Alors qu’une très large majorité de la population vit et vivra en ville, penser l’avenir du développement urbain est obligatoire. La ville intelligente ou « smart city » veut profiter des nouvelles technologies digitales pour améliorer le quotidien des villes. Dans ce cadre, le développement durable et la nature tiennent une place importante pour la qualité de vie et penser la ville à long terme.


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    Face à des métropoles devenant mégalopoles, comment résoudre la problématique de loger les populations, optimiser les déplacements, fournir des équipements performants et préserver un cadre vivable ? La création de « cité idéale » n'est pas une ambition nouvelle, mais elle se conjuguera en vert dans le futur : jardins suspendus et façades végétalisées, réserves foncières destinées à l'agriculture urbaine ou de la forêt, en sont des signes notables. La smart city durable est en marche et quantité d'éco-innovations émergentémergent.

    Qu’est ce que la smart city ?

    La ville intelligenteville intelligente découle de l'expression anglaise smart city. Elle consiste à intégrer l'ensemble des technologies de l'information et de communication (TICTIC), le digitaldigital, afin de fluidifier les éléments clés qui caractérisent nos villes. Data, intelligence artificielleintelligence artificielle ou encore capteurscapteurs, objets connectés, réseaux intelligents et communicants sont devenus le quotidien. Ces technologies sont mises au service de la ville d'aujourd'hui, notamment pour son organisation, ses équipements collectifs, sa consommation d'énergieénergie, ses bâtiments et constructionsconstructions, les déplacements, la vie quotidienne et travail, les loisirs, etc.

    Autrement dit, il s'agit de connecter et de « monitorer » en direct la ville afin d'en faciliter l'organisation, d'en améliorer le fonctionnement et de créer de nouveaux usages pour les citoyens, entreprises, services publics, etc. Face à cette « ville intelligente » multidimensionnelle - technologique, écologique, sociale, sociétale, économique, etc. -, l'Union européenne a fait de la création d'un écosystème smart city l'une de ses priorités fortes.

    Toute ville créée ex-nihilo ou décidée à muter en smart city se transforme alors en un laboratoire à taille réelle. Objectif ? Expérimenter de nouvelles pistes pour organiser ou imaginer la vie urbaine de demain. Acteurs publics et acteurs privés co-construisent bien souvent cette approche et des briques de solutions, alors que le marché mondial de la smart city est estimé à 400 milliards de dollars par an ! Partout le mouvementmouvement est lancé, du plan des « 500 éco-villes » en Chine (lancé en 2015) en passant par les 140 smart cities moteur de la croissance indienne (lancé en 2014). 

    Faciliter la mobilité urbaine, créer des coulées vertes, comme ici, à Reims, au cœur de l'espace urbain. © rh2010, Adobe Stock
    Faciliter la mobilité urbaine, créer des coulées vertes, comme ici, à Reims, au cœur de l'espace urbain. © rh2010, Adobe Stock

    Quand la ville intelligente rime avec développement durable

    Travailler à améliorer la qualité de vie des habitants, sans impacter l'environnement, est un défi. Pourtant, il s'agit du critère qui anime acteurs - décideurs - usagers de la ville durable. C'est un fait : bien des villes en mutation s'orientent vers un modèle urbain de développement où le « smart » rencontre le durable : la ville du futur ne sera pas une simple ville digitalisée ou « technologiquement avancée », mais ancrée dans le développement durable. Ce dernier s'applique déjà à bien des domaines urbains, comme par exemple :

    • la gestion différenciée des déchets via des capteurs ;
    • les mobilités douces et l'élasticitéélasticité des réseaux de transports via l'IA ;
    • les consommations d'énergie via les smart grid ;
    • le bâti plus vertueux via des labels, les biomatériaux et de nouveaux outils type BIM (acronyme pour bâti immobilier modélisé ou Building Information Modeling)

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    Eaux usées traitées : pourquoi cette nouvelle ressource est à utiliser

    Protection de leur territoire, réponses aux attentes sociales et atteintes des objectifs du développement durable (comme l'Agenda 2030) guident de plus en plus les prescriptions des acteurs publics en matièrematière urbaine. La notion d'empreinte carbonecarbone, d'économie circulaire et de développement raisonné gagnent les cercles de décision.

    Si l'on prend l'exemple du développement de réseaux de transports intelligents, plusieurs finalités sont poursuivies (fluidité, multimodalité, disponibilité) pour que les usagers améliorent leur expérience quotidienne et leur usage. Mais l'éco-efficience de ces réseaux motive tout autant les décideurs face aux gains générés (moindre pollution de l'airair, trajets individuels « épargnés », etc.).

    Les acteurs privés s'adaptent à ces enjeux de développement durable, et peuvent en être à l'initiative. Notre dernier article Villes intelligentes : à quoi ressembleront les villes du futur ? en donne des exemples.

    Dans ce contexte, la responsabilité sociétale pèse davantage dans le montage des projets urbains. Avec elle, c'est la volonté d'impliquer, faire collaborer les habitants qui s'impose. En une dizaine d'années, le développement durable est devenu une matrice majeure du développement urbain « smart ». 

    Pourquoi et comment la smart city va-t-elle être plus verte ?

    L'adoption de sources d'énergies renouvelables est un pré-requis incontournable, lorsque l'on évoque la ville intelligente et les projets urbains actuels, qu'il s'agisse de ville entière ou de nouveaux quartiers. Solaire, géothermie, biomassebiomasse, hydrogène sont parties prenantes de la transition énergétiquetransition énergétique poussée par la smart city. Les notions de coproduction avec les habitants (sur leurs logements, par exemple), d'autoconsommation locale ou encore de réutilisation d'énergie produite (dans un réseau de chaleur par exemple) sont quelques-unes les solutions déployées. Dans l'un de ses focus récents paru en 2019, le cabinet Deloitte évoque les liens étroits entre problématique énergétique, environnement et ville intelligente.

    Mais la smart city plus verte consiste aussi à s'appuyer sur les arbresarbres et la végétation, en créant ou préservant des corridorscorridors verts, forêts urbaines et espaces naturels en nombre, au cœur de l'espace urbain. L'apport de la nature et la défense de la biodiversitébiodiversité ont un impact positif direct sur le cadre de vie. Mais ce sont aussi leurs effets induits qui sont recherchés. Et ils sont nombreux, comme lutter contre la pollution de l'air, atténuer les îlots de chaleurchaleur et réguler les températures, préserver l'équilibre écologique des écosystèmesécosystèmes, préserver et mieux stocker les ressources naturelles, comme l'eau.

    L'atténuation des effets du changement climatique actuel, mais aussi ses conséquences (comme la sécheressesécheresse) passe donc par une ville intelligente plus verte. Plus globalement, penser la ville durable nécessite de savoir comment maîtriser les ressources naturelles de base indispensables à la population, comme la nourrir en local (agriculture urbaine, nouvelles techniques agronomiques) et sécuriser son accès à l'eau (détection des fuites, automatisation, Reuse, etc.). La smart city durable se pense donc avec l'humain et son environnement au centre.

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    Maison solaire écologique sur l’île de Sainte-Hélène

    Cette maison solaire écologique se trouve au Canada, sur l'île de Sainte-Hélène. Elle a été conçue par des étudiants (université McGill, université de Montréal et École de technologie supérieure) dans le cadre du Solar Decathlon, une compétition universitaire internationale créée en 2002 par le département de l'ÉnergieÉnergie des États-Unis.

    © Benoit Rochon, Wikimedia Commons, CC by 3.0