Les premières formes de vie ayant respiré l’oxygène de l’atmosphère sur les continents l’auraient fait il y a 2,48 milliards d’années si l’on en croit des géochimistes. Ces bactéries aérobies seraient donc apparues 100 millions d’années plus tôt qu’on ne le pensait.

au sommaire


    L'odyssée de l'organisation de la matière du Big Bang au vivant présente encore bien des zones d'ombres, notamment au moment de l'évolution de la vie sur Terre pendant l'ArchéenArchéen. Plusieurs hypothèses pour expliquer son apparition ont été proposées, l'une des dernières fait intervenir des volcans de boue.

    On sait cependant qu'à un moment de l'histoire de la biosphèrebiosphère, la découverte de la photosynthèse a été faite par des organismes primitifs, très probablement des bactériesbactéries. Mais cette première s'étant produit dans l'océan, pendant des centaines de millions d'années, l'oxygène libéré par des organismes photosynthétiques, comme ceux à l'origine des stromatolithesstromatolithes, est resté dissous dans l'eau des mers.

    Il y a environ 2,4 milliards d'années, la quantité d'oxygène libérée a été suffisante pour réagir avec tout le fer en solution de l'océan mondial. Celui-ci a précipité et à cette époque, les plages avaient la couleur de la rouille... Les spécialistes en géosciences nomment cet événement Grande Oxydation (Great Oxygenation Event ou GOE en anglais), ou encore de crise de l'oxygènecrise de l'oxygène. En effet, pour beaucoup d'organismes vivants de l'époque, une telle quantité d'oxygène était toxique. C'est à ce moment aussi que le taux d'oxygène de l'atmosphèreatmosphère a commencé à augmenter très significativement.

    Au moment de la Grande Oxydation, l'oxygène dissous dans l'océan a commencé à être libéré dans l'atmosphère. © layoutsparks.com

    Au moment de la Grande Oxydation, l'oxygène dissous dans l'océan a commencé à être libéré dans l'atmosphère. © layoutsparks.com

    La question se pose naturellement de savoir à quel moment de son histoire la vie sur les continents a commencé à respirer cette atmosphère nouvellement enrichie en oxygène. Si l'on en croit un article publié dans Nature par une équipe internationale de chercheurs, cela serait arrivé rapidement pendant la période du GOE, plus précisément, il y a 2,48 milliards d'années.

    La respiration des bactéries trahie par le chrome

    Pour parvenir à cette conclusion remarquable, les géochimistes ont analysé la quantité de chromechrome présent dans les sédimentssédiments accumulés sur les bords des océans. Ils ont observé qu'elle avait brusquement augmenté à cette époque.

    Selon eux, ce chrome proviendrait indirectement de l'oxydationoxydation des pyritespyrites des continents. De nos jours, ce phénomène se produit, justement, sous l'action des bactéries aérobiesaérobies. En oxydant les pyrites, ces microorganismesmicroorganismes provoquent la formation d'un acideacide qui attaque les roches et les sols pour libérer un cocktail de minérauxminéraux, dont le chrome. Entraîné par les eaux de ruissellement et les cours d'eau, ce chrome atteint finalement les rivages des continents où il se dépose, piégé dans les sédiments.

    Si les chercheurs ont raison, les premières bactéries aérobies ont donc commencé à respirer sur les continents 100 millions d'années plus tôt que ce que l'on pensait jusqu'à présent.