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On trouve des mouches partout au propre comme au figuré dans notre vie, et pas seulement de celles qui nous ennuient : j'en veux pour preuve ces quelques expressions bien connues.
Que d'expressions autour de la mouche !
- On aurait entendu une mouche voler.
- On prend plus de mouches avec du miel qu'avec du vinaigre.
- Il ne ferait pas de mal à une mouche.
- Tomber comme des mouches.
- Faire la mouche du coche.
- Être une fine mouche.
- Faire d'une mouche un éléphant.
- Une poignée d'abeilles vaut mieux qu'un sac de mouches.
Et aussi... Beaucoup de petites taches font des mouchetures, tandis que des taches rondes millimétriques sont des chiures de mouche...
Mouche encore, la tache noire au centre d'une cible que vise l'archer ou le tireur en essayant de faire mouche.
En l'air, elles distraient : regarder voler les mouches et si le professeur s'en aperçoit, il prend la mouche...
Les mouches ont aussi toutes les couleurs
Une mouche blanche est un Aleurode et une mouche noire est, pour les Québécois, une simulie, quant à la mouche aux yeuxyeux d'or c'est un nom pour les chrysopes. La mouche grise de l'endiveendive... puis la mouche verte (Lucilia caesar), la mouche brune de la spirulinespiruline, la mouche orange du sorgho, la mouche jaune des céréalescéréales, encore une mouche de céréales, et la mouche bleue, enfin, (Calliphora vomitoria) connue de tous.
Bref la mouche est partout ! Et elle énerve parfois...
Même la typographie s'en mêle :
- ce signe : ¶ = Pied-de-mouche. Il était couramment utilisé en typographie pour attirer l'attention du lecteur sur un point particulier. Aujourd'hui, en PAO, c'est le caractère invisible qui matérialise le retour à la ligne forcé.
- Pattes de mouche : écriture très petite, irrégulière et difficile à lire (autrefois « pieds-de-mouches »)
Mais c'est aussi un ou une :
- petite tache foncée sur la peau ;
- petit morceau de taffetas noir que l'on portait sur la peau pour en faire ressortir la blancheur ;
- touffe de poils au dessous de la lèvre inférieure à la mode chez ces messieurs, un temps (1846) ;
- bouton que l'on fixe à la pointe du fleuret pour le rendre inoffensif ;
- mouches de pêcheur : pêchepêche à la mouche, pêche à la truitetruite... un sujet inépuisable pour les amateurs...
- mouche d'escadre : petit bâtiment, contre-torpilleur ou torpilleur, chargé de transmettre les ordres de l'amiral, répéter les signaux et faire des reconnaissances.
- bateau de passagers sur la Seine (bateau-mouche) ;
- poids mouche : en sport, catégorie de poids ;
- oiseauoiseau-mouche : synonyme de colibricolibri.
Et jusque chez les Égyptiens, une amulette devait leur épargner les piqûres de ces insectesinsectes.
Pierre bleue mouchetée de noir (turquoise), 1,1 x 0,7 cm. Probable élément de collier, cette amulette protégeait son possesseur des maux véhiculés par divers insectes. Genève, musée d'Art et d'Histoire.
La mouche est aussi présente dans l'art visuel...
...et dans la littérature avec Les Fables de La Fontaine qui, après Ésope dont il s'est inspiré, perpétue le genre.
Le coche et la mouche (Jean de La Fontaine)
Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,
Et de tous les côtés au soleil exposé,
Six forts chevaux tiraient un coche.
Femmes, moine, vieillards, tout était descendu :
L'attelage suait, soufflait, était rendu.
Une mouche survient et des chevaux s'approche,
Prétend les animer par son bourdonnement,
Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment
Qu'elle fait aller la machine,
S'assied sur le timon, sur le neznez du cocher.
Aussitôt que le char chemine,
Et qu'elle voit les gens marcher,
Elle s'en attribue uniquement la gloire,
Va, vient, fait l'empressée : il semble que ce soit
Un sergent de bataille allant en chaque endroit
Faire avancer ses gens et hâter la victoire.
La mouche, en ce commun besoin
Se plaint qu'elle agit seule et qu'elle a tout le soin ;
Qu'aucun n'aide aux chevaux à se tirer d'affaire
Le moine disait son bréviaire :
Il prenait bien son temps ! Une femme chantait :
C'était bien de chanson alors qu'il s'agissait !
