Ariane 6 décollera au cours du deuxième trimestre 2022. L’impact de la crise sanitaire de la Covid-19 et des difficultés techniques imprévues ont ralenti l'avancée du programme. Les explications de Stefano Bianchi, responsable du Développement du transport spatial à l’ESA.


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    L'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne, le Cnes et ArianeGroup ont été contraints d'annoncer un retard dans le développement d'Ariane 6Ariane 6, nous confirme Stefano Bianchi, responsable du Développement du transport spatial à l'ESA. Initialement prévu à l'été 2020, selon le calendrier affiché en 2014 au démarrage du programme de développement, le vol inaugural et la mise en service de ce futur lanceur sont « maintenant prévus au cours du deuxième trimestre 2022 ».

    À cause de la pandémiepandémie de Covid-19Covid-19 et du fait que « le programme Ariane 6 regroupe plusieurs pays tous affectés par des plans de mesures spécifiques », le fonctionnement des usines et des centres de développement de la chaîne industrielle d'Ariane 6 « a été fortement perturbé et ralenti ». À cela s'ajoute que, parmi les nouvelles technologies introduites, les équipes ont rencontré des difficultés techniques imprévues dans le développement « des bras cryotechniques qui relient le lanceur au pas de tir, et du générateurgénérateur de puissance auxiliaire de l'étage supérieur du lanceur ».

    Équipements sol de premier ordre, les bras cryotechniques font partie intégrante du mât de la table de lancement. Ils assurent « le remplissage des réservoirs cryogéniques de l'étage supérieur du lanceur à partir du sol ainsi que la vidange en cas de besoin ».

    Ariane 6 sur son pas de tir du Centre spatial guyanais (ELA-4). © ESA
    Ariane 6 sur son pas de tir du Centre spatial guyanais (ELA-4). © ESA

    Des bras cryotechniques d'une longueur inédite

    Contrairement aux bras cryotechniques d'Ariane 5Ariane 5, ceux d'Ariane 6 seront nettement plus grands, « environ 15 mètres ». Ce choix s'explique par la volonté d'ArianeGroup, responsable de la définition du lanceur, d'offrir au véhicule « un cônecône de dégagement plus grand minimisant le risque de collision du lanceur avec les structures adjacentes et, par voie de conséquence, les travaux de réhabilitation de la zone de lancement en cas d'accidentaccident au décollage ». Et donc, permettre un retour opérationnel du pas de tir dans des délais très courts.

    Autre innovation liée aux bras cryotechniques par rapport à Ariane 5, la phase de préparation au décollage et la déconnexion des bras ont été repensées. Dans le cas où « une chronologie de lancement devrait être arrêtée lors du processus qui vérifie le bon fonctionnement du moteur Vulcain et la bonne santé du lanceur avant l'allumage des EAPEAP à poudre », ces bras seront utilisés pour vidanger le lanceur, ce qui n'est pas le cas avec Ariane 5, pour laquelle des connexions spécifiques dédiées à la vidange des ergols sont utilisées. Cette innovation permet un gain de performance du lanceur Ariane 6.

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    Quant au problème lié au générateur de puissance auxiliaire (APU) de l'étage supérieur du lanceur, « il s'agit également d'une technologie qui n'existait pas sur les autres lanceurs de la famille Ariane ». Sur Ariane 6, elle a été introduite avec un double objectif : « une fonction de pressurisation des réservoirs et une deuxième de génération de poussée supplémentaire ».

    Abandon des réservoirs d'hélium

    Sur Ariane 5, la pressurisation des réservoirs d'oxygène et d'hydrogène liquides se faisait « à l'aide d'héliumhélium et donc nécessitait des réservoirs supplémentaires, ce qui augmentait la massemasse du lanceur et sa complexité ».  L'idée des ingénieurs est d'utiliser un seul équipement pour générer les gazgaz nécessaires pour « pressuriser chacun des deux réservoirs à oxygène et hydrogène liquides ». L'équipement APU, qui englobe un générateur de gaz et un échangeur de chaleurchaleur, génère aussi une poussée supplémentaire qui peut « ensuite être utilisée pour la phase orbitaleorbitale avant la mise à poste des satellites ».

