Les termitières fascinent autant les entomologistes (les spécialistes des insectes) que les architectes : comment les termites parviennent-ils à réguler la température et le taux de CO2 à l’intérieur de leurs tours hautes de 2 à 3 mètres et peuplées de millions d’individus ? Une nouvelle étude dévoile un de leurs secrets.

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    Les termitières n'intéressent pas que les entomologistesentomologistes mais aussi nombre d'architectesarchitectes dans le monde fascinés par les capacités des termites à réguler, d'une part la température et, d'autre part, le taux de CO2 à l'intérieur de ces édifices qui, à leur échelle, sont gigantesques. Comprendre le fonctionnement de ces tours bioclimatiques ne peut donc qu'aider à améliorer la conception de bâtiments passifs, dépourvus de climatisationclimatisation énergivore.

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    Des robots constructeurs inspirés des termites

    Jusqu'à présent, la plupart des recherches ont porté sur les termitières indiennes, lesquelles sont généralement installées par Odontotermes obesus dans les zones ombragées. Leur fonctionnement interne est d'ailleurs loin de faire l'unanimité. Pour sa part, Samuel Ocko, diplômé du MIT, avec son équipe, s'est intéressé de très près aux termitières des savanes africaines, qui, à la différence de celles d'Asie, sont édifiées en plein soleilsoleil. Leurs architectes sont Macrotermes michaelseni. Ils sont plusieurs millions à vivre et travailler à l'intérieur de tours mesurant entre 2 et 3 mètres de haut.

    Termitières dans la savane africaine. Elles sont en plein soleil et inclinées vers l’équateur. © fanfan, Fotolia

    Termitières dans la savane africaine. Elles sont en plein soleil et inclinées vers l’équateur. © fanfan, Fotolia

    Les termites exploitent le chauffage solaire pour la ventilation

    Comment fonctionne un monticule aussi peuplé de termites, où chacun émet du dioxyde de carbone et de la chaleurchaleur ? Pour tenter de le découvrir, les chercheurs ont introduit des sondes afin de mesurer la température et aussi la circulation de l'airair à l'intérieur de termitières en Namibie, durant 35 jours. Inclinées vers l'équateur, ces termitières possèdent des orifices mesurant jusqu'à 0,5 cm, qui permettent, à travers de nombreux tunnels, les échanges avec l'intérieur.

    Comme ils le décrivent dans leur article publié dans Journal of Experimental Biology, alors que la température extérieure variait de 15 à 20 °C, celle de l'intérieur ne changeait en moyenne que de 8 °C. Quant au taux de CO2, il est demeuré constant, autour de 5 %, durant plus de 24 heures (ce qui n'est pas le cas pour les termitières indiennes), l'air circulant vers le haut le jour et vers le bas la nuit. Ils ont observé que la différence de température entre le centre de la termitière et l'extérieur créait une ventilationventilation lisse. Le vent n'a en réalité qu'une influence secondaire.

    Les auteurs expliquent : « Dans l'ensemble, nos observations montrent [malgré des différences entre les termitières indiennes et africaines, NDLRNDLR] que les architectures des termitières peuvent exploiter le chauffage solaire périodique pour conduire la ventilation à l'intérieur dans des environnements très différents, fonctionnant comme un poumonpoumon externe, avec des implications claires pour l'ingénierie humaine ».


    Petite leçon d'architecture avec les termites

    Article de Caroline Lepage publié le 12 novembre 2004

    Les buildings autosuffisants pousseront-ils un jour dans les grandes villes ? C'est le rêve d'une équipe d'ingénieurs anglais partis prendre des cours avec des spécialistes en la matièrematière... Décollage immédiat pour l'Afrique du Sud !

    Ici, en Namibie, ce sont les termitières qui poussent comme des champignons. Des monticules de terre s'élèvent comme des gratte-ciels, et abritent des sociétés de millions d'individus, les termites africains (Macrotermes michaelseni). Ces bâtisseurs sont très organisés en matière d'architecture, et rien n'est laissé au hasard. Tunnels et conduits d'aération pour régler les flux d'air, la température et l'humidité, gestion des ressources d'énergieénergie et des déchetsdéchets... Bref, la clim', la cantine et l'usine de recyclagerecyclage : le tout-en-un à domicile !

    Ces termites, appelés à tort fourmisfourmis blanches (puisqu'en réalité, les fourmis appartiennent à la famille des abeilles, bourdons, guêpes, et frelonsfrelons : les hyménoptères), sont des insectesinsectes isoptères dont la colonie repose sur la reine. Les soldats montent les mursmurs de leur building grâce aux particules de terre récoltées en profondeur et stabilisées grâce à un cimentciment spécial régurgité par leurs soins.

    Ils ont aussi la particularité de pouvoir digérer la cellulosecellulose du boisbois mort dont ils se nourrissent. Ils stockent ainsi leurs excréments... sur lesquels ils cultivent un champignon appelé Termitomyces ! Ce dernier, en retour, s'intéressant également aux restes de cellulose, dégrade les excréments, aidé par d'autres micro-organismesmicro-organismes du sol. Il rejette alors de l'oxygène, bien sûr réutilisé par les termites qui, de temps en temps à l'heure du casse-croûtecroûte, en profitent pour goûter aux saveurs du Termitomyces... Tout le monde y trouve finalement son compte sans avoir recours à une aide extérieure.

    Assistée par des entomologistes (spécialistes des insectes) l'équipe du docteur Rupert Soar de l'école d'ingénieurs de l'Université Loughborough au Royaume-Uni, travaille sur un modèle informatique et un montage numériquenumérique afin de recréer parfaitement l'architecture d'une termitière... et d'en tirer le maximum d'informations. Son ambition ? « Nous espérons que nos découvertes fourniront des indices qui participeront au développement de nouvelles sortes d'habitats humains auto-suffisants. Ces habitats pourraient convenir à une variété d'environnements arides, hostiles, pas seulement sur Terre mais peut-être un jour sur la LuneLune et ailleurs » lance avec espoir le docteur Soar...