Merci à Gabriel Barathieu pour ce premier reportage en immersion au cœur de la Papouasie occidentale, magnifique province de l'Indonésie, qui ne laisse personne indifférent. Il est fort probable que ce soit l'un des plus beaux chefs-d'œuvre que notre planète Terre puisse offrir ! Raja Ampat est caractérisée par d'innombrables îles et d'îlots parsemés dans un océan débordant de vie et de couleur. La succession des rencontres et des émerveillements émanant de cet éden ont inspiré la formule suivante qui est la plus juste et la plus concise pour décrire ce lieu : « Raja Ampat, un arc-en-ciel de biodiversité ». Le second reportage paraîtra le 23 février.
Raja Ampat, terme signifiant « les Quatre Rois » en indonésien est un archipel composé de quatre principales îles : Waigeo, Batanta, Salawati, Misool et quelque six-cents îlots au décor paradisiaque, situé en Papouasie occidentale, à l'est de Sorong. Raja Ampat, ce sont plusieurs décors singuliers qui se côtoient, parfois à quelques coups de palmes les uns des autres, parfois séparés de plusieurs milles nautiques. Chaque lieu exploré semble être un éden haut en couleur où l'Homme n'a pas encore eu le temps de poser son empreinte. Espérons qu'il ne le fera jamais !
C'est à bord du Tidak Apa'Pa, charmant petit bateau traditionnel indonésien cent pour cent en bois que sera mon refuge pour les dix jours du périple. Avec sa forme caractéristique en banane, ses deux mâts et ses sept voiles, ce « Pinisi » de vingt mètres de long et cinq mètres de large accueille huit personnes au maximum. Ainsi, le Tidak Apa'Pa offre un séjour intimiste en comité restreint. Rien de comparable avec les autres liveaboards de vingt à trente touristes.
Les propriétaires du Tidak Apa'Pa, Ariane et Ludovic sont des amoureux du milieu marin. Ils vous guideront avec enthousiasme et passion tout au long de la croisière. Quoi de mieux que la plongée en recycleur pour profiter au maximum des décors sous-marins et de la faune de Raja Ampat ! Petit détail : chaque plongée est illimitée en temps ! Seule votre consommation vous limitera contrairement aux autres bateaux où les plongées ne dépassent pas soixante minutes, voire quarante-cinq minutes pour certains. Avec quatre plongées par jour, ce n'est pas moins de six heures d'immersion en recycleur que nous effectuions quotidiennement avec Ludovic. De quoi profiter un maximum de cette destination plongée hors normes !
Concernant les amoureux de la photographie, Ludovic qui est un grand passionné de photo sous-marine est sans conteste le guide rêvé ! Fort de ses années d'expérience et de sa passion pour la biodiversité sous-marine, il trouve avec aisance les plus rares mais aussi les plus emblématiques sujets de Raja Ampat. Nul besoin de livre pour l'identification de vos sujets photographiés, Ludovic connaît tous les noms scientifiques de mémoire ! J'ai essayé de le coller à plusieurs reprises mais je n'y suis jamais parvenu.
Dix jours, c'est le strict minimum requis pour juste entrevoir les richesses sous-marines de Raja Ampat. Au départ de Sorong, la croisière commence par une nuit de navigation pour rejoindre Misool, l'une des quatre principales îles de Raja Ampat. L'arrivée sur les sites de plongée se fit à l'aube, au moment où les premières lueurs du soleil extirpent les nombreux îlots de la nuit. Depuis le pont du bateau, le cadre est déjà absolument magnifique. Les îlots aux multiples formes façonnés par les éléments au gré du temps mettent votre imagination en effervescence.
Les premières immersions dans les eaux colorées et luxuriantes de Misool vous transportent instantanément dans un univers où l'abondance de vie et la biodiversité sont en parfait accord. Les particularités les plus singulières de Raja Ampat qui caractérisent par la même occasion cette destination sont l'extrême richesse et l'extraordinaire diversité affleurant à la surface de l'eau. Recouverte et protégée par un mince manteau translucide, c'est seulement à quelques centimètres sous la surface que s'amorce une exceptionnelle explosion de couleurs et de vie. Pour les photographes sous-marins équipés en reflex, la décision de configurer le matériel en macrophotographie ou en grand-angle est cornélienne ! Chaque plongée offre la possibilité de réaliser des clichés d'exception quelle que soit la configuration choisie. Toutefois certains spots se prêtent plus que d'autres à la photo macro ou d'ambiance. C'est le cas par exemple des sites de plongée Magic Mountain et Four Kings qui offrent des reefscapes (points de vue sous-marins) absolument époustouflants !
