Shanghai a débloqué une enveloppe de 7 milliards de dollars pour s'équiper en « sentinelle numérique » qui mêle reconnaissance faciale et IA pour pister les personnes atteintes de Covid-19. Deux millions d'appareils seront installés dans les lieux publics.


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    Après deux mois de confinement à cause d'une nouvelle vague de Covid-19, les quelque 26 millions d'habitants à Shanghai ont retrouvé leur vie d'avant. Les images les montrent courant vers les magasins et dans les parcs. Jamais la ville n'avait vécu une telle période de confinement, et les autorités ont dû gérer plusieurs tentatives d'émeutes et de rébellion avec de nombreuses arrestations.

    Aujourd'hui, la vie a repris son cours, mais la stratégie du « zéro covid » reste fragile. Pour prendre les transports, il faut montrer patte blanche, et il ne s'agit pas d'un schéma vaccinal complet, mais de la preuve d'un test négatif. Sauf que tous les lieux publics n'ont pas les moyens humains de contrôler tout le monde, et il faut donc se tourner vers des moyens numériques.

    Thunder-Air, c'est le nom de cette « sentinelle numérique ». © SenseTime
    Thunder-Air, c'est le nom de cette « sentinelle numérique ». © SenseTime

    Deux millions de « sentinelles numériques »

    Selon Everbright Securities, la plus grande ville de Chine, hors agglomération, est déterminée à ne plus vivre une telle période, et elle a débloqué une somme équivalente à 7,5 milliards de dollars pour se doter de « sentinelles numériques ». Derrière ce terme se cachent des appareils dits « intelligents » capables de surveiller la température, les vaccinationsvaccinations et les résultats des tests Covid-19tests Covid-19 des habitants.

    Le South China Morning Post rapporte que la municipalité veut installer jusqu'à deux millions de ces appareils dans les lieux publics. Si l'expérience est concluante, d'autres villes devraient imiter Shanghai. Derrière cet appareil, il y a SenseTime, la plus grande société chinoise d'intelligence artificielle (IA), mais aussi Hangzhou Hikvision Digital Technology et Zhejiang Dahua Technology, les plus grands fabricants de caméras de surveillance du pays.

    Six fonctions de surveillance

    La plupart de ces « sentinelles numériques » utilisent la technologie de reconnaissance faciale pour vérifier et enregistrer des informations sur les vaccinations des individus, les tests Covid-19 et leurs mouvementsmouvements récents. Ces appareils seront utilisés pour autoriser l'accès aux lieux publics, et ils coûtent entre 2.000 yuans et 10.000 yuans l'unité, soit entre 280 et 1.200 euros.

    « L'appareil a six fonctions : détection de masque, contrôle de la température, vérification du code de santé, contrôle du dossier de vaccination, vérification des tests de détection de l'acide nucléiqueacide nucléique et vérification de l'identité, ce qui aide à une vérification rapide pour divers lieux et apporte un confort au public », explique SenseTime sur son site officiel.

     


    Chine : débauche de technologies pour faire face à l'épidémie de coronavirus

    ApplicationApplication mobile qui traque les porteurs de virus, scanner mesurant la température à distance, drones aspergeant du désinfectant ou intelligence artificielle pour cartographier l'épidémieépidémie... Les entreprises tech chinoises déploient les grands moyens pour combattre le Covid-19. Une débauche de technologies où la protection de la vie privée passe bien après la santé.

    Publié le 17/02/2020 par Céline DeluzarcheCéline Deluzarche

    Le coronaviruscoronavirus du Covid-19 a déjà contaminé plus de 68.000 personnes en Chine et causé plus de 1.700 décès. Mesures exceptionnelles de confinement, port obligatoire de masque, désinfectantsdésinfectants aspergés dans les rues, usines mises à l'arrêt... Le pays déploie les grands moyens pour combattre l'épidémie. Mais il mise surtout sur son savoir-faire en matièrematière de nouvelles technologies : drones, intelligence artificielle, robots et big data sont mis à contribution.

