L’hypothèse controversée de la chute d’un astéroïde sur Terre à l’époque historique vient d’être remise en scène par une nouvelle étude, qui a récolté un faisceau d’indices allant dans ce sens. Cet impact aurait eu des conséquences sur la globalité de la Terre, causant un refroidissement global à l’origine de la disparition de nombreuses espèces et de civilisations humaines.


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    Il y a 12.800 ans, une conjonctionconjonction d'évènements a causé une série de catastrophes sur Terre. Le climat s'est brusquement refroidi, les températures chutant de 7 °C dans l'hémisphère Nord et jusqu'à 10 °C au Groenland. Les forêts boréales ont laissé place à la toundra. D'immenses incendies de forêt ont embrasé de vastes régions du globe, causant un obscurcissement durable de l'atmosphèreatmosphère. De nombreux gros herbivoresherbivores ont disparu, à l'instar du mammouth, du tigre à dents de sabretigre à dents de sabre ou du Megatherium, un paresseuxparesseux terrestre géant. Cette époque marque aussi le déclin de la population nord-américaine et la fin de la culture Clovis.

    La chute d’une météorite à l’origine du refroidissement du Dryas récent

    Plusieurs théories ont été avancées pour expliquer cette mini glaciationglaciation, qui a d'ailleurs inspiré le film catastrophe Le Jour d'après : une modification des courants de l’océan Atlantique, une diminution de l'activité solaire, des émissionsémissions massives de cendres volcaniques, ou même l'explosion d'une supernovasupernova. En 2007, une équipe de 26 chercheurs a publié une étude retentissante, affirmant avoir trouvé les preuves que le refroidissement du DryasDryas récent était dû à la chute d’une météorite, qui aurait causé une suite de réactions en chaîneréactions en chaîne cataclysmiques. Cette hypothèse, connue sous le nom « hypothèse de l'impact cosmique du Dryas récent », a fait depuis l'objet de multiples articles et controverses, certains scientifiques doutant qu'un impact local ait pu engendrer autant de conséquences sur toute la surface de la planète. Mais les indices se sont aussi accumulés en faveur de cette théorie. Christopher Moore, archéologue à l'université de Caroline du Sud, a entrepris de rassembler ces « preuves » pour affiner son scénario.

    Une catastrophe survenue il y a 12.800 ans a provoqué l’embrasement de près de 10 % des forêts de la planète. © Glenn Beltz, Flickr
    Une catastrophe survenue il y a 12.800 ans a provoqué l’embrasement de près de 10 % des forêts de la planète. © Glenn Beltz, Flickr

    Du platine d’origine extraterrestre ?

    Le résultat, publié le 22 octobre dans la revue Scientific Reports, s'appuie notamment sur des sédimentssédiments récoltés au fond du lac de White Pond, en Caroline du Sud. Ces sédiments, accumulés depuis 20.000 ans au fond du lac, contiennent des teneurs inhabituelles de platineplatine. « On trouve certes du platine à l'état naturel dans la croûte terrestrecroûte terrestre, mais en très petites quantités, explique Christopher Moore. Le fait qu'il y ait beaucoup plus de platine que de palladiumpalladium suggère que ce platine provient d'une source extérieure, comme les retombées atmosphériques d'une comètecomète », précise-t-il. Ces traces de platine correspondent à celles identifiées sur d'autres sites, dont le Groenland, où un cratère récent a été identifié qui pourrait être celui de l'impact de la météoritemétéorite (même s'il n'a pas pu être daté).

    Les spores fongiques associées aux excréments des gros herbivores ont soudainement diminué dans les sédiments de cette époque. © Angelina G. Perrotti
    Les spores fongiques associées aux excréments des gros herbivores ont soudainement diminué dans les sédiments de cette époque. © Angelina G. Perrotti

    Des morceaux de météorite projetés un peu partout sur la planète

    Un faisceau d'autres éléments viennent appuyer le scénario de Moore :

    • une forte augmentation de la suiesuie dans les sédiments, signe d'incendies de forêt régionaux à grande échelle qui auraient été provoqués par la météorite ;
    • une diminution des spores fongiques, habituellement associées aux excréments des grands herbivores, ce qui confirme le déclin soudain de la mégafaunemégafaune à cette époque.

