Lorsqu’on leur parle de logement du futur, certains imaginent immédiatement un logement ultraconnecté. D’autres abordent plutôt la question d’une manière résolument écologique. C’est le cas de Cécile Le Berre, directrice technique PolyExpert Environnement. Chargée de la conception du Logement Vert et Engagé présenté ce week-end au Salon du logement neuf de Toulouse, elle nous recommande quelques solutions déjà disponibles sur le marché.


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    En 2019, le Salon du logement neuf de Toulouse avait, pour la première fois, présenté un concept-home. Sur le thème de l'habitat hyperconnecté. Pour l'édition 2020 du salon, les organisateurs ont fait le choix de l'écologieécologie. Ils proposent aux visiteurs de découvrir un logement de 70 m2, construit sur place avec la participation de près de 40 partenaires. Un logement vert et engagé. Objectif : montrer que des innovations permettent d'ores et déjà de réduire l'empreinte carbonecarbone de nos logements. Des innovations globalement très locales. Tout en restant économiquement intéressantes. Et en offrant un logement dans lequel il fait vraiment bon vivre.

    Futura : La fabrication de béton, c’est presque 10 % des émissions mondiales de CO2. Existe-t-il des solutions pour s’en passer dans le bâtiment ?

    Cécile Le Berre : Quelques solutions commencent à émerger. Mais le béton reste l'élément structurant du secteur. Aujourd'hui, il est difficile de s'en passer. L'ennui, c'est en effet qu'il représente à lui seul entre 15 et 25 % des émissions carbone d’un logement au cours de son cycle de vie - constructionconstruction, utilisation et démolition. Pour conserver la cohérence de notre projet malgré ce bilan catastrophique, nous avons travaillé avec un partenaire qui propose une formule plus verte. Plusieurs fabricants de béton travaillent aujourd'hui la question.

    Le saviez-vous ?

    Une nouvelle réglementation environnementale doit en principe entrer en vigueur cette année (RE 2020). Elle remplacera l’actuelle réglementation thermique (RT 2012). Et elle prévoit de calculer et de réglementer non seulement la consommation d’énergie des bâtiments en activité, mais aussi le bilan carbone de leur construction.

    Cependant, sa mise en œuvre s’annonce délicate. Car elle demande d’établir, pour chaque matériau de construction, une analyse complète de son cycle de vie. Le seul moyen de conclure concernant son empreinte carbone réelle.

    Pour le reste - que ce soit du côté structure ou isolation -, vous avons opté pour des matériaux biosourcés uniquement. Parce que leurs performances tant thermiques qu'en matièrematière de régulation d'humidité sont intrinsèquement bonnes. Et que d'un point de vue économie circulaireéconomie circulaire, ces matériaux répondent à notre cahier des charges. Ce sont des végétaux qui ont, par définition, au cours de leur vie, fixé du CO2 atmosphérique. Les utiliser comme matériaux de construction permet de stocker ce carbone pendant quelques années supplémentaires.

    Futura : Un coup de cœur, peut-être ?

    Cécile Le Berre : Pour le chanvre, sans conteste. Nous avons utilisé un chanvre cultivé en Vendée. L'avantage, c'est que sa culture nécessite peu d'engrais et peu d'eau. Elle peut donc facilement être mise en place sur les terres en jachère et apporter un revenu complémentaire aux agriculteurs.

    Contrairement à d'autres produits biosourcés qui doivent être traités spécialement, le chanvre est naturellement résistant aux insectesinsectes et au feufeu. Et c'est une plante dont on utilise toutes les parties. Dans le bâtiment ou dans d'autres secteurs.

    Futura : Qu’en est-il du plus ancestral des matériaux biosourcés, le bois ?

    Cécile Le Berre : Nous l'avons bien sûr beaucoup utilisé. Jusqu'au chauffage puisque nous avons installé un poêle à bois. L'avantage, c'est qu'en France, nous travaillons dans un contexte de gestion durable de la ressource. Et il sera en principe valorisé dans la future réglementation environnementale.

    Mais nous avons aussi voulu montrer d'autres matériaux moins connus pour rester réellement sur notre idée de concept-home.

    Depuis quelques années, lorsqu’il était question d’empreinte carbone de nos logements, on parlait essentiellement d’efficacité énergétique. Aujourd’hui, le concept s’élargit et c’est l’impact global de la construction qui est peu à peu pris en compte. © AMPMArchitectes
    Depuis quelques années, lorsqu’il était question d’empreinte carbone de nos logements, on parlait essentiellement d’efficacité énergétique. Aujourd’hui, le concept s’élargit et c’est l’impact global de la construction qui est peu à peu pris en compte. © AMPMArchitectes

    Futura : Un ou deux exemples ?

