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    Aussi divers que variés les modes de vie des différentes mouches nécessiteraient un volume à eux tous seuls, nous allons donc prendre quelques cas seulement.

    Accouplement chez la mouche <em>Musca domestica.</em> © Tomascastelazo, <em>Wikimedia commons</em>, CC by-sa 3.0
    Accouplement chez la mouche Musca domestica. © Tomascastelazo, Wikimedia commons, CC by-sa 3.0

    La mouche domestique, une compagne de toujours !

    On recense en France environ 600 espècesespèces de mouches. L'espèce la plus répandue est la mouche domestique : Musca domestica.

    Cycle de développement. © Université du Nebraska - Reproduction et utilisation interdites
    Cycle de développement. © Université du Nebraska - Reproduction et utilisation interdites

    La vie moyenne d'une mouche femelle est de 21 jours et de 17 jours pour un mâle. Durant son stade adulte, la femelle pond entre 400 et 600 œufs sur des matières organiques humides (litièreslitières, fumiers, bouses...).

    <em>Lucilia sp</em>. larves. © <a target="_blank" href="http://aramel.free.fr">http://aramel.free.fr</a>. © DR - Tous droits réservés
    Lucilia sp. larves. © http://aramel.free.fr. © DR - Tous droits réservés

    L'œuf éclos (1 à 2 jours) donne une larvelarve (9 à 10 jours ), très vorace qui muemue plusieurs fois. La larve représente la moitié de l'existence de la mouche.

    <em>Lucilia sp </em>pupes. © <a target="_blank" href="http://aramel.free.fr">http://aramel.free.fr</a> - Tous droits réservés
    Lucilia sp pupes. © http://aramel.free.fr - Tous droits réservés

    Ensuite elle se transforme en pupepupe (1 à 2 jours) pendant un temps plus ou moins long, stade immobile pendant lequel s'effectue la métamorphosemétamorphose. De là une imagoimago ou mouche adulte (9 à 10 jours) qui se nourrit peu ou pas du tout selon les espèces, et se reproduit de manière à boucler le cycle.

    Accouplement de la mouche. © C König - Reproduction et utilisation interdites
    Accouplement de la mouche. © C König - Reproduction et utilisation interdites

    Dans le deuxième cas l'accouplementaccouplement ne peut se réaliser que si la femelle a reçu son petit cadeau de la part du mâle. Mais il n'y a pas semble-t-il dans ce cas de prédation sur le mâle comme chez certaines araignées (qui ne sont pas des InsectesInsectes, rappelons-le tout de même).

    <em>Empis tesselata</em> accouplement. © C König - Reproduction et utilisation interdites
    Empis tesselata accouplement. © C König - Reproduction et utilisation interdites

    Toute la vie de l'imago est tournée vers la reproduction au détriment des autres fonctions.

    La multiplication de la mouche

    Elle est régulée par des facteurs naturels :

    • variation de température : le cycle varie de 51 jours (16 °C) à 8 jours (35 °C) ;
    • humidité ;
    • ventilationventilation ;
    • prédateurs.

    Et par des facteurs dépendant de l'Homme :

    • présence de matières organiques ;
    • hygiène des animaux ;
    • hygiène des bâtiments.

    Toutes les espèces ont une diapause, période de l'année pendant laquelle leur vie est ralentie, l'hiverhiver dans les régions tempérées et l'été dans les régions chaudes en général. Cette diapause peut avoir lieu à n'importe quel stade du développement, ce qui épargne les populations en cas de changement brutal des conditions.

    Le cycle du varon ou varron, parasite des bovins

    La forme adulte est une mouche. Hypoderma lineatum parasiteparasite spécifiquement les bovins. Le stade parasitaire dans le bovin dure onze mois. L'imago ne vit que quelques jours. Elle survit grâce aux réserves lipidiques accumulées au cours de la vie larvaire. Le stade adulte est uniquement voué à la reproduction. Immédiatement après accouplement les mouches volent dans un rayon de cinq kilomètres en zone prairiale pour aller pondre sur les bovins. Chaque mouche pond environ 1.000 œufs sur les poils des pattes, du ventre et des flancs des animaux, puis meurt. Les œufs éclosent deux à sept jours plus tard, descendent le long du poil et pénètrent activement dans la peau du bovin.

