Alors que les 2,4 milliards d’habitants vivant sur les côtes sont directement menacés par la montée des eaux et les ouragans, un projet de cité modulable et autonome vient d’être présenté à l’ONU. Entièrement fondée sur le principe du développement durable, cette ville approvisionnera ses résidents en eau, énergie et nourriture en cas de catastrophe naturelle.


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    Face aux menaces du réchauffement climatique, de nombreux concepts de cités flottantes ont vu le jour ces dernières années. Des pyramides mayas du cabinet d'architecture italien Lazzarini au véritable « État » du Seasteading Institute au large de la Polynésie française en passant par LilyPad, une sorte de nénuphar géant dans un lagon artificiel imaginé par l'architectearchitecte Vincent Callebaut, la plupart restent pourtant au stade d'utopie.

    Le dernier projet en date a pourtant retenu l'attention de l'ONU lors d'une table ronde des Nations unies le 3 avril dernier à New York. Conçue par le cabinet d'architectes Bjarke Ingels Group (BIG) pour la startup Oceanix et soutenue par le MIT Center for ocean engineering et le club Explorers (un groupe de scientifiques soutenant l'exploration terrestre et spatiale), cette ville modulable « fait partie des solutions contre la crise climatique », a assuré Maimunah Mohd Sharif, la directrice exécutive de l'ONU pour les établissements humains. Cette dernière a assuré que l'organisation appuierait le projet.

    Le projet Oceanix city s’articule autour de modules hexagonaux de 15.000 mètres carrés. © Oceanix/BIG-Bjarke Ingels Group
    Le projet Oceanix city s’articule autour de modules hexagonaux de 15.000 mètres carrés. © Oceanix/BIG-Bjarke Ingels Group

    Un assemblage de plateformes hexagonales

    Déjà à l'origine de logements flottants à Copenhague, Bjarke Ingels ambitionne cette fois un projet à bien plus grande échelle : une ville entièrement autonome et capable de résister à tout type de catastrophe naturelle (inondations, tsunamis et ouragans de catégorie 5). Le concept s'articule autour de plateformes hexagonales de 20.000 mètres carrés, chacune pouvant accueillir 300 résidents. Ces structures sont assemblées en « villages » de six hexagones, disposés autour d'une serre. Pour Bjarke Ingels, le nombre idéal d'habitants serait de 10.000 personnes (soit six villages de six plateformes), car cela permettrait une autonomieautonomie totale en matièrematière d'énergieénergie, d'eau potable et de chaleurchaleur.

    La ville sera construite en matériaux durables comme le bois et le bambou. © Oceanix/BIG-Bjarke Ingels Group
    La ville sera construite en matériaux durables comme le bois et le bambou. © Oceanix/BIG-Bjarke Ingels Group

    Des matériaux durables et une mobilité non polluante

    Tout repose en effet sur le développement durabledéveloppement durable. La plateforme sera ancrée à environ 1,6 kilomètres des côtes à des récifs en « Biorock », un matériaumatériau naturel formé par les minérauxminéraux sous-marinssous-marins exposés à un courant électriquecourant électrique qui se renforce au fil du temps. Les bâtiments, entièrement démontables, seront construits à partir de matériaux durables (bambou, boisbois...)) et limités à une hauteur de sept étages pour garder un centre de gravitégravité assez bas. L'eau sera fournie par la récolte de la pluie, désalinisation ou par l'airair atmosphérique condensé et filtré. Aucune voiturevoiture autorisée : les déplacements se feront à vélo, par drone ou bateau électrique). Les déchetsdéchets seront transportés via des tubes pneumatiquespneumatiques vers un centre de tri où ils seront recyclés ou réutilisés.

    Des algues et fruits de mer seront élevés dans des fermes aquatiques verticales. © Oceanix/BIG-Bjarke Ingels Group
    Des algues et fruits de mer seront élevés dans des fermes aquatiques verticales. © Oceanix/BIG-Bjarke Ingels Group

    Une véritable « agricultureagriculture marine » permettra de nourrir les habitants, avec par exemple des cages sous les plateformes pour élever des coquillescoquilles Saint-Jacques et autres fruits de mer, des cultures d'alguesalgues ou encore des fermes aquaponiques pour fertiliser les plantes. Des îles annexes inhabitées seront d'ailleurs dédiées à la production de nourriture ou à la production électrique (par exemple avec des panneaux solaires).

    La ville flottante sera amarrée à proximité des villes et les modules pourront être remorqués en cas de catastrophe. Contrairement aux projets d'îles artificielles pour milliardaires, Oceanix city s'adresse en premier lieu aux populations les plus vulnérables à la montée des eaux et qui n'ont pas les moyens de payer un loyer élevé en ville, affirme la startup.

    Oceanix city s’adresse en premier lieu aux zones tropicales, les plus menacées par les catastrophes naturelles et où la culture est plus facile. © Oceanix/BIG-Bjarke Ingels Group
    Oceanix city s’adresse en premier lieu aux zones tropicales, les plus menacées par les catastrophes naturelles et où la culture est plus facile. © Oceanix/BIG-Bjarke Ingels Group

    La ville flottante, un concept encore utopique

    Bien qu'en vogue et répondant à une vraie problématique, ce genre de cité flottante soulève un grand nombre d'interrogations : qui a vraiment envie d'habiter à plusieurs kilomètres au milieu de la mer ? Quels seront les moyens de transport pour aller travailler sur la côte ? L'agriculture aquaponique et les fermes urbaines suffiront-elles à nourrir toute la population ? Que se passera-t-il en cas de pénurie d'eau ou de panne d'électricité ? Oceanix, fondée en 2018 par Marc Collins Chen, l'ancien ministre du tourisme de la Polynésie française, assure être déterminé à mener à bien le projet. Avec quel financement ? Mystère. L'ONU s'est d'ailleurs bien gardée d'annoncer une quelconque participation.