La COP28 s’ouvre à Dubaï ce jeudi 30 novembre 2023. Pour la première fois, elle mettra sur la table la question des effets du réchauffement climatique sur la santé humaine. Et les derniers chiffres des décès liés à la combustion de ressources fossiles devraient animer un peu plus les débats.


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    Ce jeudi 30 novembre 2023 marque le début de la COP28 qui réunit des représentants du monde entier à Dubaï pour trouver des solutions à la crise climatique. Cette année, pour la première fois, ils aborderont la question épineuse des effets sur la santé humaine du réchauffement climatique anthropique.

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    Et ce, alors même qu'il y a quelques jours, des chercheurs de l'université de Harvard mettaient en lumièrelumière la toxicitétoxicité toute particulière des particules fines émises par la combustioncombustion du charbon. Cette ressource fossile qui dégrade aussi notre climat.

    Beaucoup de morts à cause de la pollution émise par les énergies fossiles

    Aujourd'hui, une nouvelle étude parue dans le British Medical Journal vient conforter ces conclusions. Elle va chercher le détail des 8,3 millions de décès imputables à la pollution de l’air dans le monde en 2019. Elle avance que la pollution de l'airair due à l'utilisation de combustiblescombustibles fossiles dans l'industrie, la production d'électricité et les transports, à elle seule, est responsable de plus de 60 % d'entre eux. Soit pas moins de 5,1 millions de décès par an dans le monde. Un chiffre supérieur à ceux rendus par les études antérieures.

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    Ce que les chercheurs précisent surtout, c'est que plus de 80 % de ces décès pourraient être évités à l'avenir en réduisant le recours aux énergies fossiles. Rien qu'en Asie, il serait ainsi possible d'épargner la vie de quelque 3,85 millions de personnes.

    Sortir des énergies fossiles pour sauver des vies… et le climat

    Dans un éditorial publié en parallèle, les chercheurs rappellent que les décès dont il est question ici ne constituent que la part émergée de l'iceberg des impacts du pétrolepétrole, du gazgaz et du charbon sur la santé humaine. « Une meilleure qualité de l’air réduirait aussi le fardeau de plusieurs maladies majeures, conduisant à des vies plus saines et plus longues, à moins de patients nécessitant une hospitalisation ou d'autres traitements ce qui allègerait le fardeau qui pèse sur les systèmes de santé du monde entier. » Autant de raisons de plus d'appeler à une sortie accélérée, mais juste et équitable, des énergies fossiles.


    Réduire les énergies fossiles sauverait des millions de vies

    Article de Delphine Bossy paru le 26/09/2013

    Les émissionsémissions massives de gaz carbonique dans l'atmosphère amplifient l'effet de serreeffet de serre, mais pas seulement. La combustion des énergies fossiles libère bien souvent des particules finesparticules fines et de l'ozone troposphériqueozone troposphérique, des polluants fortement nocifs. Selon les estimations surprenantes de chercheurs de l'université de Caroline du Nord, indirectement, réduire les gaz à effet de serregaz à effet de serre pourrait éviter de nombreux décès prématurés, plus de 2 millions en 2100, précisent-ils.

    La combustion du gazole émet du CO<sub>2</sub>, mais aussi quantité de particules fines, qui peuvent être dangereuses pour la santé. Les PM 2.5, d'un diamètre inférieur à 2,5 µm, peuvent pénétrer dans les alvéoles pulmonaires et provoquer une gêne respiratoire. © Stéphane Pouyllau, Flickr, cc by nc sa 2.0
    La combustion du gazole émet du CO2, mais aussi quantité de particules fines, qui peuvent être dangereuses pour la santé. Les PM 2.5, d'un diamètre inférieur à 2,5 µm, peuvent pénétrer dans les alvéoles pulmonaires et provoquer une gêne respiratoire. © Stéphane Pouyllau, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Réduire dès à présent les émissions de dioxyde de carbone dans l'atmosphère sauverait la vie d'un demi-million de personnes par an en 2030, de 1,3 million en 2050 et de 2,2 millions en 2100. Épargner tous ces humains aurait en outre un avantage économique, estimé entre 50 et 380 dollars gagnés par tonne de gaz carbonique non émis... Ces résultats sont pour le moins déconcertants, et difficiles à vérifier, mais ils donnent au moins un ordre de grandeurordre de grandeur non négligeable.

    Pour obtenir ces estimations, l'équipe du chercheur Jason West de l'université de Caroline du Nord s'est concentrée sur les bénéfices qu'apportait la réduction des gaz à effet de serre sur la qualité de l'air et donc sur la santé. Le dioxyde de carbonedioxyde de carbone n'est en effet pas un gaz polluant en lui-même. Toutefois, son émission implique très souvent celle de particules fines ou d'ozone troposphérique, qui sont deux polluants atmosphériques hautement toxiques pour l'Homme. C'est notamment le cas lors de la combustion de carburant, par exemple.

    L'ozone, lorsqu'il se trouve dans la troposphère, là où nous vivons, est dangereux pour la santé. Il peut irriter les yeux, les muqueuses et les voies respiratoires. Les smogs sont principalement constitués d'ozone troposphérique. © Wurstsalat, Wikipédia, GNU 1.2
    L'ozone, lorsqu'il se trouve dans la troposphère, là où nous vivons, est dangereux pour la santé. Il peut irriter les yeux, les muqueuses et les voies respiratoires. Les smogs sont principalement constitués d'ozone troposphérique. © Wurstsalat, Wikipédia, GNU 1.2

    Jusqu'à présent, les estimations des bienfaits qu'apporte la réduction d'émission des GES étaient évaluées localement et sur le court terme. Or, ce type d'étude ne prend pas en compte le transport sur le long terme des polluants, ni l'évolution démographique du monde. Dans ce contexte, l'équipe de Jason West s'est servie d'un modèle atmosphérique global pour évaluer l'impact qu'aurait la diminution d'émission de gaz carbonique sur les rejets de polluants, et donc sur la santé humaine. L'équipe a appliqué au modèle le scénario d'émission RCPRCP 4.5. C'est un scénario qui se veut réaliste, envisageant une augmentation du forçage radiatif de 4,5 W/m2.

    Réchauffement climatique et santé de l’Homme sont liés

    Dans leur étude, publiée dans la revue Nature Climate Change, les auteurs ont également estimé l'impact économique. Éviter autant de décès prématurés causés par la pollution augmente en effet la proportion de population active, et par là même le nombre de travailleurs et de consommateurs. D'où l'estimation d'un gain de 50 à 380 dollars par tonne de carbone non émis. En 2030 et en 2050, ce « bénéfice collatéralcollatéral » sera notablement supérieur au coût de réduction de CO2. En Asie du Sud-Est, où les deux tiers des décès liés à la pollution atmosphérique risquent de se produire, le rapport serait même compris entre 10 et 70. Selon les auteurs, cependant, en 2100, le prix pour réduire encore les émissions de CO2 sera plus élevé et le bilan économique plus faible. Resteront alors les vies sauvées...

    Bien sûr, ces chiffres sont contestables. Il s'agit dans cette étude d'une simulation, basée sur un scénario d'émission. Personne ne peut prévoir avec certitude la qualité de l’air dans le monde. Par ailleurs, d'autres facteurs qui influent sur la qualité de vie des individus devraient entrer en considération. Cependant, ces estimations, basées sur un modèle atmosphérique global, donnent une tendance. Elles mettent en évidence qu'il existe un besoin évident de lier l'action sur la qualité de l'air à celle sur le changement climatique. Traiter ces deux problèmes en même temps sera beaucoup plus avantageux.