    Cycle varron. © DR - Reproduction et utilisation interdites
    Cycle varron. © DR - Reproduction et utilisation interdites

    Après sept à neuf mois de migration dans le tissu conjonctif profond, ces « asticots » atteignent le tissu sous-cutanésous-cutané dorsaldorsal du bovin. Les larves y séjourneront deux à trois mois et mesurent alors 2,5/1 cm. Elles sont appelées communément varrons. Elles provoquent un abcèsabcès dans le tissu sous cutané dorsal et se nourrissent aux dépens du pus environnant. Elles respirent par un pertuis ouvert au sommet de l'abcès. Les varrons peuvent être détectés en France de fin mars à fin juillet et arrivent par vaguesvagues successives dans le dosdos des animaux. Dans le cas d'infestationinfestation moyenne, on dénombre de 10 à 40 varrons par bovin, ce qui représente au cours d'une saisonsaison environ 100 varrons. Dans le cas de forte infestation, le nombre de varrons par bovin peut atteindre plus de 300. Cette situation est encore visible de nos jours dans les pays n'ayant engagé aucune mesure de contrôle. Le nombre moyen de varrons diminue avec l'âge des animaux.

    À maturité, les varrons émergent de l'abcès par le pertuis respiratoire, et tombent sur le sol. Ils se transforment en pupe d'où naîtra la mouche quatre à six semaines après. Ces deux espèces peuvent infester le cheval ou l'Homme, mais le cycle n'est jamais bouclé dans ces hôtes. On rencontre dans l'hémisphère nordhémisphère nord d'autres espèces spécifiques des chèvres, des cervidés, ou des rennesrennes.

    Les moustiques, hôtes indésirables et potentiellement dangereux…

    Les moustiques se nourrissent de sucs végétaux ; seules les femelles prélèvent périodiquement du sang pour nourrir leurs œufs, chaque repas sanguin permettant la maturation d'une portée de 30 à 150 œufs. Le moustiquemoustique injecte d'abord un peu de salivesalive anticoagulante, avant d'aspirer le sang de sa victime. C'est ainsi qu'il transmet les parasites accumulés dans ses glandes salivairesglandes salivaires.

    Schéma d'un moustique piquant. © DR - Reproduction et utilisation interdites
    Schéma d'un moustique piquant. © DR - Reproduction et utilisation interdites

    Après émergenceémergence, les mâles forment des essaims au sein desquels les femelles se font inséminer. Une fois fécondée, la femelle cherche du sang pour nourrir chaque nouvelle portée d'œufs. Elle dépose ceux-ci dans un lieu humide où les larves pourront se nourrir et se développer en nymphenymphe puis en imago. Les œufs sont déposés dans des endroits humides spécifiques à chaque espèce.

    Les Culex s'accommodent aisément des eaux sales stagnantes et des fosses septiquesfosses septiques, tandis que les Aedes et la plupart des AnophèlesAnophèles préféreront une eau plus propre. Certaines variétés d'Aedes sont adaptées aux petites collections d'eau (soucoupes des pots de fleurs et plantes, trous...) et supportent une certaine dessiccation. La larve passe par quatre stades de maturation avant de devenir une nymphe (ou pupe). À ce stade, elle cesse de se nourrir et reste relativement immobile tandis qu'elle se métamorphose en moustique à l'intérieur de son enveloppe.

    Moustique, larve et nymphe. © DR - Reproduction et utilisation interdites
    Moustique, larve et nymphe. © DR - Reproduction et utilisation interdites

    Les moustiques ne font pas tous du bruit quand ils volent ! 

    Les Anophèles vecteurs de la malariamalaria sont particulièrement discrets et on n'entend guère leur vrombissement. Ils sont généralement nocturnesnocturnes, endophiles et endophages : ils piquent la nuit, à l'intérieur des maisons où ils se reposent également durant la journée.

