Une année vient de s'écouler, avec son lot de photographies de la voûte céleste et du ciel profond. Des télescopes amateurs aux lunettes professionnelles en passant par les sondes spatiales, les détails de l'Univers continuent de se dévoiler à travers des clichés parfois étonnants, mais toujours splendides. 


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    De nouveau, l'année 2023 aura été un grand cru concernant les photos de notre voûte céleste. Avec les nombreux télescopes terrestres et spatiaux observant les confins de l'Univers, c'est autant de clichés, plus incroyables les uns que les autres, qui s'offrent aux passionnés. Du télescope James-Webb à l'Observatoire européen austral, tour d'horizon des dix photos du ciel parmi les plus marquantes de ces douze derniers mois.

    Plongée dans l’infini cosmique

    En septembre 2023, l'Observatoire royal de Greenwich annonçait sa liste des vainqueurs du concours d'astrophotos de l'année. Près d'une vingtaine de clichés, disponibles sur le site de l'institution, permettent ainsi d'admirer les curiosités du cosmos. Dans la sélection, plusieurs photos retiennent l'œilœil. « Neighbours », photographiée par Paul Montague, met en avant les galaxies NGC 5078, IC 879 et NGC 5101. Si elles se distinguent par leurs formes et leurs tailles respectives, elles viennent se superposer à une myriade d'étoilesétoiles et d'autres galaxies plus petites. Neighbours offre une vision non exhaustive de l'immensité de l'Univers, ainsi qu'un vertige stendhalien à celui qui se plonge dans ses détails.

    « <em>Neighbours</em> », présentée au concours d'astrophotos de l'Observatoire royal de Greenwich. © Paul Montague
    « Neighbours », présentée au concours d'astrophotos de l'Observatoire royal de Greenwich. © Paul Montague

    De la Terre à l’espace avec l’ESO

    L'Observatoire européen austral, ou ESO (European Southern ObservatoryEuropean Southern Observatory), est un pourvoyeur d'images dantesques. Les astronomesastronomes de l'organisme avaient déjà dévoilé en 2019 et 2022 des photographiesphotographies des trous noirstrous noirs M87*M87* et Sagittarius A*Sagittarius A*. Même en restant les pieds sur Terre, les images publiées sur le site de l'ESO restent impressionnantes. Le 27 novembre, Petr Horálek dévoilait une vue pour le moins... étonnante. Sous une Voie lactéeVoie lactée particulièrement dense et colorée, le désertdésert chilien d'Atacama se pare d'atours martiens. Des formes géologiques singulières donnent l'impression que la photo a été prise depuis la Planète rouge. Pourtant, la Vallée de la LuneLune se situe bien à proximité du télescope Alma, au sein du complexe de l'ESO dans le désert.

    La Vallée de la Lune, au Chili, s'étend sous la Voie lactée. © Petr Horálek
    La Vallée de la Lune, au Chili, s'étend sous la Voie lactée. © Petr Horálek

    Toujours à l'ESO, les astrophysiciensastrophysiciens ont plongé les objectifs du télescope VLTVLT dans les tréfonds d'un rémanent de supernova. Plus précisément, Vela (XYZ), situé dans la constellationconstellation des Voiles. De magnifiques voiles rouges parsemés de lueurs bleutées illustrent la beauté d'un événement aussi violent que l'explosion d'une étoile. « Rien ne se perd, tout se transforme » : dans les restes d'une étoile morte, on admire aussi la naissance de plusieurs astresastres.

    La supernova Vela, abritant l'un des pulsars les plus étudiés du monde, le pulsar des Voiles. © ESO, VPHAS+
    La supernova Vela, abritant l'un des pulsars les plus étudiés du monde, le pulsar des Voiles. © ESO, VPHAS+

    Pons-Brooks : le Faucon Millenium fend le ciel

    En 2023, de nombreuses photographies commencent à apparaître sur des blogsblogs et réseaux sociauxréseaux sociaux, montrant une forme particulière traversant le Système solaireSystème solaire. La comète 12/Pons-Brooks attire tous les regards. Une de ses caractéristiques intrigue. L'objet présente deux aspérités, formant comme deux cornes. Les internautes ont rapidement assimilé la comètecomète à la silhouette du célèbre Faucon Millenium. Malheureusement pour les fans de space-opéra, Han Solo ne semble pas être aux commandes de 12/Pons-Brooks. La comète atteindra en revanche son périhéliepérihélie le 21 avril 2024. Elle sera alors au plus proche de la Terre, à « seulement » 230 millions de kilomètres.

    Euclid traque l’énergie sombre

    Lancé le 1er juillet 2023, le télescope spatial Euclid a une lourde mission : scruter les profondeurs de l'univers pour obtenir des données sur son expansion. Les scientifiques souhaitent percer les secrets de l'énergie noireénergie noire en analysant près de 500 000 prises de vue réalisées par le nouvel appareil de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne. L'ESA a publié les premières photos au début du mois de novembre. L'une des premières observations d'EuclidEuclid est IC 342, la « galaxie cachée ». Difficile à observer car dissimulée par la densité d'objets au sein de la Voie lactée, elle apparaît plus détaillée que jamais. Les scientifiques étudient la quantité d'étoiles de faible massemasse dispersées au sein d'IC 342.

