De nombreux vaccins expérimentaux ont montré une certaine efficacité contre la fièvre hémorragique Ebola qui continue de frapper l'Afrique. Mais ces vaccins monoclonaux n'agissent que sur une seule souche du virus et il en existe six. Un laboratoire américain vient de présenter les résultats précliniques d'un nouveau vaccin universel recombinant. Une approche qui pourrait être étendue au Sida ou au Covid-19, selon les chercheurs.
En novembre dernier, le premier vaccin contre la fièvre hémorragique Ebola a été mis sur le marché (Lire notre article ci-dessous). Ce vaccin nommé Everbo, bien que jugé très efficace par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), ne protège pourtant que contre la souche Zaïre, à l'origine de la récente flambée épidémique en République démocratique du Congo (RDC) et de celle de 2013 à 2016 ayant entrainé plus de 11.300 décès en Afrique de l'Ouest.
Or, il existe six espèces connues d'Ebolavirus : Zaïre (Ebov), Soudan (SUDV), Bundibugyo (BDBV), Forêt de Taï (TAFV), Reston (Restv) et Bombali, les quatre premiers touchent l'humain, les autres ne transmettent la maladie qu'aux primates. Si la souche Zaïre est de loin la plus dangereuse et la plus virulente, avec un taux de mortalité pouvant atteindre 90 %, l'émergence ou la réémergence d’autres souches reste possible. D'où l'importance de développer un vaccin protecteur contre toutes les formes du virus.
Un faux virus combinant des protéines de deux souches différentes
C'est justement ce que viennent de réussir des chercheurs du Cincinnati Children's Hospital Medical Center, dont les résultats précliniques d'un nouveau vaccin recombinant sont parus dans le Journal of Virology, publié par la Société américaine de Microbiologie. Les chercheurs ont conçu une particule bivalente semblable au virus Ebola (VLP), une sorte de « coquille vide », et lui ont incorporé deux glycoprotéines de souche Zaire et Soudan.
Ces glycoprotéines (GP), situées sur la membrane du virus, déclenchent la fusion des membranes virale et cellulaire, permettant ainsi l'entrée du virion dans la cellule. Ce sont aussi elles qui déclenchent la production d'anticorps et c'est justement la propriété recherchée dans un vaccin. Le VLP étant vide de matériel génétique, il n'entraîne pas la multiplication d'ARN viral dans les cellules et ne provoque donc pas d'infection.
Et maintenant le Sida et le Covid-19 ?
Les chercheurs ont testé leur vaccin sur des lapins et constaté qu'il déclenchait la production d’anticorps neutralisant non seulement les deux souches contenues dans le VLP (Zaïre et Soudan), mais aussi contre les souches Bundibugyo (BDBV) et Forêt de Taï (TAFV). D'autres essais sur des macaques ont montré une réponse immunitaire contre les souches Ebov, SUDV et BDBV, ce qui suggère une efficacité du vaccin contre de multiples espèces de virus Ebola, indique l'étude.
« Utilisé seul ou en combinaison avec un autre vaccin, il pourrait offrir une protection plus durable et à long terme contre les différents virus », affirme Karnail Singh, l'auteur principal. Les chercheurs espèrent pouvoir étendre cette méthode à d'autres virus qu'Ebola pour des vaccins avec un grand spectre de réponse. « Nous travaillons actuellement sur ceux du Sida et du Covid-19 », révèle Karnail Singh à Futura.
La recherche a été financée par Innovation Ventures, la branche de commercialisation des technologies du Cincinnati Children's Hospital, la Fondation de recherche de Cincinnati Children's et le soutien du New Iberia Research Center, l'Université de Louisiane et le NIH.
- Les vaccins contre le virus de la fièvre hémorragique Ebola n’agissent que contre une seule souche.
- En fabricant un faux virus avec des protéines de deux souches différentes, les chercheurs se sont aperçus que leur vaccin induisait la production d’anticorps contre deux autres souches.
- Seul ou en combinaison, ce vaccin pourrait offrir une protection plus durable contre les différents virus.
Enfin un vaccin contre le virus Ebola
Article de Julie Kern publié le 16/11/2019
La Commission européenne a autorisé la mise sur le marché du premier vaccin contre le virus Ebola. Une seule injection suffira pour protéger les populations exposées et limiter la transmission interhumaine du virus qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts en Afrique de l'Ouest.