    Les Culex sont une vraie nuisancenuisance dans les villes et villages tropicaux. Ils aiment l'eau sale des fossés et des mares. Ils se reposent et piquent aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur et sont relativement insensibles aux insecticidesinsecticides rémanentsrémanents que l'on met sur les mursmurs. Culex fatigans est aussi un des principaux vecteurs de la filariose lymphatiquefilariose lymphatique (éléphantiasis).

    Les Aedes sont des moustiques très communs dans les régions tropicales. Ils se contentent de très petites flaques d'eau propre pour leurs œufs ; ceux-ci peuvent rester en diapause jusqu'à ce qu'une pluie abondante provoque leur éclosion massive. Les variétés qui transmettent des maladies humaines (fièvre jaunefièvre jaune, denguedengue, et autres arboviroses) sont généralement diurnesdiurnes et exophages : ils piquent la journée et à l'extérieur des maisons. Comme les anophèles, ils sont relativement silencieux.

    Les mouches des myiases, parasites de l'Homme et des animaux

    Myiase (de Muia = mouche et de iasis = maladie). Parasitisme dû à des larves de mouches non piqueuses. Les myiases sont souvent accidentelles chez l'Homme et le plus souvent exotiquesexotiques.

    Les mouches mènent généralement une vie libre. Les femelles pondent des œufs qui donnent des larves L1 (asticot) qui pénètrent activement ou passivement chez l'hôte. Ces larves peuvent effectuer des migrations complexes à l'intérieur du corps et aboutissent après un temps variable, sous la forme L3 au point d'émergence.

    Cycle des Myases. © DR - Reproduction et utilisation interdites
    Cycle des Myases. © DR - Reproduction et utilisation interdites

    La larve L3 sort, la pupaison s'effectue sur le sol et donne un adulte libre. Le plus souvent les myiases se rencontrent chez les animaux. On ne les trouve chez l'Homme que dans des conditions particulières : mauvaise hygiène, mauvais état général, contact avec les animaux, vie à l'extérieur, etc.

    Les larves détruisent les tissus sains ou putréfiés pour se nourrir. Les stades L1, L2 et L3 se caractérisent par :

    • un aspect vermiforme, allongé, conique ou ovalaire, couleur blanchâtre ;
    • une cuticulecuticule ornée de protubérances ou d'épines ;
    • 12 segments en général ;
    • l'absence d'extrémité céphaliquecéphalique, mais l'extrémité antérieure est plus pointue et comporte une armaturearmature buccale (2 crochets) ;
    • stigmatesstigmates sont au nombre de 4; 2 antérieurs et 2 postérieurs très enfoncés et la structure des stigmates est caractéristique et sert à la diagnose spécifique. Les stigmates postérieurs s'ouvrent au niveau d'une plaque chitineuse arrondie d'aspect très variable.

    Syrphides, mouches utiles à l'Homme

    Diptères : Syrphides. Les mouches syrphides (6-13 mm de longueur) possèdent des bandes abdominales comme les guêpes et les abeilles, mais n'ont pas de dard. Ces bandes abdominales jouent le rôle de coloration prémonitrice qui protège les mouches contre d'éventuels prédateurs. Les nombreuses espèces de mouches syrphides sont des pollinisateurs surpassés seulement par les abeilles. Elles se nourrissent de pollenpollen, de nectar et de miellatmiellat - la substance collante et luisante qui contamine les plantes autour des colonies de pucerons. On peut les distinguer très facilement des abeilles à cause de leur capacité de rester stationnaire en vol. Les larves de syrphides se nourrissent exclusivement de puceronspucerons.

    <em>Eupeodes corollae,</em> Syrphe des corolles. © C. König - Reproduction et utilisation interdites
    Eupeodes corollae, Syrphe des corolles. © C. König - Reproduction et utilisation interdites

