La tuberculose, maladie ayant sévi au XIXe siècle et ayant affecté des figures emblématiques telles que Frédéric Chopin, John Keats et Emily Brönte, semble faire un retour en force en 2023, avec une augmentation notable des cas enregistrés. Cela soulève la question de savoir si la tuberculose représente toujours une menace pour la santé.


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    La tuberculose (TB) est une maladie infectieuse causée par une bactérie appelée Mycobacterium tuberculosisMycobacterium tuberculosis. Elle affecte principalement les poumons, mais peut également toucher d'autres parties du corps, telles que les reins, la colonne vertébrale et le cerveau - on parle alors de tuberculosetuberculose extra-pulmonaire.

    Découvrez l'histoire de Typhoid Mary, la première porteuse saine identifiée de l'Histoire, mais aussi et ainsi, meurtrière malgré elle. © Futura

    Mycobacterium tuberculosis est une bactérie aérobie, ce qui signifie qu'elle se développe en présence d'oxygène et se transmet donc par voie aérienne - lorsqu'une personne infectée tousse ou éternue, par exemple. Elle a une paroi cellulaire épaisse qui la rend résistante à de nombreux agents chimiques et aux attaques du système immunitairesystème immunitaire.

    La tuberculose, deux maladies

    Il existe deux types de tuberculoses : l'infection tuberculeuse latente (ITL) et la tuberculose « maladie » (ou contagieuse).

    Dans la tuberculose latente, Mycobacterium tuberculosis est présente dans l'organisme, mais elle est en dormance. Cela signifie que les agents pathogènespathogènes ne se multiplient pas et ne provoquent pas de symptômessymptômes. Les personnes atteintes de tuberculose latente ne sont pas contagieuses, puisque la bactérie n'est pas active et ne se propage pas. Si de nombreuses personnes avec une tuberculose latente n'auront jamais de symptômes actifs de la maladie, cette forme d'infection peut tout de même évoluer vers une tuberculose contagieuse, notamment chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli. 

    La tuberculose latente peut muer en tuberculose contagieuse, notamment chez les personnes immunodéprimées, d'où une incidence plus élevée chez les patients atteints du VIH. © Charlize Davids/peopleimages.com, Adobe Stock
    La tuberculose latente peut muer en tuberculose contagieuse, notamment chez les personnes immunodéprimées, d'où une incidence plus élevée chez les patients atteints du VIH. © Charlize Davids/peopleimages.com, Adobe Stock

    Ce qui nous mène tout droit vers la tuberculose maladie. Cette forme se caractérise par la multiplication active de Mycobacterium tuberculosis, provoquant des symptômes chez l'individu infecté. Cela implique généralement une toux persistante, parfois accompagnée d'expectorationsexpectorations (crachats)  sanglantes. A cela s'ajoutent fièvrefièvre, perte de poids, fatigue importante et des sueurs nocturnesnocturnes. Un traitement médicamenteux est nécessaire pour guérir la tuberculose active. Il consiste généralement en une combinaison d'antibiotiquesantibiotiques pris sur une période prolongée, souvent plusieurs mois. Le meilleur moyen reste encore d'avoir recours à un vaccin appelé le Bacille de Calmette et GuérinBacille de Calmette et Guérin (BCG), qui offre une certaine protection contre la maladie, en particulier chez les enfants. Cependant, il n'empêche pas toujours l'infection pulmonaire.

    Une maladie multi-millénaire

    Des preuves archéologiques suggèrent que la tuberculose a affecté des populations humaines depuis au moins 9 000 ans. Des squelettes de l'âge de pierreâge de pierre montrent notamment des signes de tuberculose osseuse, indiquant que la maladie existait même à cette époque reculée. Au cours de la Grèce antique, HippocrateHippocrate, souvent considéré comme le père de la médecine, a décrit des symptômes similaires à ceux de la tuberculose dans ses écrits. Par la suite, la maladie a continué d'affecter les populations européennes au Moyen Âge et à la Renaissance.

    La tuberculose est ancienne et continue de tuer mais est associée, dans l'imaginaire collectif, au XIXe siècle qui a vu une flambée de contaminations et de nombreux décès. © 9nong, Adobe Stock
    La tuberculose est ancienne et continue de tuer mais est associée, dans l'imaginaire collectif, au XIXe siècle qui a vu une flambée de contaminations et de nombreux décès. © 9nong, Adobe Stock

    Mais c'est surtout au XIXe siècle qu'elle se fait connaître, provoquant une épidémie majeure en Europe et en Amérique du Nord, et favorisée par des zones urbaines surpeuplées, la pauvreté et le manque d'assainissementassainissement. Au début du 20e siècle, et jusqu'à la découverte des antibiotiques, le traitement de la tuberculose repose sur le calme, l'airair frais et la lumièrelumière du soleilsoleil. Les sanatoriums étaient des établissements spécifiquement conçus pour isoler les personnes atteintes de tuberculose et leur proposer des conditions favorables à la guérison.

    La forme la plus dangereuse : la tuberculose multi-résistante

    La découverte de la streptomycine dans les années 1940 révolutionne le traitement de la tuberculose. Cet antibiotique permet de traiter efficacement la maladie et de réduire considérablement sa prévalenceprévalence. En 1993, la maladie jusqu-là en recul refait une percée, au point que l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS) déclare la tuberculose comme une urgence mondiale en raison de l'augmentation des cas de tuberculose multirésistante (MR-TB), une forme dans laquelle les bactéries responsables de la maladie présentent une résistancerésistance à au moins deux des médicaments les plus puissants et couramment utilisés : l'isoniazide et la rifampicine. A l'origine de cette flambée épidémique : l'infection par le VIHVIH, qui a rendu les personnes plus vulnérables à la tuberculose.

    Les années 90 ont vu la montée d'une forme de tuberculose résistante aux traitements, encore plus longue à traiter et présente partout dans le monde. © SB Arts Media
    Les années 90 ont vu la montée d'une forme de tuberculose résistante aux traitements, encore plus longue à traiter et présente partout dans le monde. © SB Arts Media

    Une maladie qui pourrait tuer moins...

    En 2018, la tuberculose devient la maladie infectieuse la plus mortelle au monde, devant le sidasida. L'Inde, la Chine et l'Indonésie sont les pays les plus touchés, « mais la tuberculose reste un problème de santé publique majeur dans de nombreux pays industrialisés, surtout quand il s'agit des formes multi-résistantes, qui sont particulièrement difficiles et longues (> 2 ans) à soigner », détaille l’Institut Pasteur sur son site internetinternet. Les cas tendent même à augmenter.

    En cause : des défaillances dans la détection et la prise en charge par les Centres de lutte anti-tuberculose lors de la pandémie de Covid-19, mais aussi une diminution « des investissements mondiaux destinés à la lutte contre la tuberculose », selon l’Organisation Mondiale de la Santé. Cette situation dramatique peut être corrigée, estime l'OMS, qui  « appelle les pays à mettre en place des mesures urgentes pour rétablir l'accès aux services essentiels de lutte contre la tuberculose. Il appelle en outre à doubler les investissements dans la recherche et l'innovation en matièrematière de tuberculose ainsi qu'à une action concertée dans l'ensemble du secteur de la santé et d'autres secteurs pour s'attaquer aux déterminants sociaux, environnementaux et économiques de la tuberculose et à ses conséquences. »