Les zoonoses sont des maladies transmises par les animaux. Elles apparaissent lors d’épidémies soudaines, comme le Sras ou la grippe aviaire, ou bien sont endémiques, comme la peste ou la tularémie. Quels animaux sont des réservoirs de zoonose, comment les attrape-t-on, et quels sont leurs symptômes ? Zoom sur 10 zoonoses qui rôdent toujours.


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    Les animaux ont beau être nos amis, ils sont aussi vecteurs de maladies, appelées zoonoses. On estime ainsi que 60 % des maladies infectieuses et 75 % des maladies émergentes décrites chez l'Homme sont d'origine animale. Parfois inoffensif chez leur hôte, l'agent pathogène peut se révéler mortel chez l'humain.

    Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère)

    • Agent : coronavirus SARS-CoV.
    • Mode de contamination : gouttelettes de salive de personnes infectées, contact avec des objets contaminés.
    • Animal réservoir : chauve-sourischauve-souris. Hôte intermédiaire : civette.
    • Symptômes : fièvre, frissons, toux, gêne respiratoire, essoufflement, malaise général. Le taux de létalité global est de 15 %, et jusqu'à 50 % chez les plus de 65 ans.
    • Épidémiologie : 8.300 cas recensés entre novembre 2002 et mai 2003, essentiellement en Chine. Sept cas probables en France dont un décès.
    Le coronavirus SARS-CoV. © Institut Pasteur 
    Le coronavirus SARS-CoV. © Institut Pasteur 

    Leptospirose

    • Agent : bactériebactérie (Leptospira interrogans).
    • Animal réservoir : rongeursrongeurs, chevaux, bovins, porcs, chienschiens.
    • Mode de contamination : par la peau lésée et les muqueusesmuqueuses, via l'urine contaminée.
    • Symptômes : fièvre, frissons, maux de tête, douleursdouleurs musculaires et articulaires, pouvant évoluer vers un syndromesyndrome hémorragique, une atteinte rénale, hépatique méningée ou pulmonaire. La leptospirose est mortelle dans 5 à 20 % des cas.
    • Épidémiologie : 600 personnes chaque année en France, un million au niveau mondial pour les formes graves.
    L'agent de la leptospirose, <em>Leptospira interrogans</em>. © Antoinette Ryter, Institut Pasteur 
    L'agent de la leptospirose, Leptospira interrogans. © Antoinette Ryter, Institut Pasteur 

    Ebola

    • Agent : Ebolavirus (Zaïre, Bundibugyo, Soudan, Reston, Forêt de Taï et Bombali).
    • Mode de contamination : contact direct avec le sang et avec des liquidesliquides biologiques de personnes infectées.
    • Animal réservoir : chauve-souris. Hôte intermédiaire : singe.
    • Symptômes : apparition brutale de fièvre élevée, faiblesse intense, douleurs musculaires, maux de tête, irritation de la gorge. Par la suite, vomissements, diarrhéesdiarrhées, éruptions cutanéeséruptions cutanées et dans certains cas, hémorragies internes et externes. Le taux de mortalité va de 25 % à 90 %.
    • Épidémiologie : plusieurs épidémiesépidémies restreintes en République démocratique du Congo (RDC), Ouganda et Congo (1.590 morts entre 1995 et 2007). La principale flambée a sévi en Afrique de l'Ouest entre 2014 et 2016 (28.000 cas dont plus de 11.000 décès). Depuis 2019, on observe une nouvelle recrudescence en RDC.
    Le virus Ebola. © Pierre Gounon et Bernard Leguenno, Institut Pasteur
    Le virus Ebola. © Pierre Gounon et Bernard Leguenno, Institut Pasteur

    Fièvre de Lassa

    • Agent : arénavirus.
    • Mode de contamination : contact avec l'urine ou les excréments de l'animal.
    • Animal réservoir : rongeur (Mastomys natalensis).
    • Symptômes : dans 80 % des cas, la fièvre de Lassa est asymptomatique. Signes cliniques les plus fréquents : fièvre, vomissements, nausées, douleurs abdominales, maux de tête, douleurs musculaires, fatigue intense. Dans les formes graves : hémorragies, œdèmesœdèmes, épanchements péricardiques et pleuraux. Le taux de mortalité est de 1 %.
    • Épidémiologie : la fièvre de Lassa est endémiqueendémique dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, où il infecte de 100.000 à 300.000 personnes par an.
    Le virus de la fièvre de Lassa. © Kateryna_Kon, Adobe Stock
    Le virus de la fièvre de Lassa. © Kateryna_Kon, Adobe Stock

    Peste

    • Agent : bactérie (Yersinia pestisYersinia pestis).
    • Mode de contamination : inhalationinhalation de gouttelettes respiratoires de personnes contaminées, contact avec des liquides corporels infectés, piqûres de puces.
    • Animal réservoir : petits mammifèresmammifères (transmission aussi par la puce).
    • Symptômes : il existe 2 formes cliniques principales : la peste buboniquepeste bubonique et la peste pulmonairepeste pulmonaire. La peste bubonique se traduit par une forte fièvre et un bubonbubon lymphatique autour de la piqûre pouvant évoluer vers une septicémiesepticémie mortelle. Le taux de létalité va de 30 % à 60 % pour la forme bubonique et presque 100 % dans la forme pulmonaire en l'absence de traitement.
    • Épidémiologie : 3.248 cas de peste dans le monde entre 2010 et 2015, dont 584 mortels. Les foyers les plus importants sont la République démocratique du Congo, l'Ouganda et surtout Madagascar (entre 250 et 500 cas par an). En France, le dernier cas date de 1945 (Corse).
    L'agent de la peste <i>Yersinia pestis</i>. © Institut Pasteur
    L'agent de la peste Yersinia pestis. © Institut Pasteur

