Le Festival de Cannes vient de débuter. Futura-Sciences a décidé de vous faire à nouveau monter les marches en donnant la palme de la pire aberration scientifique à l'un des quelques très célèbres films de science-fiction sortis depuis moins de vingt ans : Captain America, Avengers, Thor, Avatar ou encore Ghost in the shell... À vos souris, c'est à vous de voter !

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    Avengers a dépassé le milliard de dollars de recettes dans le monde et il marche sur les traces d'<em>Avatar</em>. © Marvel

    Avengers a dépassé le milliard de dollars de recettes dans le monde et il marche sur les traces d'Avatar. © Marvel

    Pour élire la palme de l'aberration scientifique 2012 pour un film, comme on vous le proposait déjà avec la palme 2011, découvrez notre sélection, lisez les commentaires et votez ! Soyez critique, soyez scientifique. Un détail vous semble obscur ? N'hésitez pas à cliquer pour consulter nos dossiers et nos actualités qui vont vous éclairer.

    Mais qu'il soit bien entendu qu'il ne s'agit nullement de dénigrer ces films sous prétexte qu'ils contiennent parfois des invraisemblances scientifiques. On ne s'interdit pas de rêver en transgressant les lois de la physique. Il y a clairement beaucoup de clins d'œilœil à la science moderne dans ces films et l'on n'ignore pas que bien des scientifiques sont des fans de science-fiction et de comics. Il s'agit-là une invitation à rêver tout en exerçant son esprit critique.

    1. Captain America


    Une bande annonce de Captain America : First Avenger. © Marvel Studios Paramount Pictures-YouTube

    Dans Captain America la science des années 1940 est supposée suffisamment avancée, du moins chez certains génies de la biochimie et de la biophysique alors que l'on ignore encore la structure de l'ADN, pour permettre la mise au point d'un sérumsérum portant à son pinaclepinacle le fonctionnement naturel possible des cellules humaines. On cherche encore aujourd'hui de telles « smart drugs » capables d'amplifier les capacités physiques et cognitives sans effets secondaires. Elles existeront peut-être un jour mais les effets combinés du sérum du supersoldat avec de tout aussi mystérieux vita rays sur le frêle Steve Roger semblent défier les lois de la physique de base. En effet, en quelques minutes, le traitement qu'il subit modifie considérablement sa stature. Un volume de matière important semble donc être sorti littéralement du néant avec un taux de croissance cellulaire irréaliste.

    2. Iron man 


    Iron Man, la bande-annonce. © Jon Favreau/Super Beri, YouTube 

    Malgré des tentatives très louables pour rendre Iron man 1 et Iron man 2 très réalistes (l'emploi de la conception assistée par ordinateur pour réaliser rapidement une armure high-tech en solitaire, la référence implicite aux mythiques réacteurs à fusionfusion froide basés sur le palladiumpalladium), on peut noter au moins deux impossibilités scientifiques dans l'excellent film de Jon Favreau. Lorsque Tony Stark fait des chutes d'une hauteur impressionnante, son armure est censée le protéger complètement de l'impact au sol mais l'énergieénergie du choc le ferait largement passer à travers le métalmétal, entraînant la mort du porteur de l'armure. Autre problème, d'où vient la matière des gazgaz éjectés par les propulseurspropulseurs de l'armure ?

    3. Thor


    Une bande annonce du film Thor. © cinecomics-YouTube

    Les scénaristes du film Thor ont réinterprété la BD des années 1960 de Stan Lee et Jack Kirby en suggérant que les pouvoirs du dieu du tonnerretonnerre et de ses compatriotes asgardiens n'ont rien de véritablement magique au sens de la mythologie nordique. Le film repose entièrement sur l'une des trois fameuses lois d'Arthur Clarke qui s'énonce ainsi : « Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie ».

    C'est explicitement ce que suggèrent les personnages du film non seulement en citant cette loi de Clarke mais aussi lorsque Thor indique qu'il vient d'un monde où science et magie sont un. Les asgardiens et autres figures mythologiques sont donc des représentants de civilisations extraterrestres ultra-avancées, ayant modifié leurs mondes et leurs corps de telle sorte qu'ils détiennent des pouvoirs quasi divins.

