Nos émissions de gaz à effet de serre continuent. Résultat, en 2021, les taux de CO2 dans l’atmosphère augmenteront encore. Jusqu’à atteindre le seuil emblématique de plus 50 % par rapport à l’ère préindustrielle, prévient le service national britannique de météorologie (Met Office).


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    À la fin du XVIIIe siècle, les taux de CO2 dans l’atmosphère étaient de 278 parties par million (ppmppm). Et en ce début d'année, le service national britannique de météorologie (Met Office) annonce que même si la concentration moyenne annuelle devait s'établir à quelque 416,3 ppm plus ou moins 0,6 ppm, au printemps prochain, elle devrait dépasser les 417 ppm. Atteignant ainsi le seuil emblématique de plus 50 % par rapport à l'ère préindustrielle.

    Ainsi la concentration annuelle moyenne de CO2 dans l’atmosphère enregistrée par l'observatoire du Mauna Loa (Hawaï) devrait être de 2,29 ppm - plus ou moins 0,55 - plus élevée en 2021 qu'en 2020. Le résultat des émissions de combustibles fossiles et de la déforestation qui se poursuivent à des rythmes encore trop importants.

    Le ligne grise montre les variations mensuelles et la ligne noire – annuelle – des concentrations de CO2 dans l’atmosphère ces dernières années. Les étoiles bleues montrent les prévisions du Met Office pour les années précédentes. Pour 2020, l’étoile verte montre la prévision mise à jour compte tenu des réductions des émissions dues à la crise sanitaire. En rouge, les prévisions pour 2021. © Met Office
    Le ligne grise montre les variations mensuelles et la ligne noire – annuelle – des concentrations de CO2 dans l’atmosphère ces dernières années. Les étoiles bleues montrent les prévisions du Met Office pour les années précédentes. Pour 2020, l’étoile verte montre la prévision mise à jour compte tenu des réductions des émissions dues à la crise sanitaire. En rouge, les prévisions pour 2021. © Met Office

    Une hausse limitée par La Niña

    Le tout alors même que les conditions météorologiques liées à l'événement La Niña en cours devraient favoriser une poussée temporaire de croissance dans les forêts tropicales et absorber une partie de nos émissionsémissions de CO2.

    « L'accumulation de CO2 causée par l'Homme dans l'atmosphère s'accélère. Il a fallu plus de 200 ans pour que les niveaux augmentent de 25 % - c'était en 1986 -, mais maintenant un peu plus de 30 ans plus tard, nous approchons d'une augmentation de 50 %. Pour inverser cette tendance et ralentir la hausse du CO2 atmosphérique, il faudra réduire les émissions mondiales, et pour les arrêter, les émissions mondiales devront être ramenées à zéro. Cela doit se produire dans les 30 prochaines années pour que le réchauffement climatique soit limité à 1,5 °C », commente Richard Betts, professeur, dans un communiqué du Met Office.


    Concentration record de CO2 dans l'atmosphère : + 45 % en 30 ans !

    Provoquant un ralentissement de l'économie et des industries, la crise sanitairecrise sanitaire mondiale a eu un effet spectaculaire sur l'atmosphère. Toutefois, cela n'a pas diminué les concentrations de CO2, principal gaz à effet de serre persistant dans l'airair, qui atteignent un niveau record, a indiqué l'ONU lundi.

    Article de Futura avec l'AFP-Relaxnews paru le 28/11/2020

    Les concentrations de CO<sub>2</sub> sont les plus élevées depuis des millions d'années. © Kletr, Fotolia
    Les concentrations de CO2 sont les plus élevées depuis des millions d'années. © Kletr, Fotolia

    Selon le Bulletin annuel de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), une agence de l'ONU, la concentration de dioxyde de carbonedioxyde de carbone dans l'atmosphère a brutalement augmenté en 2019, la moyenne annuelle franchissant le seuil de 410 parties par million, et la hausse s'est poursuivie en 2020, alors que la pandémiepandémie de Covid-19Covid-19 a forcé de nombreux pays à mettre à l'arrêt leur économie. « La baisse des émissions liée au confinement ne représente qu'un petit point sur la courbe à long terme. Or, nous devons aplatir cette dernière de façon durable », a déclaré le Secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas.

    Selon le bulletin de l'OMM, pendant la période la plus intense d'arrêt des activités économiques, les émissions quotidiennes mondiales de CO2 ont enregistré une diminution allant jusqu'à 17 % en raison du confinement. Alors que la duréedurée et la sévérité des mesures de confinement restent encore floues, l'OMM juge très difficile d'estimer la réduction annuelle totale des émissions en 2020, mais elle estime toutefois que, selon des estimations préliminaires, cette réduction sera de l'ordre de 4,2 à 7,5 %. Une telle réduction des émissions n'entraînera toutefois pas de diminution des concentrations de CO2 dans l'atmosphère cette année car ces concentrations sont le résultat des émissions passées et actuelles cumulées.

    En résumé, la concentration de CO2 va continuer à augmenter cette année, mais à un rythme légèrement réduit, ne dépassant pas les fluctuations habituelles du cycle du carbonecycle du carbone observées d'une année sur l'autre.