    L'innovation de la double fonction est telle que « la mise au point a pris plus de temps que prévu, mais il s'agit d'une première européenne dans le monde des lanceurs ». Airbus, qui réalise le lanceur Ariane 6, a décidé de le construire par « le procédé de la fabrication additive (3D), particulièrement adapté à la complexité de la forme de la pièce ».

    Les retards entraîneront une augmentation des coûts d'environ 230 millions d'euros que les partenaires du programme devraient pouvoir maîtriser. En tenant ce surcoût, le développement d'Ariane 6, qui inclut la réalisation du pas de tir ELA 4, est aujourd'hui estimé à 3,8 milliards d'euros.


    Ariane 6 ne s’envolera pas avant 2022

    Article de Futura avec l'AFP Relaxnews publié le 30/10/20

    L'Europe de l'espace va devoir patienter encore. Des difficultés imprévues conjuguées au contexte sanitaire mondial continuent de retarder le vol inaugural de la fuséefusée Ariane 6. Des défis techniques doivent encore être surmontés et ce retard de presque deux ans sur le calendrier prévu entraînera la bagatelle de 230 millions de surcoût supplémentaire.

    Le tir inaugural de la fusée Ariane 6 est reporté au deuxième trimestre de 2022 à cause de difficultés techniques, aggravées par les conséquences de la crise du Covid-19, a annoncé jeudi l'Agence spatiale européenne (ESA). Déjà repoussé une fois à la deuxième moitié de 2021, « le vol inaugural d'Ariane 6 est maintenant prévu pour le deuxième trimestre de 2022 », a dit le directeur du transport spatial européen de l'ESA Daniel Neuenschwander, dans un point de presse.

    La décision a été prise à l'issue d'un Conseil de l'agence, tenu mercredi et jeudi, qui a aussi entériné un lancement inaugural du petit lanceur Vega-C en juin 2021, a précisé le directeur. Il a expliqué que « le chemin vers les vols inauguraux des deux lanceurs doit surmonter des défis techniques, dans un contexte de productivité réduite » à cause de la pandémie.

    La rampe de lancement de la fusée Ariane 6 en construction à Kourou, au Centre spatial européen en Guyane, le 5 mars 2020. © Jody Amiet, AFP, Archives
    La rampe de lancement de la fusée Ariane 6 en construction à Kourou, au Centre spatial européen en Guyane, le 5 mars 2020. © Jody Amiet, AFP, Archives

    Activité fortement perturbée…

    Il a cité en exemple deux parties du programme. Côté lanceur, avec des difficultés techniques dans le développement de l'unité de puissance auxiliaire (APU), un petit réacteur multi-rôle, « embarqué pour la première fois dans le lanceur [et qui doit permettre de] pénétrer le marché des constellationsconstellations de satellites ».

    Autre exemple, avec le développement du nouveau bras cryogénique qui reliera le lanceur à la tour de lancement, à Kourou, jusqu'aux derniers instants avant le décollage. « Nous avons des difficultés techniques et la situation a été encore dégradée par la Covid-19 », a dit Daniel Neuenschwander.

    …Et chantiers interrompus

    À Kourou, le chantier du pas de tir EL-4 a été interrompu par les mesures sanitaires avant de repartir plus lentement. « Nous sommes encore aujourd'hui à la moitié de l'effectif de départ » qui était de 600 personnes, selon le responsable. La pandémie a aussi eu des conséquences chez les industriels en Europe « avec un impact sur des étapes clé du programme », en citant par exemple « l'impossibilité d'accéder à des bancs de tests ».

    Selon Daniel Neuenschwander, le deuxième écueil est que « l'industrie va entrer dans une période très tendue en 2021-2022 ». Parce que la production d'Ariane 5 arrive à sa fin et que celle d'Ariane 6 va démarrer plus lentement que prévu. « Au point où cela impacte l'industrie à un moment où le marché est très tendu, avec une compétition féroce », a-t-il expliqué.

    C'est pourquoi l'ESA, qui veut « assurer un lissage de production » pour amortir le choc chez les industriels, va aussi demander une rallonge de 230 millions d'euros aux pays participants, qu'elle « espère obtenir dans les prochains mois », toujours selon Daniel Neuenschwander. Cette somme représente environ 6 % de l'enveloppe actuelle du programme.


