Selon plusieurs études, manger dans l'objectif de prendre soin de l'environnement permettrait de manger sain et de faire économiser des coûts faramineux aux systèmes de santé de chaque pays.


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    Climat, santé et économie. Ces trois sujets pourraient paraître plus ou moins éloignés, pourtant une composante majeure les rassemble : l'alimentation. En effet, des recherches du monde entier mettent en évidence qu'un système de production alimentaire écologique cultiverait en majorité des aliments sains et, de fait, réduirait le coût économique de nos systèmes de santé. Tout ça, c'est dans les grandes lignes. Tous les pays n'auraient pas les mêmes systèmes de production car ces derniers sont inhérents aux terres agricoles et fermières disponibles, exploitables pour l'agriculture et pour l'élevage.

    Un étudiant néozélandais en médecine, Jono Drew de l'université d'Otago, a conduit une nouvelle étude, publiée dans la revue Environnemental Health Perspective, partant du même constat initial, à savoir, que l'alimentation pensée pour le climat est bonne pour la santé et donc pour l'économie de nos systèmes sanitaires. « Nous voulions comprendre si cela se vérifie ici en Nouvelle-Zélande, et déterminer quels modèles alimentaires pourraient offrir les plus grands co-avantages dans ce contexte », détaille le futur médecin. 

    Climat, santé et économie : d'une pierre trois coups

    À l'aide de son équipe, Jono Drew a développé une base de donnéesbase de données spécifique pour évaluer le cycle de vie de nos aliments et donc leur impact sur l'environnement. Conjointement, les scientifiques ont mis en place un modèle mathématique pour calculer l'impact sur la santé de la population néozélandaise de : 

    • l'alimentation moyenne actuelle de monsieur et madame tout le monde ;
    • l'alimentation idéale, si tout le monde suivait les recommandations diététiques en vigueur. 

    In fine, leur objectif était de pouvoir estimer le coût climatique, sanitaire et économique (du système de santé) de la production et consommation alimentaire. 

    Les résultats ne sont pas surprenants et sont conformes avec ceux des études précédentes : les aliments végétaux entiers tels que les légumes, les fruits, les légumineuseslégumineuses et les grains entiers étaient beaucoup moins polluants pour le climat (1,2-1,8 kgCO2e/kgkg) que les aliments d'origine animale, en particulier les viandes rouges et transformées (12-21 kgCO2e/kg). Les investigateurs soutiennent qu'il faut se diriger vers les recommandations alimentaires en vigueur. 

    Finalement, l'étude montre qu'un changement de régime alimentaire au niveau de la population néozélandaise pourrait, en fonction de l'ampleur des changements apportés, offrir des économies d'émissionsémissions de CO2 liées au régime alimentaire de 4 à 42 % par an ainsi que des gains de santé compris entre 1 et 1,5 million de vies ajustées en fonction de la qualité et des années de vie gagnées (une seule année de vie ajustée en fonction de la qualité équivaut à une année de santé optimale) et des économies de 14 à 20 milliards de dollars pour le système de santé sur la duréedurée de vie de la population néozélandaise actuelle.

    Sans surprise, les aliments d'origine végétale sont moins polluants pour le climat que ceux d'origine animale. © Vetre, Fotolia
    Sans surprise, les aliments d'origine végétale sont moins polluants pour le climat que ceux d'origine animale. © Vetre, Fotolia

    Comment manger pour concilier climat, santé et économie ?

    Évidemment, cela va dépendre du pays ou de la région où vous résidez. Par exemple, en France, il sera possible de conserver approximativement 30 % de production d'aliments d'origine animale tout en impactant peu le climat. En effet, notre pays possède de nombreuses terres qui se prêtent exclusivement à l'élevage. L'idéal serait de nourrir les animaux principalement avec du fourrage local et, en complément, des végétaux produits localement qui ne rentrent pas en compétition avec l'alimentation humaine. Les graines de linlin ou de colza seraient de bons candidats. En plus, cela améliorerait le profil lipidique des bêtes, paramètre important en nutrition humaine.

    Cela permettrait également de conserver une part raisonnable de produits animaux pour ceux qui le souhaitent dans l'alimentation, car le véganisme généralisé est un système qui ne tiendrait pas, que ce soit d'un point de vue écologique, agricole, sanitaire, moral et politique. Néanmoins, dans les grandes lignes, où que vous habitiez, la réduction de la production d'aliments transformés et manufacturés, ainsi que d'aliments d'origine animale sera l'objectif à atteindre. Malheureusement tout cela se heurte à un défi de taille : la coordination sociale et politique de l'Homme. Jono Drew conclut d'ailleurs sur ces mots : « Une politique publique bien conçue est nécessaire dans le monde entier pour soutenir la création d'un système alimentaire mondial qui n'exacerbe plus la crise climatique, ni le fardeau des maladies non transmissibles ».