    Une application pour traquer les personnes infectées

    Êtes-vous susceptible d'avoir été infecté par le virus du Covid-19 ? En Chine, les habitants peuvent désormais télécharger une application qui indique si vous avez été en « contact proche » avec une personne infectée (par exemple un proche, un passager dans un avion ou le personnel médical). L'application, baptisée Close contact detector, se base sur les données personnelles des utilisateurs qui doivent scanner leur QR codeQR code sur le smartphone. À Hong Kong, la surveillance est bien plus sévère : les familles placées en quarantaine doivent porter un bracelet connecté qui vérifie si les personnes restent bien confinées chez elles. Si le bracelet est endommagé ou déconnecté à plus de 20 mètres du mobile, une alerte est immédiatement envoyée. Selon le South China Morning Post, les contrevenants aux mesures de quarantaine s'exposent à 6 mois de prison et une amende de 4.600 euros.
     

    Un scanner à distance pour détecter la fièvre

    Dans le métro de Pékin, les voyageurs sont scrutés par un scanner infrarouge qui mesure leur température. Mis au point par Megvii, une start-upstart-up chinoise, « le système est capable de détecter avec précision une température corporelletempérature corporelle à des distances supérieures à 3 mètres et au milieu d'un trafic de passagers important, et ce, même lorsque la personne porte un masque ou un chapeau », assure la compagnie. Le passager est ensuite identifié par reconnaissance faciale. « Cela permet au personnel d'effectuer les contrôles sans contact physiquephysique étroit, tout en réduisant la transmission potentielle du coronavirus et en optimisant le flux de passagers ». Son concurrent Baidu a développé un système similaire, capable de détecter la température de 200 personnes par minute, soit plus rapidement que les scanners utilisés dans les aéroports.
     

    Des robots qui rappellent à l’ordre les passants

    Dans les provinces touchées par l'épidémie, mieux vaut ne pas s'aventurer dans la rue sans porter le masque de rigueur. Des petits robots équipés de haut-parleurs et de caméras admonestent les passants qui se risquent à sortir sans masque, et scannent leur température grâce à une caméra infrarougeinfrarouge. En cas d'anomalieanomalie, le robot déclenche une alarme et envoie une alerte à la police, rapporte le Global Times. Les robots patrouillent ainsi dans les aéroports, les centres commerciaux et les grandes places publiques. Dans plusieurs grandes villes, des drones survolent les grands axes et invitent les automobilistes à scanner un QR code pour fournir leurs données de santé aux autorités.
     

    Des drones pour désinfecter les rues et apporter des médicaments

    « Gardez vos fenêtresfenêtres fermées et restez chez vous », scande le drone passant au-dessus des immeubles, aspergeant au passage les rues de désinfectant. Un drone chargé de 10 litres de désinfectant peut ainsi asperger une zone d'environ 8.000 mètres carrés, selon le Centre d'Informations sur Internet de Chine (China.org). Dans plusieurs villages, des drones conçus pour répandre des pesticides sur les champs ont été reconvertis pour la désinfection des rues. D'autres se chargent d'effectuer les livraisons de médicaments ou de masques aux personnes confinées chez elles. À Nanjing, alors que les livreurs humains sont interdits d'accès dans les immeubles pour éviter la contaminationcontamination, ce sont des robots sur roues qui se chargent des livraisons aux résidents. « Le robot dispose d'une autonomieautonomie de 10 heures et peut même prendre les ascenseursascenseurs », rapporte China.org.
     

    L’intelligence artificielle pour combattre le virus

    La Chine recourt massivement à son savoir-faire en matière d'intelligence artificielle (IA) pour combattre le nouveau virus du Covid-19. Baidu, le géant chinois des moteurs de recherche, a ainsi mis ses capacités de calcul à disposition des scientifiques pour l'étude du virus. Selon l'entreprise, son algorithme multiplie par 20 la vitesse de séquençage. Plusieurs équipes de recherche planchent aussi sur une IA capable de cartographier et de prédire la propagation du virus. Tencent et Baidu ont fourni les données de leurs utilisateurs pour modéliser comment le virus a pu quitter Wuhan dans les jours qui ont suivi son apparition. D'autres algorithmes scrutent les réseaux sociauxréseaux sociaux, les informations diffusées dans les médias et les données de santé officielles pour déterminer où le virus est le plus susceptible de s'étendre. De son côté, la start-up chinoise iFlytek a mis au point un algorithme pour identifier les patients les plus à risque selon leur âge, leur lieu d'habitation ou leur condition médicale.