    Christopher Moore cite également de précédentes études, qui ont montré une concentration anormale d'iridiumiridium et de nanodiamants et de sphérules (des minuscules billes de verre formées à partir de la fusion de roches lors d'un impact violent) à différents endroits du globe.

    Pour expliquer l'éparpillement de toutes ces traces sur les différents continents, Moore affirme que l'astéroïdeastéroïde a pu se fragmenter en petits morceaux lors du crash, provoquant de multiples impacts jusqu'en Amérique du Sud et une modification des courants aériens. L'impact cosmique aurait également déclenché la rupture des glaciersglaciers, déversant une énorme massemasse d'eau douceeau douce dans l'Atlantique Nord, affectant la circulation océanique et plongeant la Terre dans un climat froid.

    Une hypothèse controversée

    Ces nouvelles preuves suffiront-elles à convaincre les scientifiques sceptiques, qui se sont appliqués à démolir la théorie de la comète à coups de contre-études ? « Tous les évènements survenus à cette époque ne peuvent pas s'expliquer par la seule cause extraterrestre », avançait Wallace Broecker, géochimiste à l'université de Colombia, dans le journal National Geographic en 2013. « Si un astéroïde s'est bien écrasé, il est possible qu'il n'ait fait qu'amplifier ou accélérer un phénomène qui aurait eu lieu de toutes façons. »


    Une comète aurait frappé la Terre il y a 13.000 ans, indique une stèle retrouvée

    Article de Jean-Luc GoudetJean-Luc Goudet publié le 27/04/2017

    En Turquie, dans un site archéologique très ancien, plus vieux que l'agricultureagriculture, des roches sculptées et assemblées défient les archéologues depuis un demi-siècle. Deux chercheurs ajoutent une touche de merveilleux à ces mystères : des dessins représenteraient le ciel, avec des constellationsconstellations, mais aussi une chute de comète. À cette époque, en effet, l'hémisphère nord subissait un grop coup de froid, peut-être dû à un impact. Mais l'hypothèse est très spéculative et les arguments un peu faibles...

    Sept mille ans avant les premières pyramides, des Hommes ont sculpté des pierres énormes pour en faire des colonnes ou des totems, judicieusement disposés, gravées de signes symboliques et de représentations d'animaux. Nous sommes à la fin du Mésolithique, dans une région située aujourd'hui au sud-est de la Turquie, et les humains de l'époque n'ont pas encore domestiqué le chienchien ni mis au point l'agriculture. Homo sapiens est alors surtout un chasseur-cueilleurchasseur-cueilleur.

    Quelques millénaires plus tard, vers 8.000 avant J.C., d'autres Hommes ont soigneusement, et inexplicablement, enterré le site sous une butte de terre de 300 m de large sur 15 m de hauteur. Depuis les années 1960, devenu site archéologique, l'endroit a été baptisé Göbekli Tepe, une expression turque qui peut être traduite par « colline avec un nombril », ou « colline ventrue ». C'est en effet ce que peut évoquer cette butte avec ses constructionsconstructions dégagées par une excavation grossièrement circulaire.

    Un détail de la colonne 8. En bas (b), le renard est interprété comme une constellation. En a et c, les courbes en croissant représenteraient la comète en train de tomber. L’analyse se fonde sur une série de dessins, comparés, statistiquement, aux formes des constellations. © Martin Sweatman, Dimitrios Tsikritsis, <em>Mediterranean, Archaeology and Archaeometry</em>
    Un détail de la colonne 8. En bas (b), le renard est interprété comme une constellation. En a et c, les courbes en croissant représenteraient la comète en train de tomber. L’analyse se fonde sur une série de dessins, comparés, statistiquement, aux formes des constellations. © Martin Sweatman, Dimitrios Tsikritsis, Mediterranean, Archaeology and Archaeometry

    Que signifient ces gravures vieilles de 13.000 ans ?