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    En images : la Terre respire mieux depuis le début des confinements

    La basilique Notre-Dame de Fourvière, noyée dans un nuage de pollution et de brume, le 7 décembre 2016, à Lyon. © Jeff Pachoud, AFP, Archives
    La basilique Notre-Dame de Fourvière, noyée dans un nuage de pollution et de brume, le 7 décembre 2016, à Lyon. © Jeff Pachoud, AFP, Archives

    S'appuyer sur la pandémie pour en faire « un tremplin »

    « La pandémie de Covid-19 ne résoudra pas le problème du changement climatique. Toutefois, elle représente un tremplin pour lancer une action climatique plus soutenue et plus ambitieuse visant à réduire les émissions nettes à zéro en transformant complètement nos industries, nos systèmes énergétiques et nos transports », a souligné le Finlandais Petteri Taalas.

    Les gaz à effet de serre emprisonnent la chaleurchaleur dans l'atmosphère, font monter les températures et intensifient les conditions météorologiques extrêmes, la fontefonte des glaces, l'élévation du niveau de la mer et l'acidification des océans.

    Les trois principaux gaz à effet de serre persistants -- le dioxyde de carbone, le méthane et le protoxyde d'azoteprotoxyde d'azote -- ont encore atteint des records de concentration en 2019, selon l'OMM. Or, le dioxyde de carbone, résultant notamment de l'utilisation des combustiblescombustibles fossilesfossiles, de la production de cimentciment et de la déforestation, demeure pendant des siècles dans l'atmosphère et encore plus longtemps dans les océans. Sa teneur dans l'atmosphère a augmenté plus rapidement entre 2018 et 2019 qu'entre 2017 et 2018 et que sur les dix dernières années en moyenne.

    La pandémie de Covid-19 représente un tremplin pour lancer une action climatique plus soutenue et plus ambitieuse (…).

    « La dernière fois que la TerreTerre a connu une teneur en CO2 comparable, c'était il y a 3 à 5 millions d'années : la température était alors de 2 à 3 °C plus élevée qu'aujourd'hui et le niveau de la mer était supérieur de 10 à 20 mètres au niveau actuel, mais nous n'étions pas 7,7 milliards [d'êtres humains] », a souligné M. Taalas.

    Quant au méthane, dont 60 % des rejets dans l'atmosphère sont d'origine humaine (élevage de ruminants, riziculture, exploitation des combustibles fossiles, décharges...), sa teneur a augmenté légèrement moins rapidement entre 2018 et 2019 qu'entre 2017 et 2018, mais plus vite que sur les dix dernières années en moyenne.

    Enfin, le taux d'accroissement de la concentration de protoxyde d'azote, à la fois un gaz à effet de serre et un produit chimique appauvrissant la couche d'ozonecouche d'ozone, est resté pratiquement égal à la moyenne des dix années précédentes. Ses émissions dans l'atmosphère sont à 40 % d'origine humaine (engrais, procédés industriels...) mais pour le reste d'origine naturelle.

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    Vu de l'espace, le monde avant et depuis le confinement


    CO2 dans l'atmosphère : du jamais vu depuis 23 millions d'années !

    Article de Julie KernJulie Kern, publié le 2 juin 2020

    Le taux de CO2 dans l'atmosphère est au cœur de la lutte contre le réchauffement climatiqueréchauffement climatique. Malheureusement, il ne cesse d'augmenter faisant des taux récemment enregistrés les plus hauts depuis des millions d'années.

    Un argument revient souvent pour remettre en cause le réchauffement climatique, celui des taux importants de CO2 atmosphérique durant les périodes géologiques passées. Mais, une étude publiée dans Geology vient tordre le cou à ce raisonnement.

    En effet, grâce à une nouvelle technique de datation, les scientifiques américains ont pu remonter le temps pour mesurer les concentrations de CO2 atmosphérique des derniers 23 millions d'années. Résultats, l'anthropocèneanthropocène bat tous les records.

    En ordonnée, les concentrations de CO<sub>2</sub> en ppmv selon le temps en millions d'années. La fourchette estimée est représentée en vert. L'étoile rouge montre le taux de 2019. © Adapté de Yung Cui et <em>al. Geoscience World</em>
    En ordonnée, les concentrations de CO2 en ppmv selon le temps en millions d'années. La fourchette estimée est représentée en vert. L'étoile rouge montre le taux de 2019. © Adapté de Yung Cui et al. Geoscience World

    Estimer le taux de CO2 grâce aux plantes

    La technique mise au point par les chercheurs se base sur l'analyse du carbone 13 dans les plantes terrestres appelées « C3 », en référence à la voie de la photosynthèsephotosynthèse utilisées par ces dernières. Ils ont ainsi pu remonter 23 millions d'années en arrière et selon leur estimation, les taux de CO2 atmosphérique se sont échelonnés de 230 ppm à 350 ppm. Ces résultats sont tout de même à prendre avec recul puisqu'ils n'ont été obtenus qu'avec 68 % de confiance.

    Les périodes où les concentrations de dioxyde de carbone étaient les plus élevées durant la première moitié du MiocèneMiocène et au PliocènePliocène où les taux atteignaient environ 400 ppm. Mais aucune époque géologique ne bat les records de CO2 enregistrés en 2019 qui sont de 412 ppm.