On peut enfin protéger l'humanité contre un des fléaux majeurs de ces dernières années, le virus Ebola. Le 12 novembre, la Commission européenne a donné son feu vert pour la mise sur le marché du vaccin Ervebo, fabriqué par le laboratoire américain Merck Shape and Dohme. Ce vaccin qui avait été préqualifié en octobre par l'Agence européenne des médicaments (EMA) répond aux normes de l'ONU en matière de sécurité et d'efficacité. C'est le premier vaccin contre Ebola à obtenir cette approbation. « Il y a cinq ans, nous n'avions ni vaccin ni traitements thérapeutiques contre Ebola. Grâce à un vaccin préqualifié et à des traitements expérimentaux, Ebola est maintenant évitable et traitable » affirme le directeur de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus dans un communiqué de l'AFP.
La route fut longue pour ce vaccin dont la première ébauche fut faite en 2003. Cette année-là, l'épidémie d'Ebola est particulièrement meurtrière, le taux de mortalité atteint les 90 %. Depuis, il a fait ses preuves sur le terrain et a été administré, sans autorisation officielle, à plus de 236.000 personnes dont 60.000 soignants. Débutée en 2018, l’épidémie actuelle d’Ebola compte déjà plus de 3.290 cas en République démocratique du Congo. Six personnes sur dix en sont mortes. Seize ans après les premiers tests, la formule définitive est enfin disponible pour les agences de l'ONU et les soignants situés dans les pays à risque.
Immuniser la population grâce à une injection unique
Le vaccin Ervebo fait partie de la famille des vaccins vivants atténués. C'est-à-dire qu'il est composé d'une souche virale entière mais incapable de se multiplier et d'induire une maladie. Son rôle est de stimuler efficacement le système immunitaire pour qu'il produise des anticorps spécifiques au virus Ebola. Les scientifiques ont utilisé un virus de stomatite vésiculaire modifié génétiquement : il peut alors fabriquer la glycoprotéine d'enveloppe du virus Ebola. Ce sera la cible des anticorps produits suite à la vaccination.
Quand les anticorps se fixeront sur l'enveloppe du virus, celui-ci ne pourra plus entrer dans les cellules pour les infecter et se répliquer. Très pratique pour les soignants sur place, le vaccin ne nécessite qu'une seule injection pour être efficace. Néanmoins, Ervebo ne protège que de la souche Zaïre du virus qui fait rage en République démocratique du Congo. Un autre vaccin devra être mis au point pour protéger contre la souche Soudan qui est responsable de l'épidémie historique d'Ebola.
Pour immuniser le plus de personnes, la méthode de la vaccination en anneau sera privilégiée. C'est une stratégie vaccinale très simple : toute personne ayant été en contact avec un malade clairement diagnostiqué doit être vacciné. S'ajoute à cela les « voisins », c'est-à-dire les personnes ayant été en contact avec des proches d'un malade. Elles devront aussi être vaccinées. Cette méthode privilégie les contacts sociaux plutôt qu'une zone géographique. Car, une fois que les premiers symptômes se sont déclarés, le virus Ebola se propage d'un humain à l'autre à vitesse grand V.
Ebola, vie et transmission
Le virus Ebola est un filoviridae (famille qui compte aussi parmi ses rangs les virus de la rougeole et des oreillons) particulièrement virulent. Cette famille regroupe cinq espèces qui provoquent tous des fièvres hémorragiques. La première apparition du virus Ebola chez l'Homme remonte à 1976, le long de la rivière qui lui a donné son nom, au Soudan. Dans la nature, on pense que le virus Ebola vit paisiblement dans le corps de chauve-souris frugivores. Puis d'autres animaux, comme des chimpanzés ou des gazelles, se contaminent en mangeant des fruits ou de l'herbe contaminés par des fèces de la chauve-souris.
Un humain se contamine alors par contact étroit avec le sang ou les sécrétions de ces animaux morts ou malades. Une fois le virus dans l'organisme humain, il peut se passer près de 21 jours avant que les premiers symptômes apparaissent. Assez anodins, fatigue, maux de tête et de gorge, ils retardent le diagnostic de la maladie. L'état du malade empire progressivement, allant des plaies cutanées très contagieuses à la fièvre hémorragique mortelle.
En moyenne, 50 % des infectés décèdent des suites de la maladie. Dès l'apparition des premiers signes, un malade atteint du virus Ebola peut le transmettre à un autre être humain par contact étroit avec des fluides corporels ou avec des surfaces et tissus contaminés. La présence du virus chez un malade est confirmée par une analyse sanguine des anticorps anti-Ebola et par la détection du génome viral par RT-PCR.
Un autre vaccin encore au stade expérimental, fabriqué par Johnson & Johnson, va également être testé sur le terrain à la mi-novembre. Celui-ci présente néanmoins un inconvénient, il nécessite un rappel 56 jours après la première injection. Selon Nature, une demande d'approbation pour ce second vaccin par l'Agence européenne des médicaments a été soumise début novembre.
