De très nombreuses personnes à travers le monde vivent sous la menace d’un volcan actif dont le comportement éruptif est encore souvent très mal connu. Une étude révèle cependant que trois paramètres clés, faciles à obtenir, pourraient permettre de déterminer rapidement lesquels représentent un risque pour les populations.


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    Le volcanisme est l'une des grandes manifestations géologiques qui surviennent quotidiennement sur Terre et cela depuis la formation de notre Planète. À l'heure actuelle, on compte ainsi environ 1 500 volcans actifs, c'est-à-dire en éruption ou en sommeilsommeil. Si certains font relativement peu parler d'eux, d'autres, au contraire, présentent une réelle menace pour les populations. Quelque 800 millions de personnes vivraient en effet à proximité immédiate d'un volcan actif. Pouvoir prévoir une éruption devient dans ce cas un enjeu humanitaire majeur.

    Une importante population vit actuellement à proximité immédiate du Vésuve, un volcan actif particulièrement dangereux. © Nasa, I<em>SS Expedition 4 crew member,</em> Wikimedia Commons, domaine public
    Une importante population vit actuellement à proximité immédiate du Vésuve, un volcan actif particulièrement dangereux. © Nasa, ISS Expedition 4 crew member, Wikimedia Commons, domaine public

    Heureusement, il existe certains signes précurseurs des éruptions, qui peuvent permettre de suivre l'évolution de l'activité d'un volcan. Pourtant, chaque volcan présente un comportement unique. Anticiper une éruption demande donc d'établir au préalable la carte d'identité du volcan en question, et cela ne se fait qu'au prix de nombreuses années de surveillance et de mesures scientifiques diverses et variées. Un travail long qui ne peut malheureusement pas être conduit sur l'ensemble des volcans actifs.

    Seuls 30 % des volcans actifs sont bien caractérisés

    On estime ainsi que seuls 30 % d'entre eux possèdent actuellement une base de donnéesbase de données suffisamment fournie pour pouvoir prétendre comprendre leur fonctionnement. Un taux très largement insuffisant qui s'explique notamment par le fait que de nombreux volcans, bien qu'actifs, n'entrent que très rarement en éruption. Si pour certains, les archives historiques peuvent permettre d'avoir une idée de la fréquence des éruptions et de leurs caractéristiques, pour d'autres, les scientifiques ne peuvent se référer qu'à des archives géologiques souvent très parcellaires. Difficile dans ce cas d'estimer avec précision quels seront les signes précurseurs d'une éventuelle éruption.

    Une équipe de scientifiques de l'université de Genève pourrait cependant avoir déterminé trois paramètres clés permettant d'obtenir facilement et rapidement la carte d'identité d'un volcan. Il s'agirait de la hauteur de l'édifice volcanique, de l'épaisseur de la croûtecroûte entre la surface et le réservoir magmatique et la composition chimique des magmas émis au cours de son histoire éruptiveéruptive. Le premier paramètre est en effet relativement facile à obtenir à l'heure actuelle grâce à l'altimétrie satellite. Le second peut, quant à lui, être déterminé par des mesures géophysiques et des analyses minéralogiques des roches volcaniques. La troisième repose sur l'analyse de roches prélevées sur le terrain.

    La hauteur d'un volcan est un paramètre facile à obtenir qui peut permettre d'avoir une meilleure idée du comportement éruptif. © Ecuadorquerido, Adobe Stock
    La hauteur d'un volcan est un paramètre facile à obtenir qui peut permettre d'avoir une meilleure idée du comportement éruptif. © Ecuadorquerido, Adobe Stock

    Des paramètres faciles et rapides à obtenir

    C'est en étudiant les volcans de l'arc volcaniquearc volcanique des Petites Antilles que les chercheurs ont en effet noté certaines corrélations. Ainsi, la hauteur de l'édifice semble avoir un lien avec la vitessevitesse à laquelle le magmamagma est produit. Les chercheurs remarquent en effet que les plus hauts volcans sont ceux qui produisent les plus grandes quantités de magma au cours d'un événement éruptif. Il apparaît également que plus la croûte sous le volcan est fine, plus le réservoir magmatique est proche de la surface et donc plus le volcan est « mature » d'un point de vue thermique. Enfin, et cela est désormais un facteur bien connu, la teneur en silicesilice dans le magma est un indice d'explosivité.

    Dans leur article publié dans la revue Geology, les chercheurs montrent que c'est bien la combinaison de ces trois paramètres clés qui peut permettre d'obtenir un instantané de l'état du volcan et donc une première idée du risque volcanique. Une méthodologie facile et rapide à mettre en œuvre, notamment sur des volcans dont le comportement reste encore très méconnu. Cela pourrait permettre d'identifier les volcans présentant le risque de produire une éruption de grande ampleur et de mettre en place des moyens de surveillance plus précis.