Aux États-Unis, la préférence des consommateurs pourrait être en train de basculer, du régime keto au régime végétalien. Des chercheurs confirment aujourd’hui que l’un des deux a à la fois un impact plus important sur le climat et des qualités nutritionnelles moindres. Saurez-vous deviner lequel ?
au sommaire
Keto, paléo ou végan. Presque sans glucidesglucides. Riche en protéinesprotéines. Ou sans aucun produit d'origine animale. Il y en a pour tous les goûts. Mais des chercheurs de l’université de Tulane (États-Unis) se sont demandé quel est l'impact de ces différents régimes alimentaires sur notre environnement - et sur notre santé.
Les scientifiques soupçonnaient des impacts climatiques négatifs pour les régimes centrés sur la viande. Mais c'est la première fois que des régimes alimentaires tels que pratiqués par plus de 15 000 adultes aux États-Unis ont été comparés. Les résultats sont sans appel. Le régime keto - encore appelé régime cétogènerégime cétogène -, qui s'organise autour de grandes quantités de graisses et de faibles quantités de glucides, génère près de 3 kilos de dioxyde de carbone (CO2)) pour 1 000 caloriescalories consommées. Il est par ailleurs parmi les plus faibles en qualité nutritionnelle.
Moins de viande pour la planète… et notre santé
Le régime paléo, qui évite les céréales et les haricots au profit des viandes, des noix et des légumes, affiche lui aussi une empreinte carbone élevée. De 2,6 kilos de CO2 pour 1 000 calories. Et le deuxième score de qualité nutritionnelle le plus bas de tous les régimes.
À l'autre extrémité du spectrespectre, un régime végétalienvégétalien s'est avéré avoir le moins d'impact sur le climat - juste avant le régime végétarien -, générant 0,7 kilo de CO2 pour 1 000 calories consommées.
Le régime pescétarien, qui tire ses protéines animales uniquement des poissons, a obtenu les meilleurs résultats en qualité nutritionnelle. Et le troisième en matièrematière d'impact climatique.
Le régime omnivoreomnivore, finalement le plus courant de tous, se place au milieu du spectre. Aussi bien en durabilitédurabilité qu'en qualité nutritionnelle.
Ces résultats montrent qu'il est possible de réduire l'empreinte carbone de notre alimentation - rappelons que 34 % des émissions de gaz à effet de serre viennent de notre système alimentaire - tout en améliorant sa qualité nutritionnelle et sans pour autant renoncer complètement à la viande. Déjà, une étude basée sur les recherches GoogleGoogle suggère un début de désamour de la part des Américains pour le régime keto.
Pour une meilleure santé et celle de la Planète, mangeons moins de viande, suggère le Giec
Si on ne le savait pas déjà, le dernier rapport du Groupe international d'experts sur l'évolution du climat (GiecGiec) nous l'affirme de nouveau : les habitants des pays développés devraient manger moins de viande. Parce que oui, on peut manger moins de produits carnés sans pour autant ne plus en consommer du tout. La première option relève du futur que l'on souhaite vivre, puis laisser derrière nous. La seconde de la morale à laquelle on s'astreint.
Article de Julien Hernandez paru le 15/08/2019
Cela fait des décennies que nous connaissons l'impact négatif de notre consommation effrénée de produits carnés sur les émissions de gaz à effet de serre et donc sur le dérèglement climatique. Cela fait également plusieurs années que les scientifiques nous appellent à revoir la place des animaux au sein de notre régime alimentaire, tant pour notre santé que pour celle du futur de la civilisation humaine. Parce que c'est de cela qu'il s'agit. La planète, elle, s'en sortira sans nous.
Notre régime doit devenir plus durable
Plusieurs médias ont repris cette information en imputant au rapport du Giec de conseiller un régime végétarien pour toute l'humanité. Premièrement, le Giec ne conseille rien. Et deuxièmement, ce n'est pas ce qu'il énonce. Voilà ce qui est écrit dans le rapport, légèrement reformulé : « La diversification du système alimentaire peut réduire les risques liés au changement climatiquechangement climatique. Des régimes équilibrés, majoritairement végétal, tels que ceux à base de céréales, légumineuseslégumineuses, fruits et légumes, noix et graines et y intégrant une part raisonnable d'aliments d'origine animale produits dans le cadre de systèmes durables et à faibles émissionsémissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre, offrent des opportunités majeures d'adaptation et d'atténuation tout en générant d'importants avantages connexesconnexes en termes de santé humaine. »
Il est également précisé qu'il faut tenir compte de l'environnement culturel et économique d'un pays et surtout de sa consommation de viande initiale. On ne va pas demander à un pays de réduire sa consommation d'animaux, si celle-ci est déjà faible. Enfin, il est bien sûr suggéré aux politiques d'induire ces changements progressivement en les basant sur le volontariat. « Il n'est pas question de dicter aux gens ce qu'ils doivent manger », rappelle Hans-Otto Pörtner, écologueécologue et coprésident du Giec. Cette recommandation fait sens au sein de la stratégie globale du Giec concernant la déforestationdéforestation, l'agriculture et l'appauvrissement des sols.
Pourquoi rien – ou presque – ne bouge ?
La science est là pour conseiller la société. Elle ne saurait se placer au-dessus des Hommes, telle une divinité pour former une technocratie liberticide. Néanmoins, il est primordial de prendre la mesure de ce qu'elle nous dit. Si chaque individu a sa conscience morale pour soi et est libre de décider s'il souhaite ou non manger des animaux, la surconsommation entraîne des conséquences climatiques qui concernent naturellement beaucoup plus de monde. Néanmoins, elles ne sont pas uniquement climatiques et concernent les animaux eux-mêmes qu'on maltraite et à qui on manque de respect afin de produire toujours plus.
Dans la logique des accords de Paris et de la lutte pour le climat, c'est donc de la responsabilité du corps politique de promouvoir des infrastructures, des mesures économiques, agricoles, sociales, etc. pour induire l'adoption d'un régime équilibré tant pour la santé que pour l'environnement chez la population. Sans tomber dans une obscure fabrique du consentement, c'est du rôle commun entre politiques, industriels et citoyens de comprendre les intérêts d'une consommation modérée de viande. Enfin, il faut d'autant plus de mesures pour que cette viande soit le plus durable possible et accessible au plus grand nombre. Il ne faudrait pas reproduire l'erreur de mettre de côté la crise économique et sociale qui fait tant ragerage dans notre pays.