Le staphylocoque doré, terreur des hôpitaux Staphylococcus aureus, le staphylocoque doré, n’est pas une bactérie intrinsèquement dangereuse pour l’humanité. La plupart du temps, elle ne provoque que de petites infections bénignes. Mais cette sournoise se terre parfois dans les hôpitaux, et profite d’une lésion pour s’insérer dans un patient affaibli pour le coloniser et entraîner une septicémie. Il est toujours temps de la soumettre aux antibiotiques… mais elle se montre de plus en plus insensible aux médicaments qu’on lui oppose et développe une résistance grandissante ! © NIAID, Flickr, cc by 2.0
Neisseria meningitidis, principal responsable des méningites La méningite ne connaît pas un, mais plusieurs coupables. Parmi les formes bactériennes les plus graves, le principal accusé est Neisseria meningitidis, impliqué dans 90 % des cas. S’il n’y avait pas de traitements, l’infection serait presque à coup sûr mortelle. Malgré les antibiotiques, un nouveau-né sur cinq et un adulte sur quatre succombent à cette infection des méninges. © Sanofi Pasteur, Flickr, CC by-nc-nd 2.0
Le virus de l’hépatite B, cette MST terriblement infectieuse On en parle moins que le VIH pourtant, il mérite toute notre attention. Le virus de l’hépatite B se transmet cent fois mieux que le virus du Sida lors des relations sexuelles et s’attaque ensuite aux cellules du foie. Le plus souvent, la maladie n’évolue pas beaucoup et le patient ne ressent rien. Mais parfois, l’hépatite devient chronique, comme chez plus de 300 millions de patients, et détruit peu à peu les cellules hépatiques, aboutissant à une cirrhose ou un cancer du foie, qu’il est très difficile de soigner. © Sanofi Pasteur, Flickr, CC by-nc-nd 2.0
Le virus de la rage, la morsure qui fait un carnage Grâce aux travaux de Louis Pasteur, la rage a très nettement reculé dans le monde. On dénombre tout de même plus de 50.000 morts humains sur la Planète en 2004 à cause du virus de la famille des rhabdoviridés. Transmis par morsure, celui-ci fonce droit dans le système nerveux et y fait des ravages à tel point que la mort est presque inéluctable. Heureusement que les vaccins sont là ! © Sanofi Pasteur, Flickr, CC by-nc-nd 2.0
Yersinia pestis, la bactérie responsable des épidémies de peste Qui ne se souvient pas de ces cours d’Histoire évoquant les épidémies de peste au Moyen Âge ? Derrière tout ça, se cache Yersinia pestis, une bactérie qui s’attaque d’abord aux rongeurs avant de s’en prendre à l’Homme. La maladie existant le plus souvent sous forme bubonique (un bubon étant une inflammation et le grossissement d’un ganglion), elle peut évoluer en peste septicémique et devenir plus mortelle et plus contagieuse. Dans l’histoire de l’humanité, sa mortalité est difficile à évaluer mais elle est très probablement responsable de plus de 100 millions de victimes. © NIAID
Bacillus anthracis, la bactérie à l'origine de l'anthrax La maladie du charbon, ou anthrax, est due à une bactérie nommée Bacillus anthracis, ou bacille du charbon. Le plus souvent, celle-ci pénètre dans l’organisme par l’intermédiaire d’une blessure dans la peau. Le corps parvient alors à s’en débarrasser tout seul. En revanche, lorsque les spores de la bactérie sont avalées ou respirées, c’est une tout autre histoire. Par voies aériennes, elle n’est pas loin d’être mortelle dans 100 % des cas. C’est pour cela qu’elle inspire autant les bioterroristes. © Janice Haney Carr, CDC
Les hantavirus et leur terrible syndrome pulmonaire Les hantavirus sont un peu différents des autres pathogènes présentés dans ce diaporama : ils préfèrent s’attaquer aux rongeurs mais, parfois, de manière malencontreuse, ils peuvent infester un Homme. Dans ces cas-là, leur action peut-être foudroyante. Causant des fièvres hémorragiques ou le syndrome pulmonaire à hantavirus, ils se montrent à l’occasion très agressifs et couramment mortels. Le virus Sin nombre, ou Sin Nombre virus (SNV), que l’on voit à l’image, frappe rarement, mais sûrement. © Brian et al., CDC
Le virus Marburg, une vraie machine à tuer Le virus Marburg est conçu pour tuer mais reste malgré tout un peu moins mortel que son cousin Ebola. Entraînant également des fièvres hémorragiques, ce filovirus emporte plus de 80 % des personnes qu’il contamine. Sa transmission d’Homme à Homme est malgré tout relativement difficile puisqu’elle nécessite un contact très rapproché entre individus, avec transmission par les selles, les vomissements, les urines ou la salive. © Frederic Murphy, CDC