    Cécile Le Berre : Il y a cet isolant fabriqué par Le Relais. 30 % des vêtements qui sont déposés dans les conteneurs ne peuvent être réutilisés et sont donc revalorisés différemment. Sous forme notamment d'isolation thermique et acoustique. Là encore, nous sommes sur de l'économie circulaire. Et il s'agit en plus d'une entreprise solidaire.

    Nous avons aussi travaillé avec des briques en terre crueterre crue compressée. La terre crue, c'est une technique ancestrale. Ces briques peuvent être fabriquées sur place, avec la terre présente sur le site de construction. Leur aspect esthétique est intéressant. Et derrière un poêle à boisbois, par exemple, ce matériaumatériau réfractaire retient la chaleurchaleur et la restitue plus longtemps pour réaliser des économies d'énergieénergie.

    Futura : Avez-vous aussi travaillé sur l’aménagement intérieur ?

    Cécile Le Berre : Nous avons opté pour des peintures biosourcées elles aussi. Des peintures fabriquées à partir d'alguesalgues pour éliminer les produits pétroliers et améliorer la qualité de l'airair intérieur.

    Pour le sol, nous avons été contraints par le temps de montage de notre concept-home. Nous avons tout de même trouvé une moquette qui est extrêmement bien classée d'un point de vue émissionémission de particules fines.

    Nous avons aussi choisi des menuiseries qui participent à la ventilation. L'air est préchauffé dans les montants avant de pénétrer le logement et le volumevolume d'air ainsi entrant est fonction de la pollution mesurée à l'intérieur.

    Côté robinetterierobinetterie, nous avons préféré un partenaire qui propose tout simplement des produits réparables. Et bientôt des produits qui permettront de signaler les fuites.

    Dans la douche, nous avons installé un système qui permet de profiter d'une eau chaude dès la première goutte grâce à un ballon tampon. Et quelques gadgets comme un compteur de l'eau consommée pour sensibiliser la famille.

    Nous présentons aussi un système qui permet d'utiliser la chaleur des eaux uséeseaux usées pour préchauffer l'eau avant son passage par le ballon d'eau chaudeballon d'eau chaude et ainsi, économiser de l'énergie de chauffage.

    Côté chauffage justement, nous suggérons plusieurs options. Le poêle à bois déjà mentionné, mais aussi une chaudière à cogénérationcogénération qui permet de produire de l'eau chaude sanitaire, du chauffage et de l'électricité. Et pour alimenter cette chaudière, nous proposons un gazgaz issu de la méthanisation des déchets alimentaires et naturels biodégradablesbiodégradables. Sinon, il y a également la solution de production photovoltaïque en autoconsommation. Une solution qui est optimisée grâce à la domotiquedomotique.

    Sur cette vue modélisée du Logement Vert et Engagé présenté au Salon du logement neuf de Toulouse, un potager d’intérieur vertical composé de pots de plantes aromatiques. Et dans le fond, un vélo électrique suspendu au mur. © AMPMArchitectes
    Sur cette vue modélisée du Logement Vert et Engagé présenté au Salon du logement neuf de Toulouse, un potager d’intérieur vertical composé de pots de plantes aromatiques. Et dans le fond, un vélo électrique suspendu au mur. © AMPMArchitectes

    Futura : Est-il encore possible d’aller plus loin ?

    Cécile Le Berre : En achetant ses meubles dans des brocantes, en choisissant des produits ménagés zéro déchet ou en faisant travailler les épiceries en vrac dont certaines ont pensé à tout. Même à proposer des récipients adaptés à nos achats. On peut aussi choisir son électroménager en fonction du label LongTime, le label qui dit non à l'obsolescence programméeobsolescence programmée et qui valorise les produits robustes, réparables et derrière lesquels on trouve un service après-vente de qualité.

    Côté nature, on peut installer en extérieur, des habitats spécialement conçus pour offrir un refuge aux oiseaux ou aux insectes. Il existe aussi désormais des potagers d'intérieur conçus à partir de pots déplaçables au besoin et qui valorisent les plantes dépolluantes. Ou des récupérateurs d'eau adaptés à la taille d'un balconbalcon.

    Futura : Un dernier mot pour conclure cette belle démonstration ?

    Cécile Le Berre : S'il y a un message que nous voulons faire passer, c'est qu'il ne faut pas avoir peur de se lancer. Il existe aujourd'hui sur le marché des professionnels qui disposent d'un réel savoir-faire en matière de constructions et d'aménagements verts. Et ce n'est pas parce que notre logement ne peut pas - pour une raison ou une autre - être à 100 % écologique qu'il faut abandonner. Tous les gestes comptent. L'important, c'est de continuer à se faire plaisir tout en faisant du bien à la planète !

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