« Magic Mountain », un éden haut en couleur et diversité
Magic Mountain fut l'un des premiers sites de plongée du périple. Les yeux et l'esprit étaient déjà émerveillés par la richesse et la beauté des précédentes immersions où furent aperçus entre autres quelques hippocampes pygmées et crevettes colorées aux formes diverses.
Là, des nuages de poissons composés de milliers d'individus ainsi que de splendides décors subaquatiques flirtaient et jouaient avec le reflet de la surface. À ce moment-là, je ne m'attendais pas une seconde à assister au spectacle qui allait s'offrir à nous. À peine deux minutes d'immersion et nous apercevions déjà une raie manta de récif planer entre deux eaux. En prêtant un peu plus attention, nous pouvions vaguement distinguer d'autres formes sombres en limite de visibilité. Ce n'était pas une, mais bien huit raies manta (Mobula alfredi) qui nageaient autour de nous.
Le spectacle était absolument féerique ! La magie de cet instant était aussi due au décor dans lequel évoluaient ces géantes des mers : un récif débordant de vie et de couleur où anthias, bancs de carnages et de platax se frayaient un chemin dans le ballet incessant des mantas. La présence des mérous patate et des napoléons n'était pas anecdotique pour autant. Cependant, une raie manta était différente de ses congénères de par son ventre bien rebondi et ses nageoires céphaliques irritées jusqu'au sang. Pas de doute, cette raie allait bientôt mettre bas ! Cette future mère était suivie par de nombreux mâles.
Suite à cette incroyable plongée avec les raies manta de récif, il était inconcevable de ne plonger qu'une seule fois sur un spot aussi fantastique que Magic Mountain ! Alors nous ne nous sommes pas fait prier pour y retourner le lendemain sensiblement à la même heure en fin d'après-midi vers seize heures. Les raies manta allaient-elles nous offrir un nouveau ballet ? Rien n'était moins sûr ! Après quelques minutes à évoluer au milieu des platax et autres poissons tropicaux, le ciel se couvrit soudainement et la luminosité chuta brutalement ! Un nuage cachait-il le soleil ? Non !
Sortie de nulle part, une raie manta océanique (Manta birostris) glissant entre deux eaux venait obstruer le soleil. Elle était d'une taille gigantesque, bien plus grande que les raies manta de récif de la veille qui faisaient déjà quatre mètres cinquante d'envergure.
Celle-ci devait dépasser les six mètres. Nous étions ébahis par sa nage majestueuse et sa taille hors norme. Notre présence ne semblait clairement pas l'inquiéter ou la déranger lors de ses nombreux passages. Nous restions immobiles au plus près du récif, avec nos recycleurs sans bulles nous devenions alors presque invisibles. C'est la magie que procure la plongée en recycleur qui permet d'observer et de contempler ce monde sous-marin tel qu'il agit et interagit sans la présence de l'Homme. C'est ainsi que j'ai pu réaliser quelques photographies de cette majestueuse manta au plus près du récif et de ses habitants à nageoires. Incontestablement, les plongées sur Magic Mountain ont leur place dans le top dix des plus belles plongées de ma vie !
« Four Kings » est assurément un des spots les plus hallucinants de Misool Island
Affectionnant particulièrement moi-même la photo d'ambiance sous-marine, je peux dire que le spot de Four Kings satisfera les plus exigeants des plongeurs photographes. Le spot est composé de quatre formations rocheuses (d'où son nom Four Kings) dont les bases sont à environ cinquante mètres de profondeur et dont les sommets culminent entre trente et cinq mètres sous la surface. Une fois la bascule arrière effectuée, le chapelet de bulles laisse peu à peu place à des nuages d'alevins composés de milliers d'individus nageant et virevoltant autour des tombants et des patates de corail. Des carangues bleues en embuscade pénètrent telles des torpilles dans les bancs de « glassfish ». Les mouvements synchronisés et harmonieux des alevins face aux incessantes attaques des carnassiers créent l'un des plus magnifiques ballets aquatiques qu'il soit. Vers les cinquante mètres de profondeur, les bancs de bécunes et de barracudas de plusieurs centaines d'individus viennent à la rencontre des plongeurs.
