Les autorités de santé américaines ont annoncé vendredi avoir très probablement percé le mystère des maladies pulmonaires qui ont touché plus de 2.000 vapoteurs américains et causé 39 décès.


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    Le coupable ? Une huile de vitamine E apparemment ajoutée dans des recharges au cannabis vendues sur le marché noir. Les enquêteurs avaient déjà pointé du doigt cette huile comme responsable possible de cette épidémie mais sont confortés dans leurs certitudes par sa découverte chez 29 patients dont les fluides pulmonaires ont été analysés par les Centres de contrôle et de préventionprévention des maladies (CDC).

    Les cigarettes électroniques ne sont pas neutres pour la santé. Décryptage autour de la Puff, la petite e-cigarette jetables qui fait un tabac chez les ados. © Futura

    « Ces analyses apportent la preuve directe que l'acétate de vitamine E est le principal responsable de lésions dans les poumons, a assuré Anne Schuchat, directrice adjointe des CDC. L'acétate est le nom chimique de la moléculemolécule. Elle a précisé qu'aucune autre toxine potentielle n'avait pour l'instant été détectée dans les analyses ».

    La vitamine E est normalement inoffensive. Elle s'achète sous forme de gélulegélule à avaler ou d'huile à appliquer sur la peau mais elle est nocive une fois inhalée ou chauffée.

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    Les autorités américaines pensent avoir percé le mystère des maladies pulmonaires liées au vapotage. © DedMityay, Adobe Stock

    Donald Trump et les cigarettes électroniques

    Ces découvertes interviennent quelques heures après l'annonce par le président américain Donald Trump de sa volonté de faire passer l'âge minimum pour acheter des cigarettes électroniques aux États-Unis de 18 à 21 ans. Sa déclaration s'inscrit dans un plan plus vaste pour réduire le vapotage chez les jeunes, qui sera dévoilé « la semaine prochaine ».

    « Nous allons annoncer une initiative très importante sur le vapotage. Nous devons particulièrement prendre soin de nos enfants, donc nous allons avoir une limite d'âge de 21 ans environ », a déclaré le milliardaire à des journalistes. Mais il a dans le même temps fait part de ses inquiétudes sur l'impact que pourraient avoir des restrictions trop lourdes sur l'avenir de cette industrie naissante. Son administration pourrait ainsi revenir sur son projet d'interdire purement et simplement les cigarettes électroniques aromatisées, annoncé en septembre.

    « Nous devons veiller sur de nombreuses personnes, y compris les emplois, a souligné le président des États-Unis. C'est devenu une grande industrie, nous allons nous en occuper ».


    Cigarette électronique : l’étrange maladie qui frappe les États-Unis

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer publié le 9 septembre 2019

    Aux États-Unis, une mystérieuse infection semble frapper depuis quelques mois les adeptes de cigarettes électroniquescigarettes électroniques. Alors que les autorités donnent aujourd'hui l'alerte, les chercheurs tentent d'identifier les causes du mal. Et ils pourraient bien avoir trouvé une piste cachée dans les poumons des malades.

    La cigarette électronique a longtemps été présentée comme une alternative saine à la cigarette classique. Puis, quelques travaux ont commencé à semer le doute. Jusqu'à ce que, ces dernières semaines, plusieurs personnes adeptes du vapotage et a priori en bonne santé déclarent de graves troubles pulmonaires. Aux États-Unis, une première victime a été déplorée le 23 août dernier. Au 6 septembre, les autorités décomptaient au moins 450 malades et malheureusement, 5 décès liés au problème.

    Après analyse des liquidesliquides vapotés par les malades, il semblerait qu'un dénominateur commun se dégage aujourd'hui : les produits contiendrait du THCTHC, une substance activesubstance active du cannabiscannabis, et des échantillons d'une huile de vitamine E. Vaporisée à haute température et inhalée, cette dernière pourrait bien être la cause des dommages causés aux poumons des malades. Mais des analyses plus précises doivent encore confirmer cette hypothèse.

    Un syndromesyndrome de détresse respiratoire aiguë. C'est en effet ce dont souffrent les patients atteints de la « maladie du vapotage ». Du liquide s'accumule dans leurs poumons et l'oxygène ne peut plus circuler. Sur les scannersscanners pulmonaires, ce qui ressemble à une pneumoniepneumonie virale ou bactérienne grave, mais les tests reviennent immanquablement négatifs.

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    À gauche, le scanner des poumons d’un patient souffrant de la maladie respiratoire liée au vapotage, à droite, le scanner des poumons du même patient après traitement. © Université de l’Utah

    Des macrophages dans les poumons

    Alors les chercheurs tentent de comprendre. Et des médecins de l'université de l’Utah (États-Unis) pourraient avoir mis la main sur une piste intéressante. Dans les poumons de 100 % des patients qu'ils ont pu observer -- seulement une dizaine pour l'instant --, ils ont découvert de grandes cellules immunitaires, des macrophagesmacrophages, chargées de gouttelettes huileuses. De quoi espérer poser un diagnosticdiagnostic précoce et fournir des pistes de traitement plus appropriées et pourquoi pas, des indices sur les causes de cette mystérieuse maladie.

    La présence de tels macrophages dans les poumons des patients oriente les médecins vers un diagnostic de pneumonie lipoïdique, une infection souvent causée par un virusvirus ou une bactériebactérie. Mais des différences, notamment au niveau des radios des poumons, apparaissent avec la « maladie du vapotage » et seuls des tests supplémentaires pourront déterminer s'il s'agit là d'une nouvelle forme de pneumonie lipoïdique.

    Déterminer si ces macrophages sont spécifiques à la maladie

    « Nous devons déterminer si ces macrophages sont spécifiques à la maladie ou s'ils apparaissent aussi chez des personnes qui utilisent des cigarettes électroniques sans présenter de symptômessymptômes. S'ils n'apparaissent que chez les malades, nous pourrons commencer à imaginer un lien avec les huiles de vapotage susceptibles de causer ce syndrome », explique Scott Aberegg, pneumologuepneumologue à l'université de l'Utah.