On a tendance à l’oublier mais, outre le Vésuve, Naples vit sous la menace d’un supervolcan dont il ne reste aujourd’hui qu’une vaste caldeira. Malgré leur discrétion, les champs Phlégréens sont pourtant bien actifs. Une activité en hausse qui pourrait, d’après une nouvelle étude, indiquer que le supervolcan est en passe d’atteindre le point de rupture !


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    Si c'est bien la silhouette imposante du Vésuve qui s'élève au-dessus de Naples, ce n'est pourtant pas le seul volcan à menacer directement cette grande ville du sud de l'Italie. Car, tapi dans ce doux paysage méditerranéen se cache l’un des supervolcans les plus actifs au monde. Point de cônecône majestueux, mais une vaste caldeiracaldeira dans laquelle ont d'ailleurs élu résidence quelques 360 000 personnes. Seule une vue satellite permet de mesurer la taille du monstre, nommé les champs Phlégréens (Campi Flegrei). Avec 12 à 15 kilomètres de large, la caldeira s'étend en effet au niveau du golfe de Pouzzoles, à seulement 9 kilomètres de Naples. Si une partie est actuellement immergée dans le golfe, le reste se caractérise par la présence de nombreux petits cônes volcaniques. Le plus connu est certainement la Solfatare, vaste cratère d'où s'échappent continuellement fumerolles, gazgaz soufrés et boue bouillonnante, comme pour nous rappeler que le géant n’est qu’assoupi.

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    Boue bouillonnante dans le cratère de La Solfatare, qui fait partie des champs Phlégréens. © Patrick Massot, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    Un dangereux géant au sommeil bien léger

    Pour les scientifiques en charge de la surveillance du supervolcansupervolcan, ce sommeilsommeil pourrait d'ailleurs être très léger. Le risque d'une éruption serait même à considérer de manière sérieuse. C'est la conclusion d'une nouvelle étude publiée dans la revue Communications Earth and Environnement.

    Revivez l'histoire spectaculaire et tragique de l'une des plus grandes éruptions de l'Histoire de l'humanité, celle de la montagne Pelée, et de l'homme qui a enquêté sur ses circonstances. © Futura

    Impossible de prévoir quand, ni comment les champs Phlégréens pourraient entrer en éruption, mais le volcan est considéré comme particulièrement dangereux. En témoigne la caldeira, qui résulte de deux éruptions majeures survenues il y a 36 000 et 14 000 ans. L'explosion du volcan il y a 36 000 ans est même suspectée d'être en partie responsable de la disparition de l'Homme de NéandertalNéandertal. D'importants dépôts de cendres ont en effet été retrouvés dans toute l'Europe et il est probable que cet épisode ait entraîné un hiver volcanique. La dernière éruption date, quant à elle, du 29 septembre 1538. Cette dernière phase éruptiveéruptive, d'ampleur modérée, s'était soldée par la destruction du village de Tripergole et par la création d'un nouveau mont volcanique de 133 mètres de haut au sein de la caldeira, le monte Nuovo.

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    Un paysage bordé de petits monts qui ne doit pas faire oublier que l'on se trouve ici au sein de la caldeira du supervolcan actif le plus important d'Europe. © Baku, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    Depuis 1950, la région a connu plusieurs petits sursautssursauts d'activité, sans pour autant donner lieu à une véritable éruption. Des dizaines de milliers de petits tremblements de terretremblements de terre ont ainsi été enregistrés depuis, ainsi qu'un soulèvement de la ville de Pouzzoles de près de 4 mètres ! Si, pour l'instant, aucune activité ne laisse présager d'un réveil soudain du volcan, ces petites manifestations pourraient toutefois indiquer que le volcan est en passe d'atteindre son point de rupture.

    Une évolution structurale majeure ces dernières années

    Ces manifestations sont en effet associées à des mouvementsmouvements de fluides (gaz ou magmamagma) à environ 3 kilomètres sous la surface. La pressionpression qu'exercent ces fluides sur les roches mène d'abord à leur soulèvement puis, lorsqu'elle dépasse un certain seuil, à leur fracturation, ce qui provoque les petits tremblements de terre. Or, depuis 2020, les données suggèrent que les roches ne répondent plus de manière élastique, indiquant une tendance accrue au développement de fractures. La croûtecroûte serait donc de plus en plus fragile et susceptible de rompre facilement si une importante remontée de magma se produisait.

    Si les conditions apparaissent donc plus favorables à une éruption, cela ne signifie cependant pas qu'elle va avoir nécessairement lieu. Il peut s'agir en effet d'une petite « crise », à la suite de laquelle le volcan peut tout simplement se rendormir. Ou bien le système peut continuer à évoluer plus ou moins vite vers une éruption. Là encore, impossible de prévoir son ampleur. Il pourrait s'agir de plusieurs petites éruptions, ou d'une éruption majeure, la probabilité de ce dernier cas restant tout de même relativement faible.

    Quoi qu'il en soit, le volcan reste sous étroite surveillance, car plusieurs exemples ont révélé que ce type de volcan pouvait entrer brusquement en éruption sans montrer une claire gradation dans les signaux précurseurs, hormis ce passage d'une déformation élastique à un état de rupture.