En remontant tranquillement le long des « Quatre Rois », les anfractuosités du récif se parent de mille couleurs au passage de nos lampes. Rouge, jaune, magenta, vert, turquoise, orange et j'en passe, l'ensemble du spectre des couleurs de l'arc-en-ciel est peint sur ce récif par le plus grand des artistes : la Nature. Cette explosion de couleurs est due à l'impressionnante abondance corallienne, à la diversité des gorgones, des alcyonaires et autres coraux mous qui colonisent la moindre surface rocheuse.
Un vrai régal pour les yeux, mais aussi pour les capteurs des appareils photos. L'abondance de vie et de couleurs est telle que l'on ne sait plus où et quoi regarder ou photographier, à tel point que nous y sommes retournés le lendemain. À la fin de chaque plongée sur Four Kings, un sourire caractéristique apparaît sur le visage de ses visiteurs dès leur sortie de l'eau ! Le perpétuel spectacle sous-marin offert par ce « temple » de la plongée restera à jamais gravé dans la mémoire des plongeurs.
Les petits habitants de « Misool »
Entre ces fabuleuses plongées aux ambiances sous-marines exceptionnelles, les emblématiques spots d'Andiamo, Candi Store, Yelit, Tank Rock, Whale rock Dunia Kecil, quant à eux, sont d'extraordinaires terrains de chasse pour les amateurs de macrophotographie. La recherche des hippocampes pygmées parfaitement camouflés dans leur gorgone est un véritable défi. Leur mimétisme est si parfait qu'il faut un œil averti pour réussir à les distinguer des ramifications gorgonaires. Raja Ampat et tout particulièrement la région de Misool possède trois espèces d'hippocampes pygmées : hippocampes de Bargibant (Hippocampus Bargibanti), hippocampes Denise (Hippocampus Denise) et hippocampe pygmées de Noël qui est une espèce endémique de l'île de Misool.
L'impressionnant panache de crinoïdes aux multiples couleurs s'agrippant sur les gorgones et tous les substrats possibles présents sur les sites de plongée sont autant de refuges pour les crustacés symbiotiques. C'est le cas de cette crevette commensale des crinoïdes (Laomenes sp), ce crabe élégant des crinoïdes (Allogalathea elegans), cette Galathée baba des crinoïdes (Allogalathea babai) et bien d'autres sujets qui ne demandent qu'à être photographiés.
Même les alcyonnaires font office de refuge pour les crabes décorateurs et autres petits crustacés à la recherche de nourriture, comme ce crabe Orang-outang jaune (Oncinopus aranea) ou ci-dessous, ce petit crabe des coraux mous épineux (Lissoporcellana sp).
« Le mystérieux Blue Hole » ou doline une fascinante formation karstique
À l'ouest de Misool, situé non loin de l'unique port de l'île, un mystérieux Blue Hole connu seulement des locaux demeure dissimulé à quelques mètres de profondeur. Comme son nom l'indique, cette formation se caractérise par un trou coloré d'un bleu sombre tirant plutôt vers le noir. L'entrée du Blue Hole, étant à une profondeur de douze mètres, le rend difficilement visible à quiconque se trouvant hors de l'eau. Les Blues Hole, ou dolines noyées sont des formations karstiques issues de l'érosion des formations géologiques carbonatées. Ce Blue Hole était auparavant à l'air libre, certainement durant l'ère géologique du Pléistocène.
L'action des éléments (pluie, vent, rivière, etc.) a créé ce trou au fil des millénaires. Pénétrer dans un Blue Hole est en quelque sorte un voyage dans le temps. Depuis son entrée à douze mètres jusqu'à quarante-cinq mètres de profondeur, la galerie est verticale. D'un diamètre d'environ dix mètres, l'ambiance y est extraordinaire. Ici, pas ou peu de faune à contempler, c'est l'aspect géologique et minéral qui s'impose à nos sens et à notre imagination. À partir de quarante-cinq mètres de profondeur, la galerie devient oblique jusqu'au fond du tunnel immergé à soixante-quatre mètres de profondeur. Là, la lumière est quasiment absente, mais cela n'empêche pas quelques organismes vivants de prospérer tant bien que mal sur les parois de calcaire.
