D’un côté, il y a les glaciers tropicaux. Parmi les plus petits glaciers du monde. De l’autre, il y a la calotte glaciaire du Groenland. L’une des plus vastes de la planète. Mais les deux sont aujourd’hui en grand danger, nous préviennent les scientifiques. Avec des conséquences qui pourraient s’avérer catastrophiques.


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    Ceux que l'on appelle les glaciers tropicaux ne représentent pas plus de 5 % des glaciers du monde. Leur température flirte avec le seuil de fusionfusion. Et ils sont souvent de petites tailles. De quoi les rendre particulièrement vulnérables au réchauffement climatique. Depuis 20 ans, ils connaissent d'ailleurs un recul inquiétant. Une étude nous alerte même aujourd'hui sur leur probable disparition dès la prochaine décennie.

    Comme des canaris dans une mine de charbon

    Selon les chercheurs de l'université de l’État de l’Ohio (États-Unis), les glaciers d'Indonésie rappellent « les canaris des anciennes mines de charbon ». Comprenez que, comme les canaris qui alertaient autrefois des coups de grisou à venir, ces glaciers seront les premiers à disparaître et que les autres suivront probablement de près. En cause, bien sûr, la hausse globale des températures. Mais aussi un phénomène lié et amplificateur : un changement dans l'altitude à laquelle la pluie devient neige. « Si vous voulez faire mourir un glacier, versez-y de l'eau », confirme Lonnie Thompson, chercheur à l'université de l'État de l'Ohio.

    En effet, l'eau de pluie a tendance à percer le glacier. Et à s'infiltrer ainsi jusqu'au socle rocheux. Là, elle forme des sortes de piscines d'eau chaude qui font glisser le glacier vers des altitudes plus basses. Où les températures apparaissent encore plus chaudes. Un cercle vicieux qui accélère d'autant la fontefonte du glacier.

    Les chercheurs de l’université de l’État de l’Ohio (États-Unis) se sont particulièrement intéressés à un glacier situé à l’ouest de la Nouvelle-Guinée. Ici, une photo prise en 2010 lors d’une campagne de mesures. © Lonnie Thompson, Université de l’État de l’Ohio
    Les chercheurs de l’université de l’État de l’Ohio (États-Unis) se sont particulièrement intéressés à un glacier situé à l’ouest de la Nouvelle-Guinée. Ici, une photo prise en 2010 lors d’une campagne de mesures. © Lonnie Thompson, Université de l’État de l’Ohio
    Là, un cliché pris par un amateur en 2019. Le glacier s’est scindé en deux parties et a perdu environ 75 % de son volume. Il pourrait ne pas survivre à la décennie qui s’annonce. © Ana Maria Giraldo
    Là, un cliché pris par un amateur en 2019. Le glacier s’est scindé en deux parties et a perdu environ 75 % de son volume. Il pourrait ne pas survivre à la décennie qui s’annonce. © Ana Maria Giraldo

    Les scénarios les plus pessimistes sont en marche

    Une équipe internationale de près de 90 chercheurs, de son côté, s'est penchée sur le cas de la calotte glaciaire du Groenland. De nombreuses données satellites et missions sur le terrain leur ont permis de dessiner la carte la plus complète à l'heure actuelle des changements de massemasse entre 1992 et 2018. Une période au cours de laquelle le Groenland a perdu pas moins de 3.800 milliards de tonnes de glace.

    Mais les chercheurs ont surtout noté que le rythme de fonte est passé de 330 milliards de tonnes par an dans les années 1990 à 2.540 milliards de tonnes au cours de la dernière décennie ! Un rythme qui rejoint le plus pessimiste des scénarios imaginés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). D'autant que les premières estimations donnent pour 2019, une perte d'environ... 500 milliards de tonnes !

    Ces animations montrent le changement cumulatif de l’épaisseur de la calotte glaciaire du Groenland et la contribution de la fonte de cette calotte glaciaire au niveau mondial de la mer de 1992 à 2018, avec des projections jusqu’en 2100. © Université de Leeds, Planetary Visions et Université technique du Danemark

    Selon les modèles climatiques des chercheurs, la moitié de la fonte résulterait des hausses de températures de l'airair. Un pic a d'ailleurs été atteint de ce point de vue en 2011 avec 335 milliards de tonnes de glace perdues dans l'année. Mais l'autre moitié serait la conséquence de la hausse des températures des océans.

    « La seule fonte de la calotte glaciairecalotte glaciaire du Groenland mettra -- par le biais de la montée du niveau de la mer qu'elle provoquera --, d'ici la fin du siècle, quelque 100 millions de personnes en danger d'inondationinondation, assure Andrew Shepherd, chercheurs à l'université de Leeds (Royaume-Uni). Il ne s'agit plus de suppositions. Cela va se produire et cela aura un effet dévastateur pour les communautés côtières ».