Bien des scientifiques célèbres du XXe siècle étaient originaires de l'Europe centrale ou de l'Europe de l'Est. Voici quelques exemples parmi ceux qui sont nés en Ukraine et qui ont révolutionné non seulement notre vision du monde mais le monde dans lequel nous vivons lui-même.
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Beaucoup de gens l'ignorent sans doute mais bien des scientifiques qui ont profondément marqué le XXe siècle sont nés sur des territoires qui sont aujourd'hui en Ukraine. La précision est d'importance car certains pourraient pour d'autres raisons être qualifiés de Russes ou de Polonais notamment. Voyons-en trois exemples.
Il y a d'abord George GamowGeorge Gamow, né le 4 mars 1904 à Odessa et qui décédera le 19 août 1968 à Boulder, Colorado (États-Unis), que le grand public connaît sans doute surtout comme l'un des pères de la théorie du Big BangBig Bang. En effet, si tout commence vraiment avec Georges Lemaître dans les années 1930 qui non seulement pose les bases de la théorie relativiste du Big Bang, anticipant dans la foulée les travaux en cosmologie quantique de chercheurs du calibre de Hawking, c'est bel et bien Gamow et ses collaborateurs qui développent la partie concernant la nucléosynthèse primordiale des éléments chimiques et qui anticipent, notamment dans le cas de Ralph Alpher, l'existence du rayonnement fossile primitif.
Du Big Bang au vivant
Si Gamow a commencé à étudier les sciences à l'université d'Odessa, un tournant dans sa formation se produit sans doute quand il arrive à Saint-Pétersbourg où il deviendra l'ami et le condisciple du légendaire Lev Landau, aussi étudiant à cette époque dans les années 1920. Gamow voulait travailler initialement dans le domaine de la relativité générale avec Alexandre Friedmann qui malheureusement décède quelques mois après l'arrivée de Gamow en septembre 1922.
C'est finalement avec la physiquephysique nucléaire que Gamow va se faire un nom, notamment en découvrant l'effet tunneleffet tunnel en mécanique quantiquemécanique quantique, une des clés pour comprendre l'origine de l'énergieénergie des étoilesétoiles via les réactions de fusionfusion thermonucléaire.
Gamow fuira l'État soviétique pour émigrer aux États-Unis, ce qui le conduira à travailler sur la bombe à hydrogènehydrogène. Au début des années 1950, il s'intéresse comme Schrödinger à la nature physique et chimique de l'hérédité et certaines de ses idées vont influencer, tout comme dans le cas de Schrödinger, la découverte et les travaux sur la structure de l'ADNADN faits par Francis Crick et James Watson en 1953.
Georges Gamow était aussi un remarquable vulgarisateur des sciences notamment avec le livre « Un, deux, trois... l'infini », qui n'est pas sans rappeler en plus simple le fameux ouvrage de Roger PenroseRoger Penrose « À la découverte des lois de l'universunivers », mais on pourrait citer aussi la série d'ouvrages avec Mr. Tompkins.
Une présentation de la vie de Stanislaw Ulam. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en polonais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © IPNtvPL
De la théorie des ensembles à la bombe à hydrogène
Passons maintenant au cas de Stanislaw Ulam, mathématicienmathématicien de génie né le 13 avril 1909 dans l'actuelle ville de Lviv, en Ukraine, mais qui a longtemps été considérée comme une partie de la Pologne sous le nom de Lwów.
Ulam était un de ces génies universels capables d'apporter des contributions à toutes les branches non seulement des mathématiques mais des sciences en général. Futura lui avait consacré une biographie à laquelle nous vous renvoyons, en plus de la vidéo ci-dessus. Tout récemment, un film lui a été consacré, le présentant au moment où il va découvrir la clé du fonctionnement de la bombe à hydrogène aux États-Unis.
1942, Nouveau-Mexique. Stan Ulam, mathématicien polonais, rejoint un groupe secret de chercheurs venus du monde entier pour collaborer à la création de la bombe à hydrogène. Loin de sa famille restée en Europe et tiraillé entre questionnement éthique, avancée scientifique et urgence politique, il prend part à un épisode crucial de l’Histoire. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Rezo Films
Mais voici ce que l'on peut lire comme résumé de son autobiographie, qui est parue en ce début d'année 2022, sur le site de la fnac.