« Lenmakana Lake » ou le lac des méduses
Le Tidak Apa'Pa lève l'ancre et navigue en longeant l'île de Misool pour nous amener vers un autre site haut en couleur de Raja Ampat mais aussi l'un des plus singuliers de Misool, un site mythique dont je rêvais secrètement depuis de nombreuses années. Un endroit atypique comme il en existe très peu dans ce monde ! Cet endroit, c'est le « Lenmakana Lake » ou Lac des Méduses. Ce lac est comme emprisonné à l'intérieur d'un des nombreux îlots composant l'archipel de Misool. De l'extérieur, rien ne laisse deviner ce qui se passe derrière les imposants remparts abrupts. C'est certainement l'une des raisons qui explique la découverte tardive de ce lac au début des années 2010.
Ce réservoir est à la fois une prison et un éden pour ces méduses. Une prison car il les confine dans un endroit minuscule et restreint comparé à l'immensité de l'océan. Mais aussi un éden car il les protège des prédateurs et des autres organismes qui pourraient entrer en compétition avec elles. L'accès pour atteindre le lac est relativement court et plus ou moins facile, sauf quand on a appareil photo, caisson et flash sous-marins pesant près de quinze kilos. L'ascension à l'aide de cordes fut périlleuse pour le matériel. Mais le jeu en valait la chandelle. Arrivé en haut du rempart, le lac se laisse entrevoir au travers de la végétation. Je distingue déjà des centaines, non, des milliers de petites méduses à sa surface. Pas de doute, on est au bon endroit. Arrivé au bord de l'eau, c'est sans attendre que je m'immerge... sans palme ! Oui, afin d'éviter les potentiels dégâts causés à ces petites méduses, les palmes sont interdites dans le lac.
Les méduses, Mastigias papua de leur nom scientifique, se comptent par centaines où que vous regardiez. Mais il semblerait qu'elles se concentrent plus en surface là où le soleil est présent. Elles sont beaucoup moins denses dans les zones d'ombre. Peut-être ont-elles besoin de la chaleur du soleil ? Pendant presque une heure, j'ai complètement vidé la batterie de mes flashs à la recherche de la composition idéale. Quoi qu'il en soit, nager au milieu de ces magnifiques petites méduses, heureusement non urticantes, restera l'un des meilleurs souvenirs de ce voyage.
« Misool » un paradis sur Terre
Non loin du « Lenmakana Lake », nous profitons du paysage en naviguant dans les méandres formés par les îlots. Certains endroits semblent être des petits fragments de paradis sur Terre. Des minuscules lagons protégés par des falaises verticales de cent mètres de haut sont dissimulés au tourisme de masse. Le sable blanc et les jardins de coraux affleurant la surface de l'eau entourent chaque îlot et reflètent la lumière. Le contraste saisissant avec le bleu profond des tombants accentue le relief de cette scène qui semble presque irréelle.
Non loin de ce magnifique endroit où le corail côtoie la verdure des îlots, les flots agités autour d'une pointe rocheuse dissimulent jalousement l'entrée d'une grotte immergée se situant à quelques mètres sous la surface. Un banc de poissons hachette monte la garde devant l'entrée de cette grotte sous-marine.
À l'intérieur, cette cavité n'est pas totalement immergée. Une grande salle faisant plusieurs mètres de hauteur laisse entrevoir l'intérieur de l'îlot. Des stalactites en forme de colonnes tombent de la voûte. Leurs extrémités se prolongent sous l'eau telle une cathédrale bâtie par l'érosion et le temps.
Découvrir l'association « Deep Blue Exploration » qui œuvre pour la découverte et l'étude des peuplements coralliens mésophotiques (entre 50 et 150 mètres) de Mayotte au travers d'actions de science participative. La synergie créée par le noyau dur de l'association (créée en 2019), mêlant des plongeurs photographes naturalistes, des scientifiques et des artistes et auteurs de vulgarisation scientifique tire le meilleur parti de chaque membre dans un but unique : Explorer - Étudier - Sensibiliser et Contribuer à la préservation des écosystèmes récifaux.