    Les syrphides déposent leurs œufs sur des plantes très infestées parmi de grandes colonies de pucerons. Chaque femelle pond de 400 à 1.000 œufs blancs oblongs, individuellement ou en petits groupes, selon l'espèce. En quelques jours seulement, les œufs éclosent et une larve minuscule en émerge. À mesure qu'elle croît, la larve se colore. Certaines sont vertes et comportent des bandes ou des marques blanches d'autres sont jaunâtres ou brunâtres et tachetées. Les larves vont à la recherche des pucerons. Quand la larve entre en contact avec un puceron, elle le saisit avec ses pièces buccales acérées, maintient le corps en l'air et en suce le contenu. Une seule larve peut ainsi dévorer de 200 à 800 pucerons pendant la duréedurée de sa vie, soit de 7 à 10 jours. À maturité, la larve, qui atteint 6 mm de longueur, cherche un endroit sombre, comme une feuille morte enroulée sur la plante ou s'enfouit dans le sol et se nymphosenymphose (stade inactif) pendant environ une semaine. Dès son apparition, le nouvel adulte est prêt à s'accoupler et la femelle, à pondre. Les syrphides produisent plusieurs générations par année et sont considérés comme étant des prédateurs très efficaces contre les pucerons. (Doc.Agri-food, Canada)

    Ces cinq exemples, choisis au hasard ne doivent pas occulter l'extrême variabilité des conditions de vie des mouches :

    • elles ont des facteurs de pollinisation extrêmement importants... ;
    • elles sont des éboueuses de première classe, sans elles on serait enterré sous les déchetsdéchets animaux et végétaux... ;
    • elles sont indispensables à la vie du sol, à la décomposition de la litière et des cadavres... dans les prairies ou dans la forêt.

    Tous les milieux terrestres sont colonisés, même les milieux désertiques où les éventuelles petites « piscines » de l'aisselle des feuilles peuvent suffire à leur cycle. Tous les milieux aquatiques, aussi, y compris les torrentstorrents violents, auquel cas elles développeront une technique d'accrochage par des ventouses ou des crochets leur permettant de résister au courant (larve de Bléphacéride, par exemple).

    À part les espèces piqueuses qui ont besoin de sang, les autres ont tous les régimes alimentaires possibles... fleurs, fruits, éléments en décomposition dont elles sont des agents très actifs, viande, litière, fumier..., d'autres sont carrément carnivorescarnivores et prédatrices... Les larves si elles sont beaucoup plus voraces que la plupart des adultes, qui ne mangent pas beaucoup, se trouvent aussi dans toutes sortes de conditions. Même dans le pétrolepétrole (Helaeomyia petrolei !) où elles se nourrissent des restes d'insectes tombés dans ces sources particulières de pétrole suintant.

    Les mouches supportent aussi des températures très diverses comme les winter-gnats (moucherons d'hiver en français) qui vivent à zéro degré... Dans certaines conditions extrêmes, comme des îles très venteuses, les mouches perdent leurs ailes (elles ne volent plus car elles se feraient emporter) et s'accrochent au sol. Il y a d'autres mouches qui perdent leurs ailes si elles vivent dans le plumage des oiseaux par exemple...

    Le mimétisme

    C'est une technique employée par de nombreux animaux et aussi, naturellement par les mouches dont les syrphides dont nous venons de parler.

    Le mimétismemimétisme c'est l'imitation d'un modèle par un animal ou un végétal. Cette imitation permet d'augmenter les chances de survie ou de reproduction du mime. Un système mimétique met en jeu trois acteurs :

    • le modèle, vivant ou non ;
    • le mime, imitant le modèle ;
    • le dupe, trompé par le mime qui ne peut être un végétal puisqu'il nécessite la mise en jeu d'une perception par les sens.

    Il peut s'agir d'un mimétisme physiquephysique, mais aussi olfactif ou sonore... Le naturaliste anglais Alfred Wallace proposa d'interpréter le mimétisme comme un moyen de défense et comme un exemple de l'efficacité de la sélection naturellesélection naturelle. Attention : le mimétisme n'est qu'une stratégie évolutive permettant la survie de l'espèce.

    Comment augmenter ses chances de survie ?

    Ne pas être mangé est une possibilité, l'autre étant de pouvoir manger plus (attraper une proie). Pour cela, il faut :

    • soit se cacher (pour ne pas être repéré par sa proie ou son prédateur) ;
    • soit faire peur à son prédateur (avec des couleurs vives rouges ou jaunes par exemple) ;
    • soit attirer ses proies (en ressemblant à une proie de la proie que l'on veut attirer).