    Grippe aviaire

    • Agent : virusvirus de type A (principalement H5N1 et H7N9).
    • Mode de contamination : contact direct avec les volailles infectées, très rares cas de transmission interhumaine.
    • Animal réservoir : oiseaux sauvages ou domestiques.
    • Symptômes : syndrome grippal (fièvre, maux de tête, toux..), puis difficultés respiratoires pouvant évoluer vers une pneumoniepneumonie et un syndrome de détresse respiratoire aiguë et un choc septique.
    • Épidémiologie : 562 cas entre 2003 et 2011 pour le virus H5N1virus H5N1, dont 329 mortels, principalement en Chine, en Indonésie et au Vietnam. Depuis 2013, 1.500 cas de grippe H7N9 ont été recensés en Chine.
    Le virus de la grippe aviaire. © 4designersart, Adobe Stock
    Le virus de la grippe aviaire. © 4designersart, Adobe Stock

    Rage

    • Agent : rhabdovirus.
    • Mode de contamination : morsuremorsure ou griffure de l'animal contaminé, ou léchage sur une peau lésée.
    • Animal réservoir : animaux sauvages (chauve-souris, renard) et chien.
    • Symptômes : après une longue phase asymptomatique (plusieurs jours à plusieurs mois), le patient développe une dysphagiedysphagie, une paresthésie et des troubles neuropsychiatiques (anxiété, agitation, hydrophobehydrophobe). Le décès survient en quelques jours par arrêt cardiorespiratoire. La forme paralytique (30 % des cas) a une évolution plus longue, avec une paralysie progressive des muscles à partir de l'endroit de la morsure. La rage est mortelle dans quasiment 100 % de cas.
    • Épidémiologie : 59.000 décès annuels dans le monde, principalement en Asie et en Afrique. Vingt-neuf millions de personnes sont vaccinées après avoir été mordues.
    Le virus de la rage. © Pascu Atanasiu, Institut Pasteur
    Le virus de la rage. © Pascu Atanasiu, Institut Pasteur

    Tularémie (fièvre du lièvre)

    • Agent : bactérie (Francisella tularensis).
    • Mode de contamination : contact direct avec des animaux infectés ou par piqûre de tique, inhalation par voie aérienne, consommation de viande ou d'eau contaminée.
    • Animal réservoir : mammifères sauvages, essentiellement rongeurs (campagnol, mulot...). Hôtes intermédiaires : lapin, lièvre, chevreuilchevreuil.
    • Symptômes : la forme la plus courante est la tularémie ulcéro-glandulaire, avec une ulcération au point d'entrée de la bactérie, entourée d'un érythème avec parfois une suppuration. Il existe aussi des formes oculaireoculaire, thyphoïde, pharyngée ou pulmonaire selon la voie de contamination. Les taux de mortalité varient de 5 % jusqu'à 30 % pour les formes pulmonaire et typhoïdique.
    • Épidémiologie : principalement, les zones boisées de l'hémisphère Nordhémisphère Nord (surtout le Canada et les États-Unis), où l'on trouve les formes les plus sévères. En Europe, les pays scandinaves et les Balkans sont les plus touchés. En France, on recense environ 30 à 130 cas par an.
    L'agent de la tularémie <i>Francisella tularensis</i>. © Institut Pasteur
    L'agent de la tularémie Francisella tularensis. © Institut Pasteur

    Maladie des griffes du chat

    • Agent : bactérie (Bartonella henselae).
    • Mode de contamination : griffure, morsure ou léchage d'une peau liée, transmission par la puce.
    • Animal réservoir : chat.
    • Symptômes : papule ou pustule inflammatoire, accompagnée d'un état fébrilefébrile (myalgies, anorexieanorexie, asthénieasthénie). La guérisonguérison est spontanée dans 90 % des cas. Dans 5 à 10 % des cas, la maladie des griffes du chat donne lieu à des complications (suppuration, arthritearthrite, atteinte neurologique, ophtalmique ou pulmonaire).
    • Épidémiologie : 6,6 cas pour 100.000 habitants.
    L'agent de la maladie des griffes du chat <i>Bartonella henselae</i>. © Kateryna_Kon, Adobe Stock
    L'agent de la maladie des griffes du chat Bartonella henselae. © Kateryna_Kon, Adobe Stock

    Brucellose

    • Agent : bactérie Brucella, principalement B.melitensis, B.arbotus et B.suis.
    • Mode de contamination : contact direct ou par les sécrétionssécrétions et excréments des animaux malades, ingestioningestion de viande insuffisamment cuite, de lait ou fromage cru, ou par inhalation de poussières.
    • Animal réservoir : bovins, ovins et caprins et animaux sauvages (sangliersanglier, cerf, bison, cariboucaribou, lièvre...).
    • Symptômes : frissons, fièvre, céphaléescéphalées intenses, douleurs articulaires, malaise général. La brucellose est fatale dans moins de 5 % des cas, lorsque l'infection touche le cerveaucerveau, les méningesméninges ou les valvules cardiaques.
    • Épidémiologie : la brucellose est rare en Amérique du Nord et en Europe, mais plus courante au Moyen-Orient (environ 100 cas pour 100.000 personnes par an), autour de la Méditerranée, au Mexique et en Amérique centrale et du Sud (zones d'élevage).
    L'agent de la brucellose <i>Brucella</i>. © fotovapl, Adobe Stock
    L'agent de la brucellose Brucella. © fotovapl, Adobe Stock