Un si gracieux poulpe « Un poulpe photographié dans le lagon de Mayotte lors d’une grande marrée basse. Cette photo a été prise dans seulement 30 cm d’eau. Elle fut primée en 2017 comme photo sous-marine de l’année. » © Gabriel Barathieu, tous droits réservésSélectionnée parmi 4.500 photos issues de 67 pays, cette image a été prise avec un 14 mn, un très grand angle qui accentue, ici, délicatement les proportions. La prise, en lumière naturelle, à 100 iso, a permis de révéler un doux contraste et des couleurs sublimes. L’objectif a ainsi pu capter ainsi tous les détails de la texture délicate, la transparence de l’eau et la fine granulosité du sable.Cette pieuvre commune (Octopus vulgaris), un céphalopode, est le plus évolué des mollusques, qui apparait à l’ère du Cambrien. L’évolution a donné naissance à la seiche et le calmar, le nautile étant un lointain cousin qui a conservé sa coquille. Jusqu’à présent, la pieuvre était considérée comme solitaire mais récemment, des chercheurs ont découvert au large de l’Australie, deux « cités » de pieuvres suggérant une organisation sociale communautaire.
L’incessant ballet de la raie manta « Face à face avec cette géante du lagon de Mayotte. Je l’ai vu arriver de loin, rasant le sable comme un avion de chasse. C’était le moment à ne pas louper. J’ai pris une grande inspiration et je suis descendu pour me coller au fond et lui faire face, sans bouger. C’est alors qu’elle est passée juste au-dessus de moi, comme un avion qui décolle. Magnifique ! » © Gabriel Barathieu, tous droits réservésNager au milieu des raies mantas, ces étranges poissons peu farouches, procure sans aucun doute une émotion intense longtemps gardée en mémoire. Le ballet majestueux et gracieux de ces poissons cartilagineux rajiformes est fascinant et… incessant car, pour se maintenir en vie, elle doit faire circuler l’eau dans ses branchies en permanence, moyennant quoi son espérance de vie serait d’au moins 50 ans.Deux sortes de raies mantas se distinguent : la raie manta des récifs, la plus tropicale avec des taches noires sur la face ventrale, et la raie manta océanique qui est plus grande pouvant peser jusqu’à deux tonnes et d'une envergure qui peut atteindre huit mètres.Bien que surnommée Diable de mer, en raison des sortes de cornes autour de sa bouche, la raie manta est inoffensive et se nourrit de plancton. Avec une rapide vitesse de fuite, les seuls prédateurs en mesure de l’inquiéter sont les grands requins. La raie est ovovivipare et a une maturité sexuelle tardive conjuguée à un taux de fécondité assez faible, de plus elle ne pond qu’un œuf à l’issue d’une gestation d’un an. Elle est aujourd’hui considérée par l’Union internationale pour la conservation de la nature comme une espèce vulnérable, également victime de surpêche, que ce soit pour la consommation ou pour de pseudo vertus thérapeutiques.Sur son site, Gabriel Barathieu donne de précieux conseils pour réussir vos photos en contre-jour.
En tête à tête avec un calmar « Un focus sur l’évent d’un calamar photographié lors d’une plongée de nuit ». © Gabriel Barathieu, tous droits réservésDifficile d’approcher en plein jour ces céphalopodes décapodes. Celui-ci était-il un petit calmar comestible ou un de ces mollusques géants qui peuplent les récits fantastiques et les films d’horreur ? Ces céphalopodes (dibranchiaux teuthoïdes) apparus au début du Jurassique n’ont conservé comme vestige de leur coquille qu’une structure interne dans le manteau, en forme de plume cornée. Les petits calmars, vivant aux bords des côtes, en surface, sont équipés de nageoires et sont sujets à bien des interrogations : volant en escadrille, ils se propulsent quelques secondes hors de l’eau en éjectant un jet d’eau, le tout en adoptant une allure aérodynamique.Petits ou grands, les calmars ont la faculté de changer la structure de leur peau et leur couleur (homochromie) pour se fondre dans leur environnement.Pour ce qui est du calmar colossal, les dernières données attestent un poids de 495 kilos et une dimension de 10 mètres pour le manteau, une vingtaine avec les tentacules. Ceux-là vivent dans les grands fonds, intriguant les chercheurs et la littérature s’en est délectée jusqu’à Jules Verne. Leurs globes oculaires peuvent mesurer 30 centimètres ; ils sont dotés d'une sensibilité qui leur permet de percevoir jusqu’à 120 mètres la bioluminescence des micro-organismes lorsqu'ils sont perturbés au passage d'un cachalot et d'échapper ainsi à ce prédateur.
