La consommation de viande est très consommatrice de ressources naturelles. Faut-il se passer totalement de produits animaux et opter pour le régime vegan pour sauver la planète ? Pas si simple, comme le montrent ces données.


au sommaire


    Il est communément admis que la production de viande a un impact considérable sur l'environnement. Selon le WWF, sur 1,5 milliard d'hectares de cultures à l'échelle de la planète, un tiers est affecté à la production d'aliments pour animaux. Et 3,4 milliards d'hectares supplémentaires servent au pâturage de ces animaux. Selon Climate Focus, l'élevage des bovins, de porcs et de poulets est responsable chaque année de la destruction de 2,8 millions d'hectares de forêt et selon la FAOFAO, il contribue à 14,5 % des émissionsémissions de gaz à effet de serre dues à l'activité humaine. 

    Produire un kg de bœuf nécessite 30 fois plus de surface et 75 % plus d’eau que pour un kg de poulet

    La viande de bœuf est de loin la plus gourmande en ressources. Alors qu'il faut 214 m² de terre et 550 litres d'eau pour produire un kilogrammekilogramme de bœuf, l'élevage porcin ne nécessite lui que 12 m² et 459 litres d'eau, celui de poulet 7 m² de terre et 313 litres d'eau. Par comparaison, produire un kilogramme de sojasoja requiert 3 m² de terre et 70 litres d'eau. De même, la production d'un kilogramme de bœuf génère 15 fois plus de gaz à effet de serre que le même poids en soja.

    Ressources nécessaires pour la production d’un kilogramme de viande, de lait ou de soja. Infographie © Freepik, C.D, Futura, d’après <em>Climate Focus</em>. 
    Ressources nécessaires pour la production d’un kilogramme de viande, de lait ou de soja. Infographie © Freepik, C.D, Futura, d’après Climate Focus

    Selon une étude parue dans Climatic Change, passer d'un régime riche en viande (plus de 100 g par jour) à un régime végétarienvégétarien permet de réduire son empreinte carbonecarbone de 1.198 kg CO2e (kg dioxyde de carbone équivalent) par an et se convertir au régime vegan économise 1.570 k CO2 par an, ce qui correspond à environ trois vols Paris-New York en avion. Une autre étude du Centre commun de recherche de la Commission européenne montre que si chaque Français passait au régime végétarien, jusqu'à 2.770 litres par personne et par jour pourraient ainsi être économisés chaque année, soit plus d'un million de litres par an.

    Un régime riche en viande génère deux fois plus de gaz à effet de serre qu’un <a title="Etre végétarien, est-ce bon pour la santé ?" href="//www.futura-sciences.com/sante/questions-reponses/nutrition-etre-vegetarien-ce-bon-sante-1180/">régime végétarien</a> excluant la viande et le poisson. Infographie © C.D, Futura, d’après <em>Scarborough, P., Appleby, P.N., Mizdrak, A. et al. Climatic Change (2014)</em>
    Un régime riche en viande génère deux fois plus de gaz à effet de serre qu’un régime végétarien excluant la viande et le poisson. Infographie © C.D, Futura, d’après Scarborough, P., Appleby, P.N., Mizdrak, A. et al. Climatic Change (2014)

    Ces chiffres sont d'autant plus inquiétants que la consommation de viande ne cesse d'augmenter dans le monde, au fur et à mesure que les habitants des pays développés se convertissent au régime « occidental ». La quantité moyenne de viande consommée par personne dans le monde a presque doublé au cours des 50 dernières années, passant de 23 kg en 1961 à 43 kg en 2014. Si la tendance actuelle se poursuit, il faudra augmenter la production agricole de 70 % d'ici 2050 pour couvrir les besoins, alerte Climate Focus.

    Les prairies absorbent plus de CO2 que les champs cultivés

    Mais tout n'est pas si simple. Beaucoup d'aliments vegan comme l'huile de coco ou l'amande sont importés et leur transport génère donc du gaz à effet de serre. De plus, les émissions varient en fonction des modes d'élevage. Une vache nourrie à l'herbe, riche en omega-3, émet ainsi 18 % de méthane en moins qu'une vache nourrie aux graines et aux tourteaux de soja. D'autre part, l'élevage en plein airair contribue au développement des prairies, qui absorbent plus de CO2 que les champs cultivés. Le fumier du bétail enrichit également les sols en carbone, les rendant plus riches et compensant ainsi une part des émissions imputable aux animaux, indiquent des chercheurs australiens

    Une autre étude de l'université de Harvard publiée dans la revue Elementa estime ainsi que si tous les habitants des États-Unis adoptaient un régime exclusivement végétal, il ne serait pas possible de nourrir tout le monde. Le régime vegan permet ainsi de nourrir 735 millions de personnes, alors qu'un régime ovo-lacto-végétarienovo-lacto-végétarien (autorisant les œufs et les produits laitiers) en nourrit 787 millions et un régime lacto-végétarien (autorisant les produits laitiers) 807 millions. Les chercheurs expliquent qu'avec un régime vegan, certains terrains non adaptés aux cultures végétales comme les prairies sont alors « gaspillés ».

    Le régime exclusivement vegan permet de nourrir moins de monde que le régime végétarien. Infographie © C.D, Futura, d’après <em>Peters, C.J. et al., Elem Sci Anth (2016) </em>
    Le régime exclusivement vegan permet de nourrir moins de monde que le régime végétarien. Infographie © C.D, Futura, d’après Peters, C.J. et al., Elem Sci Anth (2016) 

    Ce qu'il faut retenir, c'est qu'une diminution de sa consommation de viande ne peut être que bénéfique à la planète. Elle est aussi bonne pour la santé, car on sait que manger trop de viande augmente les risques cardiovasculaires, d'obésité et de cancer. Mais bannir totalement la viande n'est pas une obligation pour la survie de la planète.