Dame mouche s'en va chanter à leurs oreilles,
Et fait cent sottises pareilles.
Après bien du travail, le coche arrive au haut.
Respirons maintenant, dit la mouche aussitôt :
J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.
Ça, messieurs les chevaux, payez-moi de ma peine.
Ainsi certaines gens, faisant les empressés,
S'introduisent dans les affaires :
Ils font partout les nécessaires,
Et partout importuns, devraient être chassés.
D'après Phèdre, la fable a pour missions :
- de faire rire (risum movere) ;
- d'avertir par l'exemple (exemplo movere) ;
- et de corriger les erreurs en charmant l'oreille.
L'événement raconté par la fable, la plupart du temps unique, est symbolique d'une situation courante, et l'explique. Les personnages sont en général stéréotypés et constants.
Elle met en scène des animaux :
- le lionlion y représente le pouvoir et la grandeur ;
- le loup, la cruauté, la force sauvage et stupide, le totalitarisme ;
- le renard symbolise l'intelligenceintelligence fine, la réflexion et la ruse ;
- le chienchien, la bonté et la fidélité ;
- le singe, le burlesque mais aussi la sagesse ;
- l'âne, la sottise ;
- le chat, l'égoïsme et la cruauté.
La fable est sans doute antérieure à l'existence d'Ésope, puisque, dès le VIIe siècle av. J.-C., Hésiode cite la fable du rossignol et de l'épervier. Elle s'épanouit au VIe siècle av. J.-C. et les premiers recueils de fables ésopiques datent de la fin du IVe siècle av. J.-C. Puis vinrent les Latins Phèdre et Avianus (au Ier et au IVe siècles de notre ère) et le Grec Babrius, à la fin du Ier siècle, qui donnèrent à la fable versifiée ses plus belles lettres de noblesse.
Mais ce sont aussi et encore des insectes très utiles, biologiquement parlant. Il est évident que, si elles sont là, c'est qu'elles ont un rôle à jouer dans le cycle naturel !
Elles font partie de la chaîne trophique et participent à la décomposition des molécules complexes qui redeviennent ainsi des composés assimilables par les végétaux, c'est la fin du cycle de la vie, le retour à la matière minérale par la décomposition. Les Insectes, et pas seulement les mouches ici ont un rôle capital.
Elles sont aussi nécessaires à la fécondationfécondation des plantes à fleurs au même titre que les abeilles ou les bourdons. Elles vont en effet sucer le nectar pour certaines d'entre elles et ainsi se frotter à l'intérieur d'une fleur puis d'une autre, transportant le pollenpollen sur un stigmatestigmate...
Les mouches syrphides sont des pollinisateurs. Elles se nourrissent de pollen, de nectar et de miellatmiellat. Une seule larvelarve peut dévorer de 200 à 800 puceronspucerons pendant la durée de sa vie, soit de 7 à 10 jours. (voir chapitre mode de vie)
Les nombreuses espècesespèces de mouches tachinides ressemblent plutôt à des mouches domestiques, à des abeilles ou à des guêpes hérissées et sont à peu près de la même taille. Elles comptent parmi les insectes parasitesparasites les plus communs. Les adultes se nourrissent de sécrétionssécrétions végétales ainsi que du miellat produit par les pucerons, les cochenillescochenilles ou les cicadelles. De leur côté, les larves parasitent d'autres insectes, principalement les stades immatures des noctuelles, des tenthrèdes et des coléoptèrescoléoptères, mais aussi de certaines espèces de punaises et de criquets. Certaines se spécialisent dans l'attaque de chenilles cachées comme les tordeuses, alors que d'autres préfèrent les noctuelles....
Et il y a bien d'autres exemples : les Mexicains, entre autres peuples, les mangent... Les mouches sont séchées puis écrasées à la meule en une farine très fine. Elles sont ensuite cuisinées et la farce obtenue est placée dans des feuilles, un peu à la manière des feuilles de vigne farcies au riz que l'on trouve en Grèce.
Les insectes sont en effet une source de protéinesprotéines très abondante et d'une grande valeur nutritionnelle. Bruno Comby raconte dans Délicieux insectes ses expériences de pionnier et ses découvertes dans le domaine de l'entomophagie.