    Ariane 6 : tous les voyants sont au vert. Son premier vol est prévu dans un an

    Article de Rémy Delcourt, publié le 3 octobre 2019

    Tous les voyants sont au vert. Malgré quelques semaines de retard sur les planning initiaux, le lanceur Ariane 6 sera prêt pour son vol inaugural. Initialement prévu en juillet 2020, il a été décalé au mois de septembre. Après une revue de conception détaillée réussie, le développement du futur lanceur européen Ariane 6 est donc entré dans sa dernière ligne droite.

    La semaine dernière, pendant que SpaceXSpaceX et Elon MuskElon Musk préparaient leur show pour présenter le MK1, un prototype du futur Starship, l'Agence spatiale européenne, le Cnes, ArianeGroup et ArianespaceArianespace, adoptaient la revue de conception détaillée du lanceur Ariane 6. Cette étape franchie, les équipes peuvent commencer la phase de qualification en vue d'un premier vol au second semestre 2020, vraisemblablement en septembre.

    « Sa conception est maintenant validée et tous les choix permettant de donner à ce lanceur l'ensemble des performances attendues en termes de coûts de fabrication, de fiabilité et de polyvalence, sont finalisés », a déclaré André-Hubert Roussel, président exécutif d'ArianeGroup.

    Côté motorisation, les trois moteurs du lanceur sont également prêts. Le Vulcain 2.1, qui propulsera l'étage principal d'Ariane 6, et le moteur Vinci de l'étage supérieur ont terminé leurs tests de qualification, ce qui signifie que les tests combinés peuvent maintenant commencer. Quant au propulseurpropulseur à poudre, doté du moteur à propergol solide P120C, commun à Ariane 6 et Vega CVega C, il doit encore subir un troisième et ultime test à feufeu au début de l'année prochaine.

    État d'avancement du chantier de construction du pas de tir d'Ariane 6 (ELA-4) à juin 2019. Au fond à droite, il est possible de voir le pas de tir ELA-3 qu'utilise l'actuelle Ariane 5. © ESA, S. Corvaja
    État d'avancement du chantier de construction du pas de tir d'Ariane 6 (ELA-4) à juin 2019. Au fond à droite, il est possible de voir le pas de tir ELA-3 qu'utilise l'actuelle Ariane 5. © ESA, S. Corvaja

    Le premier vol d'Ariane 6 se prépare 

    Le prochain rendez-vous majeur pour Ariane 6 est le début des tests combinés entre le lanceur et son pas de tir à Kourou, en Guyane, dont la constructionconstruction s'achève. Ces tests sont prévus au cours du premier semestre 2020. Les différentes parties du lanceur seront alors acheminées vers Kourou, où les équipes d'ArianeGroup procéderont à son assemblage final, au sein du nouveau Bâtiment d'Assemblage Lanceur. Le lanceur sera ensuite installé sur son pas de tir ELA-4ELA-4 (Ensemble de lancement numéro 4), pour procéder à l'accostage des boostersboosters latéraux et la pose de la coiffe. Toutes les interactions et interfaces avec le pas de tir seront alors testées avec plusieurs mises à feu de l'étage principal.

    Si tout se passe comme prévu, suivra la préparation au vol inaugural qui verra une Ariane 6 à deux boosters (Ar62). Pour ce premier vol, plutôt que de mettre en orbiteorbite un seul satellite, le lanceur européen emportera 30 satellites de la constellation OneWeb !


    ArianeGroup lance la production des 14 premières Ariane 6 de série

    Article de Rémy DecourtRémy Decourt publié le 11/05/2019

    Le fameux trou découvert dans le SoyouzSoyouz l'été dernier continue de faire parler de lui. Malgré la remise du rapport de la commission d'enquête qui apporte de nombreuses réponses, il reste quelques zones d'ombre que des cosmonautescosmonautes russes vont essayer d'éclaircir en menant une enquête à bord de la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale

    Mine de rien, le programme Ariane 6 avance bien et les délais sont tenus pour un lancement inaugural en juillet 2020. Au Centre spatial guyanais, la construction du pas de tir d’Ariane 6 bat son plein. Toutes les infrastructures lourdes, c'est-à-dire, les carneaux, la table de lancement, la structure primaire du portiqueportique, le bâtiment d'assemblage lanceur et le château d'eau, sont en place. L'équipement de ces infrastructures et les systèmes de distribution des fluides (ergols, hélium, azoteazote, airair) seront progressivement installés d'ici le mois de septembre.

