Ils prospèrent sans oxygène, grandissent dans de la boue fortement salée, dans un lac désolé où toute vie semble impossible... Et pourtant, des scientifiques du centre national de Science et Technologie de la Nasa (NSSTC) ont découvert dans ce milieu aride et désert une nouvelle forme de vie bactérienne, baptisée Spirochaeta americana.

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    Publiée dans le numéro de mai 2003 de l'International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology, la découverte de Richard Hoover et Elena Pikuta est exceptionnelle.

    Spirochaeta americana une bactérie championne dans le lac Mono

    En Septembre 2000, Richard Hoover, exobiologiste de la NASA a été fasciné par le lac Mono situé en Californie à 600 km au nord de Los Angeles. Ce lac est une véritable étendu d'eau fortement salée de 22 kilomètres de diamètre. Apportée par quelques ruisseaux, l'eau stagne dans ce bassin volcanique aride et n'a aucun autre échapatoire que l'évaporation. Cette évaporation provoque une augmentation régulière de la concentration de minérauxminéraux et de sels dans le lac.

    Le lac Mono nous présente un paysage sinistre parsemé de tufas, sorte de pics rocheux escarpés en calcairecalcaire qui rajoute à l'impression de désolation régnant dans les environs désertsdéserts du lac. À première vue, il n'y a aucune vie dans le lac Mono. Pourtant cet endroit des plus hostiles est le lieu de vie de nombreuses espècesespèces : des crevettes, des mouches d'eau, des alguesalgues et surtout des microorganismesmicroorganismes appellés extrémophiles (qui aiment les conditions extrêmes).

     C'est en prélevant des boues fortement salées et alcalinesalcalines du lac Mono que Richard Hoover a fait cette découverte fascinante. Revenu dans son laboratoire en Alabama pour analyser ses échantillons, Hoover a découvert une nouvelle espèce de bactériebactérie : Spirochaeta americana (ci-contre en vert).
    Celle-ci vit au beau milieu des boues hostiles du lac, sans apport d'oxygène ! Une véritable championne de la vie !
    La microbiologiste Elena Pikuta fait remarquer que "Cette gracieuse et extrêmement svelte bactérie se déplace avec un élégant mouvement".

    Ressemblance entre le lac Mono et Gusev sur Mars

     Comme l'a découvert Richard Hoover, des formes de vies hors du commun existent dans le lac Mono.
    Hors, ce lac californien ressemble particulièrement au cratère de Gusev sur Mars. Le cratère de Gusev était autrefois rempli d'eau liquide, formant un lac où régnaient peut-être les mêmes conditions qu'au lac Mono.
    En effet, le lac Gusev était alimenté en eau par une grande vallée appelée Ma'adim Vallis et il semblerait que le cratère n'offrait aucun échappatoire à l'eau stagnant dans le cratère, comme dans le cas du lac Mono.
    L'évaporation de l'eau devait donc être le principal méchanisme pour désengorger le cratère-lac qui se remplissait comme une soucoupe ! Cette évaporation accrue aurait alors au fil du temps contribué à l'enrrichissement en sels et en minéraux du lac. La trop forte concentration aurait donc transformé le cartère-lac de Gusev en un endroit hostile, tout comme le lac Mono. On peut alors se demander si des formes de vie ont pu s'y développer comme dans le lac californien ?...

    Les tufas, ces concrétionsconcrétions calcaires tels des pics dont nous avons parlé plus haut sont les tombeaux de nombreux microfossilesmicrofossiles. Si l'on découvre ces mêmes formations dans le cratère Gusev, cela voudrait dire que le cratère a bien abrité de l'eau et peut-etre même de la vie dans sa jeunesse.

    Spirit, rover en mission dans le cratère Gusev ?

     La bonne nouvelle c'est que le cratère Gusev est la destination principale du véhicule d'exploration de Mars Spirit de la NASA !
    Parti le 10 Juin 2003, le roverrover Spirit se posera dans le cratère Gusev le 4 Janvier 2004 et fournira pendant 90 jours des photographiesphotographies et des analyses de roches qui pourront peut-être confirmer l'hypothèse développée ci-dessous.

    Si Spirit détecte de très fortes concentrations en sels et en minéraux et la présence de concrétions calcaires anciennes à l'intérieur du cratère Gusev, cela confirmera que celui-ci a abrité de l'eau et peut-être de la vie autrefois, une vie dont on pourrait alors retrouver les traces fossilesfossiles...

    Il y a très peu de chance pour que des formes de vie survivent actuellement aux conditions extrêmes présentes en surface sur Mars. Cependant sait-on jamais les découvertes sur Terre d'organismes résistants à des conditions extrêmes se multiplient (dans des glaces de l'antarctiqueantarctique, à plusieurs kilomètres sous le sol, dans les circuits de refroidissement des centrales nucléairescentrales nucléaires, dans le lac Mono plus récemment...).

    Un élément de réponse nous sera peut-être apportée dans quelques mois quand Spirit, le géologuegéologue électronique, arrivera à destination !

    Il n'est cependant pas encore certain que Spirit se pose dans le cratère Gusev, comme nous vous en informions dans cet article.