    Le pont arc-en-ciel, encore appelé Bifrost dans le film, n'est en rien un pont magique entre les mondes mais bel et bien un trou de ver traversable comme le pense d'ailleurs Jane Foster. Le fameux marteau Mjölnir, source du pouvoir de Thor, semble générer de puissants champs magnétiqueschamps magnétiques dans le film et son poids est si élevé que seule une personne dotée d'une force surhumaine peut le soulever. Une phrase d'Odin dans le film en donne la clé, le métal le constituant est présenté comme provenant d'une étoileétoile morte. On pense immédiatement qu'il provient de la croûtecroûte en ferfer hyperdense d'une étoile à neutrons, elle-même dotée d'un fort champ magnétique.

    Pourtant, dans la réalité, l'ouverture d'un trou de ver traversable nécessiterait plus d'énergie que le SoleilSoleil n'en libère pendant des millions d'années et l'extraordinaire densité de la matière dans une étoile à neutronsétoile à neutrons n'est possible qu'à cause du champ de gravitationgravitation très intense de tout ce cadavre stellaire. On ne voit pas comment une civilisation E.T., même très avancée, pourrait échapper aux contraintes de la physique.

    Autre élément moins évident mais suggéré par les images de la formation de l'armure de Thor par assemblage d'éléments sortant du néant : la maîtrise de la nanotechnologienanotechnologie par les asgardiens. On verrait bien une assemblée de nanorobots tirer de la matière environnante tout ce qui est nécessaire pour former, atomeatome par atome et à volonté, l'armure de Thor ; lui assurant la force et la quasi-invulnérabilité dont il semble jouir.

    4. Avengers


    Bande annonce du film Avengers. © marvelfr-YouTube

    On trouve plusieurs références à la physique et l'astrophysiqueastrophysique moderne dans le film phénomène sorti récemment, Avengers. Dès le début du film on y parle de l'énergie noire et le cube cosmique semble un moyen de maîtriser celle-ci afin d'ouvrir à volonté des trou de vers, des passages entre des mondes extraterrestres et peut-être des universunivers parallèles. On sait en effet que l'énergie noireénergie noire pourrait être liée à la présence des fluctuations d'énergie des champs quantiques de force et de matière, ou à celle d'un ou plusieurs champs scalaires dont on pense qu'ils peuvent maintenir ouvert un trou de ver en le rendant traversable.

    De plus, cette énergie du vide pourrait être exploitable dans le cadre de certaines théories spéculatives, ce qui permettrait effectivement, comme dans le film, de doter divers systèmes technologiques d'une source d'énergie inépuisable et autonome puisque présente partout dans l'univers. Mais là encore, comme pour le film Thor, sur lequel est aussi basé Avengers, on voit mal comment il serait un jour possible de disposer d'une source d'énergie dépassant largement celle du Soleil à l'échelle humaine.

    Plus réaliste : la référence à la supraconductivité pour les moteurs permettant à l'impressionnant héliporteur du Shield de s'envoler dans les airsairs. Des projets de véhicules avec des performances extraordinaires, comme un Maglev liantliant Kiev à Pékin en quelques heures ou des turboréacteursturboréacteurs écologiques à supraconducteurs ont bel et bien été proposés.

    Lorsqu'il fonctionne en mode furtif, l'héliporteur du Shield peut devenir invisible. Avec les performances des métamatériauxmétamatériaux modernes, on sait que de tels dispositifs d'invisibilité sont probablement à portée de main.

    5. Ghost in the shell


    La bande annonce améliorée de la deuxième sortie du film culte de Mamoru Oshii, Ghost in the shell. Vers l'an 2030, des corps cybernétiques sophistiqués permettent la survie de cerveaux humains améliorés et connectés à la toile mondiale encore plus omniprésente. Le film explore des questions sur la nature humaine, les rapports de l'esprit et de la matière. © y4ndexx-YouTube

    Derrière Captain America, Thor ou Avengers apparaît en filigrane une vieille quête de l'humanité puisqu'on la trouve au moins déjà dans le Discours de la méthode de Descartes : celle d'une immortalité et d'une amélioration illimitée de la condition humaine, au point de la transcender, à l'aide de la science et de la technologie. Héritière de Descartes et même d'une certaine façon des humanistes et alchimistes de la Renaissance, cette quête reçoit une nouvelle impulsion de nos jours dans le cadre des divers mouvementsmouvements dits transhumanistes et extropiens se réclamant du concept de singularité technologique popularisé par Ray Kursweil.