    Sur le plan commercial, après un démarrage poussif, Ariane 6 a convaincu quelques clients institutionnels et commerciaux puisque six services de lancements ont d'ores et déjà été contractualisés et d'autres sont en cours de négociation. À cela, s'ajoute la dernière résolutionrésolution du Conseil de l'Agence spatiale européenne du 17 avril 2019 qui engage l'ESA à passer de 3 à 7 commandes fermes d'ici la prochaine conférence interministérielle prévue en novembre, à Séville.

    Moins d'Ariane 6 à lancer que prévu

    Malgré ces signaux positifs, le marché plus difficile que prévu et les tergiversations institutionnelles européennes contraignent ArianeGroup à revoir ses plans puisque, de 2021 à 2023, seules huit Ariane 5 et quatorze Ariane 6 seront lancées dans cette phase de transition. Cela représente une moyenne de 8 tirs par an. Or, lors du lancement du programme en 2014, le business plan s'appuyait sur 11 tirs par an dont 5 pour des missions institutionnelles pour le compte des États membres de l'ESA.

    Vue d'artiste d'une Ariane 6, dans sa version à deux boosters, sur son pas de tir du Centre spatial Guyanais. © ESA, D. Ducros
    Vue d'artiste d'une Ariane 6, dans sa version à deux boosters, sur son pas de tir du Centre spatial Guyanais. © ESA, D. Ducros

    Mais restons optimiste. À la suite de ces premières commandes et ces engagements futurs, ArianeGroup a décidé de lancer la production des quatorze premiers lanceurs Ariane 6 de série. Ces quatorze lanceurs, destinés à voler entre 2021 et 2023, seront produits dans les usines d'ArianeGroup en France et en Allemagne, et dans celles de ses partenaires industriels européens, à savoir dans les 13 pays participant au programme Ariane 6.

    Par ailleurs, ArianeGroup poursuit la fabrication du modèle destiné aux tests de qualification au sol, sur le pas de tir ELA-4 en Guyane, ainsi que la production de la première Ariane 62 de vol, dont le lancement est prévu en 2020. Lors de ce vol inaugural, Ariane 6 mettra en orbite 30 satellites.


    Ariane 6 : où en est la construction du futur lanceur européen ?

    Article de Rémy Decourt, publié le 28/01/2019

    En juillet 2020, la première Ariane 6 décollera du Centre spatial guyanaisCentre spatial guyanais de Kourou. Toutes les étapes de développement 6 ont été franchies dans les temps, l'année 2019 s'annonce dense avec plusieurs essais importants qui prépareront le lancement fictif d'une Ariane 6 en janvier 2020. Quant aux nouveaux bâtiments dédiés à Ariane 6, ils sont tous sortis de terre et opérationnels. Sur le plan commercial, les premiers contrats de lancement ont été signés. 

    À 18 mois du vol inaugural du lanceur Ariane 6, son développement bat son plein avec un niveau d'avancement conforme aux plannings initiaux. La production des premières pièces a commencé, non seulement pour les essais système et le premier vol, mais aussi pour les premiers lanceurs de la phase de transition avec Ariane 5.

    2019 est une « année majeure pour la fin du développement d'Ariane 6 et pour la montée en cadence de sa production, en vue de son vol inaugural de 2020, et surtout de son exploitation commerciale » a tenu à préciser André-Hubert Roussel, le tout nouveau Président exécutif d'ArianeGroup, lors de sa conférence de presse de rentrée. De grands jalons sont à passer, entre autres, pour « finaliser le design du lanceur, préparer les premiers tests avec le pas de tir ELA-4 et nous préparer au vol inaugural de juillet 2020 ».

