Au milieu du désert de l'Utah, aux États-Unis, dans un environnement aux caractéristiques semblables à celles de Mars, six étudiants et un jeune ingénieur de l'ISAE-Supaéro vont simuler une expérience de vie martienne. Du 11 février au 5 mars 2017, dans la station de recherche analogue à Mars de la Mars Society, ils vont vivre et travailler comme des martiens, ou presque. Une façon originale et sérieuse de préparer la future exploration habitée de la Planète rouge.

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    Six étudiants et un jeune ingénieur de l'ISAE-Supaéro (Institut supérieur de l'aéronautique et de l'espace) se préparent pour leur Mission to Mars. Cette bande de copains a été sélectionnée par la Mars Society pour simuler pendant trois semaines la vie de futurs explorateurs de Mars au sein de la Mars Desert Research Station, située dans un site analogue à la planète, au milieu du désertdésert de l'Utah, aux États-Unis. Ce programme a pour objectif de préparer au mieux la future exploration habitée de la Planète rouge et de déterminer la meilleure manière d'y parvenir. Il compte déjà 174 missions de ce type.

    Cet équipage sera donc le 175e ! Il est composé d'Arthur Lillo et Louis Maller, capitaine et capitaine adjoint. Tous deux faisaient déjà partie d'une précédente mission en février 2016 (MDRS 164, voir article plus bas). Les accompagnent cette année, Simon Bouriat, le « médecin », Mouâdh Bouayad, « l'astronomeastronome », Victoria Da-Poian, la « biologiste », Xavier Rixhon, « l'ingénieur », et Louis Mangin, le « journaliste ».

    Cette mission - parmi d'autres, comme par exemple, HI-SEAS et l'expérience Mars 500 à laquelle ont respectivement participé les Français Cyprien Verseux et Romain Charles, ou encore les simulations menées à bord de la Station spatiale internationale et le séjour d'un an réalisé par deux astronautes - doit aider à la préparation de la première à destination de Mars, qui sera habitée et aura lieu au cours de la décennie 2030. 

    Dans le cas de ce séjour de trois semaines, l'objectif principal est d'apporter une contribution scientifique à la recherche dans le domaine de l'exploration spatiale dans des conditions d'isolement et de confinement proches de celle d'une mission martienne habitée, sans qu'il soit question toutefois de recréer les véritables conditions d'un séjour martien.

    La Nasa, qui prépare une première mission habitée à destination de Mars à l’horizon 2030, s’appuie notamment sur le travail réalisé par la Mars Society dans ses quatre sites terrestres analogues à la planète. Notamment celui situé dans le désert de l’Utah où, en février 2016 et 2017, deux équipages de l’ISAE-Supaéro ont réalisé une mission. © Nasa, SAIC, Pat Rawlings

    La Nasa, qui prépare une première mission habitée à destination de Mars à l’horizon 2030, s’appuie notamment sur le travail réalisé par la Mars Society dans ses quatre sites terrestres analogues à la planète. Notamment celui situé dans le désert de l’Utah où, en février 2016 et 2017, deux équipages de l’ISAE-Supaéro ont réalisé une mission. © Nasa, SAIC, Pat Rawlings

    Des résultats qui intéressent les agences spatiales

    Pour cela l'équipage Supaéro MDRS 175 réalisera de nombreuses simulations de sorties extravéhiculaires (en scaphandre) et plusieurs expériences et études, dont une pour la Nasa sur le fonctionnement et l'efficacité d'une équipe dans le cadre d'une exploration spatiale de longue durée.

    Parmi ces expériences, citons celles que nous présenterons plus en détail ces prochains jours :

    • un sismomètresismomètre, prototype de celui qui sera utilisé pour la future mission martienne InSight, pour évaluer l'aptitude de futurs astronautes martiens à mettre en place un dispositif expérimental extrêmement précis, en extérieur lors d'une ou plusieurs EVA ;
    • un ballon solaire utilisé comme relai de radio et doté d'une suite d'instruments pour des prévisions météorologiquesprévisions météorologiques et climatiques et d'une caméra pour de la cartographie et de l'observation ;
    • Des lunettes à réalité augmentéeréalité augmentée pour l'amélioration de l'efficacité des astronautes et un sextantsextant de marine utilisé à l'horizontale pour permettre aux astronautes de se localiser sur une carte lors de leurs sorties ;
    • Une boite de Petri (Aquapad) afin de mesurer la pollution microbienne de l'eau potable ;
    • Un potager autonome pour cultiver des produits frais dans des conditions semblables à Mars.

