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En 2009, une équipe internationale d'astronomesastronomes annonçait la découverte d'un étrange objet. Il avait été observé dans le domaine de l'infrarouge par les télescopes doués d'optique adaptative KeckKeck et Subaru à Hawaï. Les chercheurs étaient perplexes, car le rayonnement observé portait la signature spectrale d'une raie particulière de l'hydrogène, la raie Lyman-alpha. En laboratoire, on l'observe sur Terre dans le domaine de l'ultraviolet, ce qui veut dire que la lumière en provenance de l'objet, baptisé Himiko du nom d'une mythique reine chamane japonaise, avait subi un fort décalage vers le rougedécalage vers le rouge.
Celui-ci indiquait qu'Himiko était observé alors que l'universunivers n'était âgé que de 800 millions d'années environ. Or, avec une taille estimée à 55.000 années-lumièreannées-lumière, Himiko entrait en conflit avec le modèle de la matière noirematière noire froide (ou pour le moins les modèles de formation des galaxies)) si on cherchait à l'interpréter comme une seule galaxiegalaxie, ce que suggérait des observations faites avec le télescope Spitzer.
Himiko et la naissance des galaxies
En effet, le modèle cosmologique standardmodèle cosmologique standard prévoit que les grandes galaxies se forment par fusionfusion à partir de galaxies nainesgalaxies naines. On avait donc bien du mal à expliquer comment un objet presque aussi grand que la moitié de la Voie lactéeVoie lactée pouvait déjà exister si tôt dans l'histoire de l'univers observable, dont l'âge estimé à l'époque était de 13,7 milliards d'années. On sait aujourd'hui, grâce aux observations de Planck, que le cosmoscosmos est un peu plus âgé, avec 13,82 milliards d'années. Mais le problème que posait Himiko vient tout simplement de disparaître, si l'on en croit un article déposé sur arxiv par les astrophysiciensastrophysiciens.
Les trois galaxies en interaction sont bien visibles sur cette photographie prise à l'aide de la Wide Field Camera 3 de Hubble. Décalées par l'expansion de l'univers, les émissions dans l'ultraviolet de Himiko apparaissent dans l'infrarouge. Les bandes d'observation à 0,98, 1,25 et 1,6 micron sont représentées respectivement par les couleurs bleue, verte et rouge. © Nasa, NAOJ
Les chercheurs ont poursuivi leurs investigations en utilisant les observations fournies par le télescope de l'Atacama Large Millimeter/submillimeter Array (Alma), SpitzerSpitzer et surtout le télescope spatial Hubbletélescope spatial Hubble. Ce qui apparaissait comme une unique bulle de gazgaz chaud et ionisé, dix fois plus grande que la taille typique des galaxies à l'époque de la fin de la réionisationréionisation, se révèle maintenant constitué de trois concentrations de matière plongées dans cette bulle. Clairement, les images prises par Hubble montrent que l'on est en présence d'une triple collision de galaxies naines voilà environ 13 milliards d'années.
Ce genre d'événement est rare, mais s'accompagne visiblement d'une intense activité de formation d'étoiles dans chacune de ces galaxies. Elles apparaissent donc particulièrement brillantes. Le processus s'accompagne du chauffage et de l'ionisationionisation du nuagenuage de gaz associé aux galaxies du fait de l'existence d'un grand nombre de jeunes étoilesétoiles chaudes.
Himiko, un nuage de gaz primordial ?
Toutefois, les données fournies par Alma intriguent les astrophysiciens. Ces jeunes étoiles sont massives et vivent quelques millions d'années tout au plus avant de se transformer en supernova SN II. Des réactions de nucléosynthèse stellaire ayant eu le temps de produire des noyaux lourds à l'intérieur de ces étoiles, on devrait donc s'attendre à les détecter dans le gaz interstellaire. En effet, ces noyaux sont éjectés et diffusés dans le milieu interstellaire par l'explosion des étoiles. Alma devait notamment détecter les émissionsémissions radio des poussières carbonées chauffées par le rayonnement UV des jeunes étoiles. Aucune trace des noyaux de carbonecarbone n'a été trouvée.
On ne sait pas encore très bien comment interpréter ce fait, mais il apparaît déjà une hypothèse fascinante. Himiko serait constitué très majoritairement de gaz primordial, donc essentiellement de l'hydrogène et de l'héliumhélium avec aucune trace ou presque d'éléments lourds comme l'oxygèneoxygène, le néonnéon, le carbone ou le ferfer. On observerait donc pour la première fois une grande galaxie primordiale en formation, avec le début du processus conduisant à la fusion des trois galaxies. Si tel est bien le cas, Himiko nous permettrait de contempler ce à quoi devait ressembler l'événement cosmique à l'origine de notre propre Galaxie, et donc l'une des étapes importantes ayant mené du Big Bang au vivant.