    Pour être au rendez-vous de ces grands essais système ouvrant la voie au vol inaugural de juillet 2020, plusieurs essais sont prévus cette année. On citera les principaux :

    • essais à feu de l'étage supérieur à Lampoldshausen (Allemagne), à partir de décembre 2019 ;
    • deuxième des trois tests à feu du moteur à poudre P120C à Kourou d'ici la fin du mois ;
    • essais combinés bord/sol entre le lanceur et le pas de tir en Guyane, à partir de janvier 2020. Ce sera comme une répétition du premier lancement, mais sans lancement ! Le moteur Vulcain 2.1 sera mis à feu mais ne décollera pas. Cela permettra de tester les échanges de données avec le banc de contrôle, et les installations fluides et électriques.

    En 2018, les étapes de développement d'Ariane 6 ont été franchies dans les temps, les unes après les autres. 2019 ne devrait évidemment pas déroger à cette règle. La tenue du calendrier est la priorité d'ArianeGroup qui vise le vol inaugural en juillet 2020 mais également, parce que Arianespace a déjà débuté la commercialisation d'Ariane 6. Cinq contrats de lancement ont été signés avec des opérateurs et des clients institutionnels. La mise en production du premier lot devrait aussi être décidée ces prochains mois. De 2020 à 2023, pendant la phase de transition entre Ariane 5 et Ariane 6, c'est-à-dire entre la montée en puissance d'Ariane 6 et la disparition progressive d'Ariane 5, Arianespace prévoit la commande de huit lanceurs Ariane 5 et quatorze Ariane 6, sur la base d'une prévision prudente de sept à huit tirs par an, pendant cette phase de transition.

    Essai de fonctionnement, sur banc de test, du moteur Vinci de l'étage supérieur d'Ariane 6. Ce moteur ré-allumable a réussi 148 tests de qualification, à l’issue de sa dernière campagne, terminée le 12 octobre 2018. © ArianeGroup
    Essai de fonctionnement, sur banc de test, du moteur Vinci de l'étage supérieur d'Ariane 6. Ce moteur ré-allumable a réussi 148 tests de qualification, à l’issue de sa dernière campagne, terminée le 12 octobre 2018. © ArianeGroup

    Les trois moteurs d'Ariane 6 sont tous quasiment prêts et «  six Vulcain 2.1 et cinq Vinci sont d'ores et déjà en production ». Le Vulcain 2.1, qui propulsera l'étage principal, compte déjà 16 essais réussis. Il sera bientôt déclaré apte au vol. Vinci, le moteur ré-allumable de l'étage supérieur, a réussi ses 148 tests de qualification, à l'issue de sa dernière campagne, terminée le 12 octobre 2018. Quant au P120CP120C, le moteur commun à Ariane 6 (pour les boosters) et Vega-C (étage principal), il sera déclaré opérationnel d'ici la fin de l'année.

    De nouveaux bâtiments pour une nouvelle façon de construire une Ariane

    Enfin, les trois nouveaux bâtiments dédiés à Ariane 6 sont sortis de terre et sont opérationnels. Les bâtiments utilisés pour Ariane 5 ne sont pas adaptés à Ariane 6 qui sera construite et assemblée en position horizontale, jusqu'à son pas de tir, alors qu'Ariane 5 est édifiée en position verticale. Ce passage d'une intégration verticale à une intégration horizontale doit générer une réduction des coûts qui passe par la mise en place d'une nouvelle chaîne de production en série et cadencée. Pour parvenir à baisser significativement le coût de production d'Ariane 6 par rapport à Ariane 5, l'ensemble du processus industriel d'ArianeGroup a été repensé afin d'amener Ariane 6 à un coût inférieur de 40 à 50 % par rapport à Ariane 5.

    Aux Mureaux (Yvelines), le bâtiment de production et d'assemblage de l'étage principal d'Ariane 6 est prêt et les équipements en cours d'installation. À Brême (Allemagne), le bâtiment d'assemblage de l'étage supérieur a également été livré. Quant à la B-line, près de Bordeaux, sur laquelle seront produites en série les tuyèrestuyères du moteur P120C, elle a été inaugurée en juillet.


      Ariane 6 : la construction a débuté

      Article de Rémy Decourt, publié le 27/12/2017

      La première Ariane 6 décollera en juillet 2020. Ce sera une version « 62 », à deux boosters. La réalisation de cette nouvelle famille de lanceurs, qui vient de commencer, s'appuie sur un modèle industriel très différent de celui d'Ariane 5. Ce lanceur n'aura pas besoin d'étage réutilisableétage réutilisable pour être compétitif dès sa mise en service.

