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La sélection naturellesélection naturelle favorise toujours les caractères qui augmentent l'efficacité du ravitaillement. Les études récentes de la vie des grands primatesprimates montrent que ces animaux ont de la peine à satisfaire leurs besoins alimentaires dans la canopéecanopée de la forêt tropicaleforêt tropicale. Les stratégies alimentaires de ces grands singes ont profondément influé sur leur évolution. Qu'en est-il dans le détail ? Quid de l'alimentation des Hommes ?
Comment l’alimentation a-t-elle évolué chez les grands singes ? Et chez l'Homme ? © gudkovandrey, Fotolia
L'agilité des grands singes dans les branches et leur vitesse de déplacement dans la canopée ont favorisé leur recherche de nourriture dans ce milieu, ainsi, d'ailleurs, que l'amélioration de l'acuité visuelleacuité visuelle, la mémoire des bonnes et mauvaises plantes de la forêt (celle-ci augmente évidemment la performance dans la recherche de nourriture et favorise un grand cerveaucerveau), la pression de sélection favorisant l'exploitation efficace du milieu.
Gorille mangeant des feuilles. © DR
Mais il y a des handicaps au régime végétarienvégétarien ! On ne peut pas se contenter de ramasser ce qui pousse à sa portée ; il faut chercher de quoi équilibrer son régime, faire attention aussi à ne pas ingérer trop de fibres indigestes, faire attention encore à l'équilibre vitaminique et minéralminéral ; bref, les grands singes complètent leur régime avec des insectesinsectes et d'autres denrées animales... Plusieurs évolutions permettent d'améliorer la digestiondigestion de ces produits : modification de l'appareil digestifappareil digestif, modification des secrétions d'enzymes, incorporation de bactériesbactéries symbiotiques aidant à la digestion de la cellulose par exemple, etc.
Régimes alimentaires de l'Homme et du singe
L'Homme a les mêmes capacités que les grands singes à digérer les fibres, leurs bactéries commensales étant capables de fermenter les fibres de 75 % des constituants membranaires végétaux, dont, ainsi, 90 % des acides grasacides gras peuvent passer dans le sang. De même que chez les chimpanzéschimpanzés, chez l'Homme, la vitesse du transit intestinaltransit intestinal augmente avec la quantité de fibres ingérées. Ainsi, la baisse de qualité éventuelle de la nourriture augmente le transit, donc la capacité du tube digestiftube digestif à ingérer une plus grande quantité de matière.
Les grands animaux (jusqu'à une certaine taille limite pour des arboricolesarboricoles !)) sont favorisés parce que, l'alimentation étant de qualité modérée, ils consomment moins d'énergieénergie par unité de massemasse corporelle que les petits et, donc, vivent mieux. Ces deux stratégies, comportementale et évolutive, sont complémentaires et leur importance relative varie suivant les espècesespèces.
Les primates ont des cerveaux plus grands que les autres mammifèresmammifères. Cela tient-il au régime alimentaire de ces animaux, qui sélectionnent les meilleurs aliments ? Il en serait de même pour l'Homme. Ou bien est-ce la taille du cerveau amplifiée par la sélection naturelle chez un animal qui développe des capacités cognitives plus importantes pour résoudre ses problèmes alimentaires, surtout lors des changements de climatclimat de l'Afrique et de la disparition de la forêt dans l'est du riftrift ?
Deux observations soulignent l'intérêt d'un régime alimentaire de bonne qualité chez l'animal muni d'un grand cerveau, lui-même étant de grande taille et possédant des dents réduites.
Lorsque la baisse de la qualité nutritive est associée à une augmentation de la taille, l'animal devient plus indolent, plus sédentaire, plus asocial. Or, le chimpanzé qui se nourrit de fruits mûrs est, lui, plutôt rapide et agile et l'ancêtre de l'Homme devait l'être aussi pour échapper à ses prédateurs après avoir perdu une partie de sa faculté à grimper dans les arbresarbres.
La diminution des dents, deuxième facteur, indiquerait un régime alimentaire plus facile à absorber, moins dur, moins fibreuxfibreux, ou alors des aliments travaillés, préparés avec les premiers outils et la viande, qui complète le régime alimentaire en cas d'insuffisance et petit à petit remplace une partie des végétaux.
Archéologie expérimentale : taille du silex. © DR
Il y a une spécialisation du travail : les femmes et enfants à la cueillette ; les hommes à la chasse après la fabrication des outils nécessaires (là encore...).
Pointes de flèches en silex. © DR
Enfin, il faut faire le feufeu, qui permet de cuire les aliments et provoque, du même coup, le problème de l'approvisionnement en sel si ceux-ci sont bouillis.
Ainsi, l'émergenceémergence de l'espèce humaine pourrait résulter de la sélection d'individus ayant acquis un mode d'approvisionnement régulier en denrées de haute valeur nutritive, les obligeant à devenir omnivoresomnivores d'une part et à inventer les outils adéquats d'autre part. Passionnant, non ?