La très élégante crevette arlequin « Une crevette arlequin (Hymenocera picta). Peut-être l’un des plus beaux animaux que la nature ait pu produire. La crevette arlequin vit toujours en couple. Elle se nourrit exclusivement d’étoiles de mer ». © Gabriel Barathieu, tous droits réservésVoilà une parure que ne renieraient pas les grands couturiers. Toutes pinces dehors et virevoltante avec sa carapace articulée, la crevette arlequin, photographiée au large du Mozambique, est un petit crustacé décapode d’environ 5 cm qui apprécie les eaux chaudes de l’océan Pacifique et de l’océan Indien jusqu’à 30 mètres de profondeur. Sa carapace (ou livrée) est blanchâtre ponctuée de gros pois bleus ou rouges et ses pattes sont striées de bandes assorties.Reconnaissable avec sa queue trapézoïdale, elle peut retourner sa proie sur le dos avec ses grosses pinces aplaties. Elle vit en symbiose avec le corail qu’elle débarrasse des parasites et des prédateurs comme l’étoile de mer dont elle se délecte avec un léger penchant sadique : toujours avec le même rituel, elle prend tout son temps pour la déguster en débutant par les bouts d’un bras et en remontant vers le centre prenant soin de la laisser en vie le plus longtemps possible pour une dégustation en couple qui peut durer des jours…
La minuscule crevette de Zanzibar « Une crevette de Zanzibar (Dasycaris zanzibarica) sur son corail fouet. De jour, elle a une tout autre allure. Mais, de nuit, les pigments blancs se rétractent dans les chromatophores au crépuscule et se dispersent à l'aube, d'où des changements dans les livrées chromatiques et dans l'aspect général des crevettes. La nuit, elles sont souvent plus transparentes et le jour plus colorées ». © Gabriel Barathieu, tous droits réservésCe minuscule corps translucide (2 cm) est une crevette de la vaste famille des Palaemonidae. Fines et élancées, elles vivent généralement sur un corail fouet, les bandes transversales blanches leur permettent de se camoufler dans un mimétisme parfait afin de se protéger des prédateurs.Pour plonger au-delà des 60 mètres, la législation française exige un niveau 3 et Nitrox confirmé pour débuter dans la pratique de la plongée TEK. Il reste beaucoup à découvrir, l’exploration de ces zones profondes ayant jusqu’ici été limitée en raison des contraintes liées à la plongée à l’air. Seules, la vue et la main d’un plongeur expérimenté peuvent recueillir d’aussi précieuses informations pour les scientifiques.
Le crabe porcelaine, merveille de la nature « Crabe porcelaine symbiotique (Neopetrolisthes maculatus) vivant exclusivement aux abords des anémones magnifiques. Les apparences sont trompeuses, il ne s’agit pas d’un vrai crabe ». © Gabriel Barathieu, tous droits réservésEt oui, ce crabe, évoluant au large de l'île de la Réunion, n’a que 3 paires de pattes. Du groupe des anomoures, le crabe porcelaine est aussi une merveille de la nature, reconnaissable à sa carapace beige, tachetée de pois rouges, à son corps aplati de 3 cm de diamètre environ et ses deux énormes pinces plates. Il se rencontre dans l'océan Indien et dans le Pacifique tropical. Il s’implante sur les grandes anémones du récif car c’est là, dans les tentacules, qu’il élit domicile, de préférence sur les plus urticantes qui, par leurs propriétés, repoussent les prédateurs. Il vit en couple mais chacun chez soi sur son anémone, sauf en période de reproduction, la femelle portant durant 4 semaines 1.600 œufs. Le crabe porcelaine est un filtreur, captant les particules en suspension pour s’en nourrir en agitant de fins filaments placés devant son orifice buccal et qu’il agite comme un éventail.