    Enfin, certaines de ces expériences ont comme autre intérêt de mettre en avant des produits innovants comme l'expérience GreenHab dont les potagers sont fournis par la start-upstart-up Vegidair, ou rendus possibles grâce à des partenariats. C'est notamment vrai pour les lunettes à réalité augmentée fournie par la PME Optinvent et le système d'acquisition des données du sismomètre fourni par l'entreprise Stanéo. Quant aux dispositifs Aquapad, ils ont été donnés par le Cnes et sont de la génération précédente à ceux utilisés à bord de la Station spatiale internationale par Thomas Pesquet.


    Des Français s'installent dans une base martienne située sur Terre

    Article de Jean-Luc GoudetJean-Luc Goudet publié le 15/02/2016

    Six étudiants de Supaéro, l'une des grandes écoles d'ingénieurs françaises, s'apprêtent à s'installer dans un local exigu en plein désert de l'Utah, aux États-Unis. Ils n'en sortiront qu'équipés de scaphandre. Le but de cette 164e mission de la Mars Society : apprendre à explorer la Planète rouge.

    Ils sont six et tous viennent de l'école d'ingénierie ISAE-Supaéro, à Toulouse. Ils prendront place ce samedi 20 février dans un petit bâtiment isolé en plein désert de l'Utah (États-Unis) : le MDRS, Mars Desert Research Station. Réalisée par la Mars Society, une association de doux-dingues - parmi lesquels des scientifiques enthousiastes -, cette base, et une autre, l'ArctiqueArctique canadien, sert depuis plusieurs années de simulation d'exploration martienne.

    Vie à bord, organisation des sorties, travail en scaphandre, nourriture, instruments nécessaires... les mille et un besoins d'une expédition à la surface de Mars sont ici simulés et les résultats intéressent effectivement les agences spatiales, comme la Nasa.

    Une sortie extravéhiculaire lors de la mission 162, sur la base MDRS (Mars Desert Research Station). © Mars Society

    Une sortie extravéhiculaire lors de la mission 162, sur la base MDRS (Mars Desert Research Station). © Mars Society

    Les voyages immobiles, un préalable indispensable à l'exploration de Mars

    L'expérience est loin d'être une première. Cette mission de deux semaines porteporte le numéro 164 et les équipages se succèdent. On peut actuellement lire, par exemple, le compte-rendu de l'expédition 162. L'an dernier, deux étudiants d'ISAE-Supaéro avaient déjà participé à l'expérience Mars 500, à laquelle collabore l'Esa (l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne) et qui a plusieurs fois expédié des voyageurs immobiles, installés à Moscou. Actuellement, trois femmes et trois hommes, dont le Français Cyprien Verseux, sont enfermés sur l'île de Mauna Loa, dans l'archipelarchipel d'Hawaï, pour une simulation de ce genre. Entrés en août 2015, ils ne « reviendront sur Terre » qu'en août 2016.

    Les conditions d'un voyage humain sur la planète Mars sont en effet très exigeantes. Les moyens installés sur place seront chichement comptés et il faut préciser finement les besoins pour vivre et pour travailler. La durée totale de la mission étant d'environ deux années, du fait de l'éloignement de Mars (typiquement 400 millions de kilomètres) et des faibles vitessesvitesses que peuvent atteindre nos vaisseaux spatiaux, les questions psychologiques au sein de l'équipage se posent de façon très sérieuses et doivent aussi être étudiées. Bien des voyages immobiles seront nécessaires pour envisager des voyages vers Mars ou vers d'autres destinations...