Souvent les patients me réclament un régime, « le régime » à même de régler définitivement leur problème de poids. Un peu comme si on me demandait de me transformer en docteur Faust et que je puisse répondre à toutes les demandes comme celle de l’éternelle jeunesse.


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    Je demande à tous les mangeurs de regarder ailleurs que dans leur propre assiette. Plutôt dans celle du voisin et en particulier un voisin lointain situé dans l'est asiatique sur l'île d'Okinawa.

    Un cardiologuecardiologue mandaté par le gouvernement japonais au début des années 1970, le docteur Suzuki s'y rendit et fut stupéfait par le nombre de centenaires en bonne santé apparente. Une étude fut financée par les autorités : l'Okinawa Centenarian Study (OCS), un peu comme l'Institut Rockefeller l'avait fait pour le compte des autorités grecques dans les années 1950 avec la Crète. 

    On compte plus de 42 centenaires okinawaïens pour 100.000 habitants contre 11 en France. Dans cette île, le taux de cancers est réduit, les maladies cardio-vasculaires ne font pas la recette des cardiologues, les fractures du col du fémur sont rares, le cerveau paraît garder ses facultés intellectuelles et cerisecerise sur le gâteau, les Okinawaïens restent minces et conservent même une bonne partie de leur masse musculaire.

    Les Okinawaïens commencent souvent le repas par une soupe miso. © Jyleen21, Pïxabay, DP
    Les Okinawaïens commencent souvent le repas par une soupe miso. © Jyleen21, Pïxabay, DP

    Les secrets de longévité des Okinawaïens

    On a évoqué la qualité du climatclimat, leur niveau d'activité physiquephysique, le maintien des liens sociaux et on a parlé également de la qualité alimentaire, pas seulement dans l'assiette, et les circonstances du repas.  HippocrateHippocrate n'était pas japonais mais il savait lui aussi que l'aliment est notre première médecine, les Okinawaïens parlent de « nuchi gusui » soit la nourriture, médecine de vie.

    « Hara hachi bu », soit ne manger qu'au huitième de ses capacités, donc savoir sortir de table non pas repu mais conscient de sa satiété. « kuten gwa », manger des petites portions. Je milite depuis longtemps pour que l'on mange sa juste portion et non pas que l'on « outremange ». Les plats du jour formatés pareils pour tout le monde sont une aberrationaberration médicale et une source évidente de gaspillage au risque de surconsommer pour ceux qui ne veulent pas gâcher la nourriture.

    Le repas type d'un Okinawaïen

    On mange trois fois par jour à Okinawa, le déjeuner est le repas principal.

    • On mange du riz complet tous les jours et même à chaque repas !
    • On commence le repas par une soupe miso ou de poissonpoisson et d'alguesalgues nori ou des crudités.
    • Les légumes sont consommés crus, blanchis, cuits à la vapeur ou saisis brièvement au wok.
    • Les légumes secs type fèvesfèves de soja, haricots mungo sont très souvent combinés à d'autres légumes.
    • L'huile de référence est l'huile de colza, riche en oméga-3.
    • Le soja se trouve sous différentes présentations type tofutofu, miso, natto, sauce soja.
    • Trois à quatre fois par semaine, on mange du poisson plutôt cru (sashimis, sushis, makis) ou sauté au wok avec les légumes. On retrouve aussi des mollusquesmollusques type poulpe.
    • Les algues sont une source importante de calciumcalcium d'autant plus que les Japonais ne tolèrent pas le lait ou les produits laitiers (kombu, nori, hijiki, umibudo...)
    • La viande se limite au porc, et c'est un mets d'exception.
    • Les œufs ne sont pas consommés seuls, mais plutôt dans les soupes et en moyenne une à trois fois par semaine.
    • Les fruits, les desserts sont très rares dans l'alimentation okinawaïenne.
    • La boisson de référence est le thé vert, puissant antioxydantantioxydant

    Ce que l'on peut retenir, c'est que les Okinawaïens mangent trois fois par jour et pas du tout de façon restreinte car ils mangent plus que bon nombre d'Occidentaux à table. Je le dis souvent à mes patients, pour maigrir, il faut manger ! 

    Les plats japonais sont moins caloriques que les nôtres

    L'une des différences essentielles, c'est que les plats japonais sont moins caloriques que les nôtres car il n'y a aucun plat ultratransformé, peu de viande, pas de fritures, pas de sucreries, pas de sodas. On blanchit les aliments en les plongeant brièvement dans l'eau bouillante, ce qui garantit le maintien du croquant, du pouvoir minéralminéral et vitaminique.

    Je trouve toujours intéressant d'aller saisir dans d'autres cultures ce qu'il y a de meilleur. Okinawa n'est pas la France mais nous devrions méditer sur le maintien d'une bonne santé en mangeant de tout, coloré, sans interdits, en sachant apprécier les aliments, en les croquant, les mâchant.

    Nous sommes un peu trop obsédés par notre balance et ne savons plus apprécier le moment présent où l'on doit déguster, savourer et partager. Ces principes fondamentaux sont mis à mal dans notre société « selfieselfie » où l'on se regarde trop dans son propre miroirmiroir. Vous voulez une bonne santé, suivez les principes de ce que je considère comme le meilleur régime.

    Dr Arnaud Cocaul

    En savoir plus sur le Dr Arnaud Cocaul

    Le Dr Arnaud Cocaul est médecin nutritionniste, spécialisé dans la prévention de l'obésité et les troubles du comportement alimentaire en général. Il intervient dans les médias autour de sujets concernant la nutrition, et est favorable à une interface avec les médias. Il dispense des conférences grand public toujours dans l'esprit d'être un passeur et a participé à la réalisation d'une application ludique (Serious game) pour mobile, baptisée KcalMe.

    Son encyclopédie des super aliments :