Le virus de la dengue gagne du terrain Il est loin d’être le plus mortel et le plus pathogène de cette liste mais il ne faut pas le négliger pour autant. Le virus de la dengue, transmis par les moustiques du genre Aedes, contamine entre 50 et 100 millions de personnes dans le monde. Pour 500.000 personnes, surtout des enfants, la maladie se présente sous une forme sévère qui emporte 10.000 âmes. Problème de taille : il est en recrudescence ces dernières décennies. Lui qui se limitait à neuf pays avant 1970 touche désormais une centaine d’États. © Sanofi Pasteur, Flickr, CC by-nc-nd 2.0
Ebola, le virus à la mortalité la plus élevée ? Connu depuis 1976, le virus Ebola, du nom d’une rivière congolaise, est l’un des plus mortels. Certaines de ses souches entraînent des fièvres hémorragiques qui tuent dans 90 % des cas. Ce virus a causé plusieurs épidémies en Afrique, notamment en Sierra Leone, en Guinée et au Liberia, faisant plusieurs milliers de victimes. On ne dispose malheureusement d’aucun traitement préventif ni thérapeutique contre ce terrible fléau. © Frederic Murphy, CDC
Le virus de la grippe espagnole, cette épidémie ravageuse de 1918 L’année 1918 fut très meurtrière, d’une part parce que les combats avaient toujours lieu en Europe et même au-delà, d'autre part parce qu’une souche particulièrement virulente de grippe H1N1 a sévi dans le monde entier. Elle aurait infecté un Terrien sur deux, soit 500 millions de personnes à l’époque, et aurait fait entre 30 et 100 millions de victimes, selon les estimations. Une véritable arme de destruction massive... © Terrence Tumpey, CDC
Clostridium botulinum, la bactérie qui empoisonne au botox Clostridium botulinum a une technique bien à elle pour commettre ses meurtres : la bactérie préfère l’empoisonnement. En effet, elle produit l’une des toxines les plus puissantes du monde, la toxine botulique. Cette molécule résiste à de fortes chaleurs et à l’acidité du système digestif, si bien que, lorsqu’elle est ingérée, elle intègre la circulation et va bloquer la communication nerveuse, entraînant des paralysies parfois mortelles. © CDC
Mycobacterium tuberculosis, l'agent mortel de la tuberculose Devenue rare en France comme dans les pays riches depuis l’instauration du BCG, la tuberculose poursuit pourtant son œuvre meurtrière à travers le monde. Rien qu’en 2010, la bactérie responsable, Mycobacterium tuberculosis, a infecté 8,8 millions de personnes et tué 1,4 million d’entre elles, en s’attaquant à leurs poumons. La bactérie sévit depuis 3 millions d’années. © Janice Haney Carr, CDC
Le Virus A H5N1, à l'origine de la grippe qui fait trembler le monde Apparaissant en 1997 à Hong-Kong, c’est seulement 9 ans plus tard que la grippe H5N1 a fait paniquer la Terre entière. Le virus (ici en doré dans des cellules de chien), transmis à l’Homme uniquement par des oiseaux contaminés, s’avère mortel dans 60 % des cas. En août 2012, l’OMS dénombrait 608 personnes ayant contracté le virus depuis ses débuts, pour 359 morts, même si de nombreux cas bénins ou asymptomatiques auraient pu ne pas être comptabilisés. Les scientifiques restent néanmoins inquiets, car le pathogène circule encore dans la nature et on sait que quelques mutations pourraient suffire pour qu’il devienne contagieux dans l’espèce humaine. Dans ce cas, les morts pourraient se compter en millions… © CDC
VIH : le virus du Sida et ses 30 millions de victimes Depuis 1981 et la date de sa découverte, le VIH (les petites boules vertes sur l'image) a tué environ 30 millions d’êtres humains à travers le monde et continue encore de se répandre. Ce rétrovirus engendre le Sida (Syndrome d'immunodéficience acquise) et ravage surtout les pays pauvres, ceux du continent africain en tête. Pourtant, il existe des thérapies qui entravent la progression du virus dans l’organisme et permettent aux patients de vivre avec le VIH sans déclarer le Sida durant de très longues années. Mais celles-ci ont du mal à s’exporter en dehors des pays riches. © Goldsmith et al., CDC