« Plus que l'autobiographie du mathématicien Stanislas Ulam (1909- 1984), un des grands esprits du XXe siècle, ce livre pourrait avoir pour titre La science du XXe vue par un mathématicien. Mathématicien pur et logicien à Lwów, alors en Pologne (aujourd'hui Lviv en Ukraine, et au temps de la naissance d'Ulam, Lemberg en Galicie, dans l'Empire austro-hongrois), Ulam fut sauvé de la guerre et de l'holocauste par une bourse qui lui fut proposée à Princeton (U.S.A.) en 1938. Ayant demandé (à John von NeumannJohn von Neumann en personne) à participer à l'effort de guerre, il fut précipité à Los Alamos, où les plus grands physiciensphysiciens du moment construisaient la bombe atomique. Il s'y trouva si bien qu'il y resta la guerre finie, alors que la plupart de ses collègues regagnaient leurs amphis et leurs laboratoires, et c'est lui qui proposa la conception finalement adoptée pour la bombe H. (il avait assuré à sa femme que le bombe H, la super, comme on disait, rendrait impossible la guerre nucléaire). Après 1951, Ulam alterna l'enseignement universitaire et le travail à Los Alamos. Pour la plus grande part, ce livre a pour sujet les rencontres d'Ulam avec de grands savants, notamment Banach, von Neumann, Fermi et de moins grands (Ulam, qui était un grand résolveur de problèmes, a publié des articles en collaboration avec plus de cinquante collaborateurs différents). Il fourmille d'anecdotes plaisantes, comme d'informations utiles à l'histoire des sciences. Mais ce n'est pas seulement cela qui en fait la valeur. Ulam montre au lecteur comment des mathématiques nouvelles peuvent naître de problèmes pratiques, comment diverses théories mathématiques se lient entre elles et avec la physique et les autres sciences (Ulam s'est aussi occupé de biologie et son dernier poste, à l'université du Colorado, était un poste de professeur de biomathématiques) et se livre à quelques spéculations, notamment sur l'usage des ordinateursordinateurs, qui aujourd'hui nous apparaissent prophétiques. L'écriture est très vivante, et cela a été conservé dans la traduction ».
De la Terre à la Lune
Terminons avec Sergueï Korolev, à qui l'on doit le succès du programme d'astronautiqueastronautique soviétique après la Seconde Guerre mondiale et qui a donc permis le lancement du premier satellite Spoutnik 1Spoutnik 1, le 4 octobre 1957, et bien sûr le vol de Gagarine avec Vostok 1, le 12 avril 1961. Entretemps, Korolev est aussi à l'origine des premières sondes lunaires et le 12 septembre 1959, la sonde Luna 2 s'élance vers la LuneLune qu'elle sera la première à atteindre en s'écrasant à sa surface, à l'est de la Mare Imbrium.
Sergueï Korolev était né le 30 décembre 1906 à Jytomyr, aujourd'hui au centre de l'Ukraine, et il est mort le 14 janvier 1966 à Moscou. Il a débuté sa formation scientifique à l'Institut polytechnique de Kyiv avant de la terminer à Moscou, devenant ingénieur en aéronautique en 1929. L'année suivante, il va s'intéresser à la propulsion au décollage d'avion par des moteurs-fuséesfusées avec du propergolpropergol liquideliquide, ce qui le conduira rapidement à conduire des recherches sur les missilesmissiles et les avions-fusées.
Victime des purges staliniennes à la fin des années 1930, il ne pourra vraiment montrer son potentiel qu'à la mort de Staline et avec le développement du premier missile balistique intercontinental, ancêtre des lanceurslanceurs SoyouzSoyouz. Korolev sera aussi à l'origine du programme lunaire habité soviétique et de la mission Voskhod 2 qui, le 18 mars 1965, permettra au cosmonautecosmonaute Alexei Leonov d'être le premier homme de l'histoire à effectuer une sortie extravéhiculaire en orbiteorbite autour de notre Planète.
Korolev ne verra pas la suite car en janvier 1966, atteint d'un cancercancer, il décède pendant une opération.