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D'après vous, cette créature est-elle un serpent ou un poissonpoisson ? De son nom anglais northern snake-head, littéralement traduit par « tête de serpent du Nord », cette espèceespèce de poisson (Channa argus) a la particularité de respirer l'airair et de ramper sur TerreTerre, comme son homologue reptilien. Le mois dernier, un pêcheur en a attrapé une dans le Missouri en aval du déversoir du lac Wappapello, dans le comté de Wayne : il s'agirait du quatrième spécimen observé dans l'État, selon le Missouri Department of Conservation (MDC).
L’histoire d’un poisson vivant sur un trottoir
Avec son long corps pouvant mesurer jusqu'à 1 mètre, et sa tête serpentiforme recouverte d'écailles semblables à celles d'un python, ce poisson est un redoutable prédateur, se nourrissant principalement d'autres poissons, mais également de crustacéscrustacés, grenouilles, petits reptilesreptiles... Mais également de petits oiseaux et mammifèresmammifères terrestres ! Ce poisson est en effet capable de vivre sur la terre ferme, et de ramper tel un serpent, à condition de rester humide. Dave Knuth, biologiste des pêchespêches du MDC, rapporte même que « le pêcheur l'a laissé sur le trottoir pendant plusieurs heures en pensant qu'il mourrait, mais il n'est jamais mort ». Sa capacité à respirer l’air lui est par ailleurs utile dans des eaux peu oxygénées.
Capables de respirer de l’air et de ramper sur terre plusieurs heures, les poissons à tête de serpent sont de redoutables prédateurs. © matt_whitbeck, iNaturalist
Décapiter pour préserver ?
L'espèce n'est pas originaire des États-Unis : elle vient d'Asie, et les autorités pensent qu'elle a été introduite à la suite d'un accidentaccident survenu dans une pisciculturepisciculture commerciale de l'Arkansas en 2008. Depuis, elle aurait nagé (et rampé) vers le nord, dans les eaux du bassin hydrographique de la rivière Saint-François. Qualifiée d'espèce invasive, elle constitue en effet une menace pour les espèces indigènesindigènes, avec lesquelles elle entre en compétition pour les ressources.
Le MDC appelle donc à préserver les autres espèces menacées par la présence de la tête de serpent : si un spécimen est capturé, il ne faut surtout pas le remettre à l'eau, et les autorités recommandent même de « le tuer en lui coupant la tête, en l'éviscérant ou en le plaçant dans un sac en plastiqueplastique scellé ». De plus, la réglementation stipule qu'il est illégal d'importer, d'exporter, de vendre, d'acheter ou de posséder une tête de serpent vivante dans le Missouri. Autant dire qu'on ne rigole pas avec les têtes de serpent là-bas, et tout ça à cause de l’aquaculture...
Outre une stratégie de conservation reposant sur la décapitation, ne faudrait-il pas également remettre en question la manière de consommer du poisson, et réfléchir aux impacts que sa provenance peut avoir à long terme sur les écosystèmesécosystèmes ?
Étrangeté du vivant : ce poisson peut survivre plusieurs jours hors de l'eau
Article de Julie KernJulie Kern, publié le 09 décembre 2021
Un poisson qui peut respirer de l'air, ça semble contre-intuitif. Pourtant, les poissons à tête de serpent (la famille de Channidae) en sont tout à fait capables. Ils peuvent même survivre plusieurs jours hors de l'eau, si l'humidité est suffisante, et franchir des obstacles et coloniser de nouveaux cours d'eau. Prenons l'exemple du poisson à tête de serpent du Nord, ou Channa argus. Ce gros prédateur à la tête aplatie et aux écailles qui imitent à la perfection celles d'un serpent vit entre la Sibérie, la Corée et la Chine. Il supporte de grandes variations de température d'eau, entre 0 et 30 °C, et des eaux très faiblement oxygénées. En effet, en plus des branchiesbranchies comme tous les poissons, Channa argus possède un organe supplémentaire, proche des poumonspoumons, qui lui permet d'aspirer l'oxygène de l'air lorsque l'eau en est trop appauvrie. Et dans les cas les plus extrêmes, il peut rester plusieurs jours hors de l'eau pour conquérir de nouveaux milieux.
La famille des Channidae est considérée comme invasive quand elle se retrouve dans un environnement qui n'est pas le sien à l'origine. Le poisson à tête de serpent du Nord est ainsi considéré comme invasifinvasif aux États-Unis et au Canada. Particulièrement vorace, il exerce une pressionpression néfaste sur les populations de poissons, d'oiseaux, d'amphibiensamphibiens et de crustacés indigènes dont il se nourrit. C'est aussi un concurrent de taille pour les autres prédateurs. De plus, les femelles sont très prolifiques. Au printemps, elles peuvent frayer jusqu'à cinq fois, à raison de 20 000 à 50 000 œufs par ponte, cela fait plus de 100 000 œufs par an !
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