Flora Robotica est un projet européen qui veut développer une relation symbiotique entre des plantes et des robots afin qu'ils puissent créer des structures architecturales, et à terme des habitations. Un urbanisme qui unit technologie et nature de façon inédite.


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    La technologie n'est jamais aussi enthousiasmante que lorsqu'elle voit loin, très loin, et nous projette vers un futur qui débride l'imagination. C'est le cas de Flora Robotica. Ce projet européen repose sur la volonté de créer une symbiose entre deux mondes que tout oppose, les plantes et les robots, afin de créer des hybrideshybrides qui se chargeraient de construire nos habitations et nos jardins.

    Flora Robotica est porté par un consortium de biologistes, roboticiens, chercheurs en informatique et architectesarchitectes travaillant dans les universités et centre de R&D de six pays européens*. Le projet est financé par l'Union européenne jusqu'en 2020. L'objectif principal est d'inventer la configuration qui favorisera une symbiose entre des plantes naturelles et des plantes robotiquesrobotiques afin que le développement de ces structures hybrides puisse se faire en autonomieautonomie et aboutir à des espaces de vie auto-organisés. Pour cela, il faut apprendre aux robotsrobots comment faire pousser des plantes en se coordonnant entre eux et en se servant de la lumièrelumière comme source.

    Voici l’un des modules de la plante robotique qui émet de la lumière bleue pour stimuler la croissance de la plante naturelle. © Flora Robotica
    Voici l’un des modules de la plante robotique qui émet de la lumière bleue pour stimuler la croissance de la plante naturelle. © Flora Robotica

    La lumière est au cœur du projet Flora Robotica

    Le principe est en lui-même assez simple. Les plantes sont sensibles à la lumière en général, et à la lumière bleuelumière bleue en particulier. Celle-ci favorise l'ouverture de leurs stomatesstomates et stimule leurs cryptochromescryptochromes, ce qui a pour effet d'accélérer leur métabolismemétabolisme et donc la croissance et le développement. Les chercheurs ont donc fabriqué des structures artificielles composées de modules robotiques équipés de LED bleues sur lesquelles les plantes naturelles vont croître. Le jeu de lumière va attirer la plante et orienter le sens de sa pousse. Un capteurcapteur de proximité permet au robot de « sentir » que la plante s'approche de lui. Il peut alors communiquer avec un autre robot afin que celui-ci émette de la lumière et ainsi orienter la croissance de la plante dans une autre direction.

    Le robot pourra se fixer à la tige principale ou au tronc de la plante pour surveiller ses constantes vitales, gérer son arrosage et stimuler différents tropismestropismes végétaux (phototropismephototropisme, gravitropisme, thigmotropisme) qui permettront d'organiser la croissance vers la forme architecturale voulue. « Les organismes robots-végétaux vivent dans un environnement habité par l'Homme et, grâce à leur interaction avec les humains, ils se transforment en structures architecturales (murs, toits, bancs) offrant des fonctionnalités telles que l'ombre, le contrôle de la qualité de l'airair et la réduction du stressstress », peut-on lire sur le site du projet Flora Robotica.

    Un exemple de structures robotisées tressées sur lesquelles des plantes naturelles peuvent pousser. © Flora Robotica
    Un exemple de structures robotisées tressées sur lesquelles des plantes naturelles peuvent pousser. © Flora Robotica

    Une réalité d’ici 20 à 30 ans

    Des premiers essais ont été conduits au Danemark par une équipe d'architectes associés au projet. Ils ont exploré l'utilisation de nattes tressées comme support de croissance pour les plantes afin de réaliser des structures et les relier entre elles, par exemple pour former des colonnes qui viendront se rejoindre pour créer un toit. Des filaments de fibre de verre ont également été testés pour élaborer des structures tridimensionnelles légères qui peuvent facilement changer de forme afin d'orienter la croissance de la plante qui viendra s'y développer (voir les exemples en images).

    Selon les promoteurs du projet, des espaces de vie créés par de telles structures hybrides pourraient voir le jour d'ici 20 ou 30 ans. L'un des aspects fascinants de ce concept est qu'il veut marier la technologie et la nature, deux composantes essentielles de l'existence future sur Terre, pour façonner un urbanisme sur le temps long. Il n'est pas question de performance ni de rendement mais bien d'un moyen de rapprocher harmonieusement le génie humain de ce qu'il a de plus précieux. Ces « Flora polis » verront-elles vraiment le jour ? On peut y rêver...

    * Université de Paderborn (Allemagne, Institute of Computer Science, swarm intelligenceintelligence group), université Adam Mickiewicz (Pologne, department of molecular and cellular biology), Centre for Information Technology and Architecture (Danemark), Cybertronica Research (Allemagne), université IT de Copenhague (Danemark, robotics, Evolution and art lab), université de Graz (Autriche, department of zoology, artificial life lab)