Régions couvertes de neige, glaciers, calottes glaciaires, plateformes de glace, icebergs, glace de mer, de lac ou de rivière, pergélisol et sol gelé. C’est l’évolution de l’ensemble de la cryosphère que des chercheurs ont mesurée. Et mauvaise nouvelle : elle est en recul marqué depuis 40 ans.


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    La cryosphère terrestre, c'est le nom que les scientifiques donnent à l'ensemble des étendues glacées sur Terre. Et pour la première fois, des chercheurs sont parvenus à faire une estimation globale de cette étendue, incluant à la fois la glace de mer, la couverture neigeuse et le sol gelé. Leur conclusion : chaque année, entre 1976 et 2016, elle a reculé d'environ 87.000 km2.

    Voir aussi

    Océan et cryosphère : que retenir du rapport spécial du Giec ?

    « La cryosphère est l'un des indicateurs climatiques les plus sensibles, précise Xiaoqing Peng, géographe physiquephysique à l'Université de Lanzhou (Chine), dans un communiqué. Son changement de taille représente un changement global majeur, plutôt qu'un problème régional ou local ». Car les étendues glacées réfléchissent la lumière du soleil, refroidissant la planète. Ainsi si leur taille ou leur emplacement change, cela peut avoir un impact sur les températures de l'airair. Mais pas seulement.

    Comme la cryosphère concentre les trois quarts de l'eau douce présente sur notre planète, la diminution des glaciers dans certaines régions de montagne peut menacer l'approvisionnement en eau potable. Le rétrécissement des calottes glaciairescalottes glaciaires, de son côté, fera monter le niveau de la mer un peu partout dans le monde. En y ajoutant les pertes de glace de mer, ce sont tous les courants océaniques qui pourraient être modifiés.

    L’hémisphère nord plus touché

    Alors bien sûr, l'étendue de la cryosphère varie au fil des mois et des saisons. Mais en calculant l'étendue quotidienne et en faisant une moyenne pour obtenir des estimations annuelles, les chercheurs font apparaître que la cryosphère terrestre s'est globalement contractée depuis 1979. En parallèle des hausses de température de l’air.

    Le recul de la cryosphère est en réalité surtout marqué dans l'hémisphère nordhémisphère nord qui perd chaque année plus de 100.000 km2. Alors que l'hémisphère sudhémisphère sud gagne quelque 14.000 km2, notamment du côté de la mer de RossRoss (AntarctiqueAntarctique). Le phénomène serait dû à des modèles de ventsvents et de courants océaniques et à l'ajout d'eau de fontefonte froide de la calotte glaciaire voisine.

    Autre constat : de nombreuses régions restent gelées moins longtemps. Le premier jour de gelgel intervient aujourd'hui presque quatre jours plus tard qu'en 1979 et le dégel se produit près de six jours plus tôt.

    Reste désormais, sur cette base solidesolide, à sonder davantage l'impact du changement climatique sur la cryosphère, et comment ces changements affectent les écosystèmesécosystèmes, les échanges de carbonecarbone et le calendrier des cycles de vie des plantes et des animaux. À examiner aussi quand la couverture de glace et de neige donne à la Terre sa luminositéluminosité maximale, pour voir comment les changements d'albédoalbédo ont un impact sur le climatclimat et comment cet impact évolue au fil du temps.


    La Terre a perdu 28.000 milliards de tonnes de glace en 23 ans

    Une étude a compilé la fonte des calottes polaires et des glaciers de montagne pour estimer la perte totale de la glace sur Terre. Le chiffre astronomique qui en est déduit vient, hélas, confirmer une panoplie d'études plus alarmistes les unes que les autres. Heureusement, tout n'est pas perdu.