      ArianeGroup a annoncé il y a quelques jours le début de la production du premier lanceur Ariane 6, « seulement trois ans après la décision des États membres de l'ESA de démarrer le programme, en décembre 2014 » souligne Alain Charmeau, CEO d'ArianeGroup. Commencer la production du premier lanceur si tôt démontre « l'efficacité du processus industriel mis en place pour le développement, la production et l'exploitation d'Ariane 6 ». Très différent du modèle industriel d'Ariane 5, ce processus s'appuie sur des modèles industriels utilisés pour les secteurs de l'automobileautomobile et de l'aéronautique.

      Ce premier lanceur sera une Ariane 62, équipée de deux boosters. Cette version a une capacité d'emport de charge utile de 4,5 tonnes en GTO (orbite géostationnaireorbite géostationnaire) et de 7 tonnes en orbite héliosynchronehéliosynchrone (SSO). Son lancement est prévu vers la mi-juillet 2020. Si le premier client d'Ariane 62 a déjà été annoncé (quatre satellites Galileosatellites Galileo à lancer en 2020 et 2021 pour le compte de la Commission européenne), le client du vol inaugural n'a toujours pas été dévoilé. On sait que les opérateurs de satellites SES et Eutelsat se sont déclarés candidats pour être à bord.

      Un lanceur pour garantir la continuité de l’accès européen à l’espace

      Ariane 6 sera un lanceur polyvalent, modulaire et compétitif, qui existera en deux versions, Ariane 62 et Ariane 64. Son étage principal ne sera pas réutilisable. On peut s'étonner de ce manque d'audace mais il faut garder à l'esprit que la réutilisation d'un étage ou d'un lanceur n'est pas une fin en soi. L'objectif d'ArianeGroup a une seule finalité : conserver une indépendance d'accès à l'espace pour nos propres besoins stratégiques et commerciaux avec une réduction du coût du kilogrammekilogramme en orbite de plus ou moins 50 % par rapport à Ariane 5. Or, l'intérêt économique d'un élément partiellement réutilisable est moins évident qu'il y paraît. L'équilibre économique sera difficile à trouver. SpaceX équilibre ses comptes entre des lancements vendus à prix fort à la NasaNasa et à l'armée de l'air américaine, surfacturés diront certains, et une politique de bas prix très agressive sur le marché commercial.

      Cela dit, si dans un futur proche cette réduction du coûts de l'accès à l'espace passe par la récupération et la réutilisation de l'étage principal, ArianeGroup saura faire évoluer sa gamme de lanceurs. La société s'y prépare déjà et travaille sur deux projets :


      Ariane 6 : à quoi ressemblent les modèles de test

      Article de Rémy Decourt publié le 11/05/2017

      Le premier lancement d'une Ariane 6 est prévu en 2020, un délai qui peut paraître court. Pour le tenir, Airbus SafranSafran LaunchersLaunchers a mis en place un modèle industriel très différent de celui d'Ariane 5. Un total de 15 étapes majeures sont à franchir avant de voir décoller ce lanceur. Récemment, avec la mise en production des éléments de qualification, l'étape 6 a été franchie. Nos explications.

      Face à la concurrence du Falcon 9 de SpaceX, Airbus Safran Launchers (ASL) réalise Ariane 6 pour le compte de l'Agence spatiale européenne. Adapté aux constellations, aux marchés des satellites de télécommunications et des satellites institutionnels de l'Union européenne, ce futur lanceur, qui doit succéder à Ariane 5, existera en deux versions, Ariane 62 et Ariane 64. Son premier vol est prévu en 2020.

      En 2016, sous la maîtrise d'ASL, les partenaires du programme avaient validé les caractéristiques techniques, industrielles et programmatiques d'Ariane 6. Aujourd'hui, ASL franchit une nouvelle étape et lance la production des modèles de qualification au sol du futur lanceur européen.

