Avec les secousses qui agitent en ce moment la caldeira des champs Phlégréens ressurgit la peur de voir ce supervolcan entrer à nouveau en éruption. Même si tous les experts assurent que la probabilité d’un tel évènement reste faible, différents scénarios sont toutefois envisagés. L’histoire nous montre qu’une nouvelle éruption pourrait avoir d’importantes conséquences !


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    Même si les experts se veulent rassurants, le spectrespectre d'une évacuation de grande ampleur plane aujourd'hui sur la région de Pouzzole dans le sud de l'Italie. Car voilà plusieurs mois que le sous-sol s’agite sous les pieds des 360 000 habitants qui ont élu domicile dans l'ancienne caldeiracaldeira du plus grand supervolcan actif en Europe.

    Une éruption peu probable mais qui doit être envisagée

    Le volcan serait-il en train d'entrer dans une phase de réveil ? Pour l'instant, rien n'est certain. Mais cette crise sismique, similaire à celle qu'a connue la région dans les années 1980, indique qu'il se passe bel et bien quelque chose en profondeur. Pour les volcanologuesvolcanologues qui suivent l'évolution au jour le jour, ces secousses ne sont cependant pas liées à une remontée de magma, mais plutôt à une mise sous pressionpression graduelle du système magmatique. Des gazgaz s'accumulent donc à quelques kilomètres sous la surface.

    Si la situation n'est donc pas critique, elle nécessite toutefois d'être surveillée de près. Car les champs Phlégréens représentent un système volcanique explosif, dont il est compliqué d'anticiper l'évolution. S'il est probable que la crise sismique se calme progressivement sans autre manifestation, le scénario d'une éruption ne peut être totalement écarté. D'autant plus qu'une étude publiée en juin dernier mettait en garde contre une fragilisation de plus en plus critique de la croûtecroûte, indiquant même que le volcan se situerait à un point de rupture.

    Un paysage, bordé de petits monts, qui ne doit pas faire oublier que l'on se trouve ici au sein de la caldeira du supervolcan actif le plus important d'Europe. © Baku, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 4.0
    Un paysage, bordé de petits monts, qui ne doit pas faire oublier que l'on se trouve ici au sein de la caldeira du supervolcan actif le plus important d'Europe. © Baku, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    Si cela donne des éléments sur l'état d'instabilité du système, aucune information sur la date d'une prochaine éruption ne peut être mise en avant. Cela peut être dans 10 ans comme dans 100 ans... impossible de savoir. Toutefois, la très forte densité de population dans la caldeira ainsi que l'imprévisibilité de ce type de volcan nécessitent de prendre en considération ce risque.

    Mais que se passerait-il dans le cas d'une nouvelle éruption des champs Phlégréens ?

    Boue bouillonnante dans le cratère de La Solfatare, qui fait partie des champs Phlégréens. © Patrick Massot, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 4.0
    Boue bouillonnante dans le cratère de La Solfatare, qui fait partie des champs Phlégréens. © Patrick Massot, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    Un scénario catastrophe qui impacterait l’ensemble du globe

    Bien sûr, le scénario catastrophe est le premier à venir en tête. Et pour cause, la caldeira des champs Phlégréens, qui mesure de 12 à 15 kilomètres de large, résulte d'une explosion cataclysmique survenue il y a 36 000 ans. Cet épisode aurait été à l'origine d'un hiver volcanique et aurait pu participer à la disparition de NéandertalNéandertal... rien que ça ! Il n'est donc pas exclu qu'une telle catastrophe se reproduise un jour.

    Gigantesques quantités de cendres et de gaz toxiques projetées dans l'atmosphère, coulées pyroclastiquecoulées pyroclastique, voire tsunamitsunami... En affectant les hautes couches de l'atmosphère, le dioxyde de soufresoufre pourrait entraîner un refroidissement climatique global. L'impact d'une super-éruption des champs Phlégréens serait donc mondial et pourrait avoir des conséquences dévastatrices sur la santé, l'agricultureagriculture, les capacités de transports et l'ensemble de l'économie. Un scénario qui, s'il reste possible, n'est cependant de loin pas le plus probable. Le déclenchement d'une super-éruption demande en effet une combinaison dont les facteurs semblent, pour l'heure, loin d'être réunis.

    Une éruption modérée de type phréatique comme scénario le plus probable

    Pour établir le scénario éruptif le plus réaliste actuellement, les scientifiques et le Département italien de la Protection Civile se sont basés sur l'analyse de l'activité des champs Phlégréens sur les derniers 5 000 ans. D'après ces données, il semble probable qu'une nouvelle éruption se manifeste par une activité modérée de type phréatiquephréatique, caractérisée par des explosions sans nécessairement production de lavelave. On assisterait ainsi à la formation d'une colonne éruptiveéruptive composée de gaz et de cendres, pouvant s'élever sur plusieurs dizaines de kilomètres de haut. L'effondrementeffondrement de cette colonne éruptive pourrait entraîner des coulées pyroclastiques, sortes d'avalanchesavalanches de gaz et de débris volcaniques portés à haute température et progressant à très grande vitessevitesse sur plusieurs kilomètres. Un phénomène extrêmement dangereux pour la population. Une pluie de cendres pourrait s'abattre également sur la région.

    Une coulée pyroclastique dévalant les flancs du volcan Mayon. © C.G. Newhall, <em>Wikimedia Commons</em>, domaine public
    Une coulée pyroclastique dévalant les flancs du volcan Mayon. © C.G. Newhall, Wikimedia Commons, domaine public

    Ce scénario nécessiterait bien sûr l'évacuation rapide de centaines de milliers de personnes. Une zone rouge, la plus soumise au risque volcanique, a d'ores et déjà été établie. Elle concerne environ 500 000 personnes. Cette évacuation de très grande ampleur serait certainement le défi majeur auquel seraient confrontées les autorités italiennes en cas de nouvelle éruption.