    Article de Céline DeluzarcheCéline Deluzarche paru le 26/08/2020

    Le Groenland a perdu 3.800 milliards de tonnes de glace depuis 1994. © David Sutherland, Université de l’Oregon
    Le Groenland a perdu 3.800 milliards de tonnes de glace depuis 1994. © David Sutherland, Université de l’Oregon

    Imaginez la superficie du Royaume-Uni entièrement recouverte d'une couche de glace de 100 mètres d'épaisseur. C'est peu ou prou la quantité de glace perdue depuis 1994 par la Terre dans les glaciers de montagne ou les régions polaires, selon une étude en attente de publication, parue dans la revue Cryosphere. Celle-ci a combiné des observations satellites et des modèles numériquesmodèles numériques pour calculer la quantité de glace fondue entre 1994 et 2017.

    60 % de la fonte est intervenu dans l'hémisphère Nord, principalement les mers de glace de l'ArctiqueArctique (7.600 milliards de tonnes) et le Groenland (3.800 milliard de tonnes) ; 40 % a eu lieu dans l'hémisphère Sud, où 2.500 milliards de tonnes de l'inslandis ont notamment disparu en Antarctique. La fonte des glaciers de montagne représente, quant à elle, 6.200 tonnes de glace évaporées.

    Fonte des glaces : quelles sont les régions les plus affectées ? © Statista
    Fonte des glaces : quelles sont les régions les plus affectées ? © Statista

    Une hausse d’un mètre du niveau des mers d’ici la fin du siècle

    Les chercheurs notent une accélération du rythme de fonte : le taux de perte de glace a augmenté de 57 %, passant de 800 milliards de tonnes dans les années 1990 à 1.200 milliards de tonnes par an actuellement. Selon les scientifiques, l’élévation du niveau des mers, déclenchée par cette fonte, pourrait atteindre un mètre d'ici la fin du siècle. Ce scénario noir correspond aux pires prévisions du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) qui estimait dans son dernier rapport que la hausse du niveau des océans pourrait atteindre 1,10 mètre d'ici la fin du siècle si les émissionsémissions continuent d'augmenter de manière très forte. Une montée des eaux qui pourrait entraîner l'exil de 280 millions de personnes vivant dans les zones côtières.

    Péril sur la glace mondiale

    Ce nouveau rapport ne fait que confirmer les nombreuses études parues sur le sujet. En mars dernier, une équipe de chercheurs internationale a, par exemple, révélé que le Groenland et l'Antarctique avaient perdu 6.400 milliards de tonnes de glace entre 1992 et 2017, avec une multiplication par six du rythme de la fonte. En 2019, une autre étude avertissait que les deux tiers des glaciers himalayens pourraient disparaître d'ici la fin du siècle. Dans les Alpes, 90 % des glaciers sont condamnés si rien n'est fait pour freiner les émissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre.

    Chaque année, la Terre perd 1.200 milliards de tonnes de glace. © Nasa, Linette Boisvert
    Chaque année, la Terre perd 1.200 milliards de tonnes de glace. © Nasa, Linette Boisvert

    « Il ne fait guère de doute que la grande majorité des pertes de glace sur Terre est une conséquence directe du réchauffement climatiqueréchauffement climatique », écrivent les auteurs du rapport paru ce 14 août. La cryosphère a ainsi absorbé 3,2 % des déséquilibres énergétiques mondiaux, a calculé l'équipe de chercheurs britanniques. La majorité de la perte de glace a été causée par le réchauffement atmosphérique (68 %) tandis que le réchauffement océanique a entraîné la fonte de 32 % des glaces, notamment dans les régions polaires.

    Une fonte qui n’est pas inexorable

    Pour autant, rien n'est irréversible, comme certains titres alarmistes le prétendent. Certes, l'océan a une inertieinertie thermique importante mais les glaciers encore plus. Durant les années 2017 et 2018, des hivershivers particulièrement froids et des chutes de neige abondantes avaient provoqué un ralentissement de 58 % de la fonte des glaces au Groenland. Et le chiffre de 28.000 milliards de tonnes de glace, tout aussi impressionnant qu'il soit, ne représente qu'une toute petite partie de l'énorme quantité de la glace sur Terre. Si la totalité de celle-ci venait effectivement à fondre, la mer ne s'élèverait pas d'1 mètre mais de 65,6 mètres !