    « La galaxie cachée » est aussi étudiée pour observer l'expansion de l'Univers. © J.-C. Cuillandre, ESA, Euclid Consortium, Nasa
    « La galaxie cachée » est aussi étudiée pour observer l'expansion de l'Univers. © J.-C. Cuillandre, ESA, Euclid Consortium, Nasa

    Occultations martiennes

    Retour à l'Observatoire royal de Greenwich, avec une photo particulièrement impressionnante de Mars, apparaissant derrière la Lune. Ethan Chappel a pu capturer au bon moment la Planète rouge avant son occultationoccultation derrière notre satellite naturel. Les détails sont particulièrement impressionnants : les cratères lunaires sont plus détaillés que jamais et les couleurscouleurs de Mars ressortent étonnamment bien.

    « <em>Mars-set</em> », un impressionant coucher de Mars derrière l'horizon de la Lune. © Ethan Chappel
    « Mars-set », un impressionant coucher de Mars derrière l'horizon de la Lune. © Ethan Chappel

    Un enfer volcanique observé de près

    La sonde spatiale JunoJuno, lancée en 2011, continue de flotter dans l'espace, photographiant JupiterJupiter et les lunes de la géante gazeusegéante gazeuse. Juno n'a pas manqué de photographier l'un des plus impressionnants satellites du Système solaire : IoIo. Cette lune galiléenne possède l'orbiteorbite la plus proche de Jupiter et recèle 400 volcans actifs à sa surface. Le satellite semble austère sur les photos de Juno. Striée de crevasses et de cratères, arborant des couleurs austères, Io fait transparaître sa stérilité à travers l'image. Au cours des prochaines années, la sonde JuiceJuice viendra orbiterorbiter autour des lunes galiléennes, rejoignant Juno, afin d'en apprendre plus sur le système jovienjovien.

    Io, lune volcanique de Jupiter, majestueusement marbrée. © Ted Stryk, Nasa, JPL-Caltech, SwRI, MSSS
    Io, lune volcanique de Jupiter, majestueusement marbrée. © Ted Stryk, Nasa, JPL-Caltech, SwRI, MSSS

    Perseverance et Ingenuity continuent de sillonner Mars

    Sur Mars, l'exploration se poursuit pour les robotsrobots de la NasaNasa. Toujours à la recherche de traces de micro-organismesmicro-organismes, PerseverancePerseverance et IngenuityIngenuity offrent une topographie améliorée de Mars aux ingénieurs du JPLJPL. Et lors de son 51e vol, le drone martien s'est élevé à plusieurs mètres pour photographier le cratère Belva, au deltadelta du cratère Jezero. Le point névralgique de l'exploration du roverrover est aussi le lieu dans lequel les scientifiques espèrent retrouver des preuves d'une vie microscopique éteinte sur la Planète rouge. Les vols continuent pour Ingenuity, constituant un véritable exploit technique : l'hélicoptèrehélicoptère de deux kilos ne devait voler que cinq fois initialement...

    Le cratère Belva photographié par le drone martien Ingenuity en avril 2023. © Thomas Appéré, Nasa, JPL
    Le cratère Belva photographié par le drone martien Ingenuity en avril 2023. © Thomas Appéré, Nasa, JPL

    Le JWST sur le pont

    L'océan gazeux d'UranusUranus resplendit d'un bleu clair sous l'œil acéré du télescope spatial James-Webbtélescope spatial James-Webb. La précision des optiques du JWST permet de détailler les anneaux de la 7e planète du Système solaire. Plusieurs astronomes de la Nasa avaient pointé la difficulté de photographier les anneaux d'Uranus, car constitués de glace et de poussière.

    Image spectaculaire de la géante de glace Uranus et ses anneaux. © Nasa, ESA, CSA
    Image spectaculaire de la géante de glace Uranus et ses anneaux. © Nasa, ESA, CSA

    Cassiopée A., la coquette

    Le 11 décembre, c'est l'instrument NIRCam (Near-Infrared CameraNear-Infrared Camera) qui se tournait vers Cassiopée A. De magnifiques couleurs irisées viennent habiller ce rémanentrémanent de supernovasupernova visible dans la constellation Cassiopée. Cette bulle de plasma extrêmement chaude est un objet d'observation privilégié. Parmi les restes de gazgaz ionisés, les chercheurs tentent d'en apprendre plus sur les étoiles massives responsables de la nucléosynthèsenucléosynthèse.

    Cassopiée A dans l'œil du James-Webb. © Nasa, ESA, CSA, STSCI, Danny Milisavljevic, Ilse De Looze, Tea Temim
    Cassopiée A dans l'œil du James-Webb. © Nasa, ESA, CSA, STSCI, Danny Milisavljevic, Ilse De Looze, Tea Temim

    L'année 2024 promet d'être riche en missions spatiales et astronautiquesastronautiques. De Chang'e 6 à Dream Chase en passant par le vol inaugural d'Ariane 6Ariane 6, de nouvelles photos viendront alimenter l'actualité des passionnés d'astronomie au cours des douze prochains mois.