La protéine Parkin, connue pour intervenir dans la progression de la maladie de Parkinson, participe au recyclage des mitochondries et au bon fonctionnement des cellules. Une nouvelle étude montre qu’elle contribue également à la destruction de l’agent de la tuberculose lors de l’ingestion par les cellules immunitaires. En ciblant cette protéine, les chercheurs pourraient faire d'une pierre deux coups pour combattre ces maladies meurtrières.

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    La maladie de Parkinson est très complexe et touche à la fois aux sphères motrice, cognitive et psychique, mais aussi au fonctionnement végétatif (digestion, respiration, sommeil, etc.). Les causes de cette maladie sont encore floues. Des études ont montré que des variants dans une protéine, appelée Parkin, augmentent le risque de la développer. Une nouvelle étude met en évidence un rôle de cette protéine dans une autre maladie mortelle, la tuberculose. © Jefferson Siow Photography, Flickr, cc by nc nd 2.0

    La maladie de Parkinson est très complexe et touche à la fois aux sphères motrice, cognitive et psychique, mais aussi au fonctionnement végétatif (digestion, respiration, sommeil, etc.). Les causes de cette maladie sont encore floues. Des études ont montré que des variants dans une protéine, appelée Parkin, augmentent le risque de la développer. Une nouvelle étude met en évidence un rôle de cette protéine dans une autre maladie mortelle, la tuberculose. © Jefferson Siow Photography, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Après Alzheimer, la maladie de Parkinson est la pathologie dégénérative du cerveau la plus commune dans le monde. Elle débute en général entre 60 et 70 ans, mais peut survenir à tous les âges. Elle entraîne une destruction lente et progressive des cellules du système nerveux central, et induit des problèmes moteurs comme des tremblements et une rigiditérigidité musculaire. Les malades peuvent aussi souffrir de troubles cognitifs tels que des pertes de mémoire.

    Face à l'ampleur de la maladie et au vieillissement de la population, les recherches s'intensifient pour mettre au point un traitement. Cependant, les causes de cette pathologie restent pour le moment assez floues et le remède miracle n'est pas pour demain. Une protéine appelée Parkin est au centre d'un grand nombre d'investigations. Des mutations dans le gène codant pour cette protéine sont en effet associées à un risque accru de développement de la maladie de Parkinson.

    La bactérie <em>M. tuberculosis </em>(en jaune), ou bacille de Koch, peut être phagocytée par les cellules immunitaires (en bleu). Ce redoutable agent infectieux cause la tuberculose. Cette nouvelle étude montre que la protéine Parkin, initialement connue pour son rôle dans la maladie de Parkinson, participe à la lutte immunitaire contre ce pathogène. © AJC1, Flickr, cc by nc 2.0

    La bactérie M. tuberculosis (en jaune), ou bacille de Koch, peut être phagocytée par les cellules immunitaires (en bleu). Ce redoutable agent infectieux cause la tuberculose. Cette nouvelle étude montre que la protéine Parkin, initialement connue pour son rôle dans la maladie de Parkinson, participe à la lutte immunitaire contre ce pathogène. © AJC1, Flickr, cc by nc 2.0

    Le rôle joué par la protéine Parkin vient récemment d'être élucidé. Une étude a en effet montré qu'elle intervenait dans la mitophagie, un mécanisme d'autophagieautophagie qui assure le recyclagerecyclage des mitochondriesmitochondries et le bon fonctionnement de la cellule. Chez les personnes souffrant de Parkinson la mitophagiemitophagie serait inefficace, ce qui induirait une diminution de l'activité des neuronesneurones.

    La protéine Parkin pour détruire l’agent de la tuberculose

    Une nouvelle étude ajoute une pièce manquante au puzzle. Une équipe de l'université de Californie à San Francisco vient de montrer que la protéine Parkin jouait également un rôle dans le développement d'une autre maladie mortelle, la tuberculose. Cette dernière est l'une des infections les plus meurtrières du monde. En 2011, 8,7 millions de personnes en ont été victimes et 1,4 million en sont mortes. Selon cette nouvelle étude, publiée dans la revue Nature, Parkin participerait à la destruction de l'agent de la tuberculosetuberculose par les globules blancsglobules blancs.

    La bactériebactérie responsable de la tuberculose, Mycobacterium tuberculosis, est un pathogènepathogène intracellulaire qui peut se développer dans différents types de cellules et en particulier à l'intérieur des macrophages. Ces cellules immunitaires sont impliquées dans la xénophagie, c'est-à-dire l'ingestioningestion des corps étrangers. Lorsque M. tuberculosis est absorbé par les macrophagesmacrophages, il est dirigé dans un compartiment appelé phagosome, là où les bactéries sont d'ordinaire détruites. L'agent de la tuberculose a cependant trouvé une parade : il est capable de bloquer l'acidification du phagosome et de se multiplier à l'intérieur. Mais les cellules hôtes n'ont pas dit leur dernier mot. Elles peuvent piéger à nouveau les bactéries dans des vésicules appelées lysosomeslysosomes dans lesquelles elles les détruisent. La bataille entre les macrophages et M. tuberculosis peut ainsi être très intense !

    Des expériences récentes ont montré que des variants de la protéine Parkin augmentaient la sensibilité à la tuberculose. En d'autres termes, Parkin pourrait participer à la lutte contre M. tuberculosis. Ces résultats ont mis la puce à l'oreille des chercheurs états-uniens. « Nous savons que Parkin joue un rôle dans la mitophagie, explique Jeffery Cox, le directeur de l'équipe, nous nous sommes donc demandés si elle pouvait également intervenir lors de la xénophagie des bactéries par les macrophages. »

    Cibler une seule protéine pour combattre deux maladies ?

    Les scientifiques ont vu juste. Ils ont tout d'abord montré que la protéine Parkin était essentielle aux macrophages de souris ou d'humains pour les aider à lutter contre M. tuberculosis lors d'une infection. Dans un deuxième temps, ils ont fabriqué des souris génétiquement modifiées ne possédant plus la protéine Parkin. Les animaux mutants ont tous succombé à la tuberculose alors que les normaux ont survécu.

    Selon les auteurs, cette découverte n'est pas très surprenante. « Les mitochondries sont souvent considérées comme d'anciennes bactéries qui auraient été ingérées par les cellules et seraient restées pour établir une relation symbiotique, précise le chercheur. Il paraît donc vraisemblable que les mécanismes de dégradation des mitochondries et des bactéries soient similaires. »

    Ces résultats permettent de mieux comprendre les stratégies utilisées par les cellules pour réguler leurs activités et pour se défendre contre les envahisseurs. Ils montrent comment deux maladies mortelles, a priori complètement différentes, peuvent être liées par un même composant. Les travaux sur l'une de ces deux pathologies pourraient ainsi servir à combattre l'autre.