    Certains glaciers fondent beaucoup plus vite que prévu

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer publié le 31/01/2020

    Les glaciers, notamment les glaciers de maréemarée, pourraient être beaucoup plus sensibles au réchauffement climatique que prévu. La faute à des interactions océan/glacier jusqu'alors sous-estimées. C'est la conclusion que des chercheurs tirent de mesures réalisées à l'aide de robotsrobots embarqués à bord de kayaks.

    Il existe différents types de glaciers. Tout d'abord, les immenses glaciers continentaux comme ceux du Groenland ou de l'Antarctique. Et puis, des glaciers dits de vallée. Ce sont ceux que l'on s'imagine habituellement. Mais il y a aussi les glaciers de marée qui s'étendent jusqu'à rencontrer les océans. Et des chercheurs de l'université Rutgers (États-Unis) nous avertissent aujourd'hui : ces derniers semblent fondre beaucoup plus rapidement que prévu.

    Cette conclusion, les chercheurs la tirent de travaux menés sur le glacier LeConte, Alaska. Grâce à des robots embarqués à bord de kayaks, ils ont analysé les eaux libérées par la fonte des glaces là où le glacier rencontre l'océan, et jusqu'à une trentaine de kilomètres. « Nous avons observé des couches d'eau de fonte concentrée s'infiltrant dans l'océan et révélant l'importance critique de ce processus jusqu'alors négligé dans les modélisations », explique Rebecca Jackson, océanographe, dans un communiqué de l’université Rutgers.

    Selon les travaux de chercheurs de l’université Rutgers (États-Unis), les glaciers de marée devraient, sous l’effet du réchauffement climatique, fondre bien plus rapidement que les glaciers de vallée. © David Sutherland, Université de l’Oregon, YouTube

    Vers une révision des estimations de l’élévation du niveau des mers

    Ces travaux font suite à une étude parue en juillet 2019. Elle avait signalé des taux de fonte de ces glaciers de marée de quelque 100 fois plus importants que prévu. Mais sans pouvoir réellement les expliquer. Cette fois, les chercheurs pointent résolument du doigt le rôle essentiel de ce qu'ils appellent la fusionfusion ambiante. Comprenez, la fonte des glaces au contact direct des eaux océaniques.

    Ces résultats remettent en cause les modèles établis qui définissent les interactions océan-glacier. Ils devraient aider à mieux comprendre la fonte sous-marine des glaces. Et ainsi, permettre une meilleure évaluation de l'élévation du niveau des mers dans le contexte de réchauffement climatique. Car si en Alaska, seulement 50 glaciers sur 100.000 sont des glaciers de marée, ils sont aussi parmi les plus imposants.


    La fonte des glaciers s'accélère : 9.000 milliards de tonnes de glace perdues depuis 1961

    En matièrematière de changement climatique, les glaciers sont un peu les canaries dans la mine. En un demi-siècle, ils ont perdu plus de 9.000 milliards de tonnes de glace, contribuant à la hausse du niveau marin. Et cela n'est pas prêt de s'arrêter si rien n'est fait pour stopper le réchauffement.

    Article de Futura avec l'AFP-Relaxnews paru le 13/04/2019

     Les glaciers du monde ont perdu plus de 9.000 milliards de tonnes de glace en un demi-siècle. © ESA
     Les glaciers du monde ont perdu plus de 9.000 milliards de tonnes de glace en un demi-siècle. © ESA

    Les glaciers ont perdu plus de 9.000 milliards de tonnes de glace entre 1991 et 2016, entraînant une élévation de 2,7 cm du niveau de la mer, selon une étude menée par des chercheurs de l'université de Zurich, publiée dans Nature. Les scientifiques estiment que la fonte des glaciers dans le monde entier s'est accélérée ces trois dernières décennies. Les glaciers ayant le plus contribué à cette augmentation sont ceux de l'Alaska, puis ceux de Patagonie et des régions arctiques. Ceux des Alpes, plus petits, n'ont joué qu'un rôle « mineur ».

