Au menu des projets spatiaux du futur : des légumes du jardin. Les essais ont déjà commencé, comme nous l'explique Victoria Da-Poian. Dans le désert de l'Utah, cette étudiante de Supaéro cultive un potager comme si elle était sur Mars, dans le cadre de la mission de simulation MDRS 175, qui fait vivre sept personnes dans une base isolée, reproduisant les conditions d'explorateur martiens.


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    Les six étudiants et le jeune ingénieur de l'ISAE-Supaéro (Institut supérieur de l'aéronautique et de l'espace) qui vivent depuis le 11 février une simulation de vie sur Mars dans une base de la Mars Desert Research Station, au milieu du désertdésert de l'Utah, aux États-Unis, réalisent plusieurs expériences. Parmi elles : la culture de produits frais dans des conditions semblables à celles de la Planète rouge.

    Actuellement, les astronautes à bord de l'ISSISS « consomment principalement de la nourriture lyophilisée, pour des raisons de conservation et de masse au décollage, nous explique Victoria Da-Poian, étudiante en deuxième année et responsable de l'expérience GreenHab. Heureusement, un stock de produits frais arrive régulièrement avec les cargos qui la ravitaillent. » Sur Mars, un tel approvisionnement sera impossible. Si les astronautes souhaitent améliorer l'ordinaire avec une touche de fraîcheur, « ils devront faire pousser eux-mêmes leur nourriture ».

    Vitale pour le corps, la nourriture influe également sur la santé psychologique, ce qui oblige à réfléchir sur la façon dont seront produits, consommés et recyclés les aliments qu'emporteront les futurs explorateurs. C'est un des retours de l'expérience Mars 500, entre juin 2010 et novembre 2011. Le seul regert du Français Romain Charles, qui a vécu confiné avec cinq autres personnes durant 520 jours, est de ne pas avoir pu cuisiner ! Les repas « étaient tout prêts, on avait juste à faire bouillir de l'eau pour les plats lyophilisés ». Cette absence de préparation de repas a été vécue comme un manque : « nous sommes restés en quelque sorte... sur notre faim », nous expliquait-il à la fin de son expérience.

    La Nasa envisage très sérieusement de cultiver sur Mars, des produits frais. © Nasa
    La Nasa envisage très sérieusement de cultiver sur Mars, des produits frais. © Nasa

    Cultiver son jardin sur Mars, c'est bon pour le corps et pour le moral

    C'est pourquoi, souligne Victoria Da-Poian, « nous nous sommes rapprochés de la start-upstart-up française Vegidair, qui nous fournira plusieurs potagers connectés pour cultiver nos produits frais dans des conditions semblables à Mars ». Le moral de l'équipage n'en sera que meilleur !

    Vegidair One (déjà en vente dans le commerce) est un potager autonome « permettant une pousse rapide de laitues et de plantes aromatiquesaromatiques (basilicbasilic, persilpersil, etc.) sur une durée de 2, 3 ou 4 semaines selon les plantations ». C'est un système simple qui s'autogère (avec LedLed, arrosages, capteurscapteurs...) et qui permet aux « Marsonautes de manger ce qu'ils cultivent ». Il y a donc un aspect positif sur le moral, avec « une modification des habitudes alimentaires, l'enthousiasme de manger ce qu'on cultive » et, surtout, amener des graines sur Mars prend bien moins de place que de la nourriture.

    L'étudiante confie à Futura les détails de cette expérience originale.

    En quoi consiste cette expérience ?

    Victoria Da-Poian : L'idée est de tester différents substrats avec les mêmes semences et de mesurer leurs performances. Certains substrats seront trempés dans de l'engrais sec ou moyennement humide de façon à voir la différence sur la pousse. Nous allons également étudier les impacts de variation de fréquence et de durée d'arrosage ainsi que la durée d'éclairage pour observer leurs impacts sur la pousse.

    Quel éclairage allez-vous utiliser ?

    Victoria Da-Poian : Plusieurs. Nous allons tester différents éclairages plus ou moins puissants pour voir la différence de pousse. Nous utiliserons deux sources de lumièrelumière différentes : un panneau Led Standard Vegidair (installé à environ 30 centimètres au-dessus des plantes) et le deuxième panneau (environ 40 cm au-dessus des plantes), destiné à la culture des plats psychotropespsychotropes, qui utilise des Led bleues et rouges. Ce n'est donc pas un « full spectrum » à proprement parler. Ce choix a été fait par Vegidair qui a souhaité un compromis entre les besoins en hydroponiehydroponie (culture hors solculture hors sol) et le confort de l'utilisateur (lumière blanche).

    Avec trois semaines d’utilisation, que comptez-vous produire ?

    Victoria Da-Poian : En trois semaines nous pensons qu'il devrait être possible d'obtenir de petites salades et des microgreens (entre la graine germée et la plante adulte, 2 à 3 semaines de germination avec des pousses longues et fines). L'avantage des microgreens est leurs apports nutritifs et gustatifsgustatifs.