Extrêmement virulent, le virus Ébola est responsable de flambées épidémiques. Une étude récente montre comment il inhibe le déclenchement de la réponse immunitaire en bloquant la maturation des cellules dendritiques.

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    Pour travailler sur le virus Ébola, des mesures particulières doivent être prises. Les scientifiques sont revêtus d'une combinaison protectrice et travaillent dans des laboratoires de classification P4. Ces derniers sont totalement hermétiques et constitués de plusieurs sas de décontamination. © Wikimedia Commons, DP

    Pour travailler sur le virus Ébola, des mesures particulières doivent être prises. Les scientifiques sont revêtus d'une combinaison protectrice et travaillent dans des laboratoires de classification P4. Ces derniers sont totalement hermétiques et constitués de plusieurs sas de décontamination. © Wikimedia Commons, DP

    Le virus Ébola incarne le danger biologique suprême. Plusieurs films, comme Alerte avec Dustin Hoffman, se sont d'ailleurs inspirés de cet agent infectieux pour leur scénario catastrophe. Son nom provient d'une rivière en république démocratique du Congo, près de laquelle il a été identifié pour la première fois en 1976. Cette année-là, deux graves flambées épidémiques sont survenues, tuant 280 personnes sur 318 en république démocratique du Congo, et 150 personnes sur 284 au Soudan.

    ÉbolaÉbola est un virus filamenteux de la famille des filoviridés. Il peut provoquer de fortes fièvres hémorragiques, avec un taux de létalité atteignant jusqu'à 90 %. Il se transmet facilement par contact direct avec le sang, les sécrétions, les organes ou les liquidesliquides biologiques des sujets infectés. Au vu de sa virulence, le virus Ébola est cultivé dans des laboratoires de classification P4 qui accueillent les micro-organismes extrêmement pathogènes. Pour le moment, il n'existe ni vaccin ni traitement curatifcuratif.

    Contre l'apparition du virus Ébola, des mesures sanitaires sont appliquées, comme la mise en quarantaine des malades. Pour cette infection grave et très contagieuse, il n'existe pas encore de vaccin et l'isolement des personnes atteintes est le moyen le plus efficace d'enrayer une épidémie naissante. © Pierre Formenty, OMS
     
    Contre l'apparition du virus Ébola, des mesures sanitaires sont appliquées, comme la mise en quarantaine des malades. Pour cette infection grave et très contagieuse, il n'existe pas encore de vaccin et l'isolement des personnes atteintes est le moyen le plus efficace d'enrayer une épidémie naissante. © Pierre Formenty, OMS

    Des chercheurs américains du centre médical de l'université du Texas à Galveston viennent de mettre le doigt sur l'une des astuces du virus pour se développer dans l'organisme. Leur étude, publiée dans le Journal of Virology, démontre comment Ébola bloque la réponse immunitaire de l'organisme en utilisant des protéinesprotéines spécialisées.

    Ébola inhibe la maturation des cellules dendritiques

    Une fois dans l'organisme, les agents infectieux doivent faire face à ses mécanismes de défense. Le virus Ébola y parvient en empêchant la maturation des cellules dendritiques. Celles-ci repèrent les pathogènes, les ingèrent et relâchent des signaux biochimiques afin d'alerter les cellules immunitaires. De plus, elles exposent des fragments de microbes à leur surface et les présentent aux lymphocytes T et B qui s'activent en conséquence. Les cellules dendritiques jouent donc un rôle primordial dans le déclenchement de la réponse immunitaire.

    Au cours de cette étude, les scientifiques ont montré que deux protéines présentes dans l'enveloppe du virus permettent de contrer la maturation des cellules dendritiques. En modifiant l'une ou l'autre de ces protéines, les chercheurs ont pu inhiber in vitroin vitro le pouvoir infectieux d'Ébola.

    La capacité du virus à échapper au système immunitairesystème immunitaire de l'hôte compte pour beaucoup dans son pouvoir infectieux. Cette étude permet de mieux comprendre le mécanisme par lequel Ébola réussit cette prouesse. Bien que de nombreuses questions restent en suspens, cette découverte pourrait donner une piste de traitement contre ce virus mortel.