    « Globalement, nous perdons chaque année [l'équivalent] d'environ trois fois le volumevolume de glace stocké dans l'ensemble des Alpes européennes », a commenté le glaciologue Emmanuel Thibert. Soit 335 milliards de tonnes par an, ce qui représente aujourd'hui 25 à 30 % de l'augmentation du niveau de la mer à l'échelle mondiale, même si le potentiel des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique pour faire monter le niveau des océans est bien plus important. La fonte des glaces n'est pas le seul contributeur à la hausse du niveau marin. Le réchauffement des océans en est également la cause, par dilatationdilatation du volume de l'eau. Tous deux sont liés au phénomène global de changement climatique.

    Les chercheurs ont étudié en tout 19.000 glaciers à travers le globe, en utilisant des données topographiques fournies par les satellites, ainsi que des relevés de terrain. La massemasse exacte de glace perdue sur la période étudiée s'élève à 9.625 milliards de tonnes. Seuls les glaciers d'Asie du Sud-Ouest affichent une tendance positive, en gagnant de la glace. D'après les chercheurs, certains glaciers pourraient fondre complètement avant la fin du siècle tandis que d'autres « continueront à contribuer à la montée du niveau marin après 2100 », écrivent-ils dans leur article.

    Carte montrant la quantité de glaces perdues à travers le monde en Gigatonnes (Gt), c'est-à-dire en milliards de tonnes, entre 1991 et 2016. L'Alaska, le Groenland et la Patagonie sont les grands perdants, avec une diminution de 3.019, 1.237 et 1.208 milliards de tonnes de glace, respectivement. © ESA, Zemp <em>et al</em>. (2019) <em>Nature</em>, <em>World Glacier Monitoring Service</em>
    Carte montrant la quantité de glaces perdues à travers le monde en Gigatonnes (Gt), c'est-à-dire en milliards de tonnes, entre 1991 et 2016. L'Alaska, le Groenland et la Patagonie sont les grands perdants, avec une diminution de 3.019, 1.237 et 1.208 milliards de tonnes de glace, respectivement. © ESA, Zemp et al. (2019) Nature, World Glacier Monitoring Service

    Les glaciers des Alpes risquent de fondre à 90 % d'ici 2100

    Les glaciers des Alpes risquent de fondre à plus de 90 % d'ici la fin du siècle si rien n'est fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, selon une autre étude publiée dans The Cryosphere. Les quelque 4.000 glaciers alpins, attraits touristiques qui fournissent aussi de l'eau en été à des millions de personnes, sont menacés par les émissions liées à l'activité humaine.

    Une équipe de chercheurs suisses a utilisé des modèles climatiquesmodèles climatiques couplées à des mesures des glaciers pour estimer leur évolution selon divers scénarios de réchauffement. Si les émissions atteignent un plafond d'ici quelques années avant de rapidement diminuer jusqu'à 2100, seulement un tiers du volume de ces glaciers survivrait. Mais si les émissions continuent à leur rythme actuel, la prédiction est encore plus sombre.

    Le glacier des Bossons dans les Alpes à Chamonix-Mont Blanc en France le 28 septembre 2018. © Jean-Pierre Clatot - AFP/Archives
    Le glacier des Bossons dans les Alpes à Chamonix-Mont Blanc en France le 28 septembre 2018. © Jean-Pierre Clatot - AFP/Archives

    « Dans ce scénario pessimiste, les Alpes pourraient être quasiment privées de glace d'ici 2100, avec seulement quelques morceaux isolés en haute altitude, qui représenterait 50% ou moins du volume actuel », explique Matthias Huss, chercheur à ETH Zurich et coauteur des deux études (Nature et The Cryosphere). Et quels que soient les efforts faits pour réduire les émissions, les Alpes perdront au moins la moitié de leurs glaciers, mettent en garde ces scientifiques, soulignant l'importance de ces géants de glace.

