Pour nourrir les astronautes d'Artemis et les futurs colons lunaires, les agences spatiales ne pourront évidemment pas se contenter des seules missions de ravitaillement en provenance de la Terre. À un moment donné, l'être humain devra devenir partiellement, voire complètement autonome pour se nourrir. C'est d'autant plus vrai que Mars est l'étape qui suivra la Lune. Plusieurs projets ont lieu pour préparer et amorcer une agriculture lunaire. Si la Chine a ouvert une voie intéressante, en Europe, la société Solsys Mining fait le pari d'une agriculture hydroponique à partir du régolithe lunaire.


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    Les programmes Artemis et Moon to Mars ont comme objectifs finaux d'installer l'Homme sur la Lune et sur Mars. Il va de soi que ces futurs colons, qu'ils soient lunaires ou martiens, devront se nourrir. Si dans un premier temps ils se feront livrer de la nourriture à intervalles réguliers, dans un futur tout de même assez éloigné ils devront en produire à partir des ressources locales de ces deux planètes.

    En 2019, l'agricultureagriculture lunaire a fait « ses premiers pas » avec des expériences plutôt réussies réalisées par la Chine. Lors de la mission Chang’e 4, qui s'est posée sur la face cachée de la Lune, quatre graines embarquées à bord du lander, dont du colza, et la pomme de terrepomme de terre, ont réussi à germer. Certes, elles étaient emmitouflées dans des conditions idéales mais cette expérience a montré que l'idée d'une agriculture lunaire n'était pas aussi saugrenue qu'elle y paraissait. Il faut aussi savoir que l'analyse d'échantillons lunaires ramenés sur Terre lors des missions ApolloApollo a montré que la plupart des minérauxminéraux essentiels sont disponibles en quantité suffisante pour la croissance des plantes, à l'exception des composés azotés. Cependant, le sol lunaire se compacte en présence d'eau, ce qui pose des problèmes pour la germination des plantes et la croissance des racines.

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    Il y a quelques jours, l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA) a communiqué autour du projet « Enabling Lunar In-Situ Agriculture by Producing Fertilizer from Beneficiated Regolith » de la société norvégienne Solsys Mining convaincue de créer un engrais, à partir du régolithe lunaire, pour une variété de plantes dans le cadre d'une agriculture dite hydroponique. Ce type d'agriculture consiste à alimenter les racines des plantes directement avec de l'eau riche en nutrimentsnutriments, sans avoir besoin de terre. L'équipe de Solsys Mining est optimiste, puisqu'elle a déjà cultivé des haricots en utilisant du régolithe simulé des hauts plateaux lunaires comme source de nutriments.

    Ce projet a convaincu l'Agence spatiale européenne qui a décidé de le financer en partie. Solsys Mining, en colaboration avec l'Institut géotechnique norvégien (NGI) et le Centre for Interdisciplinary Research in Space (CIRiS), doit démontrer qu'il est possible d'extraire des nutriments minéraux du régolithe au travers de combinaisons de plusieurs processus mécaniques, chimiques et biologiques.

    Ce travail est « essentiel pour le futur de l'exploration lunaire à long terme », déclare Malgorzata Holynska, ingénieur en matériaux et procédés de l'ESA. Atteindre une présence durable sur la Lune « impliquera d'utiliser les ressources locales et d'avoir accès aux nutriments présents dans le régolithe lunaire qui ont le potentiel d'aider à cultiver des plantes. L'étude actuelle représente une preuve de principe en utilisant les simulants de régolithe lunaire disponibles, ouvrant la voie à des recherches plus détaillées à l'avenir ».

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