La crevette impériale sur son concombre de mer « Une crevette impériale (Zenopontonia rex) sur une holothurie rencontrée au pied du second tombant à une profondeur de 76 mètres ». © Gabriel Barathieu, tous droits réservésDans la zone mésophotique, au large de Mayotte, entre 50 et 150 m de profondeur, là où l’obscurité domine, l’exploration se fait difficile mais elle intéresse de plus en plus les scientifiques dont certains pensent qu’elle pourrait devenir la prochaine zone refuge d’espèces récifales en raison du réchauffement climatique.À Mayotte, le photographe nous donne à voir de très près cette belle crevette impériale qui ne mesure pas plus de 3 cm. Elle se reconnaît avec ses deux plaques frontales aplaties qui font office d’antennes, un rostre effilé qui prend naissance entre ses beaux yeux pédonculés et la couleur violet qui colore le bout de deux grosses pinces avant et ses pattes ambulatoires. Son corps est large et aplati, sa livrée est alternativement, selon le jour et la nuit, de couleur orange ou blanche en raison de la dispersion d'un pigment blanc dans les chromatophores tégumentaires. La crevette peut aussi changer sa couleur en adoptant celle de son environnement. Souvent observée en couple, c’est une nettoyeuse des fonds qui se nourrit de débris organiques et ne se rencontre que sur le corps des grosses holothuries et de gros mollusques opisthobranches.
La pieuvre, grande virtuose de la transformation « Focus sur l’œil d’un poulpe. On peut distinguer les millions de cellules (chromatophores) qui peuvent changer de couleur en une fraction de seconde ». © Gabriel Barathieu, tous droits réservés.C’est assurément, le plus intelligent des mollusques, outre ses huit bras, ses trois cœurs, son bec dur, il se distingue par un nombre de neurones impressionnant (500 millions) mais répartis dans les bras. Des bras et des ventouses qui, indépendamment les uns des autres, sans ou avec contrôle centralisé, peuvent goûter, sentir, toucher et… voir vraisemblablement. Les yeux de la pieuvre, munis de paupière, présentent à peu près la même structure que ceux des vertébrés. Ils sont relativement petits et ne disposent que d’un seul récepteur de lumière, la pieuvre ne peut donc pas distinguer les couleurs, pourtant elle est douée de « camouflage chromatique » changeant sa structure de peau et de sa couleur au gré de son humeur ou des dangers.Plusieurs hypothèses tentent d’expliquer cet état. Pour certains scientifiques, elle capterait la lumière en la décomposant en longueur d’onde. D’autres supposent que ce sont par les vibrations perçues sur sa peau. Son mode de perception des couleurs demeure un sujet d’étude et s'expliquerait par un cheminement de l’évolution pour le moins différent de celui des vertébrés.
Un crabe au large de l'île de Mayotte « Un petit crabe des crinoïdes (Tiaramedon spinosum) qui, en fin de compte, est une femelle avec des œufs ». © Gabriel Barathieu, tous droits réservésAussi curieux que cela puisse paraître, et malgré les apparences, c’est un crabe posé sur les crinoïdes, ces non moins étranges animaux marins qui ressemblent à des plantes aquatiques chevelues et dont les lointains cousins s’apparentent aux oursins et aux étoiles de mer. Petit mais costaud, il est hérissé de six pics épineux et saillants, y compris sur les pattes. Il lui faut bien cela pour se protéger car ce minuscule crustacé, photographié au large de l'île de Mayotte, est vraiment vulnérable. En effet, sa carapace ne mesure guère plus qu’un centimètre de diamètre. Il ne se rencontre que sur le corps dur des crinoïdes avec lesquelles il vit en symbiose et qui constitue un refuge idéal.
Un calamar ondulant « Un calamar photographié de nuit près des côtes de l’île de La Réunion ». © Gabriel Barathieu, tous droits réservésC’est un calamar des récifs, de la famille des loliginidés, pourvu de grandes nageoires qui ondulent comme un voile posé sur la longueur du corps. Un brin féérique, cette photo mais pourtant, ce céphalopode est naturellement translucide avec des reflets irisés bleuâtres, et est tacheté de points pouvant émettre une lumière par bioluminescence. Les yeux, démesurément grands, reflètent aussi une lumière métallique très vive.Grâce à ses photos macro et d’ambiance, Gabriel Barathieu contribue à faire avancer la connaissance scientifique. Dans le cadre du projet MesoMay, il récolte des données scientifiques, fait des relevés des récifs coralliens et collabore aux programmes de recherche et d’inventaires faunistiques qui ont déjà pu répertorier des espèces nouvelles pour Mayotte ou bien mentionner des espèces à des profondeurs où elles n’avaient jusqu’à présent jamais été observées. Toutes les données étant utiles aux scientifiques, Gabriel Barathieu, depuis 2017, plonge le long de la pente externe du récif corallien de Mayotte jusqu’à 120 mètres et en ramène des relevés géomorphologiques révélant des tombants et des cavités impressionnantes.