    « Un glacier est un réservoir. Un glacier en bonne santé fond en été et grossit en hiver. Cela veut dire qu'aux périodes où les gens ont le plus besoin d'eau, ils l'obtiennent du glacier, souligne à l'AFP Harry Zekollari, de l'Université de technologie de Delft, aux Pays-Bas. Si les glaciers disparaissent, vous perdez ces réservoirs. Dans les Alpes c'est peut-être supportable, mais dans les Andes ou l'Himalaya, des milliards de personnes ont vraiment besoin de cette eau », poursuit-il, notant également les risques d'inondationsinondations, de glissements de terrain et l'impact sur le tourisme. Les glaciers des Alpes contiennent environ 100 km3 de glace, soit l'équivalent de 400 millions de piscines olympiques.


    La fonte des glaciers alpins s'accélère depuis 2003

    Article du CNRS, publié le 20/02/2017

    Un groupe de chercheurs européens qui a mené une étude originale sur l'évolution de la fonte des glaciers alpins au cours des 50 dernières années a pu montrer que les fluctuations climatiques étaient très semblables d'un bout à l'autre de la chaîne des Alpes et aussi qu'au cours de ces dix dernières années, la fonte s'était fortement accélérée.

    Jusqu'à présent, les études réalisées sur l'évolution de la fonte des glaciers alpins avaient porté sur l'estimation des variations de masse de l'ensemble des glaciers du massif par extrapolation d'un nombre limité de mesures, ce qui avait conduit à des résultats entachés d'une grande incertitude.

    Le glacier d'Aletsch, le plus grand et le plus long des Alpes: le Glacier. © Tobias Alt, Tobi 87, <em>Wikimedia Commons</em>
    Le glacier d'Aletsch, le plus grand et le plus long des Alpes: le Glacier. © Tobias Alt, Tobi 87, Wikimedia Commons

    Dans une nouvelle étude menée par des chercheurs allemands, autrichiens, français et suisses, les chercheurs ont travaillé sur six glaciers répartis sur l'ensemble du massif et situés en Autriche, en Suisse et en France. En outre, ils ont traité directement, à l'aide d'un modèle statistique, les observations in situ obtenues à partir de balises d'ablationablation (permettant de mesurer la fonte) implantées sur les langues glaciaires de ces glaciers.

    Carte des Alpes indiquant les six glaciers sélectionnés dans l’étude : Vernagtferner (Vernagt) et Hintereisferner (Hef.) en Autriche, Silvretta (Silv.) et Gries en Suisse, Saint Sorlin (Sor.) et Sarennes (Sar.) en France. © CNRS
    Carte des Alpes indiquant les six glaciers sélectionnés dans l’étude : Vernagtferner (Vernagt) et Hintereisferner (Hef.) en Autriche, Silvretta (Silv.) et Gries en Suisse, Saint Sorlin (Sor.) et Sarennes (Sar.) en France. © CNRS

    Impact du réchauffement climatique

    Cette analyse a permis aux chercheurs de montrer que plus de la moitié des variations annuelles des bilans de massebilans de masse (de la fonte) de ces glaciers était identique d'un bout à l'autre de la chaîne alpine : deux glaciers situés à 10 km l'un de l'autre avaient 80 % de variations communes (variance) et deux glaciers situés à 400 km l'un de l'autre avaient plus de 52 % de variations communes. C'est beaucoup plus que tout ce qui avait été montré auparavant. Cette étude publiée dans Geophysical Research Letter révèle donc que les fluctuations climatiques sont très semblables sur l'ensemble des Alpes, de l'Autriche à la France, soit sur plus de 400 km.

