L’ours polaire est une espèce endémique de l’Arctique. Mais il est victime de la fonte de la banquise et de la raréfaction de sa nourriture. D’où l’idée de l’implanter en Antarctique, qui bénéficie de conditions similaires. Mais est-ce vraiment possible et souhaitable ?


au sommaire


    Il reste aujourd'hui entre 22.000 et 31.000 ours polairesours polaires dans le monde, répartis dans cinq pays autour du cercle arctique. Mais cette espèce emblématique fait face à de graves menaces. Au rythme actuel de la fonte des glaces, la surface estivale de son habitat sera réduite de 40 % d'ici le milieu du XXIe siècle et sa population aura diminué des deux tiers, estime le WWF. Alors, pourquoi ne pas implanterimplanter l'ours polaire sur l’autre pôle, en Antarctique ? À priori, rien ne s'y oppose.

    Le territoire antarctique s'étend une surface à peu près équivalente en hiver -- il est toutefois deux fois moins étendu l'été. Les températures y sont similaires (entre -10 et -40 °C, même si elles peuvent descendre plus bas en Antarctique en altitude). On y trouve des phoques, qui représentent 90 % de la nourriture du plantigrade, et aussi des otaries et des morses.

    L'ours polaire peine à s'adapter au réchauffement climatique. Faut-il alors l'implanter en Antarctique ? © Bao Menglong, Unsplash
    L'ours polaire peine à s'adapter au réchauffement climatique. Faut-il alors l'implanter en Antarctique ? © Bao Menglong, Unsplash

    Les manchots décimés en un clin d’œil

    « Bien que l'idée semble séduisante, les risques d'une relocalisation dépassent largement les bénéfices », met en garde l'organisation canadienne Polar Bears International. L'arrivée d'un tel prédateur, tel que l'ours polaire, serait un désastre pour les espèces natives comme les manchots ou les phoques de Weddel. « N'ayant aucune habitude d'un danger terrestre, les manchots pourraient être décimés en un clin d'œilœil, surtout lorsqu'ils se réunissent en grand nombre sur la banquisebanquise pour se reproduire », alerte Polar Bears. On ne compte plus les expériences d'introduction d’espèces hors de leur milieu naturel qui se sont soldées par une invasion incontrôlable et une disparition rapide des espèces endogènesendogènes.

    L'ours polaire en Antarctique ? Une fausse bonne idée

    Autre problème : les ours polaires pourraient amener avec eux des pathogènespathogènes dangereux pour les espèces locales. L'Antarctique a toujours été isolé du continent, il est relativement préservé des contaminationscontaminations. L'ours pourrait à l'inverse être atteint par un microbe non présent en Arctique. Enfin, l'Antarctique fait lui aussi face à la fonte rapide de ses glaces. Entre 2009 et 2018, le continent a ainsi perdu 252 milliards de tonnes par an, un rythme six fois plus élevé que lors de la décennie 1979-1990. L'ours polaire ne trouverait donc au pôle Sud qu'un bref répit.