      « C'est une étape importante, qui traduit l'originalité et l'efficacité du processus industriel mis en place pour son développement, sa production et son exploitation. Nous respectons ainsi les délais et nos engagements », a déclaré Alain Charmeau, CEO d'Airbus Safran Launchers. Le développement du futur lanceur européen passera par des étapes de validation appelées Maturity Gates, comme dans l'industrie aéronautique, et ASL va démarrer la « production des premiers lanceurs pour vols d'ici la fin de l'année, après le franchissement de la Maturity Gate 6.2. ».

      Malgré des délais de développement qui peuvent paraître courts, le premier lancement d'une Ariane 6 est prévu en 2020. © ESA, D. Ducros
      Malgré des délais de développement qui peuvent paraître courts, le premier lancement d'une Ariane 6 est prévu en 2020. © ESA, D. Ducros

      Un nouveau processus industriel différent de celui d'Ariane 5

      Les éléments de qualification qui entrent en production pour cette qualification sont « tous ceux qui permettront de faire des remplissages de réservoir, des essais à feu du Vulcain 2.1 sur le pas de tir, mais aussi de tester les procédures d'assemblage du lanceur lui-même » nous explique Mathieu Chaize, en charge de l'Interface Systèmes et services de lancement chez ASL.

      On trouvera donc, entre autres, des « modèles de réservoirs liquides pour les étages supérieur et inférieur, les moteurs Vulcain 2.1 (une évolution du Vulcain 2) et Vinci, la coiffe, les structures inter-étage, les baies moteurs etc. ». Ces essais mettront également en œuvre des « modèles des moteurs à propergolspropergols aux propriétés mécaniques similaires permettant de s'assurer qu'on sait les manipuler, les assembler sur le corps central du lanceur et que celui-ci supporte les charges mécaniques associées ». Le but est de produire « tous les éléments de lanceur qui serviront à réaliser les essais combinés (c'est-à-dire avec un modèle représentatif du lanceur et les moyens au sol à Kourou) en 2019 ».

      Les engagements vis-à-vis de l'ESA sur les objectifs budgétaires, le prix d'exploitation, les performances et la date du premier vol ont conduit ASL à changer le modèle industriel d'Ariane 5. L'entreprise a adopté un modèle industriel utilisé pour l'automobile et l'aéronautique. À la manière de la fameuse Toyota House, ASL a désormais son Ariane 6 House pour développer Ariane 6. « Une stratégique qui repose sur quatre piliers » nous explique le porteporte-parole d'ASL :

      • Un design orienté vers l'exploitation du lanceur, avec des choix techniques permettant des gains, parce qu'on simplifie par rapport à ce qui a pu être fait avant, avec une approche sur le cycle de vie complet des matériaux et du lanceur, avec une approche de conception orientée coût, etc.
      • L'entreprise étendue (Extended Entreprise) où l'on ne travaille plus dans une relation client-fournisseur classique, en imposant des solutions, mais plutôt dans une relation de partenariat, où l'on demande ce qu'un partenaire industriel est capable de faire pour un coût objectif donné et où l'on se met à son service.
      • La standardisation dans le design, les méthodes de fabrications mais aussi les moyens et outils associés.
      • Une politique industrielle forte qui regroupe les capacités industrielles des partenaires autour de pôles d'excellence (par exemple : éléments composites chez Casa, éléments métalliques chez MT-A, etc.) et l'organisation de ces pôles autour d'une approche LEAN globale. La production est cadencée comme si on avait à travers l'Europe une grande usine de production des éléments du lanceur Ariane 6.

      Le saviez-vous ?

      La méthode de développement appelée Ariane 6 Way comporte 15 étapes majeures, dont 6 déjà franchies. La Maturity Gate 11 donnera le feu vert au premier vol d’Ariane 6 tandis que la Maturity Gate 15 marquera la fin du développement et la pleine capacité opérationnelle à l’horizon 2023.

      La Maturity Gate 5, en 2016, avait permis à Airbus Safran Launchers de valider les caractéristiques techniques, industrielles et programmatiques d’Ariane 6. En mai 2017, la revue de la Maturity Gate 6.1 permettait de lancer la production des modèles de qualification au sol du futur lanceur européen.

      Aujourd'hui, le passage de la Maturity Gate 6.2, ArianeGroup autorise de lancer la production du premier lanceur.