    En outre, les chercheurs ont mis en évidence une très forte accélération de la fonte de ces glaciers au cours des dix dernières années, beaucoup plus importante que celle estimée par les études antérieures. Cette accélération équivaut à une fonte supplémentaire de 1,8 m de hauteur de glace par an par rapport à la période de référence 1962-1982 durant laquelle les glaciers alpins étaient dans une situation de quasi-équilibre, c'est-à-dire sans changement notable.

    Les laboratoires français impliqués sont l'Institut des géosciences de l'environnement (IGEIGE/OSUG, CNRS / IRDIRD / UGA / INPG) et le laboratoire Érosion torrentielle, neige et avalanchesavalanches (ETNAETNA, IRSTEA).


    Réchauffement : la fonte des glaciers des Alpes précisément mesurée

    Article de Bruno Scala publié le 08/12/2011

    Une étude sur les glaciers des Alpes françaises montre qu'à l'instar de leurs homologues himalayens, ils sont en forte régression. Leur surface aurait diminué de près de 20 % en vingt-cinq ans. Cette fonte, reflet du réchauffement climatique, réserve également des surprises désagréables.

    Il n'y a pas que les glaciers de l’Himalaya qui fondent à grande vitessevitesse. À la réunion automnale de l’Union géophysique américaine (AGU) qui se tient à San Francisco jusqu'au 9 décembre, Marie GradientGradient, une doctorante de l'université de Savoie, a présenté les résultats de ses recherches sur l'état des glaciers des Alpes françaises, comme le rapporte le site de la BBC.

    L'étude de la scientifique et de ses collègues repose sur une analyse des images satellite, des photos aériennes et des cartes anciennes. Mais pour s'assurer de la pertinence des résultats, des travaux de terrain ont également été réalisés. Six cents glaciers ont ainsi été inventoriés sur l'ensemble des Alpes françaises.

    Glacier des Alpes françaises : une fonte de 20 % en 25 ans

    Ils ont ensuite mesuré leur surface actuelle et celle des dernières décennies. Selon ces estimations, les glaciers alpins s'étendaient sur un peu moins de 340 km² au milieu des années 1980. À la fin des années 2000 en revanche, cette superficie avait fortement diminué, atteignant 275 km². Soit une baisse de 20 % environ en vingt-cinq ans.

    Glacier sur l'Albaron, dans les Alpes, en Savoie. © genevieveromier, Flickr, cc by 2.0
    Glacier sur l'Albaron, dans les Alpes, en Savoie. © genevieveromier, Flickr, cc by 2.0

    Pour la plupart des glaciers alpins, les précédentes estimations avaient été effectuées en 1967 dans le cadre du World Galcier Inventory (réalisé par le National Snow and Ice Data CenterData Center, NSIDC). La surface de l'ensemble des glaciers alpins français s'élevait alors à 375 km². La diminution par rapport à cette époque est donc de 26 %.

    Lâcher de pesticides

    La scientifique note cependant que l'intensité de la fonte des glaciers alpins subit une forte variation géographique. Celle-ci pourrait s'expliquer par une différence de climat et d'altitude : au sud, les montagnes sont moins hautes que dans le nord et il y a davantage de précipitationsprécipitations au nord, ce qui favorise le renouvellement de la couverture neigeuse. Celle-ci augmente ensuite l'albédo, qui réduit la température et facilite la reformation de glace.

    Ce phénomène pose en outre un problème inattendu, mis en évidence en 2009 par une étude suisse : lorsque les glaciers fondent, ils relâchent des polluants qui avaient été emprisonnés auparavant. La présence de pesticidespesticides, de la famille des organochlorés notamment, avait été démontrée dans les eaux d'un lac en contrebas d'un glacier. La fonte des glaciers, dans les Alpes ou d'autres régions, comme dans l'Arctique, peut ainsi réserver de mauvaises surprises. Un des nombreux effets indirects du réchauffement climatique...