxons ou dans d'autres lieux. Ce qui les pousse à conclure que les « tendances d'abondance nette et de biodiversité [sont] généralement indiscernables de zéro ». Stables, en somme. Peu importe le niveau de perturbation dû à l'activité humaine. Dont les insecticidesinsecticides, la pollution lumineuse, et l'urbanisation.

    Si l'agriculture est souvent désignée responsable, elle est loin d'être le seul domaine impactant les populations d'insectes. L'urbanisation, par exemple, est une des causes majeures de la baisse de ces populations en Europe. Concernant les abeilles, le varroa fait partie des grands coupables. © Carmen Steiner, Adobe Stock
    Si l'agriculture est souvent désignée responsable, elle est loin d'être le seul domaine impactant les populations d'insectes. L'urbanisation, par exemple, est une des causes majeures de la baisse de ces populations en Europe. Concernant les abeilles, le varroa fait partie des grands coupables. © Carmen Steiner, Adobe Stock

    Une nuance d'espoir

    Mais si ce dénouement semble rassurant, les chercheurs tiennent à réaffirmer la « nécessité d'une surveillance continue ». D'autant que leurs résultats pourraient « masquer des changements plus subtils dans la composition des espècesespèces » par exemple, ce qui mettrait tout de même « en danger les services écosystémiques fournis par les insectes ».

    Ils notent également que certaines espèces d'insectes - cruciales pour la pollinisation, le biocontrôle, et la décomposition des déchetsdéchets - sont sans conteste en déclin en Amérique du Nord. « Nous dépendons des insectes pour tant de choses », s'inquiète William Snyder, coauteur de l'étude, « si les insectes disparaissaient, ce serait vraiment, vraiment mauvais, peut-être la fin de l'existence humaine ».

    Mais les conclusions de l'étude laissent le chercheur optimiste. « Il y a eu beaucoup de politiques et de changements environnementaux », dit-il. Par exemple, « un grand nombre des insecticides utilisés actuellement en agricultureagriculture sont à action limitée ». Et l'ensemble de ces mesures paraissent fonctionner.