Le réchauffement climatique menace les ours polaires. Ce n’est pas un scoop. Mais des chercheurs précisent aujourd’hui le danger. C’est la famine qui, avant tout, pourrait rendre leur survie difficile.


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    Dans l'imaginaire collectif, il est devenu le symbole des effets du réchauffement climatique. L'ours polaire. Ursus maritimusUrsus maritimus. Parce qu'il nous ramène à l'ours en peluche de notre enfance. Et que les photos le montrant à la dérive sur des fragments de banquise nous vont ainsi droit au cœur. Les scientifiques le confirment. La perte de la glace de mer menace la survie de l'espèce.

    Le saviez-vous ?

    La situation des ours polaires n’est pas si simple. Dans certaines régions, aucun déclin des populations n’a encore été enregistré. Parce que ces sous-populations d'ours polaires profitent d’une pression moindre exercée par la chasse depuis qu’elle a été interdite par endroits ? Ou, et ce serait plus encourageant, parce qu’il est des ours polaires qui s’adaptent mieux en changeant leurs stratégies de chasse ? Les chercheurs l’ignorent encore.

    Dans le journal Nature communications, des chercheurs de l'université de l'État de Washington (États-Unis) apportent aujourd'hui justement quelques précisions à ce sujet. Ils ont suivi 20 ours polaires vivant dans leur aire de répartition la plus méridionale de la baie d'Hudson. Dans cette région, la population a diminué d'environ 30 % depuis 1987. Et ces derniers résultats montrent que, pendant les trois semaines qu'a duré l'étude, les ours ont tous perdu en moyenne 1 kilo par jour.

    Les chercheurs de l’université de l’État de Washington (États-Unis) ont équipé des ours polaires de caméras et de GPS pour étudier leur comportement sur la terre ferme pendant trois semaines. © <em>U.S. Geological Survey and Washington State University</em>
    Les chercheurs de l’université de l’État de Washington (États-Unis) ont équipé des ours polaires de caméras et de GPS pour étudier leur comportement sur la terre ferme pendant trois semaines. © U.S. Geological Survey and Washington State University

    Les stratégies des ours polaires pour survivre au réchauffement climatique

    Pour comprendre, il faut savoir que les ours polaires, bien que très bon nageur, vivent sur la banquise. Ils s'y reposent, y élèvent leurs petits et pêchent le phoque, notamment. Le mammifère marin est particulièrement apprécié de l'ours polaire pour sa richesse en graisse qui l'aide à passer l'hiver. Mais comment les ours blancs se comportent-ils lorsqu'ils sont confinés sur terreterre alors que la glace de mer fond à vue d'œilœil sous l'effet du réchauffement climatiqueréchauffement climatique ?

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    Les chercheurs nous apprennent qu'ils semblent vouloir tenter leur chance en copiant les stratégies de leur cousin, le grizzli. Ainsi, beaucoup des ours polaires mâles adultes qu'ils ont étudiés ont tout simplement fait le choix d'économiser leur énergieénergie. D'autres se sont mis à chercher frénétiquement de la nourriture. Des carcasses d'oiseaux ou de caribouscaribous, des baies, du varech ou même des graminéesgraminées. Ceux-là ont dépensé jusqu'à cinq fois plus d'énergie que ceux qui restaient allongés la plupart du temps.

    Deux des ours polaires étudiés par les chercheurs de l’université de l’État de Washington (États-Unis) sont allés chercher de la nourriture en mer. Ils n’y ont trouvé que des carcasses. Et se sont montrés incapables de les manger en nageant ni même de les ramener à terre pour les dévorer. © Adrian Niculcea, Adobe Stock
    Deux des ours polaires étudiés par les chercheurs de l’université de l’État de Washington (États-Unis) sont allés chercher de la nourriture en mer. Ils n’y ont trouvé que des carcasses. Et se sont montrés incapables de les manger en nageant ni même de les ramener à terre pour les dévorer. © Adrian Niculcea, Adobe Stock

    Les ours polaires condamnés à mourir de faim ?

    « Aucune de ces stratégies ne permettra aux ours polaires de survivre sur la terre au-delà d'un certain laps de temps. Ceux qui se nourrissaient ont perdu du poids au même rythme que ceux qui ont choisi de rester couchés, souligne Charles Robbins, directeur du Bear Center de l'université de l'État de Washington. Les ours polaires ne sont pas des grizzlis en blouse blanche. Ils sont très, très différents. »

    Avec le réchauffement climatique et la fontefonte de la glace des mers, les scientifiques s'attendent donc à voir la période au cours de laquelle les ours polaires peuvent se nourrir efficacement diminuer de plus en plus. Les populations pourraient ainsi rapidement en arriver à souffrir de famine. À commencer par les individus jeunes et les femelles avec leurs petits.