    La nature de ces ouvrages, alors qu'aucune cité ni société sédentaire ne semblaient établies aux alentours, reste toujours inconnue. Martin Sweatman et Dimitrios Tsikritsis, de l'université d'Édimbourg, viennent de publier une interprétation toute nouvelle des gravuresgravures, en partant d'une hypothèse originale : elles représenteraient des constellations. Leur point de départ, expliquent-ils dans la revue Mediterranean Archaeology and Archaeometry, est un bas-relief dessinant un scorpion sur l'une des colonnes, un motif souvent associé à une constellation. Les auteurs conviennent que cet animal peut aussi symboliser bien d'autres choses mais ils ont poursuivi leur idée par une analyse statistique pour voir si les autres dessins, de cette même colonne et d'autres, pouvaient représenter des astérismesastérismes, en reproduisant le ciel de l'époque dans cette région. Ils citent Michael Rappenglück, de l'université de Munich, qui a proposé la même interprétation pour les dessins de la grotte de Lascaux. Ils ne citent pas, cependant, Chantal Jègues-Wolkiewiez, qui a fait de même.

    Selon eux, les formes géométriques de plusieurs gravures des colonnes 43, datées de 10.950 ans avant J.C. (+/- 250 ans d'après l'article), 2, 18 et 38 pourraient correspondre à celles de constellations. On peut s'étonner de ce que les auteurs, dans leur démonstration, s'appuient sur les constellations que nous connaissons aujourd'hui, alors que ces interprétations sont arbitraires. Elles nous viennent effectivement de loin, bien avant les Grecs, et on en retrouve les traces en Mésopotamie. Peut-on pour autant les faire remonter à -13.000 ans, sans altération de leur forme ?

    Le saviez-vous ?

    Ce n’est pas la première fois qu’un impact est suspecté à l’époque historique. Marie-Agnès Courty, géologue, spécialiste de l’analyse des sols de sites archéologiques, avait apporté de solides arguments qui indiquent un évènement de ce genre survenu il y a seulement 4.000 ans.

    Comme elle l’avait expliqué à Futura, une couche stratigraphique très particulière, qu’elle appelle « couche 4000 BP » et composée de matériaux qui ont été portés à environ 1.500 °C, a été retrouvée autour de la Méditerranée et jusqu’en Irlande. Des restes d’organismes planctoniques qui s’y trouvent appartiennent à des espèces caractéristiques de l’Antarctique.

    Une couche semblable, bien plus épaisse, est retrouvée au sud de l’océan Indien, ce qui plaide pour un impacteur dans cette région. Cependant, l’absence d’iridium et de traces de cratères empêchent une démonstration indubitable.

    Une comète, en effet, est peut-être tombée à cette époque

    Les auteurs vont plus loin et interprètent des dessins en forme de serpent ou de boucle de ceinture gravés sur la colonne 18 comme la représentation d'une comète traversant l'atmosphère et impactant la Planète. Leur argument principal est que sa datation (environ -13.000 ans, donc) correspond au Dryas récent, un refroidissement brutal de plus d'un millénaire, et terminé tout aussi brusquement. Et, justement, l'hypothèse d'un impact cométaire est toujours en lice pour expliquer cet évènement, qui a provoqué la disparition d'espèceespèce, peut-être des mammouthsmammouths.

    Voir aussi

    Les mammouths auraient disparu à cause d’une comète

    En Amérique du Nord, la civilisation dite de Clovis, a disparu à cette époque, peut-être à cause de ce changement climatiquechangement climatique. Dans cette vision, expliquent-ils, la forme en boucle de ceinture figurerait la forme de la boule de feufeu et le renard une forme de filouterie, à moins qu'il ne représente qu'une constellation. Les auteurs rapprochent d'autres dessins de phénomènes célestes, comme une sorte de croissant qui représenterait l'éclipseéclipse temporaire du soleilsoleil.

    Reste que l'interprétation n'est pas indiscutablement démontrée par cette étude. Comme l'hypothèse des dessins astronomiques dans la grotte de Lascaux, l'idée est séduisante et il est difficile d'imaginer que les humains d'alors étaient indifférents au spectacle du ciel. Si, en plus, une comète venait à s'écraser, il est vraisemblable que l'évènement a marqué les populations pour plusieurs générations. On aimerait, cependant, une démonstration plus solidesolide.