    Paradoxalement très peu développés en France, ces courants de pensée se renforcent dans les pays anglo-saxons où ils sont l'objet de conférences et de projets faisant intervenir des individus du calibre de Peter Diamandis (qui veut exploiter les astéroïdes avec James Cameron) ou Stephen Wofram. On les voit maintenant émerger vigoureusement en Russie, ce qui n'est guère étonnant quand on connaît l'existence du cosmisme russe ayant fortement influencé le pionnier de l'astronautiqueastronautique Constantin Tsiolkowski et le géochimiste Vladimir Vernadski. On attribue généralement à ce dernier la paternité, plus ou moins partagée avec Teilhard de Chardin, du concept de noosphère souvent évoqué lorsque l'on parle de la Toile mondiale et d'InternetInternet.

    Récemment lancé par Dmitri Itsko, le mouvement Russie 2045 semble bien sûr être un nouvel avataravatar du cosmisme russe mais laisse fortement soupçonner que Itsko se propose ni plus ni moins que de réaliser les rêves du célèbre manga japonais Ghost in the Shell.

    Russie 2045 (qui fait référence à la dernière date proposée par Ray Kursweil pour l'avènement de la singularité technologique) prétend en effet catalyser avant cette date la création d'un corps cybernétique dans lequel un cerveaucerveau humain pourra être implanté et à terme le téléchargement de la conscience dans un système informatique, des avatars donc. La vidéo de promotion de Russia 2045 reprend à peu de choses près les concepts et la chronologie de Ghost in the Shell. Mais on a clairement l'impression de nager dans de la science-fiction avec des prévisions bien trop optimistes à court terme et peut-être au fond totalement irréalistes. On ne devrait pas tarder à être fixé puisqu'il nous suffit d'attendre quelques décennies...

    6. Avatar


    Conférence Cyclope juniors du 30/11/2010 par Roland Lehoucq, astrophysicien à l'Institut de recherche sur les lois fondamentales de l'univers, CEA de Saclay. Pandora, la planète où se déroule l'action du film Avatar, a fait rêver des millions de spectateurs. Les qualités esthétiques de ce film sont manifestes mais certaines scènes ont un air de déjà-vu. Son exotisme est-il pure imagination où est-il ancré dans des connaissances scientifiques ? Le système planétaire particulier de Pandora est-il envisageable ? Sa faune, sa flore, ses merveilles géologiques sont-elles crédibles ? © CEASaclay-YouTube

    Depuis que l'on sait que des superterres dans la zone d'habitabilitézone d'habitabilité existent par milliards dans la Voie lactéeVoie lactée, le film de James Cameron, Avatar, est devenu encore plus plausible. La possibilité de trouver une planète où la vie a pu se développer à quelques dizaines d'années-lumièreannées-lumière de la Terre n'est probablement plus une utopie, même si celle-ci est peut-être, comme dans Avatar, une exolune en orbiteorbite autour d'une géante gazeusegéante gazeuse. Pandora est censée se trouver à moins de 5 années-lumière de la Terre, c'est-à-dire autour d'Alpha du Centaure. Sur cette exolune est présent un mineraiminerai qui, par chance, se trouve avoir exactement la bonne structure physicochimique pour exhiber de la supraconductivité à température ambiante. Le monde de Pandora semble reposer sur des bases scientifiques sérieuses par bien des aspects comme l'explique Roland LehoucqRoland Lehoucq, astrophysicienastrophysicien au Commissariat à l'énergie atomique de Saclay, dans la vidéo ci-dessus. Le chercheur s'était déjà penché sur la plausibilité de la physique de Star Wars.

    Tout comme pour le projet de Russie 2045 qui parle aussi d'avatars pilotables par un cerveau humain et même de téléchargement de la conscience d'une personne dans un autre corps, on a du mal à prendre vraiment au sérieux ces idées. Qu'en penserait aujourd'hui un Alan Turing ? Peut-être aurons-nous des suprises si les spéculations sur la biologie quantique et son lien avec la nature de la conscience recèlent une large part de vérité.

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