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    Le monde à la fin du Crétacé : la faune et la flore

    Le monde à la fin du Crétacé : la faune et la flore

    Concernant la faunefaune et la flore au CrétacéCrétacé, que sait-on ? Quelles étaient les ressources alimentaires, de quoi se constituait le milieu marin ? Quelles étaient les espècesespèces animales en développement ?

    Panorama de la faune et flore au Crétacé. © Marc Giraud

    Panorama de la faune et flore au Crétacé. © Marc Giraud

    Du Trias au Crétacé : l'apparition des angiospermes

    Les derniers dinosauresdinosaures vécurent dans un environnement végétal bien différent de celui qu'avaient connu leurs ancêtres du TriasTrias. Les flores continentales du Trias et du JurassiqueJurassique étaient dominées par les fougèresfougères, les cycas et les conifères. Apparues il y a 150 millions d'années environ, les plantes à fleurs (les angiospermesangiospermes) ont commencé à dominer la végétation au Crétacé, représentant entre 50 et 80 % des espèces. L'expansion de certains groupes de dinosaures, aux mâchoires pourvues d'efficaces « batteries dentaires », comme les Hadrosaures et les CératopsiensCératopsiens, semble bien être liée au développement de cette nouvelle ressource alimentaire.

    Le renouvellement des espèces

    À propos des dinosaures, des études menées dans le Sud de la France ont mis en évidence un renouvellement des espèces au Maastrichtien, c'est-à-dire au cours des derniers millions d'années avant leur disparition finale. Un renouvellement qui va de pair avec une modification de l'environnement : tropical ou subtropical au début du Maastrichtien, le climatclimat serait devenu plus tempéré au Maastrichtien supérieur. Ce changement climatiquechangement climatique déjà évoqué s'est déroulé en même temps qu'une baisse importante du niveau marin.

    Ainsi, le Crétacé supérieur, loin d'être une période de déclin pour les dinosaures, est marqué par une diversification considérable de ces animaux.

    Sauropodes. © DR

    Sauropodes. © DR

    Par exemple, certains groupes anciens, comme les sauropodessauropodes, connaissent, avec les titanosaures (exemple : l'AmpelosaurusAmpelosaurus en France), une radiation évolutiveradiation évolutive importante sur les continents du Sud ; ailleurs, des dinosaures plus récemment apparus comme les hadrosaures et les cératopsiens, montrent un foisonnement d'espèces...

    En fait, contrairement aux études réalisées il y a quelques années et basées uniquement sur des gisementsgisements nord-américains, le nombre d'espèces de dinosaures avant leur disparition ne cesse d'augmenter : en l'an 2000, le paléontologuepaléontologue Jean Le Loeuff a recensé 67 espèces différentes (appartenant à 61 genres) de dinosaures ayant vécu juste avant la crise, auxquels il faut ajouter des dinosaures récemment découverts, comme Rapetosaurus et Masiaksaurus. Ainsi, on peut extrapoler le nombre de dinosaures ayant vécu jusqu'à la crise à plusieurs centaines d'espèces différentes sur toute la surface de la Terre.

    À la fin du Crétacé, les dinosaures sont donc présents dans toutes les parties du monde, et sous toutes les latitudeslatitudes. Ils constituaient alors un groupe en expansion, très diversifié, capable donc de s'adapter à des conditions de milieu extrêmement variées. Le mystère de leur disparition n'en est apparemment que plus complet.

    La diversification des oiseaux

    Quant aux oiseaux, que les paléontologues considèrent maintenant comme une branche particulière des dinosaures théropodesthéropodes, les restes trop parcellaires n'apportent pas de témoignages valables pour la crise K-Tcrise K-T. Cependant, on observe au Crétacé une diversification rapide des oiseaux.

    Spécimen d'Archaeopteryx, du Muséum d'histoire naturelle de Berlin, découvert en 1877. Premier fossile découvert présentant à la fois des caractères de Reptile et d'Oiseau, Archaeopteryx a été le premier « dinosaure à plumes ou oiseau à écailles », démontrant l'origine dinosaurienne des oiseaux. © DR

    Spécimen d'Archaeopteryx, du Muséum d'histoire naturelle de Berlin, découvert en 1877. Premier fossile découvert présentant à la fois des caractères de Reptile et d'Oiseau, Archaeopteryx a été le premier « dinosaure à plumes ou oiseau à écailles », démontrant l'origine dinosaurienne des oiseaux. © DR

    Il faut noter toutefois qu'à cette époque, les oiseaux n'étaient encore que des formes primitives ; les formes dites plus « modernes » ne se développeront qu'après la crise.

    Ptérosaure. © DR

    Ptérosaure. © DR

    Les ptérosaures, qui ne sont ni des dinosaures ni des oiseaux, évoluèrent au Crétacé vers des formes de plus en plus gigantesques. Ainsi, le Quetzalcoatlus devait atteindre 15 mètres d'envergure... soit quatre fois plus que le condor actuel : les grands ptérosaures de la fin du Crétacé semblaient plutôt adaptés au vol en air calme. Avec une telle taille, ces animaux étaient tributaires des conditions climatiques des milieux où ils vivaient et devaient être très sensibles à toutes les bourrasques, oragesorages et tempêtestempêtes. Les documents fossilesfossiles prouvent que le déclin des Ptérosaures fut progressif pendant les quelques millions d'années avant la crise.

    Le ptérosaure Quetzalcoatlus, le plus gros animal qui ait jamais volé. © <em>Natural History Museum</em>, John Sibbick

    Le ptérosaure Quetzalcoatlus, le plus gros animal qui ait jamais volé. © Natural History Museum, John Sibbick

    Reptiles marins et mammifères

    Les reptilesreptiles marins étaient bien plus nombreux et diversifiés durant le MésozoïqueMésozoïque qu'aujourd'hui ; ils exploitaient alors dans les mers et les océans nombre de niches écologiques actuellement occupées par les mammifèresmammifères. Certains groupes comme les plésiosaures et mosasauresmosasaures sont considérés en expansion avant la crise Crétacé-Tertiaire, alors que les célèbres ichtyosaures s'éteignent progressivement au cours du Crétacé et ne sont pas connus au-delà de -90 millions d'années. Leur disparition est encore très mal comprise, car ces reptiles avaient atteint un haut degré d'adaptation au milieu aquatique, jamais égalé par les autres reptiles.

    Des ichtyosaures, selon John Sibbick. © John Sibbick

    Des ichtyosaures, selon John Sibbick. © John Sibbick

    Selon Jean-Louis HartenbergerJean-Louis Hartenbergerles mammifères sont restés pendant tout le Mésozoïque des animaux de petite taille, ne dépassant pas, pour les plus gros, la taille d'un blaireau, alors que la moyenne de leur poids corporelle tournait autour de 100 grammes. Pendant leur cohabitation avec les dinosaures (les mammifères sont apparus il y a 200 millions d'années environ), les mammifères appartenaient principalement aux monotrèmesmonotrèmes, aux multituberculés et aux marsupiaux. Dès le Crétacé franchi, leur poids moyen dépasse 10 kilos, et très rapidement, on trouvera des animaux nettement plus grands en même temps que le groupe se diversifie, adoptant différentes stratégies pour exploiter les milieux.

    Évolution de la taille des mammifères terrestres répertoriés dans les gisements d'Amérique du Nord, du Crétacé au Cénozoïque. L'accroissement de taille, qui apparaît brutal, atteint vite un palier. Ce palier peut être considéré comme une limite au-delà de laquelle les contraintes surpassent les avantages que pourraient en tirer les espèces qui la franchiraient. © J.-L. Hartenberger

    Évolution de la taille des mammifères terrestres répertoriés dans les gisements d'Amérique du Nord, du Crétacé au Cénozoïque. L'accroissement de taille, qui apparaît brutal, atteint vite un palier. Ce palier peut être considéré comme une limite au-delà de laquelle les contraintes surpassent les avantages que pourraient en tirer les espèces qui la franchiraient. © J.-L. Hartenberger

    Le milieu marin au Crétacé

    La vie dans les mers au Crétacé n'a pas été de tout repos... En effet, de très nombreux groupes de prédateurs ont fait leur apparition ou se sont développés et leurs effets dévastateurs sur les populations de proies ont représenté une révolution marine au Mésozoïque. Parmi les prédateurs, on retrouve des poissonspoissons téléostéens, des requins néosélaciens, des gastéropodesgastéropodes rôdant sur les fonds marins, des crustacéscrustacés, etc.

    Les prédateurs se sont multipliés au Crétacé. © Karen Carr

    Les prédateurs se sont multipliés au Crétacé. © Karen Carr

    Parallèlement, on observe une diminution de la biodiversité des fonds marins : brachiopodesbrachiopodes et crinoïdescrinoïdes (lys de mer) entrèrent en profond déclin ; les bivalvesbivalves s'enfoncèrent de plus en plus profondément dans les sédimentssédiments pour éviter les crabes et les gastéropodes ; d'autres acquirent par évolution des coquilles massives ou des garnitures d'épines.

    Les mers chaudes du Crétacé ont également été peuplées par des rudistes, groupe de bivalves dont la coalescence des coquilles constituait des édifices construits à la structure rappelant celle des récifs coralliens, milieux propices au développement d'une grande diversité d'êtres vivants. Apparus il y a 155 millions d'années, les Rudistes ont évolué constamment pendant 90 millions d'années, sur le fond des mers chaudes et peu profondes ; leur large répartition géographique fait de ces fossiles de précieux indicateurs pour dater les couches géologiques qui les renferment.

    Les rudistes, groupe de bivalves ayant disparu à la fin du Crétacé formaient, en association avec de nombreux autres organismes, de gigantesques récifs dans les mers chaudes du Crétacé, comme les coraux actuels. L'ensemble formait de véritables constructions à coquilles et squelettes calcaires sur le fond de la mer et à faible profondeur. La photo de gauche montre l'exemple d'un tel récif fossile, qui affleure aujourd'hui au Sultanat d'Oman; à droite : détail de rudistes en position de vie. © Photo J. Philip, dessin d'après Stanley

    Les rudistes, groupe de bivalves ayant disparu à la fin du Crétacé formaient, en association avec de nombreux autres organismes, de gigantesques récifs dans les mers chaudes du Crétacé, comme les coraux actuels. L'ensemble formait de véritables constructions à coquilles et squelettes calcaires sur le fond de la mer et à faible profondeur. La photo de gauche montre l'exemple d'un tel récif fossile, qui affleure aujourd'hui au Sultanat d'Oman; à droite : détail de rudistes en